Pollution de la Crau : "Un trou avec un mégot de cigarette dans un tableau"

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le 3 Juin 2013
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Pollution de la Crau : "Un trou avec un mégot de cigarette dans un tableau"
Pollution de la Crau : "Un trou avec un mégot de cigarette dans un tableau"

Pollution de la Crau : "Un trou avec un mégot de cigarette dans un tableau"

En juin 2013, les cavaliers et troupeaux de la Transhumance s'étaient rejoints à l'étang des Aulnes, aux portes de la Crau. Cette année, c'est une actualité moins festive qui occupe les gestionnaires de la réserve naturelle nationale des Coussouls de Crau : le procès de SPSE, société exploitante du pipeline dont la rupture avait conduit au déversement de 7000 m3 de pétrole sur 5 hectares de cette steppe unique en Europe. Mardi, le procureur a requis 250 000 euros d'amende contre elle.

C'était en août 2009 et la pollution avait atteint jusqu'aux nappes phréatiques. Quel est aujourd'hui l'état écologique de cet espace entre Saint-Martin de Crau, Istres et la Camargue ? "La nature n'a toujours pas repris ses droits", nous répondait l'année dernière[1] Thierry Dutoit, chercheur à l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie (IMBE). "Il faudra des dizaines voire des centaines d'années", précise-t-il. Par ailleurs président du conseil scientifique de la réserve, il nous détaille l'intervention du laboratoire aux côtés de nombreuses sociétés spécialisées, le tout financé par l'industriel responsable de la fuite.

Comme la restauration d'un tableau

Abstraction faite des techniques, dont beaucoup font appel à la nature – comme des "fourmis moissonneuses" – sa vision de la réhabilitation écologique se rapproche de celle d'un tableau : "En général ça ne marche pas, car on ne restaure pas quelque chose qui est unique". Cet aveu n'est pas pour autant une invitation à l'abandon. Surtout dans un lieu qui "fait partie du capital culturel de la Provence", patrimoine abîmé par ce qui s'apparente pour lui à "un trou avec un mégot de cigarette dans un tableau".

Cet art naissant en voie de perfectionnement devrait trouver dans les décennies à venir de nombreux lieux pour s'exprimer, à commencer par les friches industrielles de Marseille. Il importe alors pour lui de mettre l'objectif avant la technique : "Qu'est-ce qu'on veut faire de ces friches, à partir du moment où l'écosystème qui pré-existait a été détruit depuis des centaines d'années ?" Il illustre les choix possibles entre un parc et un espace où on laisserait "la nature sauvage à nouveau revenir en ville, des endroits où l'homme n'intervient pas". Mais beaucoup pensent déjà aux opportunités immobilières, comme à la Madrague de Montredon ou à l'Estaque…

[1] L'émission a été enregistrée il y a un an, alors que le procès était annoncé pour juin 2013. Malgré cette erreur de date, le propos nous est apparu tout aussi pertinent pour être diffusé aujourd'hui.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Là encore pas de responsable en nom,la personne morale qu est la société oui mais pas de directeur.
    Trop facile ,dans une PME se serait différent.

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  2. Anonyme Anonyme

    Exact . La société dirigée par le capitalisme anglo-saxon actuel exclue toute responsabilité de ses actes outranciers . Les hautes instances dirigeantes ne sont là que pour générer le maximum de profils boursiers immédiats et ne sont pas concernées par le long terme . Les directeurs et présidents jouent aux chaises musicales entre les sociétés qui , elles , font chanter allègrement les instances politiques des pays avec leur “soi-disant” maintien de l’emploi . Les exemples pullules : Exxon-Valdez , Bhopal , Amoco-Cadix , Fukushima , amiante , silicose , irradiation … Débrouillez-vous , les responsables sont morts et les sociétés ont déposé le bilan . Juteux pour eux , catastrophique pour nous .

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  3. leravidemilo leravidemilo

    Bon; Le procureur requiert 250000 Euros d’amende,au pénal donc,pour une société (capitaliste bien sur) qui laisse filer 7000 tonnes d’hydrocarbures sur 5 hectares,atteignant un site naturel,y compris les nappes phréatiques, et pour “voire des centaines d’années” avant que la nature ne reprenne ses” droitsr. Ce qui nous fait du 36 euros la tonne et du 5 euros le mètre carré! -1 Si la nature a des “droits”,est ainsi qu’on les défend ? -2 N’a-t-on pas à faire ici à une justice effectivement laxiste ? -3 Pourquoi n’entend on aucun de ceux de nos responsables politiques qui,en permanence,taxent de laxisme cette justice,à propos de voleurs de mobylettes,de sans papier ou de petits revendeurs de sheed ? -4 Les actionnaires des Total, AZF,Pennarroya et autres Lafarge…estiment-ils qu’ainsi leurs “droits” sont sauvegardés,protégés ( dans leurs conseils d’administration on tremble ou on se gondole?) -5 Bien entendu,l’avocat de la société responsable répond qu’elle a déjà payé le “nettoyage”,mais c’est au civil et bien la moindre des choses! Dernière question donc,pourrait-on savoir le bénéfice aprés impôts de la dite société,et pour les derniers exercices,(siouplait Marsactu !) afin que l’info soit complète ?

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