Patrick Rué (FO) : "Désormais, on écoute tous les élus"

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le 13 Nov 2012
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Patrick Rué (FO) : "Désormais, on écoute tous les élus"
Patrick Rué (FO) : "Désormais, on écoute tous les élus"

Patrick Rué (FO) : "Désormais, on écoute tous les élus"

Marsactu : À un an et demi des municipales, on voit les mouvements initiés par les territoriaux FO se multiplier, c'est le bon moment de réclamer aux élus ?

Patrick Rué : Oui, c'est plus difficile dans ces moments-là pour eux. Enfin bon, on a vu dernièrement qu'ils étaient fragiles même après les élections, quand il n'y a que deux voix de majorité… Et puis on a quand même des interlocuteurs à l'écoute.

Pourtant il y a eu beaucoup de grèves en cette rentrée. Il y avait une opportunité ?

Ce n'était pas une opportunité. Ce qu'on fait, on le fait complètement en conscience sur les choix budgétaires. Il y avait de vrais problèmes notamment dans les écoles. La surveillance des enfants à la cantine, c'est un problème qu'on traînait depuis un an et demi. Ils ont vidé les cantines de personnel pour les mettre à la surveillance (hors cantine, ndlr). On est revenu tout de même à une négociation…

Avec un certain nombre d'embauches à la clé.

Voilà. On a obtenu 50 emplois statutaires et 100 surveillantes de cantine qui – il faut les appeler par leur nom – sont quand même des emplois précaires. Cela répond à un besoin instantané. Pour l'instant c'est acceptable mais ça ne va pas tenir longtemps.

Vous avez d'ailleurs été critiqué sur ce sujet. La FSU appelle à continuer le mouvement.

Ça, c'est le côté public, ce qu'ils annoncent, mais en réalité, c'est pour montrer qu'ils existent et qu'ils n'ont pas été reçus. Pendant le mouvement, ils étaient dans les nuages.

Ils ont tout de même une certaine influence. Certaines cantines sont fermées.

Ça n'a rien à voir. Aujourd'hui, malheureusement, vous vous appelez le syndicat de l'association des saucissons blancs, vous lancez une grève : vous aurez au moins 20 % de grévistes. Tout ça parce qu'il y a tellement de difficultés, le travail est tellement pénible que les gens se raccrochent à peu près à n'importe quel appel à la grève. Hier, il y avait 61 cantines en grève sur environ 360 : ça fait du 15 % à trois organisations syndicales, il n'y a pas de quoi être satisfait.

Votre prédécesseur parlait de « rassemblement de scories » à propos de l'intersyndicale. Vous le reprendriez à votre compte ?

Non. On est à Marseille, parfois les mots dépassent la pensée. Ce sont des gens respectables. Après, on doit accorder l'importance en fonction de la représentativité soit, au comité technique paritaire de la Ville, 11 élus FO, 3 FSU, 1 CFDT. Souvent on a les mêmes revendications mais pas les mêmes méthodes. En tant que syndicat majoritaire, nous avons une responsabilité.

Vous êtes de manière informelle puis formelle le patron des Territoriaux FO depuis un an. Vous disiez en substance en février, date de votre prise de fonction officielle,  « le changement c'est maintenant ». Qu'est-ce qui concrètement a changé ?

Ce n'est pas facile mais on a un fonctionnement plus collégial. Le secrétaire général est quand même sous contrôle : il y a une équipe d'une quinzaine de personnes qui prend les décisions et en rend compte. Dire "je suis le chef" et parler à l'occasion de ses décisions aux autres, c'est plus facile mais on voulait éviter de continuer à faire ce qui était reproché au sortant. Ensuite, on a essayé de travailler sur le relationnel. On se parle désormais avec les autres organisations syndicales : c'est le minimum mais avant, on ne se parlait pas. Au niveau des élus, désormais on les écoute tous. Il y avait une forme d'égocentrisme avant qui consistait à ne parler qu'à Gaudin et à Caselli.

C'est le cas notamment pour les mousquetaires de la propreté. La droite dit que le dossier n'avance pas.

Les véritables effets de la réorganisation ne sont pas encore ressentis parce que ça a un peu traîné. En fait, les basculement des secteurs [vers la collecte] de nuit ne va se faire qu'à partir de décembre. Il va y avoir le 9e, ensuite le 10e puis le 12 et 11. C'est là qu'on commencera à sentir le véritable impact même si, à travail égal, il y a déjà une amélioration qui a été apportée sur le plan qualitatif. Après, c'est difficile à mesurer car la propreté, c'est comme l'insécurité, c'est un sentiment.

Le président de MPM Eugène Caselli a fixé l'échéance de décembre pour le bilan. A votre sens, c'est un peu tôt ?

Je pense qu'on aura une meilleure idée de la réorganisation au mois de mars. Mais ceci dit on peut déjà mesurer certaines endroits où il y eu des améliorations notamment avec l'augmentation des containers enterrés.

Dans cette histoire, Eugène Caselli a aussi besoin de votre bonne volonté. Vous nous aviez dit vouloir récupérer quelques pépites. C'est fait ?

On avait dit ça mais on avait aussi dit – moins fort certes – si les résultats sont conséquents. Aujourd'hui, on a conscience qu'extérieurement, on ne peut pas encore dire que les résultats sont extraordinaires…

Donc pour les pépites, ça attendra ?

Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui, les Marseillais disent que question propreté, c'est mieux, d'autant que ce climat est entretenu par les politiques qui, à part Caselli, ont tous intérêt à dire que ça ne va pas. Or ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que quand les Marseillais voient que la ville n'est pas propre, ils ne savent pas si c'est Gaudin ou Caselli. Quand ça s'améliorera, tout le monde en profitera.

La campagne des municipales en est à ses balbutiements. En 2008, on a dit que vous aviez fait l'élection.

On nous l'a prêté et certains l'ont laissé entendre aussi. Très sincèrement, je pense qu'on a quand même exagéré l'influence de FO.

Le maintien à droite des 4e et 5e arrondissements – où s'affrontaient Guérini (PS) et le duo Muselier/Gilles (UMP) – on a dit que c'était vous…

Non. Franchement, ce n'est pas parce qu'on a d'excellentes relations avec Bruno Gilles qu'on l'a fait gagner. Les gens de FO sont viscéralement FO. Moi, il faudrait me mettre un pistolet sur la tempe pour que je vote à droite. Je pense que si on faisait un sondage, on trouverait environ 80 % de gens de gauche et seulement 20 % de gens de droite chez nous. Et encore ceux-là sont plutôt proches d'un élu. Bruno Gilles a beaucoup d'amis parmi les agents, d'autres en ont moins. Ce qui s'est passé, c'est qu'en fait la gauche a attaqué Force ouvrière de front et il y a eu un front du refus de gens de gauche qui ne sont pas allés voter.

Et vous, vous avez voté Guérini en 2008 ?

Non, au deuxième tour, je n'ai pas voté. Bon, en plus je votais dans le 8e donc l'élection était pliée : je n'ai pas eu ce dilemme.

Vous dites que vous êtes un homme de gauche, un ancien membre du PS. On vous a vu avec Sylvie Andrieux aux législatives dans le 13/14, avec Roger Aymard de la FSU d'ailleurs.

Moi, je ne suis affilié à aucune section. Si je suis passé là, c'est parce que je voulais passer dans une circonscription où il n'y avait pas de duel gauche-droite. Là, elle avait un affrontement en direct avec le Front national : cela faisait qu'on n'avait pas de problèmes pour se positionner.

Donc tout sauf le FN…

Dans la devise de FO, on le retrouve. Eux, ils ne rentrent pas chez nous. Heureusement, on n'en est pas encore là. Au-delà, imaginons un affrontement Gaudin-Caselli – un peu dur à concevoir aujourd'hui : ce sont nos deux patrons, on travaille bien avec les deux, je ne vois pas comment on pourrait se positionner.

Un Guy Teissier avec qui vous ne vous entendez pas du tout, ce serait compliqué.

Oui, mais vous savez, les hommes politiques s'adaptent. Il y a aussi des maires de secteur de gauche qui ne sont pas vraiment proches de nous non plus, comme Patrick Mennucci. Il y avait des relations anciennes et conflictuelles entre Mennucci et Argy qui datent du moment où ils étaient avec Mélenchon.

Vous prendrez donc du recul en 2014 ? C'est un engagement ?

Oui. Le seul truc qui pourrait nous faire sortir du bois, ce serait une nouvelle attaque frontale contre le syndicat. C'est la base du mandat qui m'a été confié.

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Commentaires

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  1. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Le dirigeant de FO redoute en réalité le projet de M.LEBRANCHU qui envisage de rendre la voirie aux communes et les agents qui nettoyent les rues aux maires de secteur à Marseille et aux maires des petites communes.
    FO perdrait alors de son influence et…. d’une certaine arrogance!
    Au passage notons qu’il est inadmissible que JC.GAUDIN continue à mépriser l’Intersyndicale .
    Les élus de Droite comme de Gauche doivent comprendre que FO collecte des adhérents car elle a le monopole de l’embauche des catégories C et ferme les yeux sur les recrutements copinages de CASELLI et GAUDIN ( chargés de mission, catégories A ou B ) qui font souvent doublon avec descadres titulaires.
    Cette gabegie ne peut plus durer!

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  2. GM GM

    Marre de cette hégémonie de FO sur tout ce qui est municipal !! Gaston est mort !! si les autres syndicats étaient plus présents le dialogue serait possible et le clientélisme aurait des chances de se réduire !!

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  3. La Vigie La Vigie

    “c’est que quand les Marseillais voient que la ville n’est pas propre, ils ne savent pas si c’est Gaudin ou Caselli. ” dites vous, peut- être, ce dont on est certain c’est que c’est FO !

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  4. Vieux-Port Vieux-Port

    Ce qui serait bien aussi, c’est que désormais les élus écoutent tous les syndicats.

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  5. Anonyme Anonyme

    Ce syndicat est lamentable. il fait et défait les agents. si votre tête ne leur revient pas, ils font tout pour vous casser en deux, même si vous êtes syndiqués chez eux. Il faut absolument que cela change.

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  6. Anonyme Anonyme

    Désormais on écoute tous les élus. au lieu d’écouter les élus, il ferait mieux d’écouter tous ses adhérents. quelle tristesse ce syndicat. c’est à vous dégouter à vie du syndicalisme.

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