“Poste pour poste” à la région : le futur président Muselier ou le retour du fils prodigue

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le 10 Mai 2017
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Ce mardi matin, la droite régionale débattait de la démission de Christian Estrosi et de la candidature de Renaud Muselier. Accueillie "à l'unanimité", cette double décision est censée dépasser les clivages qui traversent la droite. Elle signe le retour de Renaud Muselier sur la scène politique marseillaise.

“Poste pour poste” à la région : le futur président Muselier ou le retour du fils prodigue
“Poste pour poste” à la région : le futur président Muselier ou le retour du fils prodigue

“Poste pour poste” à la région : le futur président Muselier ou le retour du fils prodigue

Il y avait foule à la région, ce mardi matin. Non pas des administrés, impatients de connaître les raisons de la démission de Christian Estrosi, mais des lycéens venus en nombre visiter l’hôtel de région. Ajoutés à ceux-là, quelques journalistes encombrent l’entrée de l’institution. Ils espèrent que le futur ancien président de région ou son successeur annoncé fera une courte apparition. Une réunion du groupe LR-UDI-Modem est programmée à 11 heures avec cette passation à l’ordre du jour. La liste des plumitifs présents est prise pour être remontée aussitôt aux membres du cabinet. Une prise de parole est imaginée. En vain.

Christian Estrosi ne dira pas un mot aux présents. Le matin dans La Provence, il s’est réjoui de gagner en “indépendance” politique. Renaud Muselier quant à lui ne s’exprime pas du tout. Les deux hommes s’apprêtent à échanger leurs rôles et leurs titres dans 15 jours au maximum. Le principe a été acté par le groupe majoritaire “à l’unanimité” lors d’une réunion d’une heure suivie d’un rapide déjeuner entre élus régionaux. “Christian Estrosi a pris la parole pour un retour rapide sur la séquence électorale, raconte Philippe Maurizot qui était présent. Ensuite, il  y a eu plusieurs prises de parole pour remercier Christian Estrosi et une sorte de sondage informel à propos de son successeur.” Le nom de Renaud Muselier a été validé à l’unanimité par les composantes de la majorité.

Premier à sortir de l’Hôtel de région, l’élu marseillais Richard Miron loue une “décision apaisée” de l’élu niçois qui a choisi “sa ville et, pour des raisons moins officielles, de privilégier sa vie privée”.

Président délégué “au cas où”

Quant à l’arrivée de Renaud Muselier à la tête de l’institution, elle correspond à un schéma prévu dès la victoire des deux hommes en “ticket” fin 2015. “Renaud Muselier était déjà président délégué, souligne Richard Miron. Nous avions créé ce poste au cas où. Vous n’allez pas nous reprocher d’avoir prévu quelque chose et que cela se réalise, même si cela n’est pas dans les circonstances prévues.”

Par ce “au cas où”, l’adjoint aux sports de Jean-Claude Gaudin fait référence à un scénario maintes fois évoqué. En cas de victoire d’un candidat de droite à la présidentielle, et en particulier de de Nicolas Sarkozy, Christian Estrosi pouvait être appelé à embrasser un destin national. Renaud Muselier aurait alors pris sa place à la tête de la région. Au final, Emmanuel Macron est devenu président et c’est vers un destin local que le Niçois se destine dans un premier temps. Il y a quatre mois pourtant, lors de ses voeux, il assurait : “Oui, vous me reverrez à cette place l’année prochaine.”

Philippe Maurizot confirme cette logique de “poste pour poste” : “Renaud Muselier a évoqué le fait qu’il s’était préparé à cette échéance même si elle arrivait plus tôt que prévu”. S’il s’avoue un temps déboussolé par l’annonce de cette démission surprise, la réunion du jour a eu l’heur de le rasséréner.

“Un an et quelques mois c’est court”

Le député vauclusien Julien Aubert, absent à la réunion pour cause de campagne des législatives, le formule différemment : “Pour les Niçois, c’est un choix légitime. Pour les conseillers régionaux, un an et quelques mois c’est un peu court. Après, il a été élu sur un ticket avec Renaud Muselier. On savait qu’un basculement pouvait s’opérer. Ce n’est pas une méga surprise non plus.”

Si certains, à l’instar de Philippe Maurizot évoquent un “micro-climat” au sein de la région, loin des déchirements au sein de la droite, un débat a tout de même eu lieu lors de cette réunion. Il se focalisait sur les deux tendances qui traversent la droite française et, au-delà le paysage politique : “entre ceux qui pensent que le pays vit à l’heure d’un refus historique des clivages et des partis et ceux qui pensent que tout cela ne durera qu’un temps et que la réalité va nous faire revenir aux clivages politiques réels”, résume Maurizot. Christian Estrosi se serait clairement positionné dans le premier groupe alors que Renaud Muselier serait plus prudent dans son analyse de la séquence politique. “Ils ne sont pas sur la même ligne”, confirme Julien Aubert.

La malédiction de 2008

À la sortie du conseil régional, l’élue marseillaise Catherine Giner appelait son camp à l’unité, quelle que soit les tendances : celle des conservateurs de Sens commun, comme celles qui ont fustigé leur emprise sur la campagne du candidat LR. “Quand je parle d’union c’est pour tout le monde, explique celle qui a milité auprès de la Famille pour tous à Marseille. Notre parti a été divisé et, à chaque fois, que cela se passe, nous le payons cher et les Français aussi”.

Si les tensions sont loin d’être éteintes au sein de la droite, les élus de la région veulent voir leur institution épargnée et l’unité se construire autour de Renaud Muselier qui devrait être élu dans 15 jours. “Normalement”, souffle Maxime Tommasini, autre élu marseillais. “J’étais à la communauté urbaine lors de l’élection d’Eugène Caselli en 2008. Cela rend superstitieux. Je le verrai élu une fois le dernier bulletin dépouillé”, explique-t-il. À l’époque, une partie des voix de droite avaient manqué à l’élu marseillais pour prendre la tête de l’institution. Très vite, il y avait vu la main du maire lui-même, accusé de lui avoir savonné la planche. Cette fois, il y a peu de risques que le fauteuil se dérobe même si, estime une conseillère régionale, “à bulletins secrets, ce n’est pas sûr qu’il fasse le plein de nos voix”.

Un retrait et deux élections plus tard

Cette inversion du ticket signe le retour politique de Renaud Muselier à la tête d’un exécutif local. C’est en fils prodigue qu’il peut désormais s’inviter à la table des présidents de collectivités. En effet, depuis 2008, l’ancien premier adjoint et dauphin désigné, n’a cessé de prendre ses distances avec la droite locale, et, spécifiquement le maire et son cabinet, accusés par lui de pactiser avec l’honni Jean-Noël Guérini. En 2013, il avait même annoncé son retrait de la vie politique avant de rebondir lors des européennes puis aux régionales.

Dans quelques jours, il sera à la tête d’une institution qui pèse et dont la prééminence, notamment sur les dossiers économiques, a été renforcée par les dernières lois de décentralisation. L’ancien secrétaire d’État aux affaires étrangères ne pourra plus recycler la formule: “il fait tout et moi le reste” qu’il utilisait alors pour Dominique de Villepin. En marge de la présentation à la presse du projet de lycée international d’Euroméditerranée, il l’utilisait aussi à propos de Christian Estrosi. “Une bonne phrase, cela sert toujours”, souriait-il alors avant de souligner le changement dans la relation entre institutions depuis l’arrivée de la nouvelle équipe.

Dans quelques semaines, il parlera donc d’égal à égal avec le président de la métropole et maire de Marseille et la présidente du conseil départemental. Si les relations avec Christian Estrosi ont parfois été orageuses, tous deux ont apporté un soutien immédiat à sa candidature. Mais en délaissant un strapontin pour un tremplin, Renaud Muselier va peser sur la succession du maire en 2020.

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Commentaires

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  1. Zumbi Zumbi

    Voilà un rajeunissement de la vie politique local qui fait plaisir, té ! Monsieur Muselier n’est élu que depuis un quart de siècle, ça c’est frais, c’est novateur !

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  2. toine toine

    En même temps, s’il peut barrer la route à Moraine en 2020, pourquoi pas!
    C’est pas réjouissant mais on se réconforte comme on peut…

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    • Julien Julien

      C’est vrai qu’ils ont été plus nombreux à déclarer qu’ils abandonnaient définitivement la politique …

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  3. Peuchere Peuchere

    Une bonne nouvelle pour la Région mais surtout pour Marseille

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    • Julien Julien

      Hop hop hop ! Jean-Claude pourrait encore nous faire une galéjade ! On en viendrait presque à l’espérer !

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  4. Majnoun Majnoun

    BRUSHING CASELLI FOR THE REGION

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