Le parquet national financier perquisitionne à la mairie d’Istres

Enquête
le 29 Mar 2017
7

"Une trentaine" de gendarmes de la section de recherches de Paris perquisitionnent depuis ce matin l'hôtel de ville d'Istres en présence du maire François Bernardini. Il s'agit là du premier acte d'ampleur de l'enquête menée par le parquet national financier sur les marchés publics de la mairie.

Le parquet national financier perquisitionne à la mairie d’Istres
Le parquet national financier perquisitionne à la mairie d’Istres

Le parquet national financier perquisitionne à la mairie d’Istres

Les gendarmes, “une trentaine” selon une source proche du maire, sont arrivés de bon matin à la mairie d’Istres et ont tout de suite demandé à voir l’édile, François Bernardini (ex PS). C’était le début d’une perquisition qui allait les mener dans plusieurs services municipaux, dont l’urbanisme, les marchés publics et le bureau du maire. Il s’agit là du premier acte visible d’une enquête menée par le parquet national financier concernant notamment les marchés publics de la mairie d’Istres. Le maire est sorti des lieux vers 15 heures alors que la perquisition se terminait. Il a ensuite publié sur Facebook un communiqué pour assurer de sa coopération avec les enquêteurs et déclarer n’avoir “rien à cacher”.

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=676099235911610&id=180801788774693

Confiées à la division financière de la section de recherches de la gendarmerie de Paris, qui collabore avec son homologue marseillaise, les investigations visent notamment une suite de marchés attribués à un entrepreneur, Philippe Cambon, patron de la société SAM vérandas et d’autres entreprises spécialisées dans le bâtiment et les travaux publics. L’homme a pour particularité d’être le mari de l’adjointe au tourisme de la ville. Selon nos informations, confirmées de source proche du dossier, une perquisition a visé aussi l’entrepreneur. Interrogé par le Ravi, celui-ci a démenti cet élément de l’enquête.

Philippe Cambon a remporté successivement un grand nombre de marchés de la mairie d’Istres, dans divers domaines, ce qui a attiré l’attention de la chambre régionale des comptes qui effectuait un contrôle de gestion de la Ville. Outre le chantier du nouvel hôtel de ville, il s’est notamment vu confier, comme l’avait relevé le Ravi, le chantier dit de la Régalido, un foyer pour personnes âgées. Durant les travaux, particulièrement longs aux yeux de certains, les seniors étaient hébergés aux Salons de Trigance, fondés par le même Cambon et les filles de François Bernardini. Selon les éléments que nous avons pu recueillir, face aux interrogations de la chambre, Bernardini a rejeté tout soupçon de favoritisme et expliqué qu’il s’agissait seulement d’un important entrepreneur local qui était bien placé pour répondre aux marchés de la mairie.

Un maire déjà condamné en 2001

Dans ce dossier, aucune garde-à-vue n’est pour l’heure en cours, nous confirme-t-on de source proche du dossier, ce qui ne veut pas dire qu’une telle mesure ne sera pas décidée à l’issue de la perquisition. François Bernardini doit présider cet après-midi une réunion du conseil de territoire Ouest Provence, une des assemblées de la métropole. Cette dernière se réunit en séance plénière, ce jeudi, à Marseille.

Cette affaire pourrait plomber le parcours politique de François Bernardini, revenu sur le devant de la scène ces derniers mois grâce à une alliance avec Jean-Claude Gaudin à la métropole. Ce n’est pas la première fois que l’élu a maille à partir avec la justice. Il a déjà été condamné en 2001 à dix-huit mois de prison avec sursis, 400 000 francs d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics au sein d’une association. Cela lui avait valu de perdre la présidence du département des Bouches-du-Rhône au profit de Jean-Noël Guérini et (provisoirement) la mairie d’Istres.

Article actualisé au fil de la journée du 29 mars

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Une mesure de moralisation de la vie publique désormais urgente en France : l’inéligibilité *définitive* de tout élu condamné pour un délit commis dans l’exercice de son mandat.

    La probité, c’est le minimum qu’on puisse demander à qui gère les fonds publics.

    Signaler
    • VitroPhil VitroPhil

      J’ai un peu de mal à vous suivre, j’ai du mal avec les condamnation à vie quand il ne s’agit pas de crime.

      Sur le fond, c’est plus la tolérance du corps électoral à ces pratiques qui pose problème. Certes il est plus facile de changer le code électoral que les consciences citoyennes mais sur ce sujet comme pour de nombreux autres, je ne vois pas comment faire l’économie d’une reprise en main éthiques des électeurs eux même à moins de désespérer de la démocratie.

      On peut cependant imposer des peines plancher pour inéligibilité ( > que la durée d’un mandat) et accélérer les procédures afin que le temps judiciaires soit un minimum compatible avec le rythmes démocratique.

      De ce point de vu, le parquet national financier est une avancée certaine.

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Je suis d’accord avec vous sur un point : il n’est pas sûr qu’en l’état actuel du droit, les condamnations à des peines perpétuelles soient possibles.

      Mais nous avons deux problèmes : d’une part, les électeurs votent pour les candidats qu’on leur propose, et ceux-ci sont désignés (ou autodésignés) dans un processus où la probité n’est pas un critère obligatoire de sélection (pas plus que la compétence) ; d’autre part, il ne me semble pas que quelques années d’inéligibilité soient réellement dissuasives : qui a bu boira (en tout cas, le risque est élevé), il suffit d’attendre…

      Il y a peut-être d’autres solutions : le mandat non renouvelable ou renouvelable une seule fois serait probablement une façon de limiter les risques de clientélisme et de corruption. Mais son effet ne serait sans doute pas aussi dissuasif que le risque d’être écarté définitivement de toute fonction élective en cas de condamnation.

      Signaler
  2. julijo julijo

    Oui il est urgent de “moraliser” tout ça. D’autant que les électeurs et les citoyens le supportent de moins en moins.

    Il est -cocasse- de noter que ces élus, mis en examen, condamnés ou pas, inquiétés à divers degrés s’en fichent complètement. Et pour ceux qui ont été condamnés, ils ont “payés” si peu qu’ils recommencent allègrement : le gain en vaut sûrement le risque.

    Signaler
    • VitroPhil VitroPhil

      “D’autant que les électeurs et les citoyens le supportent de moins en moins.” Peut-être mais cela ne les empêche pas de les élire encore et encore… Ce expliquant sans doute la “sérénité” des dits élus.

      Signaler
    • vékiya vékiya

      vous pensez vraiment que les électeurs ne le supportent plus ? mlp 26% et ff 20%… tous les deux mis en examen

      Signaler
  3. vékiya vékiya

    beau gosse en plus !

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire