Parc Kalliste : la Ville tente une accélération devant un État dubitatif

Actualité
le 24 Jan 2018
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Après de nouvelles tensions, la mairie a annoncé mardi matin avoir lancé une procédure juridique avec l'espoir de voir évacuer le bâtiment H du parc Kallisté dès le lendemain. La Ville espère bénéficier du concours de l'État pour évacuer les bâtiments et reloger les migrants qui y vivent. Du côté de l'État, on écarte pour l'heure toute solution à court terme.

Le bâtiment H du parc Kallisté.
Le bâtiment H du parc Kallisté.

Le bâtiment H du parc Kallisté.

“Je pense qu’il n’y a clairement pas d’autre solution”Alors que le sujet de l’état de délabrement et de squat du bâtiment H du parc Kallisté devient de plus en plus brûlant, la mairie, par la voix de l’adjointe au logement et à la rénovation urbaine Arlette Fructus, a prononcé mardi le mot “évacuation”. Si on ne vide pas aussi facilement une barre d’immeuble, sous le régime de la copropriété et en période hivernale, la Ville a décidé de tenter le tout pour le tout pour mettre fin à ce qui est décrit par la presse comme une “poudrière” voire un “enfer”, où cohabitent derniers habitants, migrants occupants illégaux, et réseau de trafic de drogues. “Toutes les dérives” s’y retrouvent, décrit l’élue.

Ainsi, au lendemain d’une “réunion de crise avec la préfète déléguée à l’égalité des chances et le préfet de police”, la municipalité a décidé de sévir en ayant recours à un arrêté “dit Borloo imminent lié aux parties communes d’immeubles collectifs”, note celle qui est aussi responsable départementale de l’UDI. “Le tribunal administratif est saisi, un expert doit se déplacer dans la journée, et donner ses préconisations”, poursuit Arlette Fructus qui avait donc réuni la presse pour annoncer la démarche. “Il s’agirait d’une évacuation pour des raisons de sécurité, et non pas d’une expulsion”, a-t-elle précisé devant les caméras. L’expert bénéficiant de 24 heures pour rendre sa décision, une évacuation, si elle était préconisée, pourrait donc avoir lieu dès mercredi, selon les calculs de la Ville.

En effet une ordonnance prise en 2005 par le ministre du logement d’alors prévoit que, concernant des propriétés vétustes, le maire d’une commune peut prendre à sa charge les travaux nécessaires, et selon l’urgence des circonstances, procéder à l’évacuation : 

En cas de péril imminent, le maire, après avertissement adressé au propriétaire, demande à la juridiction administrative compétente la nomination d’un expert qui, dans les vingt-quatre heures qui suivent sa nomination, examine les bâtiments, dresse constat de l’état des bâtiments mitoyens et propose des mesures de nature à mettre fin à l’imminence du péril s’il la constate.
« Si le rapport de l’expert conclut à l’existence d’un péril grave et imminent, le maire ordonne les mesures provisoires nécessaires pour garantir la sécurité, notamment, l’évacuation de l’immeuble.”

Ordonnance n° 2005-1566 du 15 décembre 2005 relative à la lutte contre l’habitat insalubre ou dangereux , article 5

Un expert mandaté par le tribunal administratif devait donc se rendre sur place mardi, la municipalité espérant un verdict le soir-même. “Nous avons bien évidemment fait notre propre diagnostic” auparavant, explique-t-on à la Ville. Le principal danger invoqué étant l’état des installations électriques, sans cesse détournées par les occupants illégaux. “Les marins-pompiers ont préconisé l’arrêt de l’électricité”, en raison du risque d’incendie dans les parties communes, a précisé l’adjointequi ajoutait dans le même temps que “toutes les institutions sont mobilisées”.

La préfecture attend “un cadre légal”

Sauf qu’en préfecture, où Pierre Dartout, le nouveau représentant de l’État, présentait ses voeux au même moment, la nouvelle du souhait de la Ville de voir Kallisté évacuée de façon imminente a désarçonné. “Nous avons besoin d’informations sur la situation des personnes qui vivent là et notamment des squatteurs. Nous avons besoin de connaissances pour agir dans le cadre du droit, a-t-il réagi. Notre priorité est de ne pas laisser de famille dehors et donc de trouver des solutions d’hébergement pour elles, pour les femmes seules, avant les individus isolés”. Et d’évoquer la création de nouveaux lieux d’hébergement prochainement à Marseille.

Dans les services de la préfète déléguée à l’égalité des chances, la réponse se fait tout aussi prudente, en soulignant notamment la nécessité d’avoir un cadre légal pour agir. “Une solution à court terme paraît complexe à envisager sans solution de relogement, notamment du fait de la trêve hivernale”. Mardi, la préfecture attendait toujours les retours de l’expertise pour se prononcer.

Les squatteurs “pas le sujet de la Ville de Marseille”

Dans l’option d’une évacuation, Arlette Fructus promet “des relogements, temporaires” pour les occupants “licites” de la barre : cinq propriétaires occupants, ainsi que quelques potentiels locataires dont le nombre lui était inconnu. Les derniers occupants ont pourtant jusqu’ici refusé tout relogement. “Il va falloir faire en sorte qu’ils comprennent qu’il faut l’accepter”, a-t-elle tranché, avant d’assurer qu’un “accompagnement” prendrait forme en vue de relogements définitifs, de même qu’une société de gardiennage serait mandatée pour surveiller les appartements abandonnés. L’adjointe bottait en revanche en touche pour la mise à l’abri des habitants sans droit ni titre : “ce n’est pas le sujet de la Ville de Marseille, je me préoccupe des propriétaires et des locataires”.

En l’attente du verdict de l’expert, Arlette Fructus reconnaît qu’une évacuation permettrait aussi d’obtenir “un climat plus serein” à Kallisté, où les procédures d’expropriation avant démolition n’en finissent pas de traîner. Si la Ville, via le bailleur Marseille habitat a entrepris de devenir propriétaire des bâtiments B et H, dans ce deuxième immeuble, 25% des lieux restent encore à acquérir. “L’évacuation se fait par mesure de sécurité, mais si dans le même moment on trouve des solutions pour racheter…”, a ainsi glissé l’élue qui espère voir au plus vite démarrer les travaux de désamiantage préalable à la démolition. Un huissier, mandaté par la Ville a constaté lundi la présence de 141 personnes vivant dans le bâtiment H, sachant qu’il a visité 39 logements, et que pour 33 autres, il a trouvé portes closes.

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Commentaires

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  1. corsaire vert corsaire vert

    Un Calais marseillais ?…. donc une épine dans le pied des élus !

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  2. corsaire vert corsaire vert

    Qui sont les responsables de cette situation ? la liste des immeubles dans cet état à Marseille est longue , trop longue !
    Zones de non droit , logements insalubres , trafics en tout genres, violence, illettrisme etc…Le voilà le bilan de Gaudin et de sa clique !
    Tant que cela ne touche pas leur quartier ! attention la peste c’est contagieux !!!

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