Le parachuté FN Lacapelle sort son grand-oncle putschiste pour capter le vote pied-noir

Actualité
le 17 Mai 2017
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Le numéro 3 du parti frontiste tente d'emporter la 12e circonscription de Marignane, Vitrolles et la Côte bleue. Si le parachuté Jean-Lin Lacapelle ne fait pas semblant de maîtriser les dossiers locaux, il n'oublie pas de souligner son lien de parenté avec un héros de l'armée, artisan du putsch d'Alger.

Le parachuté FN Lacapelle sort son grand-oncle putschiste pour capter le vote pied-noir
Le parachuté FN Lacapelle sort son grand-oncle putschiste pour capter le vote pied-noir

Le parachuté FN Lacapelle sort son grand-oncle putschiste pour capter le vote pied-noir

La conférence de presse a lieu avenue de Bruxelles mais le clin d’œil à l’Europe est fortuit. Si le candidat Front national dans la 12e circonscription des bouches-du-Rhône a choisi ce coin paumé de l’Anjoly à Vitrolles pour lancer sa campagne, ce n’est pas une accroche pour dérouler sa charge contre la bureaucratie bruxelloise. Dans cette zone industrielle sans âme, au cul d’un hangar anonyme, le FN a son local. “Nous inaugurons notre permanence, ce samedi, rassure Jean-Lin Lacapelle, le n°3 du FN, néo-marignanais. Pour l’heure, nous avons encore quelques menus travaux à y faire.”

Le local du Front national à Vitrolles

De l’Europe, il sera forcément question puisque le discours du candidat parachuté consiste à dérouler la toile du programme de Marine Le Pen pour mieux souligner qu’il veut être “un député de la nation”, “le seul représentant du camp des patriotes”. Il déroule donc le programme de la candidate pour contrer par avance les critiques de ses opposants “qui vont tous jouer la carte de l’ancrage local”. Côté ancrage, il a réuni autour de lui une “équipe enracinée”, constituée pour l’essentiel des élus locaux de Marignane, Saint-Victoret, Gignac ou Vitrolles où le Front national a toujours fait de bons scores au point d’y emporter les mairies, sans réussir à durer.

Il s’agit pour l’essentiel de vieux militants dont certains ont connu le parachutage de Bruno Mégret, dauphin de Le Pen en 1993. Cette fois-ci, c’est le n°3 qui est dépêché pour transformer le vote enraciné en tremplin pour le palais Bourbon. Il a tout de même préparé quelques fiches, parcouru la circonscription depuis qu’il y a atterri deux jours après le second tour. Il n’est pas encore tout à fait au point. Il est capable de marquer des points d’ancrage en soulignant la désertification du centre-ville de Marignane et “les rideaux tirés” des commerces. Lui l’ancien cadre de grands groupes de la grande distribution cite sans s’emmêler l’association marignanaise En toute franchise qui vient de gagner dans une procédure concernant le Leclerc de Châteauneuf-Lès-Martigues.

“Au carry”

En revanche, il dit “au Carry” plutôt “qu’à” pour évoquer le salon du vin du week-end précédent. Des sourcils se lèvent, personne ne corrige. S’il a révisé le dossier Airbus Helicopters depuis son dernier passage éclair marqué par une conférence de presse à l’hôtel le plus proche de l’aéroport, il retombe vite dans les ornières du débutant. Certes, il a saisi que le problème du fabricant d’hélicoptères provenait d’un carnet de commandes exsangue. Mais quand on lui pose la question de la manière d’aider l’entreprise à conquérir des marchés. Il se tourne vers son suppléant, Jean-Louis Lévêque. Là, “l’ambassadeur de la circo” patine un peu.

Il est plus à l’aise en revanche sur la lutte contre travailleurs détachés, le patriotisme économique ou la préférence nationale que sur la vente de Caracal au Koweït ou à Singapour. Quand on lui demande dans quelle commission il choisira de siéger en cas de victoire, il choisit sans sourciller “la commission des affaires économiques”, en tant qu’ancien “cadre de la grande distribution, de l’Oréal ou de Danone”. Et pas la commission des Affaires étrangères ou de la Défense où diplomatie et intérêts industriels font parfois bon ménage.

“Seul candidat patriotique”

Dans sa volonté de se présenter comme le seul candidat “de l’opposition patriotique”, il vise la candidature dissidente de Jacques Clostermann qui se présente comme candidat du Rassemblement bleu marine dans la circonscription et annonce depuis des mois un meeting en présence de Jean-Marie Le Pen en soutien. “Nous l’avons mis en demeure de retirer le logo du Rassemblement bleu marine. Nous avons le soutien officiel de ce mouvement”, tacle Jean-Lin Lacapelle.

Dans l’entourage de Gilbert Collard, le secrétaire général du RBM, on confirme que ce mouvement n’a pas vocation à investir des candidats “et encore moins contre des candidats FN”. Jean-Lin Lacapelle ne craint pas cette opposition, pas plus qu’une candidature Debout la France, faute d’accord national validé “à temps” entre les deux partis. “L’essentiel est de réunir 12,5% des inscrits et d’être qualifié au second tour”, insiste-t-il.

“Petit-neveu du commandant de Saint-Marc”

S’il y a bien un argument “local” que n’a pas oublié de brandir, “le candidat de la jeunesse”, c’est sa filiation avec un personnage controversé de la guerre d’Algérie. “Je suis le petit-neveu du commandant de Saint-Marc. Je ne fais pas de clientélisme électoral, pas de communautarisme mais je sais que les Pieds-Noirs et Harkis de la circonscription y seront sensibles”, sourit Lacapelle.

Une question sur le pedigree de l’intéressé entraîne des coups d’œil courroucés de la part du patron du FN marignanais qui porte un parachute à la boutonnière. René Amodru est comme Pierre Manfredi un ancien para. “Un frère d’arme même si nous n’avons pas servi ensemble“, insiste René Amodru.

Pustschiste d’Alger

Hélie Denoix de Saint-Marc était, lui, un héros de l’armée française, unanimement célébré par l’extrême-droite. Le maire de Béziers Robert Ménard lui a récemment dédié une rue, comme à Orange. Résistant, déporté à Buchenwald, il a été de toutes les guerres coloniales, participant avec ses légionnaires à la bataille d’Alger, sous les ordres du général Massu jusqu’au putsch d’Alger dont il a été un des artisans en avril 61. Condamné à perpétuité, emprisonné avec les responsables de l’OAS, il a finalement été gracié par De Gaulle, réhabilité par Giscard, et honoré par Chirac et Sarkozy.

Surtout il reste une figure de l’Algérie française et du combat mené pour conserver son statut quelles que soient les méthodes utilisées pour ce faire. Les nostalgiques de la colonisation heureuse seront ravis de voir ce para d’Algérie à la boutonnière du parachuté.

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Commentaires

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  1. Joël Gombin Joël Gombin

    “« L’essentiel est de réunir 12,5% des inscrits et d’être qualifié au second tour », insiste-t-il.”
    Tiens, il ne pense pas arriver dans le duo de tête ?

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    • VitroPhil VitroPhil

      Visiblement non, il n’à même pas étudier le passif électoral de la circonscription.

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  2. VitroPhil VitroPhil

    Voilà un candidat top niveau qui n’hésite pas se lancer dans le concours de la famille au passé le plus chargé.

    Le pire c’est le grand favoris de l’élection sur un secteur où une série de candidats “photosshop” rivalisant d’anonymat et de vacuité ont donné de bon résultat au FN. Alors pensez donc, le numéro 3 en chair et en os!!
    Pour l’esprit prière de chercher ailleurs.

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