Olivier Ferrand n'est pas prophète en son pays

À la une
le 26 Jan 2012
6

Mauvaise pioche. Une fois de plus, Solférino joue de malchance avec le PS des Bouches-du-Rhône. Pourtant sur le papier le casting avait de l’allure. Mais rien ne s’est, là non plus, passé comme prévu. Récit.

L’histoire se passe dans la huitième circonscription des BdR, née du dernier redécoupage Marleix et qui regroupe les trois cantons de Salon, Berre et Velaux. Au départ, il y a trois socialistes candidats à la candidature pour espérer décrocher un poste de député aux prochaines législatives, qui, malgré un fort FN et un UMP ambitieux, peut être jouable pour la gauche. Les Verts sortent vite du jeu. D’abord parce qu’on est en partie au bord de l’Etang et que le concept de la chimie verte n’a pas encore vraiment beaucoup de fans dans la région.

Et que surtout, les amis d’Éva Joly ont préféré roquer la « 8″ que leur proposaient leurs camarades socialistes, contre la « 9″ beaucoup moins industrialisée, et qui, ça tombe bien, est convoitée par le patron régional d’EELV, Denis Grandjean. Deal trouvé donc, dans cette circo pour une candidature unique PS/EELV, portée par le PS.

3 candidats, 2 mis en examens

Comme c’est Solférino et non pas les militants locaux, qui depuis le Guérinigate désigne les candidats, c’est à Martine Aubry et ses consigliere de tirer les rois. Les trois impétrants, Michel Tonon, maire et président de l’agglo de Salon, également conseiller général ; Gérard Frisoni, premier adjoint de Berre et Jean-Pierre Maggi conseiller général et maire de Velaux, sentent malheureusement un peu trop le soufre pour les narines de Martine devenues très délicates depuis les poubelles de JNG, les pizzas de Navarro et les notes de frais de Kucheida.

Et ça tombe mal car Tonon est à l’époque mis en examen dans une histoire de transports à l’agglo de Salon, Maggi l’est aussi dans la même affaire et cumule en outre quelques autres casseroles, au moins médiatiques pour l’instant, en tant que président du Sdis. Quant à Frisoni, il est le premier porte-flingue de Serge Andréoni, sénateur-maire de Berre, mis en exam comme son ami Jean-Noël par le juge Duchaîne. Ouf.

On vous laisse imaginer la tête de Martine quand elle a découvert le CV de nos amis. Du coup, quelques bonnes âmes dont Vincent Peillon et Manuel Valls, lui ont soufflé le nom d’un de leur pote, qu’ils cherchent à placer quelque part. Et ça tombe bien, il est du coin.

Le ticket Ferrand/Maggi

L’heureux élu s’appelle Olivier Ferrand et est à la ville le patron du think tank Terra Nova. Brillant, médiatique, bon camarade, il est Marseillais, ses parents – dont sa mère qui a créé et longtemps dirigé Marseille l’Hebdo – habitent Velaux. Un de ses aïeuls a même présidé le conseil général des Bouches-du-Rhône. Et les Verts, dont les deux Cohn-Bendit brothers sont au board de Terra Nova, le badent. N’en jetez plus, la coupe est pleine. De quoi largement lui éviter l’infamie du parachuté. Même si le gendre idéal reconnait bien volontiers qu’il « n’a pas la légitimité politique locale de [s]es concurrents« .

Mais malgré les solicitudes de ces bonnes âmes, Ferrand hésite, car il a déjà vécu par le passé une très difficile expérience d’implantation locale dans les Pyrénées-Orientales, aux dernières législatives de 2007 : il avait vécu l’enfer face à un dissident qui l’avait un peu bougé en mélée comme on dit à l’USAP, finissant par le faire perdre. De pas grand chose, mais le faire perdre quand même. « Les PO c’est le dernier département français où il y a eu un crime politique« , nous a raconté encore ému, le conseiller des stars du PS. Le bizutage ça passe la première fois, à chaque fois, c’est moins drôle. Mais là, promis juré, les Tonon, Frisoni, et Maggi, trop plombés par leurs affaires ne pourraient pas moufter.

C’est donc la fleur au fusil que Ferrand commença à faire le tour de cette circo du nord du département, cornaqué par le rusé Jean-Pierre Maggi, qui se mit aussitôt à son service en tant que suppléant potentiel, se disant que vu le pedigree de son nouvel ami, il avait de grande chance d’être ministrable. Ce qui ouvrirait au conseiller général et maire de Velaux les portes du Palais Bourbon. Un allié évidemment bien utile pour Ferrand : « il connait la circonscription par coeur, il est très apprécié des militants« . Même si compte tenu de sa proximité avec JNG et ses quelques casseroles évoquées plus haut, en terme de rénovation, ce ticket Ferrand/Maggi en a beaucoup fait ricaner, non sans raisons…

Le retour de Tonon

Et puis patatras ce beau scénario trop bien huilé vient de connaitre il y a deux jours un rebondissement que Solférino avait fait mine de ne pas prévoir. En ce début de semaine Michel Tonon, et au passage Jean-Pierre Maggi, mis en examen aussi dans la même affaire de favoritisme présumé dans un appel d’offre sur les transports, viennent d’être totalement blanchis par la justice. « Je l’ai toujours dit et je l’avais dit à Martine Aubry quand j’avais fait acte de ma candidature : cela allait s’effondrer. D’une part cette affaire ne me concernait pas directement, elle traîne depuis des années, et il n’y avait absolument rien dans le dossier, la justice allait très vite le prouver mais on ne m’a pas écouté ».

C’est donc un Tonon très remonté que nous avons joint hier par téléphone et qui a décidé de ne rien lâcher : « Je viens d’écrire à Martine Aubry pour lui demander de revoir sa position. On m’a écarté car j’étais à l’époque mis en examen, je suis aujourd’hui blanchi, il n’y a donc plus aucune raison de me refuser cette investiture. Ou alors cela serait une vraie injustice, et on aurait décidé de m’écarter pour d’autres raisons ».

Et l’ancien 3e ligne d’ouvrir l’enjeu sur une échéance plus lointaine : « C’est dans tous les cas une faute politique, pour moi ne pas me présenter c’est faire le jeu de Nicolas Isnard, mon opposant (UMP, ndlr) à la maire de Salon, et le mettre en lice pour les prochaines municipales« . Un dernier argument contesté par Olivier Ferrand : « je comprends l’amertume de Michel, en revanche pour ce qui est de protéger sa mairie en 2014, avec le non-cumul des mandats que souhaite mettre en place notre candidat François Hollande si il est élu, il devra de toute façon choisir entre sa marie, sa présidente de l’agglo et son poste de député »

Pour lui, « quelle que soit la décision qui sera prise, celui qui ne sera pas retenu devra ai
der l’autre. C’est en tout cas ce que je ferai
« . Pas sûr du tout que son camarade Tonon en fasse autant : « je n’ai rien contre Olivier, bien au contraire, il fait un boulot formidable à Terra Nova, j’ai beaucoup d’admiration et de respect pour lui, mais je ne me laisserai pas faire. » Autrement dit il « ira quand même ».

Nostradamus

Correct mais viril.  Résultat des courses dans quelques jours quand la lettre va atterrir sur le bureau de Martine Aubry. Pronostic ?  On vous laisse avec le plus connu quatrain prophétique de Nostradamus, hôte célèbrissime de Salon-de-Provence. Mais attention il s’est beaucoup trompé…

le lyon ieune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d’or les yeux luy creuera,
Deux classes vne, puis mourir, mort cruelle.

Un lien A lire également le bon papier de nos amis de Bakchich sur le même sujet


Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. nanette nanette

    belle histoire, édifiante, et fort bien écrite! bravo!

    Signaler
  2. Don Don

    Un tout bon article une fois de plus.
    J’étais dernièrement à des voeux où étaient présent Granier, Maggi, Thonon, probablement venus en panier à salade de fonction. Ceci expliquant le choix d’un autre candidat (hors affaires). Néanmoins le parachute doré n’exclut pas l’atterrissage sur des cactus.
    Surtout quand le parachuté représente tout ce qu’il y a de plus parisien et de “boboïsme”, tenant de la sacro sainte parole de l’élite qui foule aux pied le petit peuple des lointaines régions et qui par l’intermédiaire d’un “think tank” crache à la gueule du monde ouvrier…
    Mais ce n’est pas la première fois que Solférino expérimente la connerie dans les Bouches du Rhône !

    Signaler
  3. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    L’UMP peut se frotter les mains : OLIVIER FERRAND fait partie de ces bobos pseudo intellos socialistes parisiens qui veuleent s’offrir à peu de frais un parachute doré en l’espèce un poste de député sur le dos des militants locaux qui suent le burnous sur le terrain.
    Décidément les socialistes sont incorrigibles !

    Signaler
  4. Le petit raffineur Le petit raffineur

    400 emplois de supprimés aujourd’hui à la raffinerie de Berre, le reste du site (800 emplois) menacés dans les 3/4 prochaines années, voila un des enjeux des élections dans la 8ème. On a besoin de gagner ces élections, d’abord François puis la législative. Le PS national a choisi son candidat, c’est sa prérogative et c’est dans les statuts. On n’a pas besoin d’égo SUR dimensionnés qui enclanchent la machine à perdre quand les enjeux sont si lourds pour les salariés du site et les habitants de la 8ème.

    Signaler
  5. asto asto

    Il y a longtemps que je n’avais pas ri autant… Ce sens de la formule, bravo.. La 8ème circo m’interresse peu mais là j’avoue que M.BOUCAUD m’a éclaté !!! “la tête de Martine qd elle a découvert le CV de nos amis”…. Vous pouvez prendre contact avec Canteloup

    Signaler
  6. Tresorier Tresorier

    Le petit raffineur,

    votre commentaire m’a amusé.

    Comme si les géants mondiaux du pétrole s’intéressaient d’une manière ou d’une autre aux desiderata de M. Hollande ou de M. Sarkozy….

    Vous rêvez un peu trop éveillé…..

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire