Objet d’un imbroglio juridique, la maison diamantée redevient un joyau culturel

Info Marsactu
le 23 Juin 2023
10

Depuis dix ans, l'hôtel particulier du XVIe siècle, classé monument historique, accueillait une partie du service communication de la Ville de Marseille, contredisant un accord passé avec son ancien propriétaire. En 2020, le tribunal administratif a proposé une médiation qui débouche sur l'affirmation de la vocation culturelle du lieu, pour 15 ans au moins.

La maison diamantée en 2020. Photo : B.G.
La maison diamantée en 2020. Photo : B.G.

La maison diamantée en 2020. Photo : B.G.

L’un des plus anciens bâtiments de la Ville était tombé dans l’anonymat de l’administration municipale. Situé sur la place Bargemon, entre l’hôtel de Ville et le pavillon Daviel, les touristes ne pouvaient faire guère mieux qu’immortaliser la façade aux pierres taillées en biseau qui lui donnent son nom. Il n’y a guère que l’hôtel des Cabres, à quelques mètres de là qui peut se targuer d’être le plus ancien édifice de la ville. Depuis dix ans, ce magnifique hôtel particulier du XVIe siècle est fermé au public. Il n’est fréquenté que par les fonctionnaires municipaux qui y ont leurs bureaux.

Une situation qui a courroucé l’ancien propriétaire du monument, classé pour sa façade, son escalier monumental et quelques-uns de ses plafonds décorés. Vénérable association qui veille sur le patrimoine de la Ville, le Comité du vieux-Marseille souffrait mal de voir ce joyau terminer en un quelconque bâtiment administratif municipal. En 2019, après plusieurs courriers à Jean-Claude Gaudin restés sans effet, l’ancien président du comité, Georges Aillaud avait saisi le tribunal administratif, comme Marsactu en avait fait le récit. Celui-ci avait proposé une médiation entre les deux parties. Elle a fini par déboucher sur un “accord de médiation” qui doit être présenté au prochain conseil municipal.

Le Comité du vieux-Marseille gardait un bel atout dans sa manche. Sur le papier, l’association était toujours propriétaire de la majeure partie de l’édifice. En effet, le comité a hérité de la plus grande part de l’immeuble, après un legs de l’association Art et charité en 1949. Le comité avait fini par le vendre pour un euro symbolique à la Ville au terme d’un bail emphytéotique de 30 ans.

Pas de culture à perpétuité pour Gaudin

Seule condition à cette cession : le maintien d’une vocation culturelle à l’édifice. Une disposition que Jean-Claude Gaudin avait balayée par courrier dès 2015, en stipulant que les papiers signés ne faisait pas mention d’un caractère perpétuel à cet ancrage artistique. Problème, la Ville n’avait jamais fait officialiser devant notaire le transfert de propriété.

En présentant cette délibération devant le conseil, l’équipe Payan poursuit donc un double but : officialiser la vocation culturelle du lieu d’une part et entériner le transfert de propriété de la partie de la maison léguée par le comité. L’actuel président du comité, Yves Davin, se réjouit de cette sortie par le haut au bout d’un an – tout de même – de négociations. Contactée la conseillère déléguée à la valorisation du patrimoine, Perrine Prigent ne souhaite pas commenter tant que le conseil municipal n’a pas entériné l’accord.

Photo, peintures… Une vocation à définir

Le projet d’accord de médiation prévoit que la maison diamantée devra accueillir durant 15 ans des activités culturelles liées à l’histoire et au patrimoine, détaille le président du comité. C’est assez évasif, mais nous espérons qu’une période aussi longue permettra d’assoir définitivement la vocation culturelle du lieu“.  La libération sera progressive, en commençant par le rez-de-chaussée puis les étages qui doivent être mis aux normes pour l’accueil du public.

Bien entendu, Yves Davin a déjà des idées pour nourrir de futures expositions : piocher dans le legs que l’association a fait aux musées de la ville et dont on retrouve des pièces aux musées d’Histoire de Marseille comme à Cantini et Borély.

Il y a quelques années, nous avions réalisé une exposition Marseille en peintures qui nous avait permis de mettre en valeur nos collections privées ainsi que celle de la Ville”, propose Yves Davin. Il pense également aux collections du photographe Gérard Detaille qui a récemment fait don à la Ville d’un pan du patrimoine familial. Son grand-père était associé à Nadar dans le premier atelier photographique de la ville, sur la Canebière.

Même si la finalité culturelle du bâtiment reste encore à construire, il retrouve une place dans le parcours historique de la Ville, à quelques mètres de l’ancienne voie antique qui part des vestiges de l’ancien port grec jusqu’au fort Saint-Jean.

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Patafanari Patafanari

    Pourtant, le service communication de la Ville a la culture du mensonge.

    Signaler
  2. Alceste. Alceste.

    Maintenant, le jeu va être de deviner le prochain gestionnaire du lieu,autrement dit quelle association” amie” va bénéficier suite à un appel à projet,et dont seule la technicité sera connue du maire , avec une expertise requise dans le logement social , pour un immeuble Renaissance à objet culturel serait souhaitable, OCC peut-être?.Marsactu pourrait nous en dire plus, quoique.
    Trêve de plaisanterie. Le fond Detaille oui, et comme chacun va dire la sienne , je présente donc la mienne : César dont un projet avait été évoqué sous l’ére Vigoureux et ensuite enterré. Peut-être ce coup ci?

    Signaler
    • Andre Andre

      Coppola pourrait en effet y mettre le CCO (sic). Sur appel d’offres bien sûr…

      Signaler
  3. RML RML

    Finalement l association du Vieux Marseille conduit un procès, veut que ça redevienne un lieu culturel mais veut y proposer sa collection…
    J espere seulement que l’ailleurs n en fera pas un lieu d histoire avec des photos duveteux porta l jeune du transbordeur…on en peut plus!!

    Signaler
  4. Andre Andre

    RML, vous avez une représentation erronée du CVM. Mais, dans tous les cas, ce serait mieux que des bureaux administratifs. Il est scandaleux que ce bâtiment historique jadis ouvert au public ait été fermé pour y installer des services.
    Au sujet de la localisation de l’ administration municipale, je rappellerai qu’ avant de partir, l’équipe Gaudin a vidé l’immeuble du boulevard des Dames appartenant à la Ville et où se trouvaient depuis l’après guerre les service du personnel, pour les transférer dans un immeuble qui lui, est a contrario loué, situé bd de Dunkerque. Bizarre non?

    Signaler
    • Charlie Pierre Charlie Pierre

      Cher André,
      Je sais bien que beaucoup de lecteurs aiment bien croire ou faire croire que toute décision politique n’est que copinage ou magouille.
      Mais aller dire que Gaudin a « vidé un immeuble » pour ensuite louer l’immeuble Grand Horizon, boulevard de Dunkerque, c’est un peu sous entendre n’importe quoi.
      L’immeuble Grand Horizon d’une surface de 12.000 m2 je crois, a été pris à bail sous la nouvelle municipalité en 2021, dans une volonté de regrouper tous les services des ressources humaines.
      Pour votre parfaite information, la politique immobilière de la Ville fait l’objet d’un schéma directeur en cours de finalisation.

      Signaler
    • Andre Andre

      Charlie Pierre, si les services y ont aménagé en 2021, le bail de Grand Horizon avait été signé avant les élections municipales, juste avant.
      Excusez moi pour mes interrogations mais, outre cette nouvelle location, de nombreux services occupent encore des étages d’immeubles privés dont Communica, place F.Mireur, le Grand Pavois (entresol), d’autres situés rue Fauchier, Cours Pierre Puget, Vallée Verte à la Valentine…
      Sauf cas particulier, il aurait été logique de résilier ces locations pour transférer les services à Bel Horizon avant de vider un bel immeuble bien situé bd des Dames, appartenant à la Ville.
      On ne m’empêchera pas de penser que cette manoeuvre ainsi que sa temporalité ont quelque chose de curieux.

      Signaler
    • Andre Andre

      Désolé pour la confusion. Il s’agit de “Grand Horizon” et non pas de “Bel Horizon”, immeuble qui est un sujet bien plus inquiétant…

      Signaler
  5. Mars1 Mars1

    Après la fin d’occupation des lieux par l’association qui gérait Marseille capitale européenne de la culture, il était possible d’accéder à l’intérieur du bâtiment, notamment à l’escalier, aux heures d’ouverture des bureaux.

    Signaler
  6. Alceste. Alceste.

    Charlie Pierre, la date de signature du bail est février 2020. C’est donc bien une gaudinade Rendons à Jean Clôôôôde ce qui n’appartient pas à Benoît.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire