Nouvelle réquisition au profit des Roms

À la une
le 7 Août 2013
17
Nouvelle réquisition au profit des Roms
Nouvelle réquisition au profit des Roms

Nouvelle réquisition au profit des Roms

À voir l'état de l'endroit, nul doute que les Roms ne sont pas les premiers à y trouver refuge. Aucune infraction n'a d'ailleurs été nécessaire pour y entrer. Certains barreaux du portail avaient déjà été sciés. La porte d'entrée n'est autre qu'un trou dans les parpaings qui muraient la porte. Le sol est jonché de bouts de verre. Il faut se faire discret pour le moment, la police n'a pas encore débarqué.

Une vingtaine de personnes s'est installée dans cet immense bâtiment vide. Les premières sont arrivées vendredi soir, sous l'impulsion de militants. Ce sont eux qui avaient fait les repérages et trouvé ce lieu. "On espère faire la même chose qu'à Plombières" annonce Mathieu, du Collectif de solidarité avec les Roms. S'il se montre fort enthousiaste, tel ne semble pas être le cas de Patrick Cher, d'Emmaüs Saint-Marcel, venu apporter bouteilles d'eau et soutien logistique. "Jamais ils ne les laisseront rester ici", déplore t-il en référence à l'escalier bien fatigué qui mène au second étage. Sans compter l'accès difficile et les cratères dans le béton à l'entrée du bâtiment. La menace d'un arrêté de péril pris en urgence par la mairie de Marseille est à prendre au sérieux. D'autant plus qu'elle en est le propriétaire… 

Sisyphe

Depuis l'expulsion de la caserne Cardot boulevard de Plombières où les Roms étaient restés huit mois, tout est à refaire. Là-bas les familles avaient commencé à prendre leurs marques. Après un court passage dans un parc, certaines sont arrivées dans les nouveaux locaux avec le peu qu'elles avaient pu emmener. "On a le strict minimum, explique Mathieu, on va encore redémarrer à zéro". A court-terme, il espère pouvoir héberger une soixantaine de personnes.

Mais très vite, les questions logistiques se posent. Dans l'urgence, outre une présence 24 heures sur 24 de quelques bénévoles, Emmaüs apporte un soutien matériel. Le camion 3,5 tonnes devant la porte est d'ailleurs le seul indice pouvant amener à deviner ce qui se trame derrière les grilles. A la caserne Cardot, l'association avait financé des travaux de mise aux normes électriques ainsi que l'achat de bennes. Cette fois-ci, outre un gros travail de nettoyage, un sérieux rafraîchissement des lieux est nécessaire pour rendre l'endroit habitable. 

L'ampleur de la tâche n'effraie pas pour autant Mathieu : "On a beaucoup de forces vives. Ce n'est pas tant une question de moyens que d'autorisation". Pendant ce temps là, trois jeunes transforment quelques planches trouvées dans un tas de gravats en un bureau. Mais compte tenu de l'état du bâtiment et des expulsions à répétition, on sent bien que si l'envie de se battre est encore là chez certains bénévoles, la lassitude se fait chaque fois plus pesante. 

"On espère un bail précaire"

Légalement, après quarante-huit heures dans un lieu, une procédure judiciaire est nécessaire pour une expulsion. "On compte deux à trois semaines après la première confrontation avec la police pour savoir si une procédure va être ouverte", évalue le bénévole. Mais après l'urgence se posent un certain nombre d'interrogations, notamment au regard des difficultés de gestion sur le site précédent, amenant un certain échec de la réquisition citoyenne. Les différents acteurs avaient eu bien du mal à s'organiser. Alors que l'Etat demandait à avoir une structure référente – à l'image de l'Addap à Fontainieu (14e) – les associations n'avaient pas réussi à se mettre d'accord. La semaine dernière, alors même que les familles étaient dans la rue, toutes les entités n'étaient pas du même avis sur les actions à mener. "On espère un bail précaire", lance Mathieu, un peu seul dans ces grands locaux, bien loin de la centaine de personnes présentes lors de la réquisition citoyenne de la caserne Cardot. 

"S'il faut créer une association, nous le ferons", répond-il quand on lui demande quelle structure serait prête à gérer le lieu. Car le collectif de solidarité avec les Roms n'a pas la configuration nécessaire. Une fois de plus, les décisions ont été prises dans l'urgence, dans l'indignation et la question du moyen à long terme n'a pour le moment pas été évoquée. Car cette réquisition, bien moins médiatique que celle de Plombières, peut être considérée comme à la limite entre l'action citoyenne et celle associative. Elle semble surtout être le fait d'individus. "Dès qu'il y a une réquisition, évidemment nous sommes présents", commente Anne Issler, directrice d'Emmaüs Saint-Marcel qui n'était pas encore au courant de cette initiative. Les autres associations sont pour l'instant absentes de ce nouveau lieu. 

Le permis de démolition sur la porte n'a pas découragé les militants, qui sont au courant qu'un projet de logements et de locaux d'activités était supposé démarrer dès novembre. Comme à Plombières, les bâtiments sont vides mais avec un futur connu. "S'ils ont prévu des choses ici nous partirons pour ailleurs. Nous demandons avant tout une solution", réagit Mathieu. Reste la question de l'image très négative que peut apporter aux Roms ce type de réquisition sur le pouce, notamment à l'égard du voisinage. Cela ne semble pas gêner l'intéressé. Si dans les faits ce sont les associations qui amènent les Roms dans un lieu, pour les riverains, la procédure est associée à un squat. Avec les craintes que cela peut susciter en terme de conséquences pour la sécurité des familles.

Actualisation le 9 août à 10h : Le Collectif de Solidarité avec les Rroms Marseille a réagi suite à la publication de notre article : "qu'il n'est pas à l'initiative – que ce soit dans la préparation ou le déroulement  – de cette réquisition menée par quelques personnes, contrairement à ce qui a été écrit. La personne interviewée ne fait pas partie du collectif". Ils ajoutent : "Nous regrettons que cette initiative n'ait pas fait  l'objet d'une préparation collective dans une démarche unitaire."

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Sappho Sappho

    Puisque les autorités ne font rien…on ne peut pas laisser ses familles dehors donc bravo

    Signaler
  2. Sappho Sappho

    Puisque les autorités ne font rien…on ne peut pas laisser ses familles dehors donc bravo

    Signaler
  3. Marie Josette Marie Josette

    Les roms sont le sel de la ville, une ville sans roms c’est comme un port sans eau, comme un ciel sans soleil, comme un chien sans pattes, ou comme marsactu sans la méritante petite bêcheuse C.Vaysse.

    Signaler
  4. Avé Avé

    Au risque d’être désagréable, depuis 15 jours il n’y en a que pour les roms sur Marsactu, ça n’est pas comme si le problème n’existait pas mais il n’y a pas autre chose à écrire aussi ?

    Signaler
  5. Moi-même Moi-même

    Moi je dis Bravo ! Nous avons eu la chance de naître dans une ville riche, partageons la, et enrichissons nous de diversités et de différences… Marseille ne supporte pas le racisme.

    Signaler
  6. Ricou 24 Ricou 24

    L Europe et ses contradictions,l Europe et son manque de courage politique,l Europe et son pouvoir technocratique…………….pour finir par le quotidien de ces malheureux,car se sont des malheureux ,et de celui leurs voisins de quartier.
    Il est temps que nous sachions faire comme elle ( l Europe) et la traîner devant les tribunaux.
    ( comme personne morale……….car il n y a pas de responsable physique qui pourrait être incarcéré ou payer dans ce “machin”).
    L Europe et ses dirigeants politiques se rapproche parfois de tribunaux d exceptions.
    Certes je force le trait ,mais vu dans 50 ans……..comment s écrira l histoire.

    Ricou 24.

    Signaler
  7. castadiva castadiva

    Hé non, il ne faut pas les laisser dehors.
    Prenez-les chez vous.

    Signaler
  8. eric eric

    en effet encore un article sur ces roms comme si l actualité ce résumait a cette population qui nous pourrissent la ville par leurs saleté et le minima de civilite

    Signaler
  9. Chevaldetroie Chevaldetroie

    En même temps est-ce que ces gens ont un droit de séjour ou la nationalité française ? NON. Pourquoi devrait-on leur trouver un logement alors que des centaines de milliers de français vivent dans des logements insalubres ou indécents sans associations derrière eux…

    Signaler
  10. Anonyme Anonyme

    Merci Marsactu d’écrire sur ce sujet, grâce a vous l’information existe et circule. Je suis scandalisée par ces commentaires racistes. Chaque être humain à le droit à vivre décemment qu il soit Rom ou Français.

    Signaler
  11. christiane christiane

    Les Rroms se heurtent partout à des conditions inhumaines pour essayer de trouver un toit et certains journaliste, au lieu de dénoncer les scandaleux agissements des institutions ne pensent qu’à raconter des mensonges sur la précédente réquisition (qui a donné un toit pendant huit mois à des familles et permis à des enfants d’être scolarisés), en disant ou sous-entendant que c’est de la faute des Roms et des associations si elle n’a pas été pérennisée, et préparent déjà l’expulsion de ce nouvel abri en expliquant qu’il n’est pas habitable. La rue l’est beaucoup plus sans doute…

    Signaler
  12. christiane christiane

    Les Rroms se heurtent partout à des conditions inhumaines pour essayer de trouver un toit et certains journaliste, au lieu de dénoncer les scandaleux agissements des institutions ne pensent qu’à raconter des mensonges sur la précédente réquisition (qui a donné un toit pendant huit mois à des familles et permis à des enfants d’être scolarisés), en disant ou sous-entendant que c’est de la faute des Roms et des associations si elle n’a pas été pérennisée, et préparent déjà l’expulsion de ce nouvel abri en expliquant qu’il n’est pas habitable. La rue l’est beaucoup plus sans doute…

    Signaler
  13. Anonyme Anonyme

    Et dire que j’ai déjà fait un don à Emmaus… Je le regrette vivement. Cette association se fait complice de cette occupation illégale d’un batiment public… Je plains les riverains…
    Ces associations se permettent d’être généreux avec l’argent des autres, et nuisent aux français qui vivent aux alentours… Il faudra que ces gens rendent des comptes aux français un jour pour trahison.

    Signaler
  14. Citoyen de l'Estaque Citoyen de l'Estaque

    Ceux qui,par humanisme et générosité s’engagent dans une association qui porte assistance aux plus démunis, qui sont d’ailleurs français pour la plus part, n’auront surtout pas à rendre compte à leurs concitoyens pour des actions de prise en compte de la souffrance de l’humanité. Si, aller vers l’autre constitue aujourd’hui un délit, je crains le pire pour notre avenir et celui de nos enfants !
    Aussi, le mot trahison dans votre post ressort comme un anachronisme d’un ancien régime… ! A contrario, ne pas porter assistance constitue un fait de haute trahison pour le véritable procureur des consciences et du sens de l’humain…Emmaüs, je vous encourage à poursuivre votre belle œuvre, tous vos membres sont dignes d’un grand respect ; vous n’êtes pas seuls soyez en rassurés.

    Signaler
  15. Santamanza Santamanza

    Que chacun reste chez soi….. et que personne ne critique l’autre
    Et trouvons ensemble une solution sans pression…

    Signaler
  16. PACA l'eau PACA l'eau

    Alors, j’ai travaillé avec les clodos. J’ai souvent entendu qu’il n y en avait que pour les Roms et les Arabes, qu’il y aurait toujours quelqu’un pour leur donner un logement, à manger et des allocs, et que le bon vieux clodo français pouvait bien crever dans la rue. J’ai d’abord trouvé ces propos scandaleux: voilà que la misère rend raciste et parano! Puis j’ai compris combien nous étions tous manipulés par les politiques. Etre accusé de racisme, c’est la défaite électorale assurée. Et aujourd’hui tout est racisme, tout donne lieu à des revendications perpétuelles. Diviser pour mieux régner. Tant qu’on se demandera qui mérite plus d’allocs, une procédure de recrutement spécifique, le drit d’être heureux et compagnie, les élites ne seront pas inquiétées. Qui songerait, au milieu de ce querelles inutiles et crées de toutes pièces demander où en est l’évasion fiscale? Pourquoi la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires d’Etat a été annulée en catimini pendant nos vacances d’été? Vous voulez plus de justice sociale? Retournez vous contre ceux qui piquent dans la tirelire plutôt que de vous engueuler comme ils le souhaitent! Éteignez la télé, et sortez dans la rue!

    Signaler
  17. mickado97 mickado97

    Je suis tout à fais d’accord du fais que les roms sont très compétents dans les métiers manuels tels que chauffagistes, serruriers, maçons etc… Après je sais que lorsque je faisais mon stage chez http://www.serrurier-fichet-idf.fr il y en avait deux et ils étaient très bon et très professionnels.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire