Mélenchon à Marseille : c'est quoi ce travail ?

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le 16 Fév 2011
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Mélenchon à Marseille : c'est quoi ce travail ?
Mélenchon à Marseille : c'est quoi ce travail ?

Mélenchon à Marseille : c'est quoi ce travail ?

16h45, Jean-Luc Mélenchon débarque à pieds chez les postiers du 2e arrondissement, en grève depuis 132 jours. Après quelques poignées de mains et embrassades échangées, c’est une marée humaine qui entre dans les locaux. Chacun tente de se frayer un chemin. Tant bien que mal, les journalistes prennent la précieuse photo ou vidéo du co-président du Parti de Gauche. Et pour ça, chacun a sa technique : monter sur une table, une chaise ou pour les plus malchanceux, sur la pointe des pieds.  Et tout d’un coup, Canal + débarque avec caméra et preneur de son. La leur est plus directe : « Tu me laisses ta place ? » Ben non, nous aussi à Marsactu on travaille…

Mélenchon Show

Après les interviews, place aux photos de groupe avec Mélenchon et les postiers du 2e. Tout ce petit monde se dirige vers l’extérieur. Une petite chanson de groupe pour se donner du courage… et peut-être aussi pour s’afficher un peu avec Meluch’.

Suit une rapide séance de questions-réponse à la sauce Dimanche+, c’est-à-dire sur 2012. Dans son élément, Mélenchon grogne un peu (dans un mois il y a les cantonales et est-ce que les journalistes de Canal+ savent encore ce que ça veut dire la grève etc.) Fermez la parenthèse, voilà le Mélenchon Show en route pour une énième photo, cette fois-ci de groupe devant les grilles fermées du centre de tri.

A notre tour : « On sait que c’est important de parler à Canal+, mais… » La réponse fuse : « Si vous croyez que ça m’amuse de répondre à des questions idiotes ». Justement nous c’était plutôt sur Ryanair, le port et les affaires que sur une pré-pré campagne électorale… Trop tard il est déjà parti. Son attaché de presse, certainement habitué à l’humeur aléatoire du personnage s’approche de nous et arrange le coup. Ouf.

Comme face aux postiers du 2e, l’ex-socialiste joue la fermeté face aux déréglementations, appuie sur la résistance, « seule limite à l’exploitation ». Mais derrière le discours mobilisateur, pas grand chose sur les raisons des difficultés du port. Sur les affaires judiciaires marseillaises, il se montre prudent. Et ne semble pas penser qu’il est nécessaire de changer les règles pour que les brebis galeuses n’aient pas l’opportunité de profiter du système.

Quant à l’analyse de la place du travail dans la société, sujet du débat organisé dans la foulée dans le cadre du « programme partagé » du Front de Gauche, silence radio. Quoique face aux postiers il semblait un peu plus à l’aise que sur le port, défendant l’idée des services publics et clamant qu’« il ne faut pas perdre de vue que l’économie est au service de l’humain, c’est pour cela qu’on travaille. » Suivons donc la caravane jusqu’au World Trade Center, où se tiennent les tables rondes, pour voir s’il y développe ce point.

Le Front de Gauche chez les capitalistes

A ses côtés, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, et Christian Piquet, porte-parole de la Gauche Unitaire. Bref, les représentants nationaux du Front de Gauche au grand complet dans l’antre des patrons. Sur place, c’est reparti pour les séances photos, cette fois-ci avec les candidats aux cantonales. Et rebelote côté questions de Dimanche+, cette fois-ci sur les bisbilles avec le NPA.

Face aux journalistes, les trois camarades lâchent quelques mots obus. « Nous sommes de ceux qui disent qu’il faut travailler moins pour travailler tous et travailler autrement », lance Christian Piquet. « Il faut désintoxiquer l’industrie de la finance, travailler sur des filières utiles à la transition vers un autre mode de développement », poursuit Pierre Laurent. « Il faut définanciariser », répond en écho Jean-Luc Mélenchon, qui oppose à la pub une « politique de la demande, une relocalisation des activités. Cela veut dire ne pas produire n’importe quoi, n’importe quelle quantité, n’importe comment », conclut-il, avant d’appeler à la « planification écologique ».

De Carrefour à Arkema

Mais ce sont finalement les premier concernés, les travailleurs, qui mettront les mains dans le camboui lors de la table ronde. Virginie Cava, déléguée nationale adjointe de la CGT Carrefour raconte la « déshumanisation » de la grande distribution, les paies à 1000 euros, le développement du travail de nuit, la « rentabilité pour maître mot », l’exigence de « polyactivité », les « dépressions, les suicides », les nouvelles technologies comme les caisses automatiques ou les balances intelligentes qui débouchent sur des suppressions de postes…

Un tableau que ne renieraient pas les postiers, qui entre réorganisations, automatisation, concentrations des centres de tri et dématérialisation voient leurs emplois fondre. Un problème qui était, d’une autre manière, posé par le documentaire « Prêt à jeter » diffusé hier sur Arte : si nous sommes capable de produire des ampoules à la durée de vie gigantesque, on n’aura plus besoin de personne pour en produire, jetant ainsi des travailleurs vers le chômage, idem pour les imprimantes ou les bas en nylon. Un jeune encarté au Parti de Gauche appelait d’ailleurs à « ne plus envisager le travail simplement dans une perspective productiviste. Il faut voir la valeur sociale et environnementale de ce qu’on produit et plus simplement le chiffre d’affaire. »

Dans la salle comme à la tribune, les militants CGT ou PCF sont là en masse. Jean-Marie Michelucci, de la CGT Arkema à Fos évoque « l’organisation en réseau et la sous-traitance en cascade » des grands groupes, qui font que les accords de départ anticipé à cause de l’amiante, les médecins du travail maison et les prises de sang tous les 6 mois et les obligations en cas de plans sociaux ne s’appliquent qu’aux « organiques », salariés du donneur d’ordre. Et pourtant, « on partage les mêmes locaux, les mêmes succès, les mêmes cancers… »

« Gestion clientéliste de l’emploi public »

Suivent une jeune licenciée de lettres qui bosse 20 heures par semaine chez Monoprix faute de mieux, une avocate désespérée par le harcèlement moral subi par un proche qu’on cherche à pousser à la démission, un militant communiste qui appelle « à passer du contrat au statut, comme cela existe dans la fonction publique ou chez les dockers, où l’accord de 1992 gérait l’intermittence, la flexibilité… » De l’économie sociale et solidaire et en particulier des coopératives, pas un mot en revanche, si ce n’est au passage dans le texte
préparatoire au débat
.

Le secrétaire de la section PCF de Vitrolles Rove Pierre Pradel se lance même dans une diatribe contre « la gestion clientéliste des emplois publics. Même en étant numéro un au concours vous n’êtes pas assuré d’être pris. Aujourd’hui, un jeune qui ne peut se prévaloir d’appuis familiaux ou politiques a peu de chances d’accéder à l’emploi » L’article de Mediapart de ce mercredi sur la gestion du CG13 semble lui donner raison…

Julien Vinzent & Mailys Medjadj

Un lien Grève sans fin, suicide à Vitrolles, libéralisation totale… Où va La Poste ?, sur Marsactu

Un lien La mise à mort du travail, trilogie documentaire de Jean-Robert Viallet, primé au premier, et très bon, Festival Filmer le travail

Un lien Le travail, une valeur en voie de disparition, le livre-obus de la sociologue Dominique Meda, présenté par Alternatives Economiques

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Commentaires

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  1. Casanovette Casanovette

    … Hum … rien sur L’Europe non plus ? … Non parce que nous, on aimerait connaitre Le positionnement de Mélanchon par rapport à l’Europe.
    Oui, pour beaucoup de monde, L’Europe, c’est un peu loin, mais quand on sait que c’est plus surement elle, qui nous gouverne que notre pantin de président …
    … Et quand on sait QUI GOUVERNE L’Europe, outre atlantique, on est quand même bien en droit de chercher l’homme politique aillant assez de c … pour nous sortir de ce piège en tenaille à la con !
    Et si l’on me répond que ce qu’il veut, c’est L’Europe sociale, et bien je dirais que c’est un menteur, un de plus, car c’est tout bonnement impossible sans sortir de L’Europe.

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  2. Casanovette Casanovette

    … sans sortir de la “constitution Européenne” … Il y a un article prévu, qui nous le permet sans trop d’mal … Mais faudrait s’attendre à ce que les Amerlocs nous fassent la gueule et soit très très méchant … Mais honnêtement, finalement, pas plus que de nous sucer le sang tel des vampires invisibles qui en demande toujours plus et qui ont eu accès à nos coups grâce à nos vendus d’oligarques et nos politiques corrompus … Non ?

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  3. Fafoua Fafoua

    @Casanovette : il faut sortir du Traité de Lisbonne qui met en concurrence les travailleurs européens entre eux. Les Français ont voté contre car ils sont contre le néo-libéralisme. Il faut faire du protectionisme autour de l’Europe pour re-localiser l’économie et augmenter les salaires. Il faut que la Banque Centrale prête aux Etats à taux réduits, sinon les banques s’enrichissent sur l’austérité des peuples. L’Europe peut beaucoup si on l’oblige à se mettre au service des peuples européens, plutôt que des banquiers. La France peut l’imposer car sans la France l’Europe ne tient pas. Le seul mouvement politique qui aura les c… de le faire c’est le Front de Gauche. Surtout si c’est Jean-Luc Mélenchon qui l’emporte.

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  4. icci icci

    Le secrétaire de la section PCF de Vitrolles Rove Pierre Pradel se lance même dans une diatribe contre « la gestion clientéliste des emplois publics. Même en étant numéro un au concours vous n’êtes pas assuré d’être pris. Aujourd’hui, un jeune qui ne peut se prévaloir d’appuis familiaux ou politiques a peu de chances d’accéder à l’emploi ». Un communiste qui défend le système élitiste du concours, on aura tout vu. Pour être numéro un , il faut accepter la compétition, les sacrifices, la règle du chacun pour soi, et le dopage, pourquoi pas!! Le tout pour être assuré d’être pris, comble du paradoxe, dans un emploi public!! au service des autres!!

    Bien sûr, je pense que clientélisme et népotisme sont pires que le mal du concours…

    Tout ceci pour dire , comme le laisse entendre M. Pradel, que s’il faut passer un concours pour avoir un poste que n’importe quel incompétent pistonné peut occuper, cela augure mal de l’utilité réelle de cet emploi. Voilà une argumentation bien contre-productive pour un communiste!!

    Non, je pense que le mieux, ce serait un tirage au sort!!

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  5. Fafoua Fafoua

    @icci : S’il y a des dérives elles doivent être sanctionnées comme prévu par la loi. C’est simple non ? Pour réussir un concours de la Fonction Publique, il faut beaucoup travailler, se surpasser, croire aux services publics. Que des bonnes raisons pour obtenir un poste non ?

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  6. Anti-mafia Anti-mafia

    Merci pour la question sur la “changer les règles pour que les brebis galeuses n’aient pas l’opportunité de profiter du système”. Nous trouverons bien une fenêtre de tir parlementaire pour déposer nos propositions.

    Dans les Bouches-du-Rhône, une des réactions salvatrices que j’espère voir arriver, c’est ce genre de position –> http://www.conventioncitoyenne.com/initiatives.htm#boscher

    Ce n’est pas avec des geignards ou des gens qui protègent leur raïs que nous ferons changer les choses ; mais avec ceux qui n’ont pas peur de dépasser les clivages partisans, de faire le ménage, quitte ensuite à s’opposer politiquement sur une base démocratique assainie.

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  7. extreme extreme

    le fn communiste est de retour pléonasme! les extrémistes dehors!

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  8. L'inquiet L'inquiet

    Et si on lançait un concours pour trouver de nouvelles règles?
    Il ne suffit plus de toujours dénoncer ce système, il faut proposer quelque chose,les solutions existent.
    Pour éviter le clientèlisme,des emplois publics,je vous donne 3 pistes.
    1/.Tous les travailleurs,(au sens noble du terme,et non pas au sens communiste du terme),sont égaux en droits,et devoirs.
    2/.Les emplois publics,ne peuvent plus être créés, et distribués par les élus.
    3/.Le calcul des retraites doit être égal pour tous.
    Comment on fait?

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  9. malkhuth malkhuth
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  10. Gérard Gérard

    Les gauchistes s’aiment, preuve est faite ! Et pour gouverner on fait comment ?

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  11. Anonyme Anonyme

    Bravo a Marsactu pour ce tres bon reportage. Melanchon est demasque : c’est un prof meprisant et populiste. La loi, l’organisation, le respect du reglement: ma parole, on croirait entendre Sarkozy quand il etait ministre de l’Interieur!

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