Marchés paysans à Marseille : une bonne recette qui peine à essaimer

À la une
le 4 Oct 2010
4
Marchés paysans à Marseille : une bonne recette qui peine à essaimer
Marchés paysans à Marseille : une bonne recette qui peine à essaimer

Marchés paysans à Marseille : une bonne recette qui peine à essaimer

Les habitués y voient « une occasion de ne pas donner du fric à n’importe qui« , « un lieu de résistance à la malbouffe » et « la possibilité pour les paysans de ne pas crever la gueule ouverte« . Ou tout simplement leur « bouffée d’air pur hebdomadaire« . Chaque mercredi, le Cours Julien accueille les stands de 28 producteurs locaux et un environ millier de clients, sous la houlette de l’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural (ADEAR), qui fêtait ses 10 ans la semaine dernière.

Un débouché plus sûr

Un espace pensé comme une réponse « aux crises agricoles des années 90 et aux consommateurs de la ville qui étaient à la recherche de produits frais et de qualité« , raconte Armand Durigon, co-président de l’ADEAR13. L’association intervient en amont en aidant des paysans à s’installer et en dispensant des formations techniques. En aval, les six marchés paysans (Cours Julien et Saint-Pierre à Marseille, les Pennes-Mirabeau, Aubagne, Arles et Salon-de-Provence) pour lesquels elle sélectionne les producteurs et établit des règles permettent d’assurer un débouché sécurisant.

« Aux Arnavaux (le Rungis marseillais, ndlr), on a des collègues qui bradent leurs marchandises. Les prix sont soumis à la loi de l’offre et de la demande, ils sont complètement déconnectés. En maraîchage notamment, où la main d’oeuvre fait gonfler les coûts, il faut savoir qu’un produit de qualité ça a un prix », explique-t-il. Comprenez un prix de vente pour le producteur. Car à la faveur de la vente directe, le consommateur y trouve « souvent des prix inférieurs aux grandes surfaces« , rappelle-t-il.

Blocage de la mairie

Que demande le peuple ? Justement, « on a beaucoup de demandes dans différents arrondissements à Marseille, qui se disent « pourquoi n’a-t-on pas aussi notre marché paysan ? » Mais elles n’aboutissent pas faute d’agrément de la mairie. Aux Réformés, où nous avons le soutien du maire de secteur Patrick Mennucci, on a déjà essayé 5 ou 6 fois. C’est bloqué. Il faudrait peut-être lancer une pétition« , déplore-t-il. « Effectivement je pense que ce serait une bonne chose s’il y avait un marché paysan en haut de la Canebière. Mais comme la mairie ne veut pas, on a installé un marché classique« , confirme Patrick Mennucci.N’en déplaise au ministre de l’Agriculture, qui vendredi déclarait ceci à La Provence : « veut-on continuer avec un système qui fait parcourir des milliers de kilomètres à des fruits et légumes, ou veut-on se rapprocher de nos producteurs pour maintenir une agriculture ? Je suis pour la proximité. Je veux rapprocher le producteur du consommateur

« Les paysans ont leur place, mais pas toute la place« , rétorque Martine Vassal, l’adjointe chargée des emplacements, qui préfère « inclure les paysans à l’intérieur des différents marchés ou leur demander de venir par exemple une fois par semaine sur les stands des commerçants non sédentaires » (les vendeurs de fruits et légumes, ndlr). Pour elle « il faut garder un équilibre et que personne ne soit lésé. Les commerçants non sédentaires ont aussi des difficultés, ils ont des salariés et paient des charges comme tout le monde. » Dans ce cas McDo aussi a des salariés et est menacé par ces dangereux incitateurs à cuisiner chez soi…

Une position qui fait dire à Armand Durigon que le lobbying de la fédération des vendeurs est puissant. « C’est vraiment préjudiciable. On en est réduit à créer des marchés sur des terrains privés. » Ces derniers mois, c’est en effet à la Friche de la Belle de mai et au Toursky qu’ont poussé de nouveaux étals. Autre solution envisagée : l’esplanade du conseil général. « Il y a un intérêt des 2800 salariés du conseil et cela animerait le quartier« ,assure Nadine Ughetto, de la direction de l’agriculture du CG13. Mais le projet a du mal à se concrétiser. « Le volet juridique et technique n’est pas réglé, car ce n’est pas notre compétence de gérer un marché, il faut organiser le nettoyage et il faudra de toute manière l’autorisation de la Ville de Marseille« , justifie-t-elle.

Un lien Le Toursky ouvre un marché bio sur son toit, sur Marsactu

Un lien Un marché paysan prend racine à la Friche, sur Marsactu

Un lien Le site de l’ADEAR13


Cours Julien, Marseille, France

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. prapin prapin

    un marché paysan,oui…à condition que ce soit de véritables paysans,car avec tous les usurpateurs de l’alimentaire,il faut se méfier…

    Signaler
  2. kalev kalev

    “Car à la faveur de la vente directe, le consommateur y trouve « souvent des prix inférieurs aux grandes surfaces«”
    C’est de l’humour je suppose vu les prix de ce marché…

    Signaler
  3. jerem jerem

    Dire que les prix de ce marché sont ” souvent des prix inférieurs aux grandes surfaces ” est complétement mensonger et surtout anti-journalistique …
    Sinon, merci de nous indiquer comment vous arrivez à ce résultat.

    Car les quelques tests de comparaison que j’ai fait entre les prix de ce marché et ceux à Auchan Saint-Loup ne donnaient pas du tout les mêmes conclusions …

    Sur le reste, je suis OK mais ne mentons pas sur les prix … Ce marché est réservé à une certaine élite.

    Signaler
  4. regis regis

    C’est encore Guérini qui va régler le problème et trouver des solutions avec le Conseil général 13.
    Moi je dis, heureusement que le président du conseil général est là.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire