Lyondellbasell : la piste indonésienne

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le 13 Nov 2012
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Lyondellbasell : la piste indonésienne
Lyondellbasell : la piste indonésienne

Lyondellbasell : la piste indonésienne

Quelques jours après son entrée au gouvernement, Arnaud Montebourg en avait fait un de ses premiers déplacements officiels. Après Fralib à Gémenos, le ministre du redressement productif était venu sur les rives de l'étang de Berre soutenir les salariés de Lyondellbasell, une raffinerie mise "sous cocon" (en arrêt d'exploitation) que son propriétaire texan souhaitait fermer. Montebourg avait promis de tout faire pour trouver un repreneur, évoqué à l'époque en off une piste libyenne et chargé du dossier son conseiller Christophe Bejach, un ancien banquier d'affaire proche d'Olivier Ferrand.

C'était le 25 mai dernier. Depuis cette date plus vraiment de nouvelles, au moins officiellement. Un discret plan social a été mis en place cet été concernant les 300 salariés de la raffinerie. Un peu moins de la moitié d'entre-eux ont été repris sur les activités de pétrochimie de Lyondellbasell, sur le même site, et les autres ont définitivement quitté l'entreprise, soit via des "mesures d'âge" (mise à la retraite anticipée) soit via des licenciements.

Un MoU à Bercy

Malgré tout, l'intersyndicale de Lyondellbasell, assistée du cabinet spécialisé M2A, et Bejach ont continué activement à rechercher un repreneur pour la raffinerie. Un dossier pas simple. Car Lyondellbasell, c'est à la fois cette activité de raffinage, peu rentable et très concurrentielle, mais aussi les activités de pétrochimie, qui elles le sont beaucoup plus et que l'actionnaire texan veut conserver. Et le problème est là, car pour l'instant tous les repreneurs, comme le financier américain Gary Klesch qui s'étaient manifestés jusqu'à présent souhaitaient faire une offre globale, raffinerie + pétrochimie, ce que le texan a toujours refusé.

D'autre part, les salariés ont toujours dénoncé le risque que, séparées de l'approvisionnement direct via leur raffinerie, les activités pétrochimiques rencontrent elles aussi des difficultés, ce qui selon l'intersyndicale semble être le cas aujourd'hui. Avec cette fois, 900 emplois supplémentaires menacés. Une addition beaucoup plus lourde. Du coup l'ancien banquier de Rotschild Bejach a continué à faire chauffer son Blackberry, pour essayer de trouver malgré tout un repreneur. Sachant qu'en même temps, il devait également trouver quelqu'un pour la raffinerie normande de Petit-Couronne, au bord elle aussi de la liquidation.

Et c'est justement hier après-midi, au lendemain d'une visite d'Arnaud Montebourg à Tripoli où il a annoncé qu'il allait monter un dossier de reprise entre le Fonds Stratégique d'Investissement (le FSI) et la société nationale pétrolière libyenne pour Petit-Couronne qu'une autre bonne nouvelle est tombée, concernant cette fois la raffinerie de l'étang de Berre. Une bonne nouvelle qui est arrivée à Bercy sous la forme d'un MoU (memo of understanding, ou lettre d'intention en français) adressée à Montebourg et signée par le groupe indonésien Pertamina.

Leader mondial dans le gaz naturel liquéfié

Pertamina est un conglomérat géant de 70 milliards de chiffre d'affaires détenu par l'Etat du 4e pays au monde en nombre d'habitants, spécialisé dans le pétrole et le gaz (il se revendique comme le premier producteur et exportateur de gaz naturel liquéfié), et qui cherche à se développer hors de ses frontières et dans le raffinage, afin de pouvoir exporter plus facilement sa production d'or noir. Cette nouvelle a été accueillie avec beaucoup de bonheur par les syndicalistes, dont Rémy Patron, un des porte-parole de l'intersyndicale joint hier par téléphone :

Nous sommes très heureux, c'est une très bonne nouvelle et c'est le résultat d'un travail d'équipe où nous nous sommes tous investis, que ce soit l'intersyndicale, notre conseil M2A mais aussi le cabinet d'Arnaud Montebourg qui ne nous a jamais lâché, même si rien n'est fait. Cette lettre d'intention est une première étape, qui était indispensable pour que notre actionnaire accepte de continuer à discuter.

Car effectivement le plus dur commence. Il va falloir maintenant que les Indonésiens et les Américains se rencontrent et discutent, pour trouver un accord, puis que la raffinerie puisse redémarrer, avec de nouvelles embauches, tout en gérant "un grand arrêt" qui aura lieu en mars prochain, un arrêt obligatoire, sorte de "contrôle technique" de ce type d'usine. La raffinerie de Berre ne devrait pas donc être de nouveau opérationnelle avant plusieurs mois.

Du côté du projet industriel, on ne sait pas grand chose puisque le MoU est resté confidentiel, mais nos confrères des Echos indiquent ce matin que les Indonésiens pourraient vouloir investir 450 millions d'euros dans un hydrocraqueur qui permettrait de transformer la raffinerie pour produire du diesel en lieu et place de l'essence, un marché beaucoup plus important, notamment en France., Toujours selon le quotidien économique, cette installation à Fos va aussi leur permettre de faire venir leurs pétroliers et méthaniers afin d'alimenter le marché européen. "Un peu avec le temps devient montagne" comme dit un proverbe indonésien.

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