Logement : la Ville de Marseille appelle ses voisins à suivre son “effort de construction”

Actualité
le 28 Oct 2022
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La Ville de Marseille se dit prête à revoir les règles d'urbanisme pour construire davantage et contribuer au programme de l'habitat, qui vise à atteindre 12 000 logements supplémentaires par an dans la métropole. À condition que les autres communes suivent...

La Duranne, dans le pays aixois. (Photo Emilio Guzman)
La Duranne, dans le pays aixois. (Photo Emilio Guzman)

La Duranne, dans le pays aixois. (Photo Emilio Guzman)

4500 logements par an, dont 1500 sociaux, et 1000 places supplémentaires d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale. Ce sont, en trois chiffres, les grandes lignes de la “contribution” de la Ville de Marseille au programme local de l’habitat (PLH). Ce document obligatoire est en cours d’élaboration par la métropole, pour poser les bases d’une politique commune en la matière. En 2019, alors qu’il était déjà en retard de plusieurs années, Martine Vassal avait appuyé sur pause, faute de consensus politique dans l’hémicycle du Pharo.

Les municipales 2020 passées, ce dossier sensible a été relancé, avec un nouveau tour des 92 communes d’Aix-Marseille Provence. Et c’est donc par une conférence de presse que la majorité municipale de Marseille a livré sa position, quitte à froisser son interlocuteur, qui l’a découvert en même temps. Agacé par la méthode, le vice-président métropolitain chargé du dossier, David Ytier, l’est d’autant plus que cette réponse était attendue. “Depuis le début d’année 2022 (…) alors que les 91 autres communes de la métropole ont transmis leurs copies il y a plus de six mois déjà”, précise-t-il.

Un objectif bien au-dessus du rythme actuel

“Sur un enjeu de cette importante, qui couvre les six prochaines années, nous n’en sommes pas à quelques semaines près”, balaye l’adjointe au maire de Marseille déléguée à l’urbanisme Mathilde Chaboche lorsqu’on lui rapporte l’impatience de la métropole. Entourée de ses homologues à la rénovation urbaine Samia Ghali et aux affaires sociales Audrey Garino, elle déroule le cadre de réflexion sur cette “urgence” du logement, qui fera l’objet d’états généraux fin novembre.

Cette question de la construction de logements a récemment été l’objet de crispations, autour d’un courrier du préfet mais aussi en interne au sein de la majorité municipale. À l’arrivée, Mathilde Chaboche se dit prête à endosser un objectif légèrement inférieur à celui que prévoyait la première mouture du PLH : 4500, contre 5000 à l’époque.

Passée la forme, le fond est salué par David Ytier : “Le rythme des dernières années était très inférieur [avec 3400 logements sur les 12 derniers mois, ndlr] et on avait parfois le sentiment qu’il y avait des freins à la construction. C’est donc une très bonne nouvelle que l’exécutif s’engage à ce niveau, car nous avions besoin que Marseille contribue à la hauteur de son poids démographique”, commente-t-il.

Reste maintenant, “à traduire cette volonté politique et se donner les moyens de l’atteindre”, prévient l’élu salonais. Comme le soulignait déjà le préfet cet été, ce volume nécessitera de revoir les règles d’urbanisme à Marseille, pour densifier davantage, voire ouvrir des terrains à l’urbanisation. “Le plan local d’urbanisme, qui dit où on peut construire et quoi, est dimensionné pour permettre 3000 logements par an au maximum”, reconnaît Mathilde Chaboche. La Ville se prépare donc à une “révision”, une procédure plus lourde que la modification, qui sera une nouvelle occasion de plaider auprès de la métropole pour un abaissement des seuils de construction obligatoire de logements sociaux dans les programmes privés.

“Le contexte est beaucoup plus apaisé”

Cette proposition marseillaise dans ce “patchwork” métropolitain est toutefois conditionnée à une meilleure “répartition de l’effort constructif”. Autrement dit que les autres communes permettent, par leurs contributions, d’atteindre l’objectif global de 12 000 logements par an sur la métropole. “Chaque maire a fait sa liste de courses, souvent en en mettant peu. Ils tiennent à préserver leur cadre de vie, mais ils oublient que leur village ne serait pas ce qu’il est si Marseille n’était pas là avec son université, ses hôpitaux. Nous ne serons pas les dindons d’une farce qui dégraderait notre cadre de vie”, plaide Mathilde Chaboche.

David Ytier se veut rassurant. “En 2019, le PLH était arrivé comme un cheveu sur la soupe, beaucoup avaient l’impression que la métropole venait leur imposer des choses ; Aujourd’hui, les élus ont avancé sur les autres documents stratégiques, ont posé leurs ambitions, le contexte est beaucoup plus apaisé. Tout le monde n’a pas la même vision politique mais nous devrions arriver à un document équilibré.” Après le grand débat sur les finances en octobre, l’hémicycle métropolitain aura rendez-vous avec cet autre sujet clé du logement pour la séance de décembre.

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Commentaires

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  1. Patafanari Patafanari

    Tranquille. Ils produisent des mots. (Et même des phrases)

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    • Alceste. Alceste.

      Cela complète la droite qui fabrique des fausses procurations , des appels d’offres farcis,des fausses feuilles de présences, des faux congés,des emplois fictifs,des bagnoles de fonctionnaires etc
      A tel point que la CRC attaque ka saison 3.
      Pour le moment Payan n’est pas le responsable de ka Rué d’Aubagne mais vos copains.
      Ne k’oubliez jamais

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  2. MarsKaa MarsKaa

    C’est incroyable ce regard condescendant sur Marseille et son équipe municipale de la part de la direction de la Métropole.
    Il faut construire 12000 logements à l’échelle métropolitaine. Il ne s’agit pas de surcharger Marseille. Ou alors il faut que les fonds suivent. La Métropole insiste sur le poids démographique de Marseille pour qu’elle construise encore plus de logements… mais ne retient pas ce critère pour la redistribution des fonds !

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Nous avons à la métropole, d’une part, une équipe de battus aux dernières municipales qui cherche à faire payer leur choix aux électeurs marseillais et, d’autre part, une équipe de petits maires qui verraient bien les logements sociaux concentrés quasi exclusivement à Marseille. Ça rend l’équation difficile à résoudre.

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  3. Alceste. Alceste.

    Je vais être plus direct que mes deux prédécesseurs, en d’autres termes la stratégie de Vassal appuyée ou plutôt achetée par la métropole et ses petits maires vis à vis de Marseille est très simple: les ” gueux” et les “sans dents” à Marseille. Les gens fréquentables à Carry ,Cabries ou Calas.
    Ce n’ est que la reproduction du modèle de l’ancien maire Gaudin condamné pour détournements de fonds publics, mais en plus grand.

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  4. Kitty Kitty

    Il me semblait que la population marseillaise n’augmentait pas. Pourrait-on avoir les données démographiques qui expliquent ce besoin en logement nouveau ? N’oublions pas que le PM met aussi en route un plan de rénovation. Il faut espérer que tout ce bétonnage correspond à un besoin.
    Qui a décidé qu’il fallait 12000 logements supplémentaires dans la métropole ?

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      C’est une bonne question
      plus de 300 logements sur les anciens tennis du Roy d’Espagne, 30 dans la rue derrière, 70 sur bd Du Sablier, opération immobilière sur les anciens terrains de la RTM et de la SMM, deuxième tranche sur le terrai Renault Michelet et j’en oublie

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  5. diasdominique diasdominique

    Derrière ce qui est présenté comme une négociation de marchandage sur la production de nouveaux logements, d’ailleurs faussement présentés comme une charge, il y a pourtant la réalité sociale du mal logement. C’est pourtant une souffrance humaine quotidienne colossale qui l’accompagne à Marseille…
    Le chiffre du rapport Nicol des 40.000 logements indigne à Marseille est rabâché encore mais il parait bien usé. D’ailleurs il est vieux (2015) et il est dépassé.
    Et tout le monde parait avoir oublié que la ville a subit de novembre 2018 à mi-2020 les évacuations de plus de 4000 logements, soit les effets d’un bombardement ?
    Pour l’avoir côtoyée de près je peux vous dire que la souffrance humaine du mal logement en a été démultipliée. Il y a un traumatisme dans la ville mais que certains ne voient pas. Le déni des nantis.
    C’est pourtant des dizaines de milliers de petites Marseillaises et Marseillais qui grandissent et souffrent dans des logements mauvais… Les loyers sont encaissés mais les logements restent mauvais.
    L
    a catastrophe aurait dû provoquer une mobilisation exceptionnelle pour planifier des solutions massives pour construire et réparer. Mais non.
    Alors enfin, 4 ans après la Ville annonce des ambitions. Enfin. Et tant mieux. Encouragements.
    Mais quel vertige que cette lenteur face au constat de l’urgence des besoins.

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      Sauf que la solution n’est certainement dans la distribution de permis de construire au privé à condition qu’ils réservent un pourcentage au logement social
      Il serait de temps de se souvenir que les offices d’HLM ont été créées pour régler ces problèmes et que la Ville devrait favoriser leurs actions : vente de terrains, baux emphytéotiques …..

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    • Kitty Kitty

      Vous avez certainement raison, mais que fait-on de ces logements insalubres ? Vous citez le chiffre de 4000 logements, leur réhabilitation fait-elle partie de ce prochain programme ? Tout ceci est très, très confus. Marseille est de plus en plus bétonnée, sa population n’augmente pas (à ce que je sache) et pourtant, il faut “produire” toujours plus de logements. Cherchez l’erreur, peut-être Airbnb pourrait nous en dire plus .
      En tout cas, un beau sujet d’investigation pour Marsactu non ?

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  6. Nath Nath

    Le périmètre autour du Leclerc Sormiou est en train d’être bétonné à outrance, des constructions de piètre qualité , pour certaines des “cages à lapins “version XXIeme siècle, des résidences fermées. Les rue ne sont plus que des passages pollués et bruyants car les transports en commun ne suivent pas , trop de voitures et des embouteillages matin et soir.Vous avez dit Eco Quartier ?

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  7. kukulkan kukulkan

    théoriquement vu le poids de Marseille dans la métropole la Ville devrait viser 6 000 logements par an et pas 4 500… Mais bon ça va dans le bon sens ! qu’ils augmentent fortement les droits à batir autour des tcsp (caillols, fourrgère, saint barnabé…), (cohérence urbanisme transport, pas du tout respectée dans le PLUI d’aubagne en enquête publique, qui finit demain ! participez y en utilisant cette contribution https://marsactu.fr/agora/contribution-a-lenquete-publique-sur-le-projet-non-ecologique-de-plui-du-pays-daubagne/ )

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