L'étrange monde argentique de Mister G

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le 21 Oct 2013
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L'étrange monde argentique de Mister G
L'étrange monde argentique de Mister G

L'étrange monde argentique de Mister G

"Rien n'était prémédité". C'est ainsi que le photographe ciotaden Gilbert Garcin, de son drôle de pseudonyme Mister G évoque son génie, découvert à l'aube de sa retraite. "C'est venu comme ça", explique simplement l'artiste pour qualifier sa soudaine appétence pour la photographie. Une furieuse envie de croquer l'absurdité du monde, une once de fantaisie nécessaire et une imagination débridée ont fait le reste. Sans oublier le Nikon argentique, toujours le même depuis ses débuts.

Une enfance passée à traîner ses guêtres dans la salle obscure du cinéma l'Eden de la Ciotat, que gérait son grand-père, a peut-être influencé une carrière sur le tard. "C'est vrai que l'on avait trois fauteuils réservés", admet Gilbert Garcin. Pourtant il a choisi une autre voie, en devenant marchand de luminaires. Celui qui aime les surprises a donc pris ce virage surprenant voilà plus de vingt ans.

Gilbert Garcin s'est photographié des centaines de fois, les bras levés, le pas assuré, de dos, de face, une valise à la main, assis, penché. "J'ai épuisé les positions", s'étonne-t-il. Sur les quelques 250 clichés, le photographe apparaît vêtu de la même redingote. A peine élimée, malgré l'effet pierre ponce du temps qui passe. Le personnage immuable, épargné par la succession des âges, parce qu'"il ne faut pas qu'il vieillisse". Et toujours en noir et blanc, dans la mesure où "la couleur aurait compliqué les choses et que ce choix tire la photo vers l'abstraction".

Imagination sans limite

Pour créer ses mises en scènes surréalistes titrées avec cocasserie, Gilbert Garcin a bricolé dans son cabanon improvisé en studio à la Ciotat, sur une maquette de deux mètres sur deux. "Ensuite je dessine un croquis de la future photo, puis je sélectionne la position dont je vais avoir besoin." Le maître opère ainsi, motivé par l'envie constante de s'amuser. Ce qui a toujours été le cas, depuis la reconnaissance de son talent saugrenu lors des Rencontres de Braga, au Portugal en 1998 et la vente en trois jours de 88 tirages, la même année à Paris Photo.

A plusieurs reprises, sa femme Monique est entrée dans le jeu et les deux comparses ont élaboré ensemble les saynètes, tantôt drôles, tantôt poétiques ou même parfois un brin angoissantes. Lorsque le résultat, largement onirique s'expose au jour, le style Garcin est né. L'artiste apparaît ainsi en funambule (Le funambule, 2002), miniaturisé en attendant le vent sous un pissenlit (Lorsque le vent viendra, 341), ou encore en train de dénouer un sac de noeuds de fil barbelé (Le désordre interdit, 45).

Il s'interdit toutefois tout commentaire sur les photos, refusant farouchement d'imposer une interprétation. "En fonction de l'âge, du caractère, de la culture aussi, celle-ci change. Les enfants restent les plus réceptifs tandis que les personnes âgées tentent davantage de tout rattacher à la réalité. Par exemple, s'ils voient une île apparaître en fond de cliché, ils me demandent laquelle est-ce. Je leur réponds que je n'en sais rien, je l'ai trouvée dans un bouquin. Ce n'est pas cela qui est important". A plus de quatre-vingt ans, Gilbert Garcin a toujours un humour légèrement potache et décalé. Il tire les ficelles d'un jeu dont il est la marionnette, ad vitam aeternam

E.C

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