[L’été à la Belle de Mai] Le Chapiteau, “un espace de liberté” dans le quartier

Reportage
le 23 Juil 2018
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Peu à peu, ce quartier populaire situé à la lisière du centre-ville est en train de changer. Marsactu passe l'été à la Belle de Mai et explore ces lieux qui bougent non sans tension. Ouvert en mars 2017, le Chapiteau est un lieu de fête qui remplace le bar bouliste Les Bleus. Mêlant culture et électro, ce nouvel endroit détonne dans le quartier mais commence à s'y lier.

[L’été à la Belle de Mai] Le Chapiteau, “un espace de liberté” dans le quartier
[L’été à la Belle de Mai] Le Chapiteau, “un espace de liberté” dans le quartier

[L’été à la Belle de Mai] Le Chapiteau, “un espace de liberté” dans le quartier

En sortant de l’espace bar où résonnent des musiques des années 70, deux amis se pressent vers le terrain de pétanque, vestige des anciens lieux. Cet endroit où se réunissent “la fête et la détente”, c’est le Chapiteau de la Belle de Mai. Remplaçant l’ancien bar bouliste Les Bleus, il a été ouvert il y a un peu plus d’un an par Mariana et Arnaud Santos, tous deux amoureux de musique électronique. Le Chapiteau est un jeune bouillon de culture, fréquenté à hauteur de 1000 personnes par week-end en été selon les propriétaires.

Cet espace rassemble des associations, des festivals comme le dissidents, des ateliers de jardinage pour les enfants, des cours de yoga, des plats cuisinés avec des produits biologiques et locaux… “Si nous avions choisi un club à la place de ce terrain, il n’y aurait eu que de la musique, et c’est dommage. On ne voulait pas d’une boîte noire”, raconte Mariana, assise dans une chaise en palette. En effet, ces 2700 m² sont loin de ressembler aux lieux de fête habituels : des meubles d’extérieur colorés, bricolés en “100% récup'” trônent entre l’estrade ombragée par un chapiteau, et l’intérieur où se dansent les soirées.

“Ça change de ce qu’on voit dans le quartier”

Un espace largement transformé depuis l’époque des Bleus, bistrot bien connu dans la Belle de Mai. “Les Bleus c’était une institution dans le quartier, voire la ville ! Aujourd’hui personne ne va au Chapiteau juste pour jouer aux boules. Ça change”, se rappelle tout en accent Gilbert Donzel, chanteur du groupe Quartiers Nord et résidant proche du Chapiteau. “Certains râlent mais je pense qu’il y a des raisons à ce que ça évolue, poursuit-il.

En attendant le début de la soirée dans le thème des années 70, un groupe de bouliste s’est formé.

Mariana estime que les habitants de la Belle de Mai représentent environ 30 % de leur public. Vendredi dernier, en fin d’après-midi, une bonne partie des fêtards présents venait effectivement d’un autre quartier de la ville. A l’instar de Simone et Aurélien de la Plaine. D’autres arrivent de plus loin comme Alice, heureuse de trouver un endroit “comme il y en a plein au Québec pendant l’été”. Et, bien que cela “change de ce qu’on voit dans le quartier et de sa population”, selon le “tonton” des Quartiers Nord, le couple passionné de musique souhaite s’ancrer davantage dans la vie du quartier.

Hady, la vingtaine, habite la Belle de Mai et a mis les pieds au Chapiteau pour la première fois vendredi dernier. “Un ami m’en avait parlé il y a quelques mois. Ce soir, le thème de la soirée me plaisait bien. Je me suis dis qu’il fallait essayer et je ne suis pas déçu”, confie-t-il. Et les fêtards du quartier ne sont pas les seuls à découvrir petit à petit le Chapiteau.

Une centaine de messages de soutien

Les gérants ont accepté de recevoir, le mercredi 27 juin, la fête de l’école maternelle de la Belle de Mai. Un souvenir dont Mariana se rappelle avec gaieté mais qui lui a surtout donné des idées. “C’est fou et vraiment cool de pouvoir accueillir une fête d’école ! Du coup, on s’est proposé pour faire des activités avec les petits le mercredi après-midi.” Les enfants peuvent déjà y venir pour participer à des ateliers jardinage, une manière de “leur permettre de toucher la terre parce qu’ici, beaucoup vivent en appartement”, souligne Mariana. Elle espère que les apprentis jardiniers pourront rapidement récolter quelques fruits et légumes pour les emporter chez eux.

“On a un soutien de la part du quartier”, souligne la gérante brune à l’épaule ornée d’un tatouage. Les gérants du lieu ont reçu une centaine de message de soutien de la part des habitants du quartier. Il y a aussi les liens qu’ils entretiennent avec plusieurs voisins. L’un d’eux était présent jeudi dernier, bien qu’aucune soirée n’était organisée. “C’est presque un bénévole”, s’amuse Mariana. Peu bavard, il se tient à l’écart tout en étant prêt à donner un coup de main.

Le Chapiteau permet des rencontres atypiques entre voisinage et fêtards. Comme cette fois où il accueillait l’after party de la gay pride. “Un voisin a profité qu’on soit ouvert tôt le matin pour prendre un café en lisant son journal. Il aurait pu se mettre dans un coin tranquille, mais il s’est mis là, au milieu de tout le monde alors que c’était la grosse fête”, s’amuse Mariana, désignant un banc au centre du terrain.

Modifier l’idée de la fête

Pendant le festival dissidents, le Chapiteau accueillait des manifestations artistiques avec des photos de nus ainsi qu’une performance. Un événement qui a tout de même provoqué quelques craintes du côté des propriétaires. “On se disait que c’était quand même osé, en plein Belle de Mai. Pourtant, on n’a eu aucun problème.”

Issus tous deux du milieu associatif, le couple organise toujours des événements en lien avec des associations ou collectifs. La brune au sourire infatigable l’avoue, “on n’aurait jamais réussi tout seuls”. Cette liaison entre activités socio-culturelles et musique est au cœur de leur projet. Ils nourrissent également l’idée de changer les représentations du milieu de la fête. “Même avec la fête et l’électro, il peut y avoir des enfants, des familles, des jeux, de la pétanque...”

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