Les yachts de luxe s'éloignent de la Joliette

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le 5 Nov 2014
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Adieu trois-mâts, yachts rutilants et navires de luxe. Et revoilà les lettres rouges du hangar J1, allumées pour l'année capitale en 2013, qui pourraient retrouver leur couleur. En effet, comme le révélait Le Marin ce mercredi, lors de sa séance du 31 octobre dernier, le conseil de surveillance du grand port maritime de Marseille (GPMM) a renvoyé à un avenir incertain la phase II de l'appel à projets concernant l'avenir du hangar J1 et surtout des centaines de mètres de quais attenants. Une décision qui a eu le don d'agacer le représentant de la Ville au conseil de surveillance, Roland Blum. "Je ne suis pas énervé mais déçu. Car, je ne ne suis pas naïf quand le directoire du port évoque l'année 2017 pour le lancement des études, nous savons très bien qu'il faudra attendre un an ou deux pour en avoir le résultat et 2022, voire 2025 pour voir aboutir le projet. Huit ou dix ans pour un projet de ce type, c'est du temps perdu."

Pour l'heure, la présidente du directoire du grand port, Christine Cabau-Woerhel, préfère calmer le jeu en indiquant qu'il n'y a pas de "désaccord" entre les partenaires de la charte ville/port signée par les collectivités locales en vue d'offrir un avenir concerté aux bassins marseillais. "Le GPMM a proposé un calendrier relatif à l'aménagement des terminaux Corse et Maghreb qui répond aux demandes d'amélioration des dispositifs existant. Le J1 est une pièce de ce dispositif", précise la présidente. Elle ajoute avec un sens de la formule sculptée dans le bois qui flotte : "Nous sommes tout à fait prêts à travailler à des conditions techniques et économiques par lesquelles le calendrier proposé est ramené à des échéances plus proches en cohérence avec les partenaires de la charte ville/port". En clair, si les collectivités locales sont prêtes à financer pour que cela aille plus vite, elle n'y est pas opposée. Tout cela n'éclaire pas dans le détail les éventuels frottements.

Bateaux de grande taille

Mais un autre représentant au conseil de surveillance, le père de la charte ville/port, Yves Cousquer est plus disert. "L'appel à projets lancé il y a un an était lié au départ des activités de transports de passagers à destination du Maghreb de la Joliette vers le Cap Janet, détaille celui qui était appelé à présider le comité consultatif censé examiner les projets. En effet, nous savons que les navires de grande taille ne peuvent pas manoeuvrer dans les bassins de la Joliette. Il y a nécessité à les déplacer vers le Cap Janet dont les bassins sont plus accessibles à des navires de plus de 200 mètres."

Or, les prévisions budgétaires du directoire du grand port rendent malaisée la réalisation de plusieurs projets de front. Engagé dans la réalisation du terminal containers à Mourepiane, la rénovation de la forme 10 et l'agrandissement de la passe Nord, le port n'a pas les moyens de s'engager dans de nouveaux coûteux travaux dans les bassins Est alors qu'il y a tant à faire dans le golfe de Fos. "Pour ses raisons de contraintes budgétaires, la réalisation d'une nouvelle gare maritime et d'un échangeur routier est remise à plus tard. Le temps passant, nous trouverons des solutions, espère le polytechnicien. Notamment quand seront connues les enveloppes du contrat de plan Etat/Région". 

Or, sur ce point, le vice-président de la région Bernard Morel qui siège également au conseil a un éclairage plus précis : "Le projet de charte ville/port est un projet à long terme. Le financement de ces projets dépend à la fois des efforts des collectivités territoriales mais aussi de l'enveloppe du contrat de plan dévolu au GPMM. Nous savons que la présidente du directoire comme le président du conseil de surveillance veulent avant tout relancer le trafic commercial du Port." C'est notamment par ce biais que le port peut trouver les capacités d'autofinancement dont il a tant besoin.

"Une décision de technocrates"

En attendant cette relance, le port est encore dépendant des financements d'Etat, notamment ceux liés au contrat de plan Etat/Région, toujours en discussion. "Les enveloppes provisoires dévolues au grand port dans le cadre du CPER prévoient un effort important, reprend le conseiller régional socialiste. Mais elles ne seront pas suffisantes pour financer les aménagements du Cap Janet dans la première phase du contrat de plan." Bernard Morel se souvient d'une enveloppe de 40 millions d'euros évaluée par les techniciens du GPMM. 

C'est justement cette logique de "phasage" qui irrite l'adjoint aux finances de la Ville. "Nous sommes dans une situation de grande difficulté budgétaire mais ce projet, notamment par l'accueil de bateaux de haute plaisance, devait permettre d'apporter de l'argent au grand port qui en a tant besoin. En séance, le président du conseil de surveillance, Jean-Marc Forneri, a lu la liste des groupements qui ont répondu à la première phase de l'appel à projets. Il y a parmi eux les plus grands groupes internationaux de la haute plaisance. En devenant gestionnaires du hangar et de ses quais, ils étaient prêts à verser d'importantes sommes aux grand port qui aurait pu alors les utiliser pour financer ces aménagements. Au lieu de cela, ils prennent encore une décision de technocrates."

19 millions de loyer

Allié à Marinov, une filiale de Suez Environnement, le promoteur Eric Foillard avait ainsi l'intention de créer un véritable pôle mondial de la haute plaisance autour de ce hangar à l'armature de dentelle métallique attribué à Gustave Eiffel. "Nous avions évalué à 19 millions le premier versement au grand port dans le cas où nous aurions été lauréat de cet appel à projets, assure l'homme d'affaires. Ce n'est pas rien. Marseille a de nombreux atouts pour devenir un lieu incontournable de la plaisance de grand luxe : la proximité d'entreprises de réparation navale, un port sécure, des établissements d'éducation de qualité pour les familles des équipages. Sans compter les espaces naturels à proximité. Au lieu de cela, le port fait le choix de l'irrédentisme en refusant de laisser quiconque se mêler de son aménagement. Ce recul est un cadeau fait à Valence, Barcelone ou Gênes."

En attendant le résultat des études sur cette partie des bassins Est, le conseil de surveillance du grand port maritime a décidé de lancer un nouvel appel à projet concernant le second étage du hangar pour une occupation transitoire en attendant une nouvelle vocation. Celui-là même où étaient installées les activités culturelles en 2013. "Si c'est pour faire un salle d'expos de plus, la ville en a déjà suffisamment", lâche Roland Blum. De son côté, Bernard Morel coiffe sa casquette toute neuve de président d'Euroméditerranée pour assurer qu'il sera attentif à ce que le "second étage du J1 puisse retrouver une dimension publique que les Marseillais avaient appréciée en 2013".

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    une fois de plus des foutus technocrates et bureaucrates parisiens décident du sort de notre ville, cela est intolérable!!! que fais le vieux vauzelle hormis inaugurer les chrysanthèmes de sa “semaine économique de le Méditerranée” dans sa belle et chère Villa? n’est ce pas aussi de l’économie que l’accueil de bateaux de haute plaisance? regardons ce que cela apporte à La Ciotat? ou alors nos trop cher technocrates ont ils peur de tout ce luxe rémunérateurs et créateur d’emplois?
    encore une fois bravo au ps local et national, on tire tout le monde vers le bas, tout égaux mais au ras du sol!!!!!
    vivement 2015 et 2017!!!!!

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  2. Marius Marius

    Ce n’est pas de milliardaires capricieux et difficilement fidélisables dont notre ville a besoin !
    C’est de réindustrialisation !
    D’industries modernes non polluantes à haute valeur ajoutée.
    A Marseille et environs, il y a un potentiel de gens qui sauraient faire.

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  3. pipoboy pipoboy

    Des yatchs à Marseille ? Il ne manquerait plus que ça.
    On est pas a st tropez ici.

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  4. S.C. S.C.

    Monsieur Marsactu, peut être faut il mettre à jour votre article ?
    La Provence ce matin parle du projet de rachat du J1 par la ville … Qui dit vrai ?
    Bisous

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  5. Brutien Brutien

    A se demander si certaines personnes ne sont pas des sous marins de Gênes ou Barcelone….

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  6. Anonyme Anonyme

    on tire tout le monde vers le bas, tout égaux mais au ras du sol!!!!!
    Mais vous à par donner des leçons, vos bonnes idées ? citez nous vos idées si tant est que vous en avez ?

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  7. Anonyme Anonyme

    savez vous ce que signifie le yachting de luxe ? des grilles, barbelés, murs,etc…à peine rendue, on voudrait déjà nous confisquer la mer ?
    Quant au futur développement des chantiers navals vous voulez rire !!! UTOPIE ! la main d’œuvre est trop chère en France pour les milliardaires qui ont la possibilité de faire entretenir leurs vaisseaux sous des cieux plus cléments fiscalement .
    Allez voir à Mourepianne : un garage bien sécurisé, avec grilles et murs !

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