Les six enjeux de l’élection programmée de Martine Vassal à la présidence de la métropole

Décryptage
le 20 Sep 2018
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La présidente du département Martine Vassal se prépare à une élection sans heurts à la tête de la métropole. Mais les rebondissements ne sont pas exclus pour les vice-présidences et Jean-Claude Gaudin lui a légué quelques chantiers complexes.

Les six enjeux de l’élection programmée de Martine Vassal à la présidence de la métropole
Les six enjeux de l’élection programmée de Martine Vassal à la présidence de la métropole

Les six enjeux de l’élection programmée de Martine Vassal à la présidence de la métropole

Il y a des incertitudes que rien n’écarte jamais. Ce jeudi, tout le monde pressent une large élection de Martine Vassal, présidente intérimaire de la métropole, qui doit s’installer dans le fauteuil laissé vacant par Jean-Claude Gaudin. Dans la foulée de sa démission et de l’annonce de sa dauphine désignée, les soutiens sont venus de tous côtés et viendront à coup sûr conforter une majorité déjà large. Il y a ensuite la jurisprudence Muselier. En 2008, l’ancien premier adjoint de Jean-Claude Gaudin se voyait déjà assis dans le fauteuil du président de la communauté urbaine au point, dit la légende, d’avoir choisi son cabinet et la couleur de son bureau. Las, le jeu politique à plusieurs bandes avait amené le socialiste Eugène Caselli à lui ravir la présidence.

Martine Vassal s’est assurée que rien de comparable ne lui arrive. Elle a multiplié les appels de phare en direction des maires, et en particulier ceux du pays d’Aix, particulièrement hostile à la gouvernance Gaudin. La difficulté de l’exercice du jour est d’incarner une succession sans heurts vis-à-vis de Jean-Claude Gaudin et des élus marseillais de sa majorité tout en donnant des gages d’un renouvellement de l’institution aux élus de l’extérieur de Marseille. Sa double casquette de présidente du département et de la métropole lui met entre les mains le deuxième budget local de France qui lui permettra de compenser d’un côté les efforts qu’elle demandera de l’autre. Mais elle devra pour ce faire combiner avec deux majorités aux contours géographiques et politiques très divers. Passage en revue des six enjeux de cette élection.

Le triomphe attendu…

Jean-Claude Gaudin s’agaçait toujours qu’on souligne que lors de son élection à la tête de la métropole en 2016, Martine Vassal avait obtenu plus de suffrage en tant que première vice-présidente. “Mais j’avais face à moi plusieurs candidats”, maugréait-il alors. En l’occurrence, il s’agissait du FN Stéphane Ravier, de l’élue du parti socialiste Florence Masse et du communiste Gaby Charroux.

La concurrence devrait être moins rude demain. Selon La Provence, le Rassemblement national ne présentera pas de candidat, pas plus que les socialistes – marseillais ou d’ailleurs. “Nous hésitions jusqu’à présent entre une abstention et un refus de prendre part au vote, explique Florence Masse. Mais l’annonce d’une candidature à gauche change la donne. Personnellement, je voterai pour le candidat de gauche. Martine Vassal est la secrétaire générale du parti Les Républicains. Je crois qu’il faut savoir quelles sont nos valeurs.”

Ce candidat doit être présenté par les élus communistes et apparentés qui veulent défendre l’idée “d’une autre métropole” : ce sera le marseillais Marc Poggiale, une des chevilles ouvrières de la petite troupe des élus du PCF. Cela n’empêche pas le maire communiste du Rove, George Rosso de tresser des lauriers à la candidate LR : “C’est la seule qui peut tenir la route, elle l’a prouvé au conseil départemental. Il n’y a pas besoin de voter pour elle, elle a déjà la majorité absolue. Mon parti à moi, ce sont les 5000 habitants de ma commune”. Un point de vue largement partagé au sein des 92 maires de la métropole.

…Et le tir aux pigeons

Les rebondissements sont sans doute plus attendus pour la seconde partie de la séance, consacrée à l’élection du bureau constitué de vingt vice-présidents. La base est connue : la candidate a décidé de présenter la même liste que celle élue en mars 2016. “Martine Vassal nous a demandé de ne pas mettre le bordel, si vous me permettez l’expression, formule Gérard Bramoullé, fidèle lieutenant de la maire d’Aix Maryse Joissains. Et cela d’autant plus qu’elle propose au vote les mêmes vice-présidents”. Cette liste de noms comprend le sien, lui qui avait été écarté par Jean-Claude Gaudin après son opposition lors du vote du budget en décembre 2017.

Mais lors de la première élection, cet exercice avait été surnommé le tir aux pigeons. Et la saison de la chasse est rouverte. “Dans ce genre de situation, on ne peut être sûr de rien, résume Roland Blum, adjoint LR au maire de Marseille et actuel vice-président délégué aux finances. Un candidat peut se présenter librement et vous pouvez vous retrouver victime de rancœurs et de tout un tas de choses”. Pour sa part, il devrait bénéficier du signal de “continuité” que souhaite envoyer Martine Vassal et être installé au rang de 1er vice-président qu’elle occupait jusqu’à présent.

Mais d’autres noms pourraient provoquer des velléités de candidature hostile. En haut de la pile, on trouve celui de Jean-Pierre Serrus. Le vice-président délégué aux transports a pris une place prépondérante dans la gouvernance Gaudin du fait du caractère stratégique de sa délégation. Il a pu hérisser par la façon dont il a accompagné certains choix sur la nécessité de limiter les transferts aux communes ou d’abandonner certains projets. Le maire de la Roque d’Anthéron ajoute dans la balance d’avoir pris sa carte à La République en marche, un mouvement dont il pourrait prendre la tête dans le département. “Si elle le maintient à son poste, c’est un signe claire d’ouverture”, estime Stéphane Mari, conseiller métropolitain qui a rejoint les mêmes rangs. Le maire de Peynier, Christian Burle, serait déterminé à se présenter. “Et s’il ne le fait pas, d’autres le feront”, estime un conseiller métropolitain. Les élus du territoire d’Aubagne et de l’Étoile, furieux de l’abandon du Val’tram, pourraient lui faire payer. Et dans ce jeu de tir à vue et de recomptage des voix, “il ne faut pas négliger les règlements de compte entre élus marseillais”, reprend le même élu.

Jean-Claude Gondard maintenu à son poste

Autre signe de continuité affichée, Martine Vassal a choisi selon nos informations de maintenir à son poste de directeur général des services, Jean-Claude Gondard, qui accompagne le maire depuis sa présidence de la région. Lors de l’annonce de sa démission, il avait laissé entendre que le haut fonctionnaire le suivrait à la ville où il occupe le même poste à temps partiel. L’actuel directeur général des services du conseil de territoire Marseille Provence, Domnin Rauscher était pressenti pour lui succéder.

Finalement, Gondard restera à son poste, alors que la maire d’Aix avait multiplié les mises en cause agressives à son son égard. “Il a demandé à rester jusqu’en 2020”, assure une source proche du dossier. “Ce n’est pas dit qu’il restera jusqu’au bout, modère Gérard Bramoullé, pas plus fanatique du personnage. C’est comme cela que cela s’est passé au Département, non ?” Effectivement, Martine Vassal avait maintenu certains hauts cadres de l’ère Guérini dont la directrice générale des services, le temps d’un “tuilage” entre l’ancienne équipe et la nouvelle.

Le contentieux financier

Au-delà des personnes, le contentieux des élus aixois se cristallisait sur les finances. En décembre 2017, Gérard Bramoullé, avait fustigé “un budget économiquement mortifère avec un effondrement de l’investissement”, doublé d’une “injustice territoriale” – le territoire du pays d’Aix ne recevrait pas autant que les ressources fiscales qu’il apporte. Simple expression d’un “refus de la métropole”, commente Roland Blum. Après ces échauffourées autour du budget 2018, Martine Vassal devra prendre en main le millésime 2019. Et cela très rapidement. “Nous devrions voter les orientations budgétaires en octobre”, pour un vote du budget en décembre, rappelle Roland Blum.

Or, dans la droite ligne du pacte financier voté en 2016, Martine Vassal s’est engagée à ne pas augmenter les impôts locaux. Dans ce cadre contraint, Jean-Claude Gaudin avait montré une voie possible : serrer la ceinture des maires, autrement dit baisser les reversements aux communes. Dans le cadre des négociations autour du financement de l’agenda de la mobilité métropolitaine, qui traînent en longueur, l’État a tiqué sur l’ampleur de ces flux, 700 millions d’euros par an. “C’est elle qui décidera”, s’efface Roland Blum. “À mon avis, les maires comprendront cette nécessité quand l’État aura montré l’exemple” en posant les premiers jalons de son financement.

L’amortisseur Vassal

En guise d’amortisseur, il n’écarte pas la possibilité d’un jeu de vases communicants entre deux collectivités : “Martine Vassal a déjà beaucoup aidé la métropole avec le département. Avec la métropole et le département, elle aura une puissance de feu importante. Cela peut lui permettre de faire des équilibres, dans un cadre tout à fait légal.”

Mais, du côté des élus aixois, on joue l’apaisement. Ils parient sur le choix d’un “retour des compétences de proximité” que Martine Vassal a mise en avant avec un coup d’œil appuyé vers les maire. “Nous lui avons demandé de donner la délégation de signature aux présidents de territoire, ce que Jean-Claude Gaudin a toujours refusé, détaille Gérard Bramoullé. Nous avons aussi demandé une commission d’appel d’offres décentralisée aux territoires. Pour l’instant nous avons confiance en elle, en espérant ne pas être déçu”.

Curieusement, l’adjoint aux finances d’Aix ne met plus avant l’équilibre financier tant de fois décrié. “La donne a changé avec la contractualisation proposée par le gouvernement, explique-t-il. Cela limite la dérive des frais de fonctionnement et de la dette que nous dénoncions et cela donne un peu d’air pour les investissements.”

À qui le Vélodrome ?

L’autre chantier d’ampleur que lègue Jean-Claude Gaudin est celui des équipements d’intérêt métropolitain. La loi donnait jusqu’à décembre 2017 pour arrêter les critères de définition de cette notion et la liste précise des équipements correspondants. En juin 2017, le maire de Marseille avait lancé le processus, avec au premier rang des bijoux de famille transférés le stade Vélodrome et l’Opéra, dont le rayonnement dépasse largement la ville. L’ensemble des piscines et bibliothèques de la métropole, dont celles de Marseille, devait s’ajouter à la liste, complétée par les demandes des maires.

Mais en décembre, après une fronde des maires, c’est le statu quo qui avait été adopté, en attendant mieux : sont d’intérêt métropolitain tous les équipements qui étaient déjà gérés par les intercommunalités avant leur fusion dans la métropole. “Heureusement qu’on a mis le feu, nous assurait en juin Nicolas Isnard, maire de Salon, qui présidait la commission chargée de ce dossier. L’intérêt des maires, c’était de transférer, mais nous avons décidé à l’unanimité de faire primer le sens des responsabilités.” Le risque pointé était celui de charger la barque d’une institution déjà en difficulté financière en faisant grimper les frais de fonctionnement. La nouvelle présidente pourrait voir revenir à la charge son prédécesseur, désormais revêtu de sa seule casquette de maire de Marseille.

“Ce n’est pas à l’ordre du jour, estime Georges Cristiani, vice-président sans étiquette dédié à ce transfert. Avec Martine Vassal, c’est une nouvelle métropole recentrée sur les compétences stratégiques : les transports, l’économie, l’emploi et l’urbanisme”. Sans écarter les questions culturelles ou sportives, le maire de Mimet vise l’abandon de certaines compétences que les maires veulent garder dans le giron communal. “les fossés, le pluvial, les cimetières… Ces compétences ne doivent pas être transférées”. Ces sujets sont à l’ordre du jour de la prochaine commission locale d’évaluation des charges transférées (Clect), la séance de septembre ayant été annulée. Or, l’obsession des maires qui y siègent reste le prix du curetage des fossés ou le coûteux transfert de l’entretien des bornes d’incendie. De vrais sujets métropolitains…

Benoît Gilles et Julien Vinzent

Actualisation le 20 septembre à 9 h 26 : ajout de la position du Rassemblement national.

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Commentaires

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  1. Input-Output Input-Output

    Bravo encore pour cet article très complet à tous les points de vue. On soulignera bien l’absence de candidat du PS dans cette mascarade d’élection. Les hyènes et les vautours se partagent la bête mais ne s’attaquent pas les uns les autres…

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  2. reuze reuze

    Georges Cristiani résume bien la position des élus hors-Marseille et notamment du Pays d’Aix: “Avec Martine Vassal, c’est une nouvelle métropole recentrée sur les compétences stratégiques : les transports, l’économie, l’emploi et l’urbanisme”.

    Pour le meilleur, car certains sujets, travaux et équipements relèvent clairement de l’échelon municipal ou du conseil de territoire, mais aussi pour le pire, avec le statu quo sur la répartition des équipements…

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Il est vraiment urgent que le conseil métropolitain soit élu directement et cesse d’être cette assemblée des maires dont la préoccupation première est de défendre les intérêts communaux.

    Un peu comme si les élus de la majorité municipale de Marseille ne s’occupaient que de leur arrondissement et avaient oublié que les quartiers nord font aussi partie de la ville. Ah bon, c’est le cas ?

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  4. Regard Neutre Regard Neutre

    Benoît Gilles et Julien Vinzent —l’obsession des maires qui y siègent reste le prix du “curetage” des fossés —ils ont apparemment à transférer une dent creuse pour une opération de curage en forme trapézoïdale…

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  5. Cesare Mattina Cesare Mattina

    Bravi les amis, excellent article

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