Police municipale de nuit : derrière l’annonce de Gaudin, 4 patrouilles

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le 29 Jan 2016
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Le 5 février prochain, les premières patrouilles de la brigade de nuit de la police municipale débutent, arme létale à la ceinture. Mais combien d'agents seront vraiment sur le terrain ? Marsactu refait les comptes.

Le maire passe en revue les effectifs de la police municipale, le 28 janvier 2016. Photo : BG.
Le maire passe en revue les effectifs de la police municipale, le 28 janvier 2016. Photo : BG.

Le maire passe en revue les effectifs de la police municipale, le 28 janvier 2016. Photo : BG.

Jean-Claude Gaudin a sorti son écharpe tricolore et un air grave pour passer en revue les effectifs de la police municipale. En période d’état d’urgence, on ne plaisante pas avec les forces de sécurité, fussent-elles municipales. Les traditionnels vœux se doublent cette année d’une nouvelle actualité. Dans quelques jours, la Ville lance ses premières brigades de nuit, armées de revolver 357 magnum de marque Manurhin. Un an après l’annonce officielle d’un changement de cap sur ce point. Le maire était jusqu’ici largement “réfractaire” à un tel armement.

406 de ces armes de poing létales ont été déclassées puis données par le ministre de l’intérieur en personne, en septembre dernier. “L’ensemble des 420 policiers municipaux seront armés dans un an au plus tôt, le temps que tous soient formés”, précise tout de même le maire. Pour l’heure et comme prévu, seuls les 46 policiers municipaux volontaires pour faire partie de l’équipe de nuit ont été formés de manière anticipée pour débuter leur première patrouille dans la nuit du 5 février prochain, avec une arme létale à la ceinture.

Présence policière continue

“En réalité, ils ne seront pas 50 sur le terrain, prévient Caroline Pozmentier, l’adjointe en charge de la sécurité. Cela comprend deux sections de 21 personnes avec deux officiers par section et quatre personnes pour tenir la boutique et gérer le PC radio. Cette brigade de nuit débutera à 18 heures pour se terminer à 4 heures du matin”. Si l’on en croit la communication municipale, c’est un maillage conséquent qui va couvrir la ville dès février :

Celle-ci assurera une présence policière nocturne continue dans les rues de la ville afin de garantir la sécurité des biens et des personnes.

En réalité, la déferlante bleue floquée municipale n’est pas tout à fait continue. Elle s’arrête à 4 heures “car ensuite, s’il y a des faits de délinquance, ils sont souvent violents et relèvent donc de la police nationale”, répond Marc Labouz, directeur de la police municipale.

Sur le papier, la mission de cette brigade concerne effectivement tout Marseille. Mais le maire lui-même le reconnaît : “40 policiers municipaux ne permettent pas de couvrir la ville. Mais je vous rappelle que la sécurité est une compétence régalienne de l’État. il n’est pas question que les policiers municipaux se substituent aux agents de la police nationale. Leur mission se limite à assurer la tranquillité publique”.

La tranquillité avant tout

Querelles de voisinage, stationnement gênant, tapage nocturne ou différend familial, cette question des missions inquiétait les agents. “Cela faisait partie des éléments qui nous ont incité à voter contre cette proposition lors du passage en comité technique paritaire, explique Christine Donadio de la FSU-SDU 13. Sur ce point, le maire nous a clairement rassurés.

En revanche, la question de la zone d’intervention et du nombre d’agents sur le terrain a fait grincer quelques dents. “Théoriquement, nous intervenons sur l’ensemble de la ville, reprend la déléguée syndicale. En fait, ils manquaient de volontaires. Avec 50 euros de plus par mois, ce n’était pas très attractif. Notamment parce que les agents craignaient de se retrouver seuls, sans renfort si l’une des équipes étaient envoyée au fin fond du 15e. Du coup, officieusement, la brigade interviendra de préférence dans le centre-ville.” Une zone où il y a déjà fort à faire en matière de tranquillité publique la nuit.

Combien de patrouilles ?

Cette question du nombre d’agents est le vrai fond du problème. Quand on pose la question directement au directeur du service, Marc Labouz, son estimation passe par une fourchette à plusieurs dents : “Nous avons deux brigades de 20 en roulement. Ce qui fait 4 à 5 patrouilles de trois agents par nuit.”. Mais quand on évoque les temps de repos et le mode d’organisation par roulement, il précise : “Disons qu’il y aura entre 3 et 4 patrouilles par nuit. Mais plus près de 4…”

Un ratio qui s’affine avec le témoignage de Christine Donadio. “Il faut prendre en compte les 35% d’absentéisme dus aux récupérations et congés. Certaines nuits, il ne devrait pas y avoir guère plus de 2 ou 3 patrouilles par nuit. D’autant plus que les missions protocolaires et culturelles qui incombaient à l’ensemble des effectifs sera exclusivement du ressort de la brigade de nuit”. Or, d’après elle, une soirée au Dôme avec la sécurisation du parvis demande au moins six agents. Une soirée à l’opéra, quatre. Il suffit donc qu’il y ait deux concerts et une conférence en même temps pour que la quasi-totalité de la brigade de nuit soit sollicitée.

Du côté de Force ouvrière, Alain Vollaro confirme le chiffre de 4 : “Quatre équipages, c’est ce que nous avons voté en comité technique paritaire. Si cela contribue à améliorer la situation de la tranquillité publique à Marseille, ce n’est pas satisfaisant. Il faut continuer l’effort de recrutement pour pallier l’absence de ces 50 policiers”.

Mais comme le dit Marc Labouz, qui se veut rassurant : “Cette brigade a vocation à évoluer en même temps que progressent les effectifs de la police municipale”. La présidente du conseil départemental a promis qu’elle ferait un geste substantiel pour aider Marseille mais plus pour aider à l’équipement que pour recruter des agents.

Actualisation : ajout de la position de Force ouvrière.

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Commentaires

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  1. barbapapa barbapapa

    “Notamment parce que les agents craignaient de se retrouver seuls, sans renfort si l’une des équipes étaient envoyée au fin fond du 15e”
    Cette phrase est scandaleuse, et les pratiques ségrégationnistes de la police municipale de jour le sont tout autant

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  2. Trésorier Trésorier

    Quand enfin la securite et la tranquilite publiques interesseront les autorites ??

    Combien de tapage nocturne, d’agressions, de rixes, de voitures bouchant les sorties de parkings qui n’interessent ni la municipale ni la nationale ????

    Encore un service public rendu pourri pour des impots astronomiques !!!!

    Il faut des cameras video partout et plus de policiers municipaux, jour et nuit. Comme la fourriere du reste.

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  3. LaPlaine _ LaPlaine _

    Cette annonce est une demi fumisterie en fait , une structure assez conséquente pour peu d’effectifs opérationnels. Quand on sait (voir les interventions de jour) que pour solutionner un stationnement abusif une patrouille (voire avec le renfort d’une deuxième) va y passer une partie de la nuit on imagine bien l’efficacité de cette structure.

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