Les opposants à la zone d’activités de Pertuis demandent des comptes à la métropole

Actualité
le 17 Mar 2023
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Annoncée en juin 2022 par Martine Vassal, la commission métropolitaine en charge de remettre à plat la construction d'un complexe industriel sur la "zone à patates" de Pertuis peine pour l'instant à apporter des réponses aux habitants et aux élus opposés au projet. Ils manifestaient ce jeudi.

Les opposant au projet se sont rassemblés devant le siège de la métropole jeudi. (Photo : ML)
Les opposant au projet se sont rassemblés devant le siège de la métropole jeudi. (Photo : ML)

Les opposant au projet se sont rassemblés devant le siège de la métropole jeudi. (Photo : ML)

À quelques minutes du démarrage du conseil métropolitain de ce 16 mars, une vingtaine de policiers surveillent des manifestants guère plus nombreux. Pas de pancartes contre la réforme des retraites devant le palais du Pharo, les tracts portent simplement le slogan “on veut vivre”. Le rassemblement a été organisé par les membres de l’association Terres vives Pertuis pour interpeller les élus sur la construction d’un complexe industriel sur la “zone à patates” (ZAP) de Pertuis, qui entraine l’expropriation de plusieurs habitations et la bétonisation de 86 hectares de terres.

Ce projet, imaginé il y a une décennie et acté par une déclaration d’utilité publique en 2020, rencontre toujours une forte opposition. Pendant plusieurs mois, des “zapistes” ont occupé quatre maisons située sur la zone concernée. Alors, quand en juin 2022 la présidente de la métropole (ex-LR) Martine Vassal a annoncé relancer une étude, Terres vives Pertuis a repris espoir. Mais plusieurs mois après, l’association demande des comptes.

Une décision déjà repoussée

Le 20 octobre, Amapola Ventron, vice-présidente de la métropole déléguée à la protection de l’environnement et chargée de la commission sur Pertuis, déclarait en séance que la décision se prendrait “d’ici à la fin de l’année”. Puis, lors du conseil métropolitain du 15 décembre 2022, Martine Vassal répondait “on y travaille” quand elle était interrogée sur l’avancée des travaux de la commission. Dans le même temps, son institution indiquait à Marsactu “ne pas avoir assez avancé pour communiquer” et demandait d’attendre janvier.

“On a été reçus par la préfecture en septembre dernier et on a eu un petit entretien avec Amapola Ventron en fin d’année où on lui a d’ailleurs appris que Pertuis était dans le Vaucluse et pas dans les Bouches-du-Rhône, retrace Bernadette Cailleaux, membre de l’association pertuisienne. On manifeste donc aujourd’hui pour souligner ces contradictions.” Les associations environnementales et d’habitants regrettent également de ne pas être assez impliquées aux travaux de la commission.

Préservation des terres agricoles métropolitaines

Débattu en séance, le sujet a suscité plusieurs commentaires des membres de l’exécutif, sans offrir de réponse claire aux détracteurs. “Qui peut être contre quand on parle de protéger les terres agricoles et défendre l’indépendance alimentaire ?, a claironné Christian Burle, vice-président de la métropole chargé de l’agriculture. Mais il y a un problème à Pertuis avec 2900 hectares de terres agricoles dont plus de 1000 sont en friche. Si on ne fait rien ces terrains deviendront des espaces naturels et ne reviendront jamais à l’agriculture.

Quand les études sortiront on pourra tirer les conséquences et prendre une décision sur ce qu’on fait de ces hectares.

Martine Vassal

“Dans le PLUI [plan local d’urbanisme intercommunal, ndlr] cette zone a été mise en non constructible en attendant l’avis de la commission”, ajoute Pascal Montécot, vice-président de la métropole chargé de la planification. “Cette commission a fait faire une étude sur quatre saisons. Nous n’aurons pas les résultats avant le prochain hiver, poursuit Christian Burle. On vous demande un peu de patience.” “Quand les études sortiront, on pourra tirer les conséquences et prendre une décision sur ce qu’on fait de ces hectares”, conclut Martine Vassal.

La question d’Iter à Pertuis

Pour demander l’arrêt du projet ses détracteurs affirment notamment que la déclaration d’utilité publique de 2020, instaurant la mise en place d’une réserve foncière sur cette zone, est caduque. “Toute la déclaration d’utilité publique repose sur l’implantation d’Iter dans la zone d’activités, explique Sébastien Barles. Ce projet a servi d’alibi car aujourd’hui ils nous disent qu’ils n’ont plus besoin de stocker des matériaux en dehors de Cadarache.”

Interrogés par Marsactu, les responsables du centre de recherche estiment que cette possibilité d’installation à Pertuis de certaines activités “est un projet ancien avec aucun nouveau commentaire“. “Il n’est pas question pour l’organisation Iter d’investir dans l’achat de ces terrains, ce que nous ne saurions faire eu égard à notre statut et à nos seuls objectifs scientifiques, avait ainsi déclaré en 2021 dans un courrier le directeur général de l’époque Bernard Bigot, décédé l’année dernière. Ce sont les entreprises sous-traitantes qui peuvent avoir des besoins (bureaux, ateliers, entrepôts, etc.) et être intéressées.” Des éléments qui poussent les manifestants à se demander d’autant plus à quoi pourra bien servir la zone si elle finit par naître un jour.

“On pensait que c’était bien parti”

Les élus métropolitains d’opposition aussi s’estiment menés en bateau. “C’est un simulacre de moratoire, un moyen de procrastiner alors qu’on pensait en octobre que c’était plutôt bien parti, commente l’élu métropolitain d’opposition (EELV) Sébastien Barles, par ailleurs adjoint au maire de Marseille délégué à la transition écologique. Mais on n’a pas été convoqué depuis novembre.” L

Plusieurs élus, notamment écologistes, ont pris part au rassemblement. (Photo : ML)

Au cours des dernières années, plusieurs personnalités politiques locales de gauche ont fait savoir leur opposition à la ZAP, comme l’adjointe au maire de Marseille chargée de l’agriculture urbaine Aïcha Sif (Printemps marseillais), la députée européenne Marina Mesure (LFI), Manuel Bompard (LFI) à l’Assemblée nationale, ou encore l’élue municipale aixoise Gaëlle Lanfant (Aix en partage). Ils devraient signer dans les prochains jours un nouveau courrier adressé à la préfecture du Vaucluse pour demander de casser la déclaration d’utilité publique. “La mobilisation va être relancée et régulière”, prévient Sébastien Barles.

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Commentaires

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  1. kukulkan kukulkan

    bonjour, pourquoi ne pas sortir larticle sur l’anse du pharo ? il faut enfoncer le clou et questionner le maire Payan à ce sujet il a déclaré en off être contre le projet d’activité béton !

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