Les avocats d’Andrieux dénoncent "un procès en sorcellerie"

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le 10 Juin 2014
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Les avocats d’Andrieux dénoncent "un procès en sorcellerie"
Les avocats d’Andrieux dénoncent "un procès en sorcellerie"

Les avocats d’Andrieux dénoncent "un procès en sorcellerie"

“Pourquoi ce comportement ? Pourquoi ce déni ?” C’était la question posée par l’avocat général Jules Pinelli à l’adresse de Sylvie Andrieux, dans ses réquisitions formulées vendredi. Il aura fallu la fin de leurs longues plaidoiries pour que ses avocats apportent l’explication ce mardi. “On trouve dans les réquisitions de l’avocat général une invitation à reconnaître une partie de sa responsabilité, ce qui pourrait lui permettre de bénéficier d’une mansuétude (…) Elle ne le fait pas car ce n’est pas la vérité“, a justifié Grégoire Ladouari.

Mais en réalité, tout dans leur discours dessinait cette réponse, point final avant le jugement attendu le 23 septembre. Comme en première instance et tout au long du procès en appel qui s’est achevé ce mardi, la défense a poursuivi sur une ligne inflexible, tentant de mettre au jour des failles du dossier et renvoyant la responsabilité au conseil régional. Quitte à passer pour des “kamikazes”, a reconnu Grégoire Ladouari. D’emblée, son alter ego Gaëtan Di Marino a raillé les 264 pages de conclusion déposées par la collectivité, partie civile dans l’affaire. Une preuve selon lui d’un acharnement qui “lui fait penser aux Sycophantes, ces délateurs zélés qui pensaient à leur intérêt plus qu’à ce qu’ils dénonçaient”. L’“intérêt” pour la région étant de “se défausser, essayer de faire endosser son habit à quelqu’un d’autre qui est plus bas dans la hiérarchie”. Comme souvent, c’est le président Michel Vauzelle (PS) qui est ici visé.

De fait, personne ne conteste l’insuffisance des procédures et des contrôles à cette époque (2005 à 2008), voire la faiblesse des réactions aux différentes alertes. Les couperets cités par Gaëtan Di Marino tombent de la bouche même de cadres, comme Jean-Guillaume Lalange, ancien directeur général adjoint de l’aménagement du territoire, relaxé en 2013 :

Jean-Guillaume Lalange a déclaré qu’il n’y avait “pas de culture de vérification des factures à la Région”. Quelle culture à la région ! Et vous venez la ramener avec des fonctionnaires qui disent et font des choses pareilles ?

Les avocats ont d’autant moins retenu leurs coups qu’ils considèrent que “la région ne s’est pas privée de faire un réquisitoire contre Mme Andrieux”, sans compter que ses envoyés à l’audience “ont ri, souri, gloussé à chaque fois que l’on esquissait une ligne de défense”, a grincé Grégoire Ladouari.

“C’était open bar” à la région

Cette mise en cause de l’institution – et de son président – qui figure sur le banc des parties civiles et non des prévenus, n’est pas spécifique à la défense d’Andrieux. “C’était open bar”, s’exclamait vendredi l’avocat d’une des “petites mains”, “il faut voir les documents pourris qui étaient fournis, c’est la honte pour notre administration”. Pour ceux-là, c’est un élément accessoire, propre à minorer l’escroquerie d’un prévenu qui n’a fait que s’engouffrer dans une faille béante. Mais pour Andrieux, son sort est intimement lié, comme l’a résumé Grégoire Ladouari : “C’est un arrangement entre la Région et elle-même. Par un effet de vases communicants, plus Madame Andrieux est responsable, moins la collectivité l’est et peut continuer de se prévaloir de la bonne gestion des deniers publics.” Il ira même plus loin, évoquant “un procès en sorcellerie” :

Beaucoup sont venus avec leur petit fagot de bois bien sec. On donne une figure au mal, on brûle cette effigie et ensuite on a une retombée psychologique : le mal a disparu.

Les allumeurs de bûchers, ce sont les fonctionnaires de la région et du groupe socialiste, dont les témoignages s’accordent sur le rôle prédominant de Sylvie Andrieux dans l’attribution des subventions de la politique de la ville lorsqu’elle était vice-présidente chargée de ces questions. “Mon Dieu, protégez moi de mes amis, quant à moi je me charge de mes ennemis”, a ironisé Gaëtan Di Marino, citant Voltaire.

Le retour des scellés

Pour tenter de battre en brèche cette unanimité apparente, il s’est appuyé sur des éléments plus factuels. “Il faut savoir si toutes les chansons qu’on vous a faites concordent avec la matérialité et preuves.” Or, selon son confrère Grégoire Ladouari, “dans ce dossier, un continent entier est resté inexploré”. Ont donc été convoqués les fameux scellés qui avaient créé un incident de séance dès l’ouverture du procès en première instance. “L’instruction, le réquisitoire et l’ordonnance de renvoi ont lieu sans que jamais ne soient consultés les dossiers des demandes de subventions. Ils étaient contenus dans des scellés qui vont rester fermés, inconnus jusqu’à ce que la défense, avant l’audience de première instance, demande à y accéder (…) Maintenant, nous avons eu le temps de fouiller ces dossiers”, a assuré Gaëtan Di Marino. “Tout ce qui concerne les associations de la mouvance Benamar n’était pas sous scellé”, nuance Gilles Gauer, avocat de la région.

Brandissant “[son] cher tableau” réalisé à partir des informations glanées dans ces scellés, Gaëtan Di Marino s’est attelé à démonter l’idée de dossiers présentés systématiquement en urgence. Mais c’est surtout en creux qu’il a tenté de contredire les témoignages : ni les téléphones portables ni l’ordinateur de la députée ne gardent trace d’échanges avec Boumediene Benamar.

En parlant d’ordinateurs, il a lourdement insisté sur le changement de matériel réalisé au conseil régional à l’époque de l’instruction… Tout n’était cependant pas perdu pour le juge d’instruction Franck Landou, qui a notamment reçu de manière anonyme le fameux tableau de subventions annoté de la main de Sylvie Andrieux. Révélé par Le Point en 2010, ce document affaiblit bien des dénégations de l’élue. Il recèle aussi son “continent inexploré” avec les noms de Guérini (Alexandre), Weygand, Masse censés être intéressés par le versement de telle ou telle subvention… Mais sur ça, le fusible ne s’est jamais étendu.

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Commentaires

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  1. jdeharme jdeharme

    Les avocats d’Andrieux dénoncent “un procès en sorcellerie
    Les citoyens et contribuables dénoncent s’être fait arnaquer

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  2. Paryn Paryn

    Magouilles à fond, et quand ca risque de morfler (un peu) on entend qu’eux..Sont forts ces élus locaux…

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  3. Anonyme Anonyme

    c’est une honte de dilapider l’argent des contribuables ! et apres ça tu paye toujours plus d’impots , que les fautifs payent .

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  4. jdeharme jdeharme

    Elu place très confortable très bien rémunéré peut fanfaronner dans des réunions et rencontres avec les citoyens tout en ne connaissant rien aux dossiers préparés par des fonctionnaires compétents qui leur permet de briller en public. Autre avantage toute réalisation jugée positive par les citoyens n’est dût qu’à l’excellent élu qui a su comprendre la situation et proposer la solution optimum pratique peu onéreuse etc…. En cas de non acceptation par les citoyens encore plus simple tout mettre sur le dos du fameux fonctionnaire qui n’a rien compris. Aspect financier fonctionnaire catégorie C entre 1200 et 1800 euros de traitement, catégorie B entre 1400 et 2200 euros de traitement catégorie A entre 1500 et 4000. Député mis en examen ? Maire qui ne respecte pas les lois et décrets de la république ?

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  5. Anonyme Anonyme

    c’est un coup monté contre sylvie andrieux il veulent la détrure c’est politique tout ca franchement ca me degoute de s’en prendre a elle comme fusible

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  6. Anonyme Anonyme

    Et Vauzelle il est toujours caché sous la table ?
    Il envoie des représentants qui “rient, sourient et gloussent” devant le tribunal. Quelle mépris de la justice !

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  7. Anonyme Anonyme

    Pourriez-vous me rappeler le nom de l’ancien directeur de cabinet du Président de la Région qui a un lien très proche avec une ancienne vice-Présidente de la Région ?

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  8. Anonyme Anonyme

    ou est vauzelle? quand va-t-il enfin partir? il déshonore notre région et sa fonction.

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  9. Anonyme Anonyme

    Comment peut on croire qu’une seule élue puisse faire la loi sur tout le Conseil Régional ?????

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  10. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Et VAUZELLE , Toujours aussi vierge effarouchée , et son grand ami R.BISMUTH candidat de coeur de JN.GUERINI aux municipales , va il explique ce qu’il a fait de l’argent public .
    Peut être un contrôle fiscal sur ses revenus et ses associations seraient elles bienvenues,

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  11. cani cani

    les dossiers signalés par ses soins!!
    comment ne pouvait elle pas les connaitre ?

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