Le Vélodrome sera rénové, c'est sûr, mais pour combien, mystère

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le 27 Sep 2010
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On prend les même et on recommence. Ce matin, les débats sur la couverture et la rénovation du stade Vélodrome avaient un curieux air de famille avec le conseil municipal extraordinaire du 12 juillet (la dernière fois, il s’agissait d’acter la sélection du groupement emmené par Bouygues ; aujourd’hui, on a signé le contrat).

Comme il y a deux mois et demi, le groupe communiste a soulevé les problèmes de stationnement, de transports en commun, d’écoles et de crèches qu’allaient poser l’augmentation de la capacité du Vél’ et les 100 000 m2 de projet urbain (logements, centre commercial, complexe hôtelier). S’il reconnaît quelques avancées depuis, le compte n’y est selon lui toujours pas. Suite à l’avis négatif du commissaire enquêteur sur la modification du plan local d’urbanisme nécessaire, le maire Jean-Claude Gaudin a lâché du lest en demandant une nouvelle enquête publique.

x = 132,5 + (23,5 x 31)

Comme en juillet on a également vu le PS voter avec la majorité de Jean-Claude Gaudin (UMP), après avoir tiré à boulets roses sur les incertitudes du projet. Pour résumer, dans l’idée de la Ville, sur 267 millions d’euros, 132,5 millions seront payés cash à Bouygues. 30,3 millions seront tirés des recettes de la vente des terrains du programme urbain (des bijoux de famille en plein quartier du Prado cédés à prix d’ami diront les mauvaises langues). Restent donc un peu plus de 100 millions, que Bouygues va gentiment avancer.

A cela il faut ajouter l’entretien et la remise aux normes du stade pendant 35 ans. Soit au final une redevance due par la Ville de 23,5 millions d’euros par an. Prière de ne pas faire la multiplication si vous êtes cardiaques. Pour se rembourser, Bouygues compte tirer 12 millions d’euros par an de l’exploitation du stade (concerts entre autres) et du naming (Betclic Vélodrome). Soit 11,5 millions restants. Et là, c’est le « flou artistique » comme le dénonce Jean-Marc Coppola (Front de Gauche).

Loue stade Vélodrome, 9 millions

Pourquoi ?  »Car les choses doivent être faites les unes après les autres. La discussion de l’été ont porté sur le partenariat public-privé (entre la Ville et Bouygues) », justifie l’adjoint aux finances Jean-Louis Tourret. Il faut donc attendre le résultats des négociations entre la Ville et l’OM, « et je rappelle que nous avons des références parce que les autres stades sont aussi loués et donc tout cela se situe dans des fourchettes bien connues », ajoute-t-il assurant que « nous sommes particulièrement sereins« . Maintenant que le conseil municipal s’est engagé avec Bouygues, c’est plutôt le président du club Jean-Claude Dassier qui doit être tranquille… « Plus le temps passe et moins nous nous trouvons en position pour négocier avec l’OM un loyer conséquent », note Sophie Goy (Modem).

Alors, une petite fourchette, quand même ? La Provence table sur 8 millions d’euros. Bigre : plus de 5 fois le montant actuel ! Patrick Mennucci la fixe à entre 4,5 et 5,5 millions « et ce n’est pas gagné« . Pour leur nouveau stade, les Girondins s’en tireront par exemple avec 3,3 millions par an.

La Région  renvoie la balle

Et encore, on vous a dit que pour la partie cash c’était « dans l’idée de la Ville ». Car en réalité l’Etat n’a pas confirmé qu’il donnerait 30 millions, comme l’espère Jean-Claude Gaudin, et le conseil régional semble moins que jamais disposé à abouler la même somme. Pendant le week-end, son président Michel Vauzelle (PS) a pris sa plume pour écrire à Jean-Claude Gaudin qu’il ne paierait que s’il a une idée de ce qu’il va lui demander dans les prochaines années (il appelle cela « un contrat de développement« ). Il demande aussi des contreparties « sur la mise en oeuvre de politiques de solidarité et de développement soutenable auxquels nous sommes attachés« , précisant que « depuis 1998, un milliard d’euros a été investi par la Région pour Marseille« .

La missive a fait bondir le maire, qui a passé ses nerfs sur Jean-Marc Coppola, par ailleurs vice-président du conseil régional, l’accusant de « démagogie« . Le milliard ? « Peut-être pensez-vous aux publicités dans un journal qui vous aide« , grince-t-il. On devine qu’il s’agit de La Marseillaise. On ne l’avait pas relevé l’autre jour, mais puisque Jean-Claude Gaudin va sur ce terrain, il faudra nous dire combien la Ville a payé pour ses 16 pages de comm’ dans La Provence la semaine dernière, dont 4 à la grandeur du stade…

Coppola, lui, renvoie la balle à l’Etat : « comment peut-on aujourd’hui demander aux collectivités locales alors qu’on les asphyxie en gelant les dotations et en les privant de toutes ressources fiscales dynamiques ! Si Nicolas Sarkozy souhaite comme il l’a dit faire de la France une nation du sport qu’il vienne relancer son ami de 20 millions d’euros supplémentaires pour le deuxième stade de France« , ironise-t-il. Mais moi je ne sacrifierai pas un lycée pour payer ce projet démesuré. »

Zeribi à l’amende

D’ailleurs Jean-Claude Gaudin avait l’air chatouilleux ce matin puisqu’il a tenté de remettre à sa place Karim Zeribi, conseiller municipal apparenté socialiste et président de la RTM, qui a fait dissidence en s’abstenant. Après lui avoir rappelé les chèques que la Ville et la communauté urbaine faisaient tous les ans pour équilibrer ses comptes. Et d’embrayer sur les maires de MPM qui donnent au pot alors qu’ils « ne sont en rien concernés par la RTM de Marseille. Quand vous êtes à Carnoux, à Carry-le-Rouet ou à Ensuès-la-Redonne vous n’êtes en rien concernés, pourtant nous faisons appel à la solidarité des communes. Alors soyez prudents dans la façon dont vous vous exprimez car l’expérience vous montrera qu’il faut avoir un peu d’humilité. » Peut-être n’a-t-on pas encore cette expérience, mais il nous semble lorsqu’ils vont au stade les habitants de MPM profitent peut-être parfois du métro et que, comme nous l’affirmait récemment encore un prédécesseur de Karim Zeribi à la RTM « tous les services de transports en commun sont subventionnés« .

De son côté, Michèle Poncet-Ramade (Europe Ecologie) a peaufiné son discours de juillet contre le « foot business ».  Elle s’insurge contre « les pelouses chauffées par mauvais temps pour ne pas annuler une compétition qui rapporte trop d’argent. C’est une aberration écologique, une dérive des esprits, alors que certaines personnes n’ont pas les moyens de se chauffer. » Dit comme ça… Le reste risque d’heurter un bon nombre de supporters, mais a le mérite de rappeler la situation : « Le monde a changé, le football est passé de l’amateurisme et de facteur d’intégration sociale, au professionnalisme et au commerce. On ne peut
pas continuer à demander au public de financer d’importants équipements pour un projet privé. Le football doit se financer sur des fonds privés comme n’importe quelle entreprise. Le foot business est déjà subventionné par l’Etat, par les collectivités territoriales depuis la loi Buffet, par des mesures dérogatoires comme la loi Lamour qui permet de financer 30% du salaire des joueurs sous forme de droits à l’image, qui sont sans charges sociales. Tout cela, c’est de l’argent public issu des impôts.
»

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Commentaires

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  1. Ozz Ozz

    Quand tout va bien, Marseille est en Provence, Marseille c’est cool y’a le Vélodrome, Marseille c’est cool ça va faire des sous avec 2013, ça profite à toute la région. Mais quand il faut Payer Marseille est toute seule dans son coin et n’intéresse personne, limite on cracherait dessus, tiens…

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