Le temps de travail des agents municipaux met une nouvelle fois la pagaille à la cantine
Après les cantines, les personnels des crèches entrent en grève à l'appel de la CGT et de Force ouvrière. Principal point de revendication, les nouveaux cycles de travail proposés au vote des élus le 20 décembre prochain. Un sujet qui met un peu plus à jour les clivages entre les différents syndicats.
L'hôtel de Ville de Marseille, sur le Vieux-Port.
Jeudi, pique-nique. Vendredi, c’est l’inconnu. Lundi, le grand trou noir. Le menu de la cantine de ces prochains jours ressemble à de l’emmental. Avec plus de trous que de fromage. En cause, des préavis de grève en cours déposés par la CGT des agents municipaux, depuis lundi “pour une durée illimitée”, précise Françoise Risterucci, élue au comité technique. Pour ce jeudi, la grève concerne “257 écoles où le service de restauration scolaire est fermé”, décompte Danièle Casanova, l’adjointe en charge des écoles à la Ville.
“104 sont ouvertes et dans 83 autres nos personnels sont présents pour permettre aux enfants de manger des pique-nique, poursuit-elle. Cela fait tout de même 187 écoles où les enfants peuvent manger”. L’adjointe n’en dira pas plus, renvoyant la position de la Ville à un communiqué, toujours pas publié en début de soirée mercredi. L’élue n’a pas oublié ses cours d’arithmétique mais, sur 445 écoles, cela fait tout de même une majorité de cantines touchées par la grève. Et, à partir de lundi, le syndicat Force ouvrière appelle à son tour à la grève, “jusqu’aux vacances scolaires”, prévient son secrétaire général Patrick Rué. “Avant les élections professionnelles, on nous reprochait de faire grève pour des raisons électorales. En poursuivant la grève, on apporte la preuve de notre détermination”.
Avis de blocage sur les crèches et les écoles
La mobilisation des agents pose, comme à chaque période de mobilisation, de vrais soucis d’organisation pour les parents. Histoire de compliquer encore la donne, à ces deux préavis s’ajoute un troisième, toujours signé FO qui concerne cette fois-ci le personnel des crèches. “Quand les filles des crèches se mettent en grève, c’est qu’elles sont vraiment au bout du rouleau”, estime le syndicaliste. La déléguée parle pour sa part “d’une grande souffrance” due notamment au manque de personnel.
L’ensemble des organisations syndicales -l’union CFTC et CFE-CGC exceptée- appelaient à une manifestation devant l’hôtel de ville, le 10 décembre, avant l’annulation du conseil municipal prévu ce jour là. Un appel qui devrait sans doute ricocher le jeudi 20, date de la nouvelle séance. L’objet partagé de leur courroux se concentre sur les quatre délibérations soumises au vote du conseil et qui portent toutes sur les nouveaux rythmes de travail des agents.
La réforme au pas de charge
Rembobinons : il y a un an tout pile, la Ville faisait voter les grands principes de sa réforme des rythmes de travail, décidée dans la hâte, avec en férule exigeante l’enquête en cours du parquet national financier (lire notre dossier). Ces nouveaux rythmes restaient dans les clous des 1567 heures annuelles que la Ville appliquait en tordant les règles applicables aux fonctionnaires municipaux. La préfecture a retoqué ces dispositions, obligeant la Ville à remettre l’ouvrage sur le métier. Le principe des 1607 heures légales a été adopté au printemps et les négociations se poursuivaient sur les cycles particuliers et les “métiers” municipaux où des dérogations à ce volume d’heures seraient possibles.
“Au final, quelques jours avant le passage en comité technique, nous avons vu arriver un bottin de plus de 400 pages avec l’ensemble des rythmes, service par service, raconte Françoise Risterucci, pour la CGT. Impossible d’analyser tout cela en si peu de jours”. Une situation critiquée par l’ensemble des syndicats, même si tous n’appellent pas à une grève reconductible. “Dans certaines directions, les négociations se sont bien passées et nous avons pu obtenir des avancées, estime Pascale Longhi, secrétaire générale de la CFE-CGC. Mais dans d’autres services, il n’y a eu aucune négociation. C’est le cas des bureaux municipaux de proximité qui démarrent l’année 2019 avec 1607 heures annuelles et une journée à horaires variables qui n’est pas adaptée aux services en relation avec le public“.
La police, seule dérogation
Cette question des dérogations est le principal point d’achoppement des discussions sur le temps de travail des agents. Dès le début de l’année, Patrick Rué demandait à ce que les horaires variables, la pénibilité, le travail les dimanches et jours fériés donnent lieu à des dérogations. Or, jeudi 20 décembre, la Ville ne fera d’exception que pour la seule police municipale. “Si on pense que travailler dans les écoles, ce n’est pas pénible alors, je ne sais pas ce que c’est que la pénibilité, formule Patrick Rué. On nous oblige à négocier en six mois ce que les autres villes mettent deux ans à mettre en place”.
Il a lui-même listé de nombreux services qu’il estime pouvoir entrer dans la définition des métiers à dérogation : “comme les parcs et jardins, les sports, l’opéra…” Or, la Ville a très tôt fait savoir qu’il n’y aurait que peu de possibilités de négociations, notamment via un courrier du maire, siglé confidentiel mais qui a largement fuité au printemps (lire notre article). Une feuille de route que l’administration a suivi à la lettre.
Dans le même courrier, le maire annonçait vouloir recourir aux services “d’un conseiller juridique” pour déterminer quelles étaient les fonctions qui pouvaient donner lieu à une dérogation sur le temps de travail. “Personne n’a plus jamais entendu parler de ce cabinet conseil”, constate Pascale Longhi. Sans appeler à la grève, la représentante syndicale demande un audit des écoles et espère que la négociation sur les rythmes particuliers pourra se poursuivre en 2019, même une fois les rapports adoptés.
“Je crois qu’il faut un temps de travail allégé pour tous les services qui travaillent avec de l’humain, estime Françoise Risterucci pour la CGT. On sait que dans les écoles, il y a un absentéisme important. Il faudrait comprendre pourquoi au lieu de stigmatiser les agents”.
Dans les crèches, la revendication porte essentiellement sur une semaine de fermeture en février que l’administration souhaite supprimer. “Cela désorganise complètement les crèches et oblige les agents à étaler leur absence sur plusieurs semaines”, estime Patrick Rué. “Au contraire, je trouve que cela va dans le sens du service public en assurant un service continu adapté au rythme des parents”, rétorque Pascale Longhi pour la CFE-CGC, soulignant le clivage entre les deux organisations.
Nouveau clivage syndical
Le temps de travail est une des lignes de fracture qui a bouleversé le paysage syndical des territoriaux. L’effritement conséquent de l’ancien syndicat majoritaire aux élections du 6 décembre dernier est principalement dû à la montée en puissance de l’alliance CFE-CGC. “C’est justement le syndicalisme qu’on nous reprochait, pointe Patrick Rué. D’être une passerelle avec l’administration. Avant on négociait pour obtenir des choses. Aujourd’hui, on se bat pour perdre le moins possible”. Alors qu’il a longtemps bataillé avec la SDU 13-FSU, aujourd’hui en retrait à la Ville, le leader FO se bat désormais avec un syndicat qui a fait des négociations son terrain d’action.
Ainsi CFE-CGC et CFTC ont gagné un siège au comité technique, et saluent les avancées obtenues sur la monétisation du compte épargne temps, son lien avec le compte épargne retraite ou les horaires modulables en journée. “Nous avons une relation de respect, de co-construction mais pas d’arrangement, rétorque Pascale Longhi, qui a longtemps milité au sein de Force ouvrière. C’est peut-être ça que les agents ont salué en votant pour nous.” Désormais c’est FO qui reproche aux autres syndicats d’être la cheville ouvrière de l’administration.
Commentaires
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Comme le dirait Pierre Albaladejo: ” les mouches sont en train de changer d’âne…”
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Les revendications concernant les cantines sont nombreuses, notamment sur le taux d’encadrement catastrophique des enfants.
L’article n’en fait pas mention.
Les commentaires sur la page facebook de Marsactu, de la part de gens n’ayant probablement lu que le titre et le chapeau, sont haineux.
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Tout à fait d’accord.
Voici un email que j’ai reçu :
“Vous êtes nombreux à être inquiets du mouvement de grève des ATSEM débuté cette semaine et annoncé pour durer jusqu’aux vacances de Noël .
La principale revendication des personnels ATSEM est le manque d’effectif. Il est bon de rappeler que Marseille possède le taux d’encadrement sur le temps de cantine le plus bas de France avec 1 ATSEM pour 25 en maternelle et 1 pour 50 en primaire. Cette insuffisance est de plus aggravée par les absences non-remplacées. Voici les infos que nous avons :
Les quotas de surveillance cantine ( 1 surveillante pour 25 en maternelle et 1 surveillante pour 50 en élémentaire ) ne sont plus respectés,ils explosent. Par exemple : En maternelle : 88 enfants pour 3 surveillantes voire 2 surveillantes pour 98 enfants ou pire 1 surveillante pour 63 enfants.
En élémentaire : 180 enfants pour 3 surveillantes .
Sur certaines écoles : les enfants ne sortent plus qu’un jour sur deux en recréation inter cantine par manque personnel de surveillance.”
Ce qui me désole le plus c’est que les parents ne s’indignent que lorsque leur train-train quotidien est perturbé en se trompant d’adversaire. Ils ne semblent concernés ni par les conditions d’accueil déplorables de leurs enfants ni par la qualité médiocre des repas qui leur sont servis.
N’hésitez pas à aller pique niquer à la mairie centrale le mardi 18 décembre à 12h pour montrer votre mécontentement et exiger des conditions d’accueil décentes pour nos enfants.
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D’ailleurs Marsactu, un petit dossier comparatif des taux d’encadrement (les vrais, pas les officiels) entre différentes communes et Marseille serait assez instructif…
Quelques pistes : Lyon, Toulouse…
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Bonjour,
Également très intéressée pour avoir des données factuelles concernant la pause méridienne dans les écoles publiques à Marseille et ailleurs. A l’école élémentaire de Sainte-Anne, nous sommes effectivement à ce taux incroyable de 60 enfants par surveillante.
Rdv demain midi devant la Mairie
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Les agents municipaux sont peut-être en train d’ouvrir les yeux: FO n’est pas la solution mais une partie du problème.
Pendant toutes ces années de co-gestion FO, les conditions de travail se sont dégradées avec un sous-encadrement explosif dans les cantines et un manque de personnel dans les crèches. Pendant ce temps, FO se félicitait d’avoir obtenu le maintien des 1567h et une augmentation du montant des tickets resto.
La priorité des syndicats doit être d’obtenir des conditions de travail dignes pour les agents municipaux et un service correct pour la population.
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Je subit les grèves de cantine comme tout le monde, ce qui me chagrine c’est la répétition des grèves . On ne connaît jamais le motif des grèves. Il serait intéressant qu’il y soit associé les parents via une communication maitrisée en particulier le taux d’encadrement à la cantine. Sur cet argument je suis avec les tatas car c’est la misère à Marseille…
Maintenant sur les rythmes de travail il s’agit bien d’un échec de la municipalité et de son incapacité à négocier (compétence qu’ils ont abandonné à FO depuis longtemps avec le résultat que l’on connaît à la Mairie mais également à l’hôpital). Sur les heures de travail annualisées, il y aurait beaucoup de chose à dire et surtout pas des généralités d’autant que chaque modalité d’organisation est en lien avec la qualité du service rendu. Par exemple, l’ouverture des piscine le dimanche et le soir, l’ouverture des bureaux d’accueil, l’ouverture des bibliothèques,l’ouverture du périscolaire, le nettoyage des rues…durant les périodes normale et de vacances scolaires où les besoins changent.
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Je subis également les grèves de cantine mais je les soutiens car je refuse que nos enfants soient traités de cette manière.
Le sous effectif chronique fait bien partie des revendications.
Il est très difficile de connaitre les revendications des ATSEM car la mairie leur met la pression pour qu’elles la bouclent.
Mais il suffit de discuter avec elles et d’établir une relation de confiance pour connaitre leurs conditions de travail.
Le taux d’encadrement de 1 pour 25 en maternelle, déjà scandaleux, n’est pas respecté et s’aggrave lorsque les absences ne sont pas remplacées. La semaine dernière, une cantinière s’est retrouvées seule au lieu de 3 agents pour réceptionner et réchauffer (beurk) les repas de 300 enfants. On peut comprendre leur ras le bol. Même les absences prévues pour décharge syndicale ne sont pas remplacées. (l’enseignant se retrouve donc seul pour 31 enfants de 3 ans) Elles doivent également faire le ménage, ce qui réduit d’autant leur présence en classe. 2 services dans une cantine trop petite et mal insonorisée: faites avaler en vitesse une bouillie infâme à des enfants pour laisser la place aux suivants, le dos courbé pour s’adapter à la taille du mobilier… J’aurais du mal à les critiquer bien installer devant mon écran en cliquant sur ma souris.
On nous dit qu’il est compliqué de construire des écoles, manque de place… Mais je vois pousser des programmes immobiliers neufs à tous les coins de rues. Pourquoi la mairie ne préempte-t-elle pas au lieu de filer les terrains aux copains ?
Résultat : 31 élèves par classe en maternelle et 26 en CP.
Pour les bibliothèques, vous voyez bien (sur ce site) que des bibliothèques ferment par manque de personnel et que si par miracle on en ouvre une, on ferme celle d’à coté.
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Pascal soutient le mouvement dans son message.
Sur l’absence de com’ des agents, ce sont des agents techniques, pas des syndicalistes ou des personnes habituées à convaincre les foules…
Parait-il que le syndicat leur dit de ne pas communiquer directement aux parents.
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marseille craque de partout c’est une bonne chose, il est temps de virer tous ces guignoles
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va falloir penser aussi à virer FO ce syndicat maison qui maintenant quitte le navire qui sombre comme a dit gaudin
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