Le savon de Marseille fait de la mousse au gouvernement

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le 26 Fév 2013
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Le savon de Marseille fait de la mousse au gouvernement
Le savon de Marseille fait de la mousse au gouvernement

Le savon de Marseille fait de la mousse au gouvernement

"Il serait impensable d'élever du boeuf de Kobe à Marseille alors pourquoi accepterait-on que du savon de Marseille soit fabriqué en Chine ?", lance Adrien Sergent, à l'origine d'une pétition, plus silencieuse que celle portant sur le concert de David Guetta. Avec près de 11 000 signataires sur le site change.org, l'appel lancé il y a deux mois a reçu des messages de soutien de dizaines de politiques de tous bords. Même le FN a essayé de récupérer la cause avec la visite en février de Marine Le Pen. "Sauvons le savon de Marseille !", comme un cri d'alarme citoyen venant s'ajouter à celui des professionnels à l'image de Bernard Demeure, PDG de la Compagnie des détergents et du savon de Marseille, à laquelle est rattachée la savonnerie du Fer à Cheval. En décembre dernier, celui-ci se disait relativement pessimiste sur l'avenir du savon de Marseille, dont le nom est tombé dans le domaine public et est utilisé pour des produits très éloignés de la recette ancestrale.

C'est loin d'être le seul produit traditionnel dans cette situation. Les couteaux Laguiole, les porcelaines de Limoges, les dentelles de Calais sont eux aussi victimes de contre-façons et de concurrence déloyale. La ministre de l'Artisanat, Sylvia Pinel, s'est saisi du dossier et propose d'étendre les identifications géographiques protégées aux produits manufacturés. Au total, près de 80 produits régionaux seraient concernés par le projet de loi de la ministre. Un petit logo, lourd de sens pour les concernés. La mesure devrait se matérialiser par un dispositif législatif dans le cadre du projet de loi en lien avec Benoît Hamon, ministre délégué chargé de la consommation. Dead line : fin de l'été 2013.

Le dormeur du Val

Jeudi dernier, c'est la présidente de l'Union des professionnels du savon de Marseille, Julie Bousquet-Fabre, qui représentait le savoir-faire local ​à Bercy. On comprend bien les raisons qui poussent Julie Bousquet-Fabre à considérer l'intérêt gouvernemental comme un "signe très encourageant". Elle justifie sa position : "Ce qui nous intéresse c'est que le savon de Marseille soit enfin reconnu en tant que tel". Pour le Ministère de l'Artisanat, "l'objectif est de protéger au maximum le produit, en réponse à une réelle demande des professionnels". Bien évidemment, la survie des PME du savon de Marseille n'est pas négligeable mais le sauvetage de "l'authentique savon" paraît bien tardif.

En 2011 déjà, la député UMP Valérie Boyer avait interpellé le ministère de l'Economie sur "l'absence de transparence entourant la définition du savon de Marseille", parlant d'une "concurrence déloyale et d'une tromperie à l'égard des consommateurs". En cause : l'utilisation notamment d'huiles d'origine animale. L'élue rappelait alors notamment l'Edit de Colbert de 1688 qui définissait les conditions de fabrication du savon de Provence ainsi qu'un décret de Napoléon Bonaparte de 1812. Rien que ça. La réponse du gouvernement était alors sans appel :

A ce jour, la dénomination "savon de Marseille" n'est protégée par aucun des dispositifs permettant la protection d'une appellation d'origine ou d'une indication géographique.

Seule l'Association française des industries de la détergence, de l'entretien et des produits d'hygiène industrielle se contentait de donner une définition vague de ce que devait être le savon de Marseille : à base d'huile d'origine végétale, sans colorant ni conservateur. Rien de contraignant en somme.  

De l'industrie à l'artisanat

Si le combat pour sauver le savon de Marseille jouit d'une écho médiatique important, surfant sur la vague de la défense du "made in France", la spécialité marseillaise est morte et enterrée depuis un demi-siècle. Alors que la ville comptait pas moins de 1000 marques de savon en 1940, il en reste aujourd'hui… 4. Cette activité qui employait près de 30% de la population active au début du siècle n'est plus qu'un folklore, qui peine à survivre alors que les boutiques de souvenirs sont pleines de savons "made in China".

Sans parler des multinationales comme Henkel et son "Savon le Chat" -lui aussi né à Marseille- qui utilise le nom de la ville pour des produits fabriqus dans des usines lointaines avec des recettes des plus chimiques. Et il paraît bien improbable que les pouvoirs publics leur interdisent d'utiliser à l'avenir la dénomination "savon de Marseille". Le gouvernement, fort de ses bonnes intentions, semble proposer un cache-misère avec un petit logo qui ne fera qu'indiquer au consommateur les savons produits dans la région de manière traditionnelle.

L'union des professionnels du savon de Marseille a pourtant déposé une marque collective en 2012 mais le ver était déjà dans la pomme. Du côté du Ministère, le souhait de protéger l'appellation est réel mais l'espoir ténu : "la question de la notoriété se pose pour certains produits régionaux comme les couteaux laguiole ou le savon de Marseille. Elle reste pour le moment en suspens mais nous espérons la régler dès que possible". Une idée pour le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg : poser devant les photographes en train de laver sa marinière au savon de Marseille.

 

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    C’est trop tard, le mal est fait.Ilsq’agit d’un effet d’annonce, pas plus…
    Le seul pouvoir aujourd’hui, c’est celui du consommateur : stop à l’achat de Lechat et autres” faux marseillais” vendus à un prix exhorbitant comparé au vrai savon de Marseille de fabrication artisanale .(impossible à citer ici je pense, mais courant si on se renseigne )
    En plus les faux contiennent des tas d’additifs dangereux pour la peau, y compris dans les produits pour bébés .

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  2. Aeriklebelge Aeriklebelge

    je n utilise que le savon de Marseille , mais ou acheter du vrai savon de Marseille par internet? qui peut me donner la vraie adresse?
    comment faire confiance? merci

    Signaler

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