Le navigateur Marc Thiercelin parle de sa passion et de Marseille, au milieu de l'atlantique
Le navigateur Marc Thiercelin parle de sa passion et de Marseille, au milieu de l'atlantique
C’est donc en pleine mer, que nous avons réussi à joindre le célèbre skipper, Marc Thiercelin, par téléphone, afin de lui poser quelques questions. Le marin, qui est parti hier de New York, tente de rallier le Cap Lizard, au sud de l’Angleterre, en solitaire et sur le monocoque 60 pieds, DCNS 1000 . Cette course à travers l’Atlantique, longue de 2925 milles nautiques, est l’occasion pour lui d’établir le premier temps de référence de la traversée de l’océan, en solitaire, avec un bateau de cette catégorie. De plus, la course s’inscrit dans le cadre du programme Les Filières du Talent DCNS, qu’il défend et qui lui a permis de former un jeune marseillais, Christopher Pratt, à devenir un skipper de haut niveau. Le marin s’est donc exprimé sur tout ceci, ainsi que sur la ville de Marseille…
La course et lui
Marsactu : Comment est la mer depuis votre départ ?
Marc Thiercelin : « Je n’ai pas eu un vent très fort pour le moment… J’en ai eu un peu hier après midi. Heureusement, parce que, depuis le départ de New York, je n’ai pas un vent de folie. C’est dommage pour engranger de l’avance…Par contre, entre cette nuit et demain matin, j’ai une tempête qui me rattrape ! Elle risque d’être assez dure, mais elle devrait me permettre de bien avancer. »
Marsactu : Des difficultés depuis le départ, hormis le vent ?
Marc Thiercelin : « Oui, j’ai eu un problème hier. J’étais sous pilote automatique et il a déconnecté un moment, enfin je ne sais pas trop ce qu’il a fabriqué, mais il a foutu le bateau à plat, en travers quoi ! Il s’est retourné et s’est couché sur l’eau. Du coup, ça a fait chavirer la grand-voile, un gros merdier en somme ! Avec ce coup de vent qui approche, j’espère ne pas avoir de difficultés. Enfin, avec mon expérience et la fiabilité du bateau, ça devrait aller. J’espère que j’arriverai à bien passer ça. »
Marsactu : Pas de bobos pour vous ?
Marc Thiercelin : « Non, non, ça va de ce côté-là. J’ai une grosse expérience, donc j’ai l’habitude (de ce genre d’incident). »
Marsactu : Quand on se lance dans une telle traversée, quelle est la plus grande peur ?
Marc Thiercelin : « Oui, on a des appréhensions, comme de casser le matériel ou de ne pas réussir, ça c’est la première des peurs ! Physiquement, après…c’est vrai que moi j’ai 5 tours du monde à mon actif, des transats… Bon je ne veux pas dire que je suis habitué, bien que ça soit le cas, mais je ne prends pas ça à la légère, parce qu’il y a 6000 kms à faire. Ma plus grosse peur est d’échouer. Hier, par exemple, suite au petit incident que j’ai eu, j’étais inquiet. Je me disais : si le pilote fait des écarts pareils, ça ne va pas être simple… »
Marscatu : Une prévision sur votre chrono’ ?
Marc Thiercelin : « Personnellement, j’aimerais bien rentrer aux alentours des 9 jours. Arriver mardi et mercredi prochain, par exemple. J’espère… »
Les Filières du Talent
Marscatu : Cette traversée est une illustration de votre engagement auprès du programme les Filières du Talent DCNS, puisqu’il y a une très grande collaboration avec un skipper que vous avez formé pendant 1 an et demi, le Marseillais Christopher Pratt. C’est lui qui a amené le bateau jusqu’à New York et maintenant, il vous suit à terre. Considérez-vous que vous faîtes la traversée à deux ?
Marc Thiercelin : « Lui, n’avait traversé l’Atlantique qu’une seule fois, sur un Figaro, un bateau plus petit, et à deux. Là, il l’a fait pour la première fois en solitaire, sur ce grand bateau. Le deal c’était : tu fais l’aller et on pourra vérifier, du coup, tes acquis et le retour je le fais, mais pour effectuer un record. Pendant ce temps là, l’idée c’était de le faire travailler sur la météo, à terre, ce qu’il fait donc actuellement. Ca lui permet de travailler la météo et ce n’est pas plus mal, au vu des courses prochaines. Pour moi, ça me permet de ne pas faire toutes ces recherches météorologiques. En course, on est habitué à le faire tout seul, là, pour une fois, j’ai quelqu’un qui fait le boulot à terre. »
Marsactu : Comment s’est passée la formation avec lui ?
Marc Thiercelin : « Je l’ai à mes côtés depuis début 2009. Il était déjà skipper avant de me connaître, mais il était jeune. Il devait mieux apprendre le maniement de gros bateaux et la course au large. Ce n’est pas pareil que les petites courses qu’il avait pu faire avant. »
Marsactu : Grâce à cela, il s’alignera pour la prochaine Route du Rhum !
Marc Thiercelin : « Oui, c’était un peu l’objectif du projet, parce que je suis encore un coureur de haut niveau. Je l’ai donc préparé pour cette course, qui débutera fin octobre 2010. Ce sera la fin des trois années de partenariat avec les Filières du Talent. On aura donc permis à un jeune d’accéder à une des plus grandes courses de voile qui existe. »
Marsactu : C’est une fierté pour vous ?
Marc Thiercelin : « Oui, oui, bien sur. C’est spécial, au début, je me disais : c’est un peu particulier. Puis, au fur et à mesure, j’y ai pris goût, je me suis attaché à mon rôle. De toute façon, j’ai toujours voulu mettre le pied à l’étrier aux jeunes. J’ai travaillé dans les entreprises, etc. Donc ça s’est fait naturellement. »
Marsactu : Pensez-vous recommencer cette opération avec un autre jeune skipper ?
Marc Thiercelin : « C’est un peu trop tôt pour le dire, mais on va voir si on peut donner une suite à ce projet là, pour 2011/2013. je ne sais pas si ça aboutira, mais on aura la réponse dans un mois, un mois et demi. J’ai un autre projet qui verra peut-être le jour, qui sera, lui aussi, très novateur. »
Marseille
Marsactu : Pourquoi êtes-vous venu à Marseille ?
Marc Thiercelin : « J’y ai vécu quand j’étais enfant et mon père est mort à Marseille, en 1970. Après, j’y suis revenu, périodiquement. Puis en 2006, un changement dans ma vie privée a fait que je me suis dirigé vers le sud. J’ai habité La Ciotat, au début. Ensuite, j’ai cherché une maison à Marseille. C’est une ville que j’aime bien, j’aurais beaucoup à en dire, d’ailleurs. Dans les années 80, j’ai vécu deux ans à Rio de Janeiro, au Brésil, et pour moi, Marseille est une ville assez semblable à cette grande ville brésilienne. Outre le foot, il y a le soleil, les plages, la mixité des gens, qui arrivent à cohabiter ensemble. Il n’y a pas les problèmes que l’on a à Paris. C’est une ville très particulière, que j’aime bien. Elle a l’avantage d’être grande et proche de la mer, donc c’est idéal. »
Marsactu : Effectivement, pour ce qui est de la voile, Marseille, c’est pratique pour vous, ça souffle !
Marc Thiercelin : « La voile n’est pas exploitée comme il le faudrait… Il y a un gros boulot à faire. Mais moi, j’ai de l’énergie, du temps, des contacts, des envies et je vais voir comment, tout doucement,
je peux inscrire mon action et ma manière de vivre dans Marseille. Si je peux rendre service aux jeunes, à pleins de gens… C’est une de mes idées, notamment au travers de ma fondation, L’or Bleu. Je l’ai un peu mise en sommeil pour le moment, car ce n’est pas simple de faire tout en même temps, mais je vais essayer de bien la mettre en valeur, cette année, ici à Marseille. »
Marsactu : Justement, à propos de Marseille et de la voile, que pensez-vous de The Race, qui pourrait repartir bientôt de la Cité Phocéenne ?
Marc Thiercelin : « Je pense que ça serait une bonne chose, évidemment. Même si ça n’attire pas énormément les Marseillais, ils savent que la mer est ici, à côté d’eux. Mais la voile ne représente pas plus que ça à leurs yeux. Ce sont des évènements de ce genre qui permettront à la voile et à la compétition d’exister ici. Il ne faut pas seulement que ça soit un évènement médiatique. Il faudrait que cela permette à ce sport de s’inscrire dans la durée. Il faudrait un peu plus de moyens, je pense… »
Marsactu : Marseille ne fait pas assez de choses pour la voile selon vous ?
Marc Thiercelin : « C’est quand même la deuxième ville de France ! Je ne veux pas trop polémiquer, mais moi, par exemple, je pourrais être un élément fédérateur ! Je ne veux pas faire le râleur, ce n’est pas du tout ça, c’est juste un constat. J’ai néanmoins de l’espoir, les choses peuvent changer. Toutefois, il faudra bien, qu’un jour, les grandes entreprises rencontrent la mer à Marseille…Pas qu’en terme de compétition, d’ailleurs. Je parle aussi d’emplois et d’avenir. La mer est encore abordée comme quelque chose d’abstrait. »
Marsactu : C’est vrai qu’il est difficile pour la voile de se faire une place à côté du foot…
Marc Thiercelin : « Ouais…J’ai rencontré Jonah Lomu, qui joue pour Marseille Vitrolles en Fédérale 1. Ce type est quand même une légende du rugby et on n’en parle pas assez… Marseille est une grande ville et pourrait avoir d’autres grandes équipes : en rugby ou en handball, par exemple, je ne parle pas que de voile. Marseille devrait s’ouvrir sur plusieurs sports… »
Problèmes de réseau…Marsactu : Vous m’entendez ?
Marc Thiercelin : « Ouais, ouais, j’ai le bateau qui change un peu de direction là… »
Marsactu : Ah…priorité à votre sécurité alors !
Marc Thiercelin : « Ouais, le truc d’hier ça m’a suffit ! Je disais donc que cette ville pourrait s’occuper d’autres sports que le foot. Il y a plus d’un million d’habitants, c’est un peu dommage… Il faut de temps en temps le dire, pour que, doucement, cela arrive aux oreilles des intéressés et que, les gens qui ont des initiatives, soient écoutés…Je vais lancer ma fondation, l’Or Bleu, à partir de Marseille, d’ailleurs, ainsi que mon site. C’est une fondation qui sera sur la France entière et l’idée, c’est de dire que la mer peut fournir de multiples métiers. On va référencer, d’un côté, tout ce que les entreprises offrent et, d’autre part, aller vers les jeunes et les orienter vers des enseignements. C’est aussi mettre en relation le monde de l’éducation avec celui de l’entreprise, dans le domaine maritime. »
> le site officiel de Marc Thiercelin
> le site des Filières du Talent DCNS
Commentaires
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Bonjours MARC!
j’aurai aimer si toute fois vous n’aviez jamais entendu dans vos relation ,vu que vous est un grand et ancien navigateur .un certain aubain paul qui en 1976 arrèter son entreprise de fabrication de bateaux à voile ils avait tous la marque de l’alcool( comme porto ) ils étais magnifique pour cause j’ai travaillé pour lui c’était une petite entreprise sur saffré en loire -atlantique ,alors est- ce que vous avez entendu parler de lui il vie biensur toujours et nous somme devenu des amies avec les années donc comme j’y pense je ne les pas revu depuis très long temps merci de bien me mètre au nouvelle bien cordialement j claude.
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