Le logement enflamme le conseil municipal

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le 22 Juin 2010
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Le logement enflamme le conseil municipal
Le logement enflamme le conseil municipal

Le logement enflamme le conseil municipal

PRI. Trois lettres qui ont fait causer au conseil municipal de Marseille, où l’on arrivait à l’heure du bilan de ces périmètres de restauration immobilière. Noailles, Belsunce, Panier : les plus emblématiques des quartiers dégradés du centre-ville sont passés par cet instrument lancé en 1993 et repris par Jean-Claude Gaudin après son élection en 1995.

Faire revenir les riches

Avec une accusation, symbolisée par cette célèbre phrase lâchée par le maire à La Tribune en 2001 : « le Marseille populaire, ce n’est pas le Marseille maghrébin, ce n’est pas le Marseille comorien. Le centre a été envahi par la population étrangère, les Marseillais sont partis. Moi, je rénove, je lutte contre les marchands de sommeil et je fais revenir des habitants qui payent des impôts. »

Alors, une politique de déménagement des populations pauvres ? Comme pour les crèches ou les cantines, la majorité municipale avance chiffres à l’appui : 80% des logements réhabilités ou en cours de réhabilitation ; 531 relogements assurés par la Ville, dont 76% dans le quartier d’origine ; 57 millions d’euros d’argent public investis pour 260 millions d’euros de fonds privés. Conclusion : « machine à déménager la population non. Machine à attirer les nouveaux habitants oui. La morale de cette mission d’information et d’évaluation sur les PRI, c’est celle de l’arroseur arrosé et aujourd’hui, c’est M. Mennucci qui est tout mouillé« , s’amuse son président Yves Moraine au terme d’une longue démonstration.

Lourdes conséquences

Réponse de l’intéressé, non moins longue : en enlevant les logements en cours d’instruction, on tombe à 60% des travaux prévus réalisés en 15 ans. « Cette évaluation reste toutefois purement quantitative et comptable (…) La qualité de la gestion urbaine, ne se résume pas aux millions dépensés par les uns ou par les autres. En tant qu’élus, c’est avant tout à ses effets sur le bâti existant, sur la qualité de vie et sur la sociologie du quartier que nous devons nous intéresser« . Avec un petit retour par les chiffres, il dénonce les « lourdes conséquences pour un certain nombre de propriétaires occupants disposant de revenus trop modestes pour effectuer les travaux que la procédure leur imposait » : leur pourcentage est passé de 36 à 27%.

Entre succès flamboyant et échec total, ou se situe-t-on ? Mediapart fait une tentative de réponse dans une enquête en 5 pages, plusieurs diaporamas et deux volets complémentaires. Mais, comme un petit dessin vaut parfois aussi bien qu’un long discours, on se contentera d’un exemple soulevé par l’opposition pendant le conseil municipal.

PRI : Pointe-Rouge Immobilier

Nous sommes dans le 8e, à la Pointe Rouge. Rien à voir avec les façades rénovées ou en décrépitude de la rue Thubaneau ou d’Aubagne. La Ville de Marseille y dispose d’un terrain de 4400 m2. Le rapport 76 soumis au vote lundi – et approuvé cela va sans dire – prévoit sa vente à la SARL SIBG pour un peu plus d’1 million d’euros. Il explique que cette société prévoit « la réalisation de 34 logements à prix libre, et un local d’activité en rez-de-chaussée disposant d’un jardin privatif, destiné à accueillir une structure pour la petite enfance. Cette opération répond à l’engagement pris par la Ville de Marseille en faveur du logement et de l’accueil des jeunes enfants » (les parents marseillais inquiets pour la garde de leurs minots peuvent donc être rassurés…).

Où est le problème ? Le 8e arrondissement comptant moins de 7% de logements sociaux, « dans toutes les métropoles de France, la mairie imposerait un quota de 20%« , remarque la conseillère municipale PS Nathalie Pigamo. « Il semble que l’on exige de ce promoteur qu’il construise les murs d’une crèche ce qui donne l’impression d’une contrepartie intéressante pour notre collectivité. Mais si l’on lit l’ensemble du dossier, l’on s’aperçoit que ce local sera en fait revendu « brut de décoffrage » au futur gestionnaire de l’équipement à 2150 euros le m2, ce qui n’est pas à proprement parler un cadeau… » Sommes nous si loin des PRI et de ses investissements défiscalisés ?

Un lien L’intégralité des débats sur le PRI en vidéo

Un lien Le point de Rue89 sur la rénovation urbaine à Marseille en 2008

Un lien La réhabilitation à Noailles vue par ses habitants

Un lien Le site de l’association Un centre ville pour tous

Belsunce
1 Rue Thubaneau, 13001 Marseille, France

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