Le département s’est assis sur ses propres règles pour financer le Rocher Mistral

Le château de La Barben a été racheté en 2019 pour devenir un parc à thème. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)

C’est un soutien qui a interpellé le petit monde des propriétaires de monuments historiques. Pour la création de son parc à thème, la SAS Rocher Mistral propriétaire du château de La Barben a pu compter sur un soutien financier conséquent du département des Bouches-du-Rhône. Comme Marsactu l’avait déjà raconté, ce ne sont pas moins de 2,290 millions d’euros qui ont été versés par l’institution présidée par Martine Vassal (LR).

Le coup de pouce est conséquent et a été octroyé au titre de la rénovation d’un monument présenté comme très dégradé par Vianney d’Alençon après qu’il en soit devenu propriétaire en 2019. Ce dernier n’a pas répondu à notre appel à ce sujet. Un état du bâti que contestent vivement les anciens propriétaires qui dénoncent “une atteinte à leur honneur”. Le département a cassé sa tirelire pour soutenir le projet qui chiffre 30 millions d’euros d’investissement pour des centaines de créations d’emploi. Mais il apparaît que, tout à son enthousiasme, le département ne respecte pas ses propres règles de financement de la rénovation des monuments historiques.

Une limite de 25 à 33 % de subventions largement dépassée

Selon les documents distribués par le département lui-même, le soutien à la restauration d’un monument historique est limité à 25 %. Il peut atteindre 33 % dans le cadre de travaux d’urgence comme l’atteste la documentation à destination des associations qui prévaut aussi pour les autres propriétaires privés. Ces taux sont confirmés en interne au département et pourtant : le projet de rénovation du château de La Barben a bénéficié d’un coup de main plus conséquent, à hauteur de 40 % du montant global.

Extrait du guide des aides aux associations du département. (Capture Marsactu)

Contacté à propos de ce coup de pouce inhabituel, le département n’a pas souhaité se justifier sur ces taux divergents. Il n’a pas démenti les éléments avancés par Marsactu mais indique que “la seule règle qui prévaut est le non-dépassement de 80 % de subventions publiques, État et collectivités confondues. Avec les aides de l’État et de la région, cette règle est respectée pour le projet Rocher Mistral”.

Si la collectivité met en avant l’intérêt patrimonial du lieu, elle développe dans sa réponse un autre aspect du projet : “Le sauvetage de ce lieu patrimonial de grande qualité va à terme lui redonner une place centrale dans le tourisme régional et même national. En plus de cette restauration, le projet Rocher Mistral a vocation à accueillir des visiteurs de tous âges et met en avant de nombreux atouts du territoire : son Histoire, la culture et les traditions provençales, l’artisanat, l’agriculture. Le projet revêt également un caractère important sur le plan économique, car il va créer près de 200 emplois locaux directs.” Depuis quelques années, la compétence économique ne rentre pourtant plus dans les compétences dévolues au département au titre de la lutte contre le mille-feuille territorial. En remontant les délibérations votées au cours des cinq dernières années, Marsactu n’a pas retrouvé trace  d’un projet de restauration privé qui ait pu bénéficier d’un tel taux de subvention.