Le chardonneret élégant, ce bel oiseau chanteur au cœur d’un trafic international

Échappée
le 27 Juil 2019
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Il cumule deux qualités qui le mènent à sa perte : sa beauté et son chant. Du haut de ses 14 centimètres le chardonneret élégant est un oiseau convoité qui déchaîne les passions, suscite le braconnage et alimente les trafics. Il est victime d'un commerce illégal en Afrique du Nord, en Belgique, dont Marseille est le cœur.

2. Le chardonneret aurait inspiré plus de 400 peintures. Copyright JB.Mouttet
2. Le chardonneret aurait inspiré plus de 400 peintures. Copyright JB.Mouttet

2. Le chardonneret aurait inspiré plus de 400 peintures. Copyright JB.Mouttet

Des cris lancent des prix, des chuchotements négocient, des éclats de voix annoncent des retrouvailles entre amis, une plainte déclenche une dispute… Dans le brouhaha du marché aux puces de Marseille, ce dimanche 30 juin au matin, un chant mélodieux perce et tente de faire sa place. Ce gazouillis aigu, varié, qui jongle entre les partitions, est reconnaissable entre cent : c’est le chant du chardonneret élégant. Ce passereau, à la différence de nombreux autres oiseaux, cumule, pour son malheur, les armes de séduction. Avec son masque noir et rouge sang, sa queue tachetée de blanc, il porte aussi fièrement son nom.

L’espèce est protégée à l’état sauvage. Seuls les éleveurs en possession d’un certificat de capacité et d’une autorisation préfectorale peuvent vendre, acheter, échanger entre eux certaines variétés de chardonnerets non domestiques. Ces vendeurs du marché aux puces, assis sur leurs chaises de jardin et qui exposent quelques petites cages où sont détenus une dizaine de chardonnerets, font, eux, peu de cas de la législation. La capture, la détention et/ou la commercialisation illégale de chardonnerets sont passibles de deux années d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amendes.

30% braconnés sur place, 70% importés

Ces chardonnerets-là, malingres et quasiment silencieux, sont vendus 70 euros. Cet autre, qui a le privilège d’occuper à lui seul une cage, est à 300 et le prix ne descendra pas. C’est lui qui égaye de sa petite voix l’allée principale du marché aux puces. Le vendeur assure qu’il vient du Maghreb. Un connaisseur fait la moue. Il aurait été attrapé dans la région. Le responsable de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) dans les Bouches-du-Rhône, Jean-Yves Bichaton, estime que 30 % des chardonnerets vendus illégalement viennent de braconnages locaux, les 70 % restants sont importés de l’étranger.

Sur les hauteurs d’Aix-en-Provence, au siège de l’ONCFS, le chef du service départemental ouvre une pièce fermée en clef. Sur une table, sous les néons, une vingtaine de cages vides s’accumulent et donnent une idée de l’ampleur du commerce. Un “énorme gâchis”, s’emporte Jean-Yves Bichaton. Selon lui, plus des trois-quarts des chardonnerets attrapés illégalement meurent dans les mois qui suivent. Le chardonneret élégant est un oiseau qui supporte mal la captivité et nécessite beaucoup plus de soins qu’un simple canari.

Les braconniers participent à la disparition de l’oiseau en France qui est aussi menacé par les méthodes agricoles. La disparition des chaumes, la tige des céréales qui reste sur pied après la moisson, entraîne un amenuisement de nourriture pour les granivores. La population de chardonnerets élégants a diminué de 35 % entre 2001 et 2018 selon les estimations de Vigie-Nature, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle.

Des pièges jusqu’au centre-ville

Le référent expert des douanes dans la lutte contre les trafics des espèces protégées, Fabrice Gayet atteste que, comme les autres grandes villes du pourtour méditerranéen, il existe bien “une forte demande” à Marseille pour les oiseaux chanteurs. Pour répondre à la demande, les braconniers ne courent pas nécessairement la garrigue, pour “piéger” les chardonnerets. Une zone en friche à l’abri des regards, ou même un jardin privé, suffisent.

Sans être plus précis, pour ne pas donner d’idées, Jean-Yves Bichaton raconte que son service est déjà intervenu sur un terrain vague où étaient dressés des filets en plein centre de Marseille. Autre méthode, plus discrète : le “dénichage”. Les œufs de chardonnerets sont prélevés dans les nids reposant dans les cyprès ou les pins. Après avoir été couvé par un autre oiseau, une bague sera passée au petit chardonneret pour lui donner des allures de légalité. Aux yeux de trafiquants, la vente et le braconnage de chardonnerets cochent toutes les cases du commerce illégal intéressant : l’investissement est peu important et les risques peu élevés. Il est exceptionnel de voir une personne accusée de capture ou commerce illicite prendre de la prison ferme. Et, cerise sur le gâteau : il fait miroiter des gains potentiellement importants.

“Des multi-délinquants qui recherchent un revenu d’appoint”

Les prix sont divers et dépendent de multiples facteurs : de la beauté du plumage, de son chant, s’il est “domestique”, “muté” ou même issue d’une hybridation avec un canari, le “mulet”, censé améliorer le chant. Vendus généralement aux alentours des 100 euros, la variété mutée “blanc masque orange” se négocie environ 700 euros. Certains spécimens dépassent exceptionnellement le millier d’euros… Celui qui égaye les allées du marché aux puces a pour lui ses aptitudes vocales. Il a sûrement été entraîné. Pour perfectionner les mélodies vocales de leur ténor à bec, des passionnés font écouter à leurs oiseaux des enregistrements. Parfois, c’est un autre chardonneret, le “maître chanteur”, qui s’occupe de son éducation musicale.

Les prises de la police de l’environnement dans le département des Bouches-du-Rhône. Copyright JB.Mouttet.

Ce commerce illégal au marché aux puces est connu des amateurs d’oiseaux et aussi des autorités. En novembre 2017, une opération a permis de saisir onze chardonnerets. Soixante-dix sept avait été récupérés lors d’une précédente saisie en février 2014. Le lieu qu’occupaient les trafiquants est aujourd’hui vide. Les vendeurs se sont déplacés à une dizaine de mètres de là, en amont de l’allée. Le marché aux puces n’est pas seulement un lieu de revente. Il forme aussi les petites mains qui alimenteront le trafic. Ce 17 juin, un jeune homme au t-shirt Lacoste, préparateur de commandes, est écouté par la police de l’environnement de l’ONCFS dans les bureau d’un commissariat flétri de Villeurbanne. Les policiers l’ont arrêté en janvier alors qu’il installait avec un collègue un piège dans une zone en friche de Marignane.

Pièges à glu

Il raconte que c’est aux Arnavaux qu’on lui a expliqué la méthode à suivre. Il l’a consciencieusement appliquée. Trois chardonnerets, achetés aux puces, jouaient le rôle d’appelants. Leurs chants attirent leurs congénères sauvages, qui s’approchent par curiosité. Ils se posent alors sur des bâtons enduits préalablement de glu et ne pourront, dès lors, plus s’échapper. Les vendeurs du marché étaient prêts à leur racheter 10-15 euros. À ce niveau là, le marché est peu juteux.

Comme dans tout trafic, notamment celui du cannabis ou des cigarettes, il y a les personnes qui gèrent la collecte, d’autres le transport, les petites mains qui revendent et celles qui chapeautent l’ensemble du circuit. Le marché aux puces est l’étape des petites mains, des prolos du trafic. Le jeune, assis sur son scooter et qui surveille les ventes en retrait, semble attester que le marché est l’ultime étape d’un trafic organisé. Cela n’empêche pas que des braconniers y viennent à titre individuels, en dehors d’un réseau, pour arrondir leurs fin de mois.

Les 200 oiseaux saisis du Belge

Dans ce commerce illégal, il y a aussi ceux qui contrôlent tous les maillons de la chaîne de la production à la revente. Le 29 mai, était jugée à Draguignan l’affaire de l’éleveur non capacitaire surnommé le “belge”. Ce “grossiste”, comme le qualifie le service juridique de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) PACA, élevait près de 400 oiseaux à Régusse (Var) de 12 espèces différentes dont de nombreuses protégées. La gendarmerie nationale et la police de l’environnement de l’ONCFS ont comptabilisé 199 chardonnerets (8 cadavres ont été retrouvés dans le congélateur). Près de 200 oiseaux ont été saisis. Il avait installé dans son jardin deux pièges efficaces. L’un des deux, de plus de 10 mètres, au sol, se rabattait à l’aide d’une ficelle qu’il pouvait actionner depuis sa chambre. Selon le calcul des parties civiles, représentées par la LPO et l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), le “bénéfice escompté” s’élèverait a minima à 30 000 euros pour le « belge » si les chardonnerets élégants sont vendus 150 euros. L’accusé a écopé de seulement 3000 euros d’amendes et de la confiscation des oiseaux saisis.

Le commerce du “belge”, dénote dans le sud de la France. “Un individu, qui agit seul mais qui est intégré au milieu ornithologue est une méthode qui s’observe plus dans le nord de la France ou en Belgique”, nous informe le service juridique de la LPO PACA. Le “Belge” était membre d’une association ornithologique et obtenait par ce biais des bagues qui lui permettait de blanchir ses captures. Dans le Sud, le trafic est plutôt dans les mains de “multi-délinquants” “qui recherchent un revenu d’appoint”, assure Jean-Yves Bichaton.

“Un des points de passage obligé”

Le trafic est international. Les routes de ce commerce illégale couvrent le pourtour Méditerranée et traversent l’Europe. La demande existe aussi en Belgique et dans le nord de la France. Là-bas, cette passion est née dans les mines. Certains oiseaux, et en particulier les canaris, prévenaient des coups de grisou. Au Maghreb, il est commun de posséder un oiseau, comme il est banal d’entretenir un chien ou un chat dans les pays européens. “Selon nos estimations, environ chaque famille de cette région possède une cage individuelle”, note une enquête publiée dans la revue scientifique de référence Nature.

Ces routes dessinent un carrefour : Marseille. “C’est un des points de passage obligé”, juge Fabrice Gayet des Douanes. Il explique cependant que la présence de trafiquants “spécialisés” dans le commerce de chardonnerets n’est pas pour autant établie dans la seconde ville de France. La quasi-disparition des chardonnerets sauvages en Algérie et en Tunisie alimente le braconnage dans la région, selon la LPO. La crise économique au début des années 1990, s’est accompagnée d’une amplification des captures illégales dans ces pays du Maghreb. Aujourd’hui, ces deux pays importent des chardonnerets depuis le Maroc. Selon Fabrice Gayet, les flux ne vont d’ailleurs plus seulement de l’Afrique du Nord vers l’Europe. La France et d’autres pays européens, exportent aussi.

La cheffe de brigade de la police de l’environnement Émilie Desmarest visite un capacitaire qui conserve des chardonnerets saisis par la police. Copyright JB Mouttet

Dans ce trafic, Marseille cumule les points d’entrées et de sorties : la route, l’aéroport, le port. “Par principe, les voies maritimes sont privilégiées car il y a moins de risque d’être découverts. Les oiseaux sont cachés dans les véhicules qui prennent le ferry”, raconte l’expert des douanes dans la lutte contre les trafics des espèces protégées. Le plus souvent de petites cages sont placées dans des cartons troués. Dans l’obscurité l’oiseau se calme, ne chante pas et ne se fait ainsi pas remarquer. De l’aveu même de l’expert, il est ainsi difficile pour les douaniers de contrôler la présence de chardonnerets dans tous les véhicules qui débarquent d’un ferry. La police de l’environnement de l’ONCFS et ses 13 inspecteurs au niveau du département ont peu de moyens. Au marché aux puces, l’illégalité du commerce ne semble pas préoccuper les curieux qui écoutent la mélodie du chardonnerets. Tout juste, ces passants assurent-ils qu’ils sont “des passionnés”, ici, “juste pour regarder les oiseaux”. La discussion roule plus facilement sur la canicule. Rien à faire. Ils ont beau prendre soin de les approvisionner en eaux, aérer les volières, des chardonnerets meurent. Le trafic de chardonnerets n’est lui pas en péril.

Le chardonneret génère des passions. Parvenir à l’élever est considéré comme le Graal pour de nombreux amoureux d’oiseaux. Pour avoir une idée de cette admiration, il suffit d’écouter le président de l’association EIE France, (Éleveurs d’indigènes et exotiques), basée à Marseille: Kamel Latrèche. Quand l’employé d’une enseigne d’électroménager parle du chardonneret, ses yeux pétillent, son débit s’accélère. Il raconte les difficultés pour l’entretenir convenablement, décrit avec précision les différentes sous-espèces, explique la législation…

Une volière consciensement entretenue par Kamel Latrèche qui possède une dizaine de chardonnerets. Copyright JB Mouttet

L’éleveur d’oiseaux mutés

La peinture d’une partie de la façade de sa maison à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume est remise à demain, l’installation d’interrupteurs à l’entrée attendra. Sa soixantaine d’oiseaux, dont une dizaine de “chardons” peuvent, eux, profiter de cages propres, d’une aération efficace et calculée dans deux cabanons de son jardin. Kamel Latrèche est capacitaire et a donc le droit d’élever des chardonnerets. Croisements après croisements, digne d’un expert en biologie, Kamel obtient des oiseaux “mutés” (modification héréditairement transmissible du génome) avec lesquels il écume des concours qui récompensent les plus beaux spécimens.

2. Le chardonneret aurait inspiré plus de 400 peintures. Copyright JB.Mouttet

“Après une dizaine d’années de travail”, il remporte le championnat de France en 2017, le championnat du monde d’ornithologie à Cesena (Italie) et le championnat international de Sanary (Var) en 2018. Kamel Latrèche tente de raisonner les amoureux du chardonnerets peu respectueux des textes de lois par des messages postés sur des forums d’amateurs, des prises de positions dans les médias locaux. Selon lui, les coupables qui nourrissent les braconnages sont ceux qu’il dénomme “les amoureux du chant”, ces particuliers qui cherchent à égayer leurs logements par le chant d’un chardonneret. Il en veut à la LPO et à la police de l’environnement qui ne différencient pas les deux familles de passionnés. Cette affirmation fait d’ailleurs doucement sourire au service juridique LPO de PACA pour qui les éleveurs ont bien du mal à être tout à fait dans les clous de la législation. Il nous dit : “Il y aura toujours un besoin de renouveler le sang des oiseaux domestiqués par des chardonnerets sauvages“. Qu’ils s’intéressent à sa plume ou à son chant, les passionnés préfèrent surtout voir le chardonneret en cage.

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Commentaires

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  1. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Bravo et Merci pour cet article.

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  2. jo147 jo147

    Super article. Merci

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  3. Philippe Lamotte Philippe Lamotte

    Plût aux dieux qu’il se constitue un commerce international de pigeons et de perruches marseillais ainsi que de gabians ! Il éclaicirait ainsi les populations qui souillent Marseille.

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  4. David David

    Merci pour l’article. Ayant ma résidence secondaire à regusse, j’avais entendu parler de ce “belge”. Je trouve scandaleux que ce vandale (oui, c’est le mot, c’est un vandale et encore je reste poli) n’ait écopé que de 3000 euro d’amende… C’est une blague, une incitation à continuer son juteux trafic. Sans parler que cette pourriture vient dans notre région pour faire son business, que je ne le croise pas celui là car il risquerait de m’entendre tiens !

    Conclusion ? Il n’y a aucune volonté politique de préserver la magnifique faune et flore de notre planète, on le constate tous les jours. Si les politichiens avaient une once de moralité et de compassion pour les animaux sauvages, où un réel intérêt pour l’écologie, ils donneraient les moyens aux douanes (des chiens renifleurs pour repérer les trafiquants sur les ferries par exemple, eh oui ça existe on peut dresser des chiens pour ça) et aux associations qui se battent tous les jours pour sauver ce qui peut encore l’être. Qu’à d je vois des gamins en bas âge, je me dis que quand ils auront mon âge, ils risquent de ne plus savoir ce que c’est, que le chant d’un chardonneret… Tristesse.

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  5. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Seham BOUTATA a ramène d’Algérie un documentaire magique lui aussi, réalisé en compagnie d’Alexandra LONGUET. Éleveurs, oiseleurs, vétérinaires, psychanalystes, journalistes ou simples aficionados, tous nous parlent de la passion qu’ils entretiennent avec le chardonneret.
    Ces paroles rares parce que décomplexées nous dépeignent une société loin des clichés habituels
    Extrait
    Une espèce en péril
    Chassé, harcelé, victime de son succès, le chardonneret peine à se reproduire pour permettre son équilibre ou pour assurer son accroissement. Sa pérennité et son existence même sont donc en péril.
    On ne le trouve pratiquement plus dans la nature. Son domicile naturel, la forêt, disparaît, principalement suite aux incendies et au déboisement. L’utilisation des produits chimiques, des pesticides et enfin la chasse au filet précipitent sa disparition des habitats naturels. Il a perdu les endroits où nicher alors qu’avant il était là, autour des maisons.
    “Le chardonneret, il était là, sur nos balcons, sur nos fenêtres, il vivait avec nous. C’est pour ça qu’il y a ce lien entre les Algériens et le chardonneret. Vous ne risquez pas de trouver une maison où il n’y a pas un chardonneret qui chante. Le chant du chardonneret, c’est un petit peu l’hymne national ! Il n’y a pas une personne qui n’apprécie pas le chant du chardonneret en Algérie. Il y a vingt millions d’oiseaux dans les maisons.”
    C’est dans sa cellule de prison que le chanteur de chaabi Mohamed El Badji, dit « Khouya El Baz composa son célèbre tube « Ya Maqnine Ezzine » (Le bel oiseau révolutionnaire) avec une guitare qu’il fabrique lui-même. Il fut libéré en mars 1962.

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  6. n.artemon n.artemon

    Merci pour cet article.

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  7. Tarama Tarama

    On connaît quelque chose où cette ville ne s’illustre pas de la pire des manières ?

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    • PromeneurIndigné PromeneurIndigné

      Le ciel ,quand il est bleu et que souffle un mistral léger et printanier

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