Nouveau bras de fer en vue entre Lafarge et ses voisins dans la Nerthe

Actualité
le 19 Déc 2016
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Lafarge a demandé à l'État deux nouvelles autorisations de stockage de déchets du BTP dans ses anciennes carrières de la Nerthe. Mais le comité d'intérêt de quartier répond déjà qu'il a l'intention d'attaquer en justice.

Vue d
Vue d'une partie de l'exploitation de Lafarge dans le massif de la Nerthe

Vue d'une partie de l'exploitation de Lafarge dans le massif de la Nerthe

L’accalmie à la Nerthe n’aura duré que peu de temps. Le 23 septembre, Lafarge signait avec le conservatoire du Littoral la cession – sous conditions – de 90 hectares de terrain autour de la ferme Cossimond. Mais en début de mois, l’industriel qui exploite plusieurs carrières près de l’Estaque a accroché deux petites affiches sur ces sites, informant les habitants de deux nouvelles demandes d’autorisations. Elles concernent non pas l’activité d’extraction mais le stockage de déchets inertes dans les anciennes carrières. À la demande de représentants des riverains, la question a fait l’objet d’une réunion le 9 décembre dernier. Le comité d’intérêt de quartier a d’ores et déjà annoncé sa volonté de déposer un recours contre une des deux autorisations demandées, intention formulée dans une lettre adressée lundi dernier à la direction de Lafarge, avec le préfet en copie.

“Des fractions solubles”

Son autorisation arrivant à échéance, l’industriel demande à pouvoir poursuivre pendant 15 ans le comblement de la carrière dite Lieutaud, une ancienne carrière de marbre. Lafarge y enfouit des déchets dit inertes (gravats etc.) et, depuis 2013 grâce à un nouvel arrêté, des “fractions solubles”. L’entreprise a obtenu une dérogation pour pouvoir stocker ce type de déchets dont les teneurs, pour certains polluants, dépassent les normes habituelles de traitement.  “Nous étions d’accord pour le comblement du tiers restant de la carrière mais sans casier de boues salées”, explique Marie-Blanche Chamoulaud, présidente du comité d’intérêt de quartier. Ce type de déchets particuliers, sont “souvent issus de travaux de terrassement en zone littorale”, explique le responsable foncier et environnement de Lafarge Sébastien Haug. Ils sont notamment venus des chantiers d’Euroméditerranée et sont stockés dans des sortes de bassins qui sont ensuite couverts.

L’entreprise espère obtenir le feu vert du préfet pour entreposer 100 000 tonnes par an de déchets du BTP “dont un tiers de fractions solubles. Le gros chantier que nous avons en vue est Euromediterranée 2”, détaille t-il. Le site de la Nerthe est, selon lui, le seul du groupe dans les Bouches-du-Rhône à pouvoir recevoir ce type de déchets. De manière générale, le comblement des carrières avec des déchets inertes fait partie des orientations du plan de prévention et de gestion voté en 2015 par le conseil départemental. Il s’agit d’éviter d’ouvrir de nouveaux sites mais aussi de proposer une offre face aux décharges illicites. Quant aux boues salées, “il y a très peu de sites capables d’accueillir ce type de matériaux qui sont susceptibles le cas échéant d’être rejetés dans la nature”, ajoute Sébastien Haug.

Nouvelle mobilisation de riverains ?

Une partie des riverains espéraient que Lafarge ne demanderait pas de nouvelle autorisation pour cette partie là de son exploitation. “Concernant la carrière Lieutaud, nous avons décidé de prendre un avocat pour savoir quelles sont les possibilités juridiques qui s’offrent à nous, annonce Marie-Blanche Chamoulaud. Nous avons recontacté toutes les associations pour organiser une nouvelle mobilisation”. “Nos installations ont toujours des autorisations limitées dans le temps, c’est le propre de notre activité”, défend Sébastien Haug. Seulement les allers-retours de camions et les poussières semblent avoir de plus en plus de mal à cohabiter avec les riverains dans cette frange urbaine qui mord sur la colline.

Lafarge demande également au préfet de pouvoir stocker à terre, près du lac qu’il possède, les déchets inertes qu’il comptait à l’initial utiliser pour combler le plan d’eau. “Nous en avons remblayé un tiers mais, notamment suite à des discussions avec des riverains qui ne voulaient pas voir disparaître le lac, nous avons décidé de changer d’aménagement, justifie Sébastien Haug. De plus, une partie des déchets flottait”. À l’époque, alors que plusieurs associations environnementales avaient porté des recours contre la disparition du lac, le comité d’intérêt de quartier ne s’y était pas associé. “Ils ont su nous endormir, déplore sa présidente. En septembre, on nous a présenté comme une victoire le protocole d’accord sur la cession de 90 hectares au conservatoire du littoral. C’est du pipeau, Lafarge fait ce qu’il veut. Du fait de la clause suspensive sur l’échangeur autoroutier, nous n’avons aucune garantie. Lafarge a su mettre en place le grain de sable qui leur permet de pouvoir reculer”. Ce précédent, resté en travers de la gorge du CIQ, pèsera sur le nouveau litige qui s’annonce.

Sur ce dossier, la société assure avoir toujours été transparente sur ses intentions comme le formule son responsable foncier : “Nous n’avons jamais dit que nous allions donner le terrain si le demi-échangeur ne se faisait pas. Ces terrains ne sont pas exploitables commercialement car il y a trop de contraintes légales mais nous pourrions nous en servir pour une compensation écologique”. Les terrains seraient alors restitués au conservatoire du littoral mais dans un rapport de force tout autre, en échange, par exemple, d’un autre aménagement sur le site. Le bras de fer va donc se poursuivre, entre des acteurs qui se connaissent désormais très bien.

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Commentaires

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  1. Germanicus33 Germanicus33

    Lafarge qui ne fait pus travailler personne ose encore faire la loi ⁉️

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