La Villa Valmer troque son destin international contre un projet hôtelier

Actualité
le 20 Oct 2016
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La Villa Valmer transformée en hôtel ? La Ville vient de lancer un appel à projets qui rend crédible cette hypothèse portée par l'adjointe au tourisme. Cette nouvelle vocation met un terme à la vocation internationale de cette belle villa de la Corniche.

La Villa Valmer au soleil couchant. Marc Dupuy/Flickr
La Villa Valmer au soleil couchant. Marc Dupuy/Flickr

La Villa Valmer au soleil couchant. Marc Dupuy/Flickr

Il n’y pas si longtemps, souvenez vous, la Ville se félicitait d’accueillir un pôle international à la Villa Valmer, avec une des plus belles vues sur la rade marseillaise, dont elle est propriétaire. Depuis 2003, il y avait là une antenne de la Banque mondiale, le centre de Marseille pour l’intégration méditerranéenne (CMI) fondée avec la Ville, le Plan Bleu, un bureau de l’Agence Française de développement et l’office pour la coopération en Méditerranée et en Orient (Ocemo). Le mode accompli est de rigueur puisque depuis le début de la semaine, la Ville a publié un appel à projets pour offrir une nouvelle destinée à la Villa Valmer.

Si celui-ci est assez vague sur ce que la Ville veut faire de la belle villa, l’adjointe au tourisme, Dominique Vlasto, est beaucoup plus précise, ce mercredi dans La Provence : “Nous souhaitons faire une location longue durée de loisirs pour de l’hôtellerie.” Elle y détaille son souhait avec 25 à 30 chambres, un parking dans la partie boisée et une enseigne luxueuse “style Relais & Château” pour attirer une clientèle aisée. L’article et l’élue passent sous silence la vocation actuelle du lieu et ses occupants prestigieux.

“Pas informés”

Au Centre pour l’intégration méditerranéenne (CMI), la première personne qui décroche dit avoir découvert avec la publication de l’appel à projets la volonté de la Ville de trouver une nouvelle vocation du lieu. Un point de vue partagé du côté du Plan Bleu, où la personne au bout du fil (qui ne souhaite pas être citée nommément) confirme le fait accompli : “Nous n’avons pas été informés. Cela se discutait depuis un moment mais n’avait jamais été confirmé formellement. Nous l’avons appris cette semaine avec la publication de l’appel à projets puis l’article dans La Provence.”

À l’office pour la coopération en Méditerranée et en Orient, le point de vue est plus nuancé. “Nous avons appris cela récemment, confirme Pierre Massis, le délégué général de l’association. Nous avons une convention qui nous lie à la Ville jusqu’en décembre 2016. Lors du conseil d’administration, ce lundi, Jean Roatta nous a rassuré sur le délai en nous affirmant que ce processus allait être long et que nous aurions donc du temps pour envisager un nouveau lieu d’installation.”

L’adjoint aux relations internationales affirme pourtant avoir tenu au courant l’ensemble des occupants des projets de la Ville. “Ils savent qu’ils doivent avoir quitté la villa Valmer, certains avant la fin 2016, pour d’autres en 2017.” Il se fait moins disert sur le nouveau lieu qui pourrait accueillir ces organismes. “De toute façon, la Banque mondiale doit fermer son antenne marseillaise. C’est une décision qui a été prise à Washington pour des raisons économiques.”

Du côté de l’antenne marseillaise de l’institution internationale, cette information n’amène aucune commentaire. À Washington, on renvoie bien volontiers vers l’antenne marseillaise.

Occupation à titre gratuit

La dernière convention d’occupation précaire qui lie la Ville à la Banque internationale pour la reconstruction et le développement date du 21 septembre 2015. D’une durée d’un an, elle courrait du “1er juillet 2015 au 30 juin 2016”. Mais, jusque-là, elle était reconduite, année après année. L’occupation est consentie “à titre gratuit” mais la mise à disposition des lieux est “estimée à 155 977 euros pour la première année de la période couverte par la présente convention”.

Cette somme est assimilable “à une subvention en nature” qui doit apparaître dans les tableaux financiers du CMI. Ce centre est né en 2009 d’un protocole d’accord entre la Ville et la Banque mondiale, cette dernière en assurant l’administration. Ce protocole a été reconduit en 2015 pour 3 ans. Qu’adviendra-t-il de lui une fois la banque mondiale partie ?

Jean Roatta n’a pas de précision sur ce point, ni sur la visibilité à venir de l’action internationale de la Ville : “J’y avais moi aussi un bureau où je recevais les personnalités étrangères. Alors bien sûr je regrette. Tout le monde regrette mais ceux qui vivent que de regrets n’ont pas d’avenir.” Il préfère insister sur la vétusté du lieu qui nécessite d’importants travaux : “Seul le rez-de-chaussée est viable. Les salles du haut sont rongées par l’humidité et condamnées depuis longtemps.” À voir les planches photos jointes au marché, la villa a été effectivement maintenue dans son jus.

La Villa Valmer troque son destin international contre un projet hotelier 1

Le projet d’hôtel n’est d’après lui qu’une hypothèse “parmi d’autres”. Pas forcément la plus simple au vue du coût des travaux, des prescriptions des bâtiments de France et du maintien du caractère public du parc, où le tout Marseille vient prendre ses photos de mariage avec du bleu derrière. Quant à la maire de secteur, Sabine Bernasconi, elle ne souhaite surtout “un investissement privé, hôtel ou pas, à condition que le parc reste public”.

Quant à la vocation internationale du lieu, elle semble déjà conjuguée au passé. “Je suis prête à les accueillir en centre-ville”, sourit Sabine Bernasconi. “Nous souhaitions y installer l’Union pour la Méditerranée mais nous n’avons pas été choisi, se souvient pour sa part Jean Roatta. Avant cela il y avait l’agence d’urbanisme et quand j’étais maire de secteur, j’avais envisagé de mettre ma mairie là mais l’accès était un peu compliqué.”

Oubliée la belle page du Club M où “Marseille rayonne” grâce au “pôle des organisations internationales” de la Villa Valmer. Oublié aussi la promesse du candidat Gaudin qui dans son programme annonçait : “Le Pôle Valmer sera confirmé comme « hub d’expertise » en favorisant l’accueil de nouvelles organisations internationales.” 

Une suggestion pourrait contenter tout le monde : un drôle d’immeuble en porte-à-faux se cherche une nouvelle vocation. C’est aussi une villa qui comprend la Méditerranée dans son nom…

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Bref, la mise à l’encan du patrimoine public continue. Un appel à projets pour la Villa Valmer, un autre pour le Pavillon du Lac du Parc Borely (https://marsactu.fr/bref/pavillon-lac-refait-surface/)… Quand tout Marseille sera privatisé, concédé, marchandisé, nul doute qu’on vivra mieux ici.

    On mesure bien le poids de l’intérêt général dans ces projets quand il est question de créer “un parking dans la partie boisée” du Parc Valmer : il ne rapporte pas d’argent, donc on peut massacrer un espace vert pour faire de la place à la bagnole – qui n’en a guère à Marseille, c’est connu.

    Au fait, ce parc et sa partie boisée ne sont-ils pas classés ou protégés par le PLU ?

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    • Magnaval Magnaval

      Le pavillon du lac, c’est un restaurant. Il est tout à fait normal qu’il soit concédé, non ?
      Pour Valmer, il sera impossible de conjuguer le caractère public du parc et l’exploitation d’un hôtel de luxe.
      Sans parler des contrainets des bâtiments de France dans un site classé.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Le Pavillon du Lac, ce n’est pas nécessairement un restaurant. Le dernier projet porté par des copains de M. le maire était un centre de remise en forme pour une clientèle friquée.

      On pourrait très bien y installer un lieu public en accord avec le jardin, lui aussi public, qui l’entoure. Une bibliothèque, une maison des enfants, que sais-je… On n’est pas obligé de considérer que seul le privé peut avoir des idées pour utiliser les bâtiments municipaux.

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  2. Tarama Tarama

    La ville brade tout au privé, rien n’y échappe, pas un mètre carré. Et un parking dans le bois…
    Des hôtels de luxe, partout, voilà leur seul programme.

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  3. LaPlaine _ LaPlaine _

    C’est hélas le pendant de l’incurie en termes de projets publics de développement, pérennes et cohérents, ainsi que de la quasi absence d’entretien de ce qui est nouvellement réalisé, aussitôt inauguré, aussitôt oublié car souvent, rien n’a été prévu en aval. Dans ce domaine comme un peu partout dans cette collectivité, c’est l’esbroufe et le clinquant qui priment, l’avis (la vie) du citoyen lambda compte peu au bout du compte.

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  4. Tarama Tarama

    Et c’est la même méthode que d’habitude (Hôtel Dieu,etc.). Ils laissent se dégrader le patrimoine et assurent ensuite que seul le privé aurait les moyens de le réhabiliter.

    J’ai regardé, le parc de la villa Valmer est bien un Espace Boisé Classé, protégé donc. Mais il en faut plus pour arrêter un(e) élu(e) de Marseille.

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  5. LN LN

    Où pourrai-je rencontrer un jour quelqu’un qui pourra m’expliquer sans aucun parti pris (politique, financier…) d’où provient tout cet argent à investir dans ces projets de luxe, de centres commerciaux mais aussi dans l’immobilier (ca devient délirant tous ces permis de construire) dans une ville qui perd des habitants, dont le chômage et la pauvreté sont élevés. Je n’arrive pas à comprendre. Mandoné (en marseillais) tous ces ballons de baudruche vont bien faire pschitt, non ? On ne peut pas éternellement faire de l’offre si la demande n’y est pas, non ? Je ne parle même pas du patrimoine ni de l’interêt public… Je me pense stupide de cet élément qui m’échappe totalement

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  6. LaPlaine _ LaPlaine _

    Quand on est sans idées ni projet de ville élaborés en harmonie avec les habitants et pour leur bien-être on s’en remet à des projets privés en pensant que ces deniers vont amener le lustre qui manque à la réflexion politique. Je pense que Marseille est une des rares villes (et c’est la deuxième en population) de France dont les élus sont aussi détachés des aspirations de leurs administrés. La configuration électorale locale permet cette situation inique.

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