La préfète de police promet une nouvelle “approche de sécurité” pour le centre de Marseille

Actualité
le 17 Jan 2024
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Ce mardi, la représentante de l'État dévoilait à la presse son plan d'action pour l'hypercentre de Marseille. Malgré des chiffres de la délinquance en baisse, elle souhaite cibler des "points noirs" contribuant au sentiment d'insécurité.

Frédérique Camilleri, préfète de police, en visite dans le quartier de Noailles. (Photo : Cole Stangler)
Frédérique Camilleri, préfète de police, en visite dans le quartier de Noailles. (Photo : Cole Stangler)

Frédérique Camilleri, préfète de police, en visite dans le quartier de Noailles. (Photo : Cole Stangler)

Au tour de l’État de répondre à la montée de tensions et au sentiment d’insécurité dans le centre-ville. Mardi, la préfète de police des Bouches-du-Rhône Frédérique Camilleri, le procureur de Marseille Nicolas Bessone et le directeur interdépartemental de la police nationale Cédric Esson ont dévoilé ce qu’ils appellent “une nouvelle approche de sécurité pour ce secteur”, devant la presse, au commissariat de Noailles (1er arrondissement).

Nombreuses sont les zones de crispation. Il y a le marché informel au cœur de Noailles, décrié par les habitants et les commerçants du croisement de la rue d’Aubagne et de la rue Rodolphe Pollak depuis l’été dernier. Mais il y a également le square Labadié, où les résidents constatent une présence accrue de jeunes travailleuses du sexe et de consommateurs de drogue dure depuis des mois. Ou encore la place Louise-Michel et la halle Puget à Belsunce, où les riverains se plaignent des nombreux points de deals. La semaine dernière, le maire, Benoît Payan (divers-gauche) a annoncé la création d’un nouveau poste de police municipale au croisement de la Canebière et de la rue de Rome avant l’été.

Une annonce saluée par la préfète lors de son point presse. “Tout ce que la mairie de Marseille peut faire pour renforcer les effectifs, les plages horaires, la présence de la police municipale dans la ville est forcément positif. Nous travaillons de concert, en essayant de développer soit des approches coordonnées sur un même secteur, soit des approches conjointes, c’est-à-dire des interventions ensemble”.

Les réussites sont masquées par la persistance d’un certain nombre de points noirs de délinquance.

Frédérique Camilleri, préfète de police

Mais ce mardi, la préfète dévoile surtout son propre plan pour le centre-ville. Non sans, dans un premier temps, souligner une baisse de la délinquance en 2023. Par rapport à l’année précédente, selon les données partagées par Frédérique Camilleri, les cambriolages ont en effet baissé de 1 % ; les vols avec violence de 6,4% ; les vols à la tire de près de 10%. Sur les dix dernières années, les tendances sont encore plus frappantes et les baisses sont encore plus considérables. “Et pourtant, ces bons chiffres de la délinquance, j’ai l’impression, n’ont pas fondamentalement changé le sentiment de sécurité que peuvent avoir les commerçants et les riverains avec qui je suis en contact, explique-t-elle aux journalistes. Les réussites sont masquées par la persistance d’un certain nombre de points noirs de délinquance et d’insécurité”.

Selon la représentante de l’État, la nouvelle stratégie repose sur trois axes : plus de visibilité des patrouilles de police, une “affirmation de l’autorité” pour lutter contre un “sentiment d’impunité” et enfin, une meilleure concentration de moyens sur des problèmes ciblés. Avec l’objectif de faire en sorte que “le centre-ville soit la vitrine d’une ville sûre, agréable et vivante”.

Des dispositifs déjà lancés

En réalité, un certain nombre de ces mesures ont déjà été mises en place. En novembre 2023 a été créé une nouvelle brigade spécialisée de terrain, dédiée spécifiquement à l’hyper-centre de Marseille. Elle patrouille exclusivement à pied pendant la journée. Le but : une “prise de contact systématique” avec les riverains et les commerçants, qui découragerait la commission d’infractions. Parallèlement, la police nationale va continuer à utiliser son “commissariat mobile“, un fourgon aménagé qui tourne un peu partout au centre-ville depuis la coupe du monde de rugby. La préfète annonce aussi que les patrouilles de CRS vont se poursuivre, “réparties en petits groupes” afin de combattre la lutte contre le deal et l’usage des stupéfiants, avec une “nouvelle priorité” mise sur le secteur des Carmes, la halle Puget, et Pressensé.

La préfète souhaite aussi renforcer les échanges avec la police aux frontières, spécialisée dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Frédérique Camilleri n’hésite pas à faire un lien direct entre l’immigration et la délinquance, indiquant que “les étrangers” sont “responsables” de 67 % de la délinquance sur la voie publique au centre-ville en 2023. Selon elle, “l’écrasante majorité” de ces étrangers seraient en “situation irrégulière”, sans donner de chiffres plus précis. Interrogée par Marsactu la préfète indique toutefois ne pas disposer du pourcentage d’étrangers résidant au centre-ville de Marseille. Mais en tout cas, le message est clair : “Il y a un vrai enjeu à Marseille de pouvoir non seulement interpeller, traiter d’un point de vue judiciaire, les étrangers en situation irrégulière qui se rendraient coupables d’actes de délinquance, mais surtout aussi de s’assurer qu’en bout de chaine qu’ils sont éloignés dans leur pays d’origine… C’est pour ça que les opérations de la police aux frontières vont être réorientées sur le centre-ville de Marseille”.

Frédérique Camilieri, préfète de police, entourée du procureur de la République (à gauche) et du directeur départemental de la sécurité (à droite). (Photo : Cole Stangler)

Des caméras et des enquêtes

Parmi les fameux “points noirs” de l’insécurité, la préfète revient sur le marché informel à Noailles et le phénomène du “deal de rue” quartier Pressensé. Mais évoque aussi une volonté de combattre les “rodéos” et les “comportement dangereux de la route” qui contribueraient au sentiment d’insécurité en centre-ville. Avant de féliciter la mairie de Marseille pour son engagement à développer la vidéosurveillance : “Le maire m’a assuré de sa volonté d’installer avant la fin du premier trimestre plusieurs dizaines de nouvelles caméras”. Un domaine dans lequel la majorité de gauche a longtemps tenté de freiner, avant de relancer le déploiement, notamment devant l’insistance répétée de l’État.

Du côté de la justice, le procureur de la République, pour sa part, confirme “une enquête en cours” sur la vente à la sauvette à Noailles, de nombreux membres du collectif de résidents suspectant la présence d’un réseau organisé, sans donner plus d’informations. Et ajoute que deux enquêtes sont en cours concernant le trafic de drogue dans le quartier de Belsunce.

Après le point presse, la préfète descend faire un tour à Noailles. Entourée par des journalistes et une équipe de policiers, elle échange avec une poignée de commerçants du quartier. Résultat express de la “nouvelle approche” ou opération de communication bien planifiée, le croisement entre la rue d’Aubagne et la rue Rodolphe-Pollak, bien souvent pris d’assaut par les vendeurs à la sauvette, était presque désert ce mardi.

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Commentaires

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  1. polipola polipola

    C’est bien d’apprendre que notre préfete est d’extrême droite, au moins on a plus de doutes.

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  2. jacques jacques

    L’état étant d’extrême droite, la préfète est d’extrême droite. Ce n’est pas vraiment une surprise . Les préfets d’extrême gauche sont aussi rares que les sous dans la poche de Le Maire.

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  3. Bouyaka13 Bouyaka13

    Extreme droite ou gauche on s’en fout du moment que la loi soit enfin appliquée pour tous… perso je ne mets presque plus les pieds dans le centre depuis des années, trop d’agressivité, d’incivisme, et ce fameux sentiment d’impunité qu’il va falloir casser si on veut revenir à un vivre ensemble devenu aujourd’hui utopique ! Cela passe aussi par la verbalisation du stationnement sauvage, des depots sauvage (80% du tps par des entreprises du bâtiment) etc…
    On est trop nombreux, la prevention et l’education en suffisent plus, il faut trouver d’autres solutions.

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    • Zumbi Zumbi

      Vous me rappelez des gens qui il y a 35 ans de cela m’assuraient qu'”ils n’avaient plus mis les pieds sur la Canebière parce que c’est trop dangereux”… de fait ils ne sortaient jamais de leur quartier, dans le sud de la ville, et n’en connaissaient aucun autre. Ils étaient restés bouche bée quand je leur avais dit que travaillant dans le centre, il ne m’était jamais rien arrivé de désagréable, et que lorsque je prenais ma voiture je la garais dans le quartier de la porte d’Aix, où il n’était jamais rien arrivé non plus… Que le comportement de beaucoup — vous en donnez des exemples — soit pénible, j’en conviens, mais je vois aussi dans d’autres quartiers de Marseille réputés plus chic, beaucoup de voitures garées sur les troitoirs et les passages piétons de même que les dépôts sauvages de gravats…

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    • Bouyaka13 Bouyaka13

      L’incivisme, le stationnement, l’impunité sont partout et dans tous les quartiers je ne dis pas le contraire…je travaille à la belle de Mai donc je passe quotidiennement et ´ne reste pas cloitré chez moi non plus.

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    • RML RML

      Vous n’y remettrez jamais les pieds, je vous assure! Et tant mieux! laissez celles et ceux qui s’y rendent ou y habitent en parler, et cesser vos fantasmes!
      Je vous rassure la dmographie flanche. On ne sera bientot plus trop nombreux!

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  4. Alceste. Alceste.

    L’on peut se demander pourquoi donc tant de policiers autour de la Fac d’économie, de Belsunce,de Noailles,sur la Canebiere aux Réformés et autour de Labadie.Pourquoi un deuxième commissariat au coin du Cours Saint Louis si il n’y a pas de problèmes ?.
    Il y a 35 ans ce quartier était encore correct, aujourd’hui cela est sale,sordide avec une qualité de commerçants déplorable et franchement le soir cela craint et la décrépitude du Centre Bourse ne va rien arranger.

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    • RML RML

      Il y a 35 ans…Ben dites donc ! Vous avez la mémoire tres courte!
      L’hypercentre etait un bouge il y a 35 ans ! Personne n’y allait la nuit. Et le jour on filzit vite.
      C’etait crade, poussiereux! Il n y avait pas de cafes dignes de ce nom!
      Il y a 35 ans, on disait” ma pauvre dame si vous aviez vu cela il y a 35 ans!”
      35 ans avant c’etaient la pègre et la mafia qui tenaient la ville…
      Ca serait bien un jour que leclub des “il y a 35 ans” avoue son amour pour le bordel, la crasse, les vieux cinemas pornos, la pègre, les facades noires de pollution etc…
      Enfin, je veux dire, son amour pour tout ça, pourvu qu il soit bien “blanc”.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Voyons, @RML, vous savez bien que “c’était mieux avant”. Depuis toujours, et pour encore longtemps. Tant et si bien qu’on voit aujourd’hui des jeunes d’à peine 20 ans militer pour le “retour” à la France des années 1950 – qu’ils n’ont jamais connue et qui, en réalité, n’a jamais existé telle qu’ils la fantasment.

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  5. Mistral Mistral

    On voit le changement depuis mardi les CRS ne sont plus enfermés dans leur camion à scruter leur téléphone, ils patrouillent à pied dans les rues, jusqu’à quand ?
    Mais quand un scooter circule à fond sur le trottoir ils ne le voient pas !

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    • petitvelo petitvelo

      Vu votre constat, je pense qu’on peut répondre à la question: jusqu’aux élections européennes !

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  6. MarsKaa MarsKaa

    Avec mes amis on se dit toujours, quand on sort le soir au ciné (variétés donc Canebière) ou que l’on va boire un café au cours julien, que nous sommes dans une ville calme, que l’on a de la chance.
    Oui c’est pas propre, mal entretenu, oui ça peut être sordide quand on voit des gens misérables sur les trottoirs, oui la ville est bruyante, mais la ville est calme. Aucun de nous qui vivons, travaillons et sortons le soir en centre-ville ne se sent en insécurité. Nos discussions avec des personnes qui vivent à l’extérieur du centre, ne le frequentent pas, sont incroyables. Ils ne nous croient pas. Ils n’avancent que des a priori et des phrases toujours les mêmes répétées…
    Finalement, ce sont souvent des gens qui n’aiment pas sortir de chez eux, ou de leur petit milieu.

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  7. Alceste. Alceste.

    On se demande si finalement les 50 assassinats ne sont qu’un “sentiment” d’insécurité , pourquoi notre “bon” maire qui habite et dirige une ville que le monde entier nous envie retape un hôtel particulier pour faire un deuxième commissariat à 50 mètres de distance de celui qui est en face des Variétes , celà doit faire bien , on se demande quand vous allez cher Richard Martin à quoi servent les agents de sécurité, le quartier Noailles avec ses traffics en tous genres doit être sûrement une illusion, en fait je viens de comprendre, ce sont des intermittents du spectable qui font de l’animation diurne et nocturne pour les touristes, se faire agresser à la sortie du cinema de la Joliette (vécu) et sûrement là aussi une illusion d’optique. Je passe sur la saleté , l’incivisme récurent, le sordide de l’authentique avec une personne qui s’était installée à côté du commissariat Noailles avec son lit en 140 .Du n’importe quoi.
    Je n’arborderai pas la décrépitude de certaines parties de Marseille , la Belle de Mai ,où est Manzi ?La Libération qui fait peur, Salengro et rues suivantes qui sont de véritable dépotoirs à ciel ouvert alors que ce quartier était ouvrier et populaire , la liste est longue, trop longue . Et enfin mon cher Panier , qui est devenu un boboland airbinisé . Madonna!
    Alors oui ce sont peut être des gens qui n’aiment plus sortir ( je peux le comprendre) , ou alors qui restent dans leurs petits milieux ( je peux le comprendre aussi) : la sortie du théatre de l’Oeuvre un soir vers 23 heures , spectaculaire , je vous le garantis.

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    • julijo julijo

      hey ! jamais content !

      si c’est si moche que ça pour vous, une seule chose à faire : déménagez !

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  8. Alceste. Alceste.

    Pourquoi, moi qui réside ici depuis plus de 60 années devrais je déménager ?.

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    • julijo julijo

      à mon avis, il n’y a aucune raison…

      mais vous semblez déplorer tant de choses dans cette ville ; si vous êtes si malheureux un déménagement me parait une bonne solution.

      il m’est arrivé de ne pas être à l’aise dans un endroit et j’ai tout fait pour en partir. surtout quand on a pas la possibilité de tout arranger…et à marseille certains ont mis 30 à 40 ans pour abimer beaucoup de choses. compliqué de réparer rapidement.

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