La nuit marseillaise a les traits tirés

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le 8 Oct 2013
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La nuit marseillaise a les traits tirés
La nuit marseillaise a les traits tirés

La nuit marseillaise a les traits tirés

Le monde de la nuit marseillaise est en état d'ébullition, tant ses acteurs semblent prêts à projeter le couvercle de cette cocotte minute. De nombreux dirigeants d'établissement dénoncent un travail de sape qui serait mené contre eux et contre l'ensemble des oiseaux de nuit marseillais. Le but recherché, insidieux, consisterait à imposer un couvre-feu à Marseille. C'est dans ce contexte que la patronne du Time Cosy Boudoir, établissement de nuit situé sur le Vieux-Port a décidé d'alerter la presse sur ce qu'elle estime relever d'un acharnement.

Depuis que des lofts ont été aménagés juste au-dessus de la discothèque, les voisins se sont régulièrement plaints de bruits sourds. Un arrêté préfectoral s'en est suivi, après constat par un policier de nuisances sonores chez une voisine. Depuis 2012, les fermetures administratives se sont succédées. Fin septembre, le tribunal a décidé de fermer l'établissement pendant deux semaines, poussant Nathalie Moulis, la directrice, à renvoyer chez eux ses employés, inquiets pour leur avenir. Leur nombre, 50, vient rappeler le poids économique que peut représenter ce secteur.

Fin octobre, la patronne passera devant le tribunal de police à cause d'une plainte déposée par six voisins. "Je perds des milliers d'euros avec toutes ces fermetures. L'établissement existe depuis le début des années 60, et avant il n'y avait aucun problème puisqu'au-dessus il y avait des locaux commerciaux. Ce n'est pas anodin de faire le choix d'habiter sciemment au-dessus d'un établissement de nuit ! J'ai pourtant installé des limitateurs de sons, mais je ne peux pas empêcher le bruit des gens qui discutent devant l'établissement…" Ce qui lui est aussi reproché.

Agression sonore

L'histoire n'est pas isolée. Le Mystik Night club (9e) a fermé ses portes pour un mois par décision de justice et ne les rouvrira que le 31 octobre. L'emblématique Bazar a connu les mêmes affres. Sous les arcades du quai du port, le Carmine a été inquiété en raison du brouhaha des gens postés devant l'établissement. Du côté de la Plaine, le problème reste le même. Las Dos Hermanas, un restaurant à tapas a subi une fermeture administrative d'un mois pour des problèmes de bruits. Pour la juriste Nathalie Ramos (du cabinet Ramos Conseil) présidente du collectif "Sauvons les nuits marseillaises", on frise l'hécatombe : "Depuis 2010, cela va crescendo. Tous les établissements qui n'étaient pas tout à fait aux normes se sont pris des fermetures administratives de quatre mois. Autrement dit, leur mort programmée".

D'après le collectif, la seule année 2013 a été marquée par une recrudescence des fermetures. Les chiffres communiqués par la préfecture de police contredisent pourtant cette idée. En septembre 2012, on comptait 63 fermetures d'établissements de débits de boisson, toutes catégories confondues (et 76 pour le total de l'année 2012) pour 51 comptabilisées en septembre de cette année. Rien de flagrant, même si Nathalie Ramos indique se rendre au tribunal pour ce genre d'affaire plusieurs fois par semaine.

Le directeur du club XO Thierry Balestra considère cependant que l'année 2012 a été particulièrement marquée par des fermetures d'établissements et que cette seule comparaison ne peut donc pas suffire à établir une tendance ou à l'invalider. Ceci dit, le patron n'a pas le sentiment d'une recrudescence des fermetures et regrette surtout un manque d'établissements. "Le principal problème reste l'insonorisation des bars/boîte dans le centre-ville". Quoi qu'il en soit, entre l'arrêté préfectoral adopté le 22 juin 2000 qui prohibe la diffusion de musique en extérieur de jour comme de nuit et qui vise les boîtes en plein air et les fermetures pour nuisances sonores, les établissements se sentent étranglés. D'autant qu'une charte de bonne conduite censée apaiser les choses se fait attendre.

Insécurité

Déjà existante dans d'autres villes, annoncée de longue date, elle devrait permettre de concilier autorités, chefs d'établissements et riverains autour des questions de nuisances sonores et de salubrité publique. Seulement voilà, il semblerait que le document se soit perdu en cours d'écriture. Caroline Pozmentier, adjointe à la sécurité s'en défend : "Le projet exige un travail de collaboration, une telle concertation entre les acteurs que cela demande beaucoup de temps. Il faut que l'on respecte la tranquillité publique tout en assurant une activité nocturne de qualité". Quant à une recrudescence éventuelle du nombre d'arrêtés municipaux imposant des fermetures, l'adjointe le conteste également.

Nathalie Ramos qui a elle-même longtemps travaillé dans des bars de nuit et discothèques à Marseille, estime qu'"il y a eu une volonté de lisser et de policer la ville avant MP2013 pour qu'elle soit conforme à l'image que l'on voulait lui donner. Si cet argumentaire relève d'une interprétation personnelle, une chose paraît évidente, "avec les municipales, personne ne veut entendre parler de ce sujet".

La question a pourtant souvent été abordée, justement lors de séminaires préparatoires à l'année capitale. Renaud Muselier avait ainsi confessé, deux ans plus tôt devant la presse, que sa majorité ne pouvait pas passer "à côté d’une discussion et de décisions sur ce thème [celui de la nuit -ndlr] ", qualifié de "problème majeur qu’il faudra arbitrer". Début 2013, le président de la chambre de commerce Jacques Pfister avait lâché, citant le chanteur Akhenaton, "Marseille, c'est Barcelone jusqu'à 21 heures. Après 21 heures, c'est Barcelonnette. L'année culturelle, c'est l'occasion de changer les choses". Alors, sans forcément transformer le J1 en boîte de nuit comme le suggérait récemment Jean-Claude Gaudin afin de pallier un manque, tôt ou tard, il faudra que les candidats aux municipales saisissent au vol cette patate chaude. Quitte à l'utiliser à des fins électorales… 

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Commentaires

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  1. FONFON FONFON

    Moulis a berné Elodie,50 employés au Cosy?Demandez a l’Ursaff combien .

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  2. Anonyme Anonyme

    Comme dit Gaudin, il y a d’autres problèmes à régler à Marseille que les boîtes de nuit…( il dit aussi cela des taxis, des poubelles, des cinémas, ….) donc aucun problème, Marseille est la capitale de la misère, de toutes les misères: sociale, politique, intellectuelle, culturelle, ….

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  3. Anonyme Anonyme

    Pas mieux!
    Vous vous souvenez du film “New York 1999” avec kurt Russel? Et bien voilà comment je vois l’avenir de Marseille…

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  4. Philippe Philippe

    Encore un sujet sur lequel ils ne feront rien. Il faut les dégager ou la Ville va devenir un mouroir pour membres de CIQ, avec Monique C en infirmière principale !
    Au fait, une candidate PS propose une véritable “movida culturelle” à Marseille – proposition à étudier peut-être ?
    Les primaires socialo c’est dimanche. Je ne le suis pas, mais si un(e) candidat(e) faible/guériniste/FOiste sort, c’est d’ores et déjà cuit… allez voter !

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  5. léa léa

    Si tous les lieux nocturnes jouaient le jeu en état en règle d’un point de vue de l’insonorisation, ça permettrait une meilleure cohabitation. Quand au bruit sur les parvis des bars, restos et boîtes, on peut très bien placer un membre du personnel pour gérer les débordements sonores… Sans pour autant que cela éteigne la vie nocturne marseillaise !
    Vivre ensemble c’est possible ?

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  6. léa léa

    Si tous les lieux nocturnes jouaient le jeu de l’insonorisation, cela favoriserait la cohabitation en même temps… Quand aux bruits à la sortie, un membre du personnel pour gérer les abus et dérives n’est pas chose impossible non plus ! Tout le monde a droit à sa place dans notre ville, les nocturnes et les diurnes, vivre ensemble c’est possible non ?

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  7. Fabien Fabien

    Puisqu’on réhabilite à tour de bras, faisons un quartier de nuit, sans habitations, juste des locaux commerciaux pour des bars, des boîtes, des établissements de nuit, et de la musique sur la place du quartier (éventuellement des bureaux dans les étages). Ce ne sont pas les endroits crades et presque vides qui manquent à Marseille !

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  8. Anonyme Anonyme

    On a osé toucher au Bazar ??? Mais où va-t-on…Et pourquoi pas s’en prendre “au son des guitares”, pendant qu’on y est…Vous allez voir que bientôt on ne mettra plus de bâtons dans les roues de MARSATAC, et qu’on arrêtera de régaler de millions publiques la Fiesta..
    Décidément tout part en vrille, maintenant ce sont les pouvoirs publics qui ont prétention à faire la Loi à Marseille :)…

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  9. phil2mars phil2mars

    il y a uncandidat aux primaires ( Mennucci) qui propose un projet interessant de couverture de la routede la plage entre david et escale borely suppression de l’hyddodrome et prolongation des espaces verts jusqu’aen bord de plage qui serait amenagée en zone festive au bord de l’eau avec boite et dance floor à ciel ouvert l’été .

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  10. Nathalie Ramos Nathalie Ramos

    Je vous invite à lire l’article 222-16 du code pénal qui qualifie l’infraction d’agression sonore…. Un article qui englobe les appels téléphoniques malveillants et le bruit de gens attroupés dans une rue devant un immeuble…. La sanction quant à elle se trouve plus loin, vers l’article 222-45 ou -46…. AU delà de la fermeture administraive (qui elle est temporaire et décidée par le prefet) ce sont les poursuites pénales contre les gérants d’établissement et donc d’entreprise qu’il faut craindre. L’amende est certes importante, mais une interdiction de gérer un établissement de débit de boissons pendant 5 ans est la base. Ceci constitue, au delà de la vie festive, une véritable atteinte à la liberté du commerce et à la liberté d’établissement (reconnues toutes deux par la Constitution Française (préambule de 1948))…. Au delà du combat pour la fête c’est un combat pour la liberté que nous menons. Aujourd’hui les bars et discothèques, demain les restaurants? et puis ensuite couvre feu à 19h30 à la fermeture des magasins?
    Savez vous que plus de 70 000 personnes travaillent la nuit marseillaise, de façon légale… La crise sociétale actuelle est bien trop importante pour mettre encore autant de gens au chômage, parce que 5 ou 10 voisins se plaignent d’agressions sonores par le bruit des gens….? Depuis 3 ans nous travaillons activement pour trouver des solutions pour retrouver une harmonie nocturne / diurne. Aidez nous et arrêté de déposer des plaintes parce que vous avez les couilles qui grattent!

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  11. 1 1

    une vraie boite digne d’une ville moderne et civilisée a la place du Virgin st ferreol, voila ce qu’il faut! que des boutiques autour (presque), la prefecture a 2 pas, le commissariat a quelques metres, la canebiere, le vieux port… un peu d’ambition quoi! ….Mais je sais que vous n’y croyez pas, c ca le plus exasperant ici. On le sait qu’il y a un truc qui bloque!

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  12. Anonyme Anonyme

    C’est très facil de critiquer quand les situations ne nous touchent pas.
    Je travail pour Nathalie et je peux t’assurer qu’il y a bien 50 employés n’oubliez pas qu’il y a 3 établissements ( Time /Cosy/ Boudoir ) Nous sommes à la merci des décisions administratives, on nous a fait le coup de la fermeture 3 fois en un an. Mais pendant ces fermetures la vie continue son cours les factures continues à tomber et nous n’avons plus de revenu pour assurer notre quotidien. Tous les etablissements de nuit ferment un a un et les jeunes ne savent plus ou aller. Economiquement c’est un gros manque a gagner pour la ville aussi qui a cause de tous ca perd a chaque fermeture un peu plus de touristes tout ca pour un politicien qui n’a pas trouvé d’autres moyens “pour gratter des voies” ! Quand au voisin qui a reconverti un local commercial en loft….c’est comme acheter une maison près d’une gare et se plaindre du bruit du train , restons sérieux !!!!
    On a nomé Marseille Capital Européenne de la Culture quelle honte!

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  13. c qui? c qui?

    et dans les autres villes (civilisées)ils font comment?
    new york Barcelone Shanghai moscou, berlin paris etc…..

    la ville ets un mouroir….

    pas de sorties, pas de casino, c est mort, a part des kebab et des alimentation y a quoi au centre ville?

    il n y a pas si longtemps, il suffisait d aller place thiars et tout etait la, bunny s, art studio, ascenseur ,quai 9 ,trolleys pop art, perroquet bleue, la chimere, le factory, l actuel etc….

    ca vivait.

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  14. KaossPat KaossPat

    Pourtant nous n’avons jamais eu autant de festivals et de soirées à Marseille dans notre agenda depuis 15 ans (teckyo.com)…

    Qualité et public au rendez-vous dans la majorité des cas.

    Mais nous ne “couvrons” pas les clubs et les bars…

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  15. Trésorier Trésorier

    On nous construit des CC tout autour de la ville, avec des lignes de bus. Sans parler des ZI et du port, on doit être capable de trouver des locaux loin des habitations pour les grosses structures, avec parkings des supermarchés et transports publics à coté. Voire des bus de ramassage 1 fois /h la nuit.

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