La mission métropole de Lebranchu prise entre deux feux

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le 8 Fév 2013
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La mission métropole de Lebranchu prise entre deux feux
La mission métropole de Lebranchu prise entre deux feux

La mission métropole de Lebranchu prise entre deux feux

"Si j'avais su, je serais pas venu". C'est le commentaire désabusé d'un spectateur au sortir de l'installation ce vendredi de la mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, annoncée la veille par le premier ministre Jean-Marc Ayrault. Lors de cette conférence en préfecture, à laquelle assistaient des élus et des représentants de la société civile, la ministre Marylise Lebranchu s'est pourtant appliquée à réaffirmer la détermination du gouvernement à créer une métropole dans le département. En voici les contours :

Cette mission dite de "préfiguration", appuyées sur deux conseils (un "des élus", un "des partenaires" de la société civile) en constitue une première étape concrète. Mais sur le fond, le discours d'un quart d'heure n'a pas apporté beaucoup plus d'éléments que le précédent, prononcé en clôture de la conférence métropolitaine de décembre. Ecoutez (en tendant l'oreille le plafond est haut à la préf') sa réponse à une question sur le contenu de la métropole :

Boycott des maires

Un signe que les discussions avec les maires, quasiment tous opposés au projet gouvernemental, n'ont pas permis d'aboutir à un accord. D'ailleurs, parmi les présidents des six intercommunalités (Marseille, Aix, Aubagne, Martigues, Fos/Istres, Salon) vouées à la fusion, le seul présent était aussi le seul favorable : le Marseillais Eugène Caselli. Idem chez les parlementaires, si l'on excepte Jean-David Ciot, peut-être tenu à un minimum de solidarité en tant que premier secrétaire du PS13.

L'Union des maires et présidents de communauté des Bouches-du-Rhône a justifié cette politique de la chaise vide dans un courrier à la ministre :

Les conditions d’une discussion collective et opérationnelle n’étant pas réunies, votre invitation ce matin pour déjeuner ne nous paraît pas opportune et correspondre à une quelconque utilité en restant dans l’attente de votre réponse sur l’EPOC, qui seule pourrait être la base d’une avancée enfin concertée

Cet EPOC dont il est question, c'est une scénario alternatif qui verrait les six intercommunalités rester en l'état, avec un transfert de compétences d'enjeu métropolitain à un "établissement public opérationnel de coopération". Réponse en deux temps de la ministre : "On y retrouve le transfert des mêmes compétences (transports, développement économique, enseignement supérieur et recherche), cela veut dire qu'au moins sur ce point nous avons cheminé".

Métropole à deux ou trois étages

Mais par rapport au projet gouvernemental, "trois niveaux (commune, intercommunalités, EPOC, ndlr) c'est beaucoup. Il faudrait que les intercommunalités se mettent d'accord à chaque fois pour savoir si un projet rentre ou non dans l'EPOC. Le deuxième problème, c'est les ressources financières de l'EPOC, c'est compliqué, pas pérenne". La proposition est donc toujours la même, celle "d'avoir deux échelons mais comme il s'agit d'un grand territoire que les maires qui ont l'habitude de travailler ensemble se retrouvent dans des conseils de territoire dont les limites seraient celles des intercommunalités actuelles". La logique est donc renversée : c'est ici la métropole qui financerait ces structures "avec une enveloppe obligatoire" pour gérer les compétences de proximité.

Ça n'a pas eu l'air de convaincre les représentants de l'Étang de Berre présents, qui en partant prédisaient que "les barricades ne sont pas près d'être démontées". Parmi les points d'achoppement fondamentaux : le plan local d'urbanisme, le document qui conditionne à moyen terme tout l'avenir d'un territoire. De communal, il passerait à l'échelle de 90 communes, une perte de pouvoir inacceptable estiment les maires.

Un bonus métropole à 70 millions

Le matin même, Christophe Masse, le nouveau président du groupe socialiste au conseil municipal, glissait également que "Jean-Marc Ayrault a fait une erreur en mettant le même jour dans le même sac l'aide à Marseille et la création de la métropole. Ca a braqué les maires et c'est à l'Etat d'aider Marseille". Sur ce point, déjà souligné par Samia Ghali et Bruno Gilles, la ministre a mis en avant la hausse des crédits versés par l'Etat au territoire : "Avec l'EPOC, elle resterait la somme des dotations actuelles. Alors que si on calcule cette dotation sur l'ensemble des six intercommunalités, elle serait au moins de 22% supérieure". Soit, selon nos calculs se basant sur les dotations 2011, environ 70 millions d'euros supplémentaires par an.

Le problème pour la ministre, c'est que certains partisans de la métropole commencent à s'inquiéter de la tournure prise par le projet. Ils ont d'abord été battus froid par le report de sa naissance de 2014 à 2015, voire 2016 comme l'a proposé le président de la communauté urbaine de Marseille Eugène Caselli. "Plusieurs dates d'installations sont proposées, aujourd'hui elle n'est pas fixée nous verrons si elle l'est dans la loi, ce que je veux, a détaillé Marylise Lebranchu. Mais le texte de loi sera publié en novembre et il faut un temps avant l'installation de la métropole. Nous gagnons du temps avec cette mission car il y a beaucoup de questions à régler sur la fiscalité locale, les transferts de compétence, de personnel…"

"Les citoyens ont besoin de transparence"

A la faveur de la dernière question de cette cérémonie d'installation, la présidente de la confédération des CIQ Monique Cordier a dit son fait à Marylise Lebranchu : "Avec tout le respect que je vous dois, j'étais pleine d'espoir le 21 décembre [date de la conférence métropolitaine], je pensais qu'un certain monde était fini, mais aujourd'hui je me demande ce qui va se passer en 2014. Nous avons des élections municipales, les citoyens ont besoin de transparence".

L'aspect démocratique de la métropole, c'est aussi l'inquiétude principale de Jacques Boulesteix, président du conseil de développement de la communauté urbaine de Marseille, instance représentative de la société civile. Outre le flou sur la période de transition d'un ou deux ans après les municipales, l'absence de suffrage universel direct lui pose problème. La présence systématique des maires, qui représenteraient 90 sièges sur 200 avec un rôle institutionnalisé par une "conférence des maires", ouvre selon lui la porte au maintien du "marchandage" entre communes.

Dans l'après-midi, quatre élus Europe Ecologie-Les Verts dont le député François-Michel Lambert lui ont emboîté le pas dans un communiqué : "Les orientations prises par le Gouvernement vont vers un nouvel « habillage » mais sans réel changement. Ce projet ne répond pas à nos attentes." Manquait plus que ça…

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Commentaires

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  1. Avé Avé

    C’est inadmissible d’être aussi flou!! Et ces conseils de territoire pourquoi pas, mais par pitié pas formés selon les périmètres des anciens EPCI qui ont tous été structurés par convenances politiques (cf. le départ des Pennes-Mirabeau à la CPA entre beaucoup d’autres) et qui n’ont aucune cohérence économique, territoriale et urbaine. C’est n’importe quoi!
    Marre qu’ils se chient dans les pattes.

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  2. Dalton Dalton

    Mme Cordier, Mr Boulesteix et les verts ont raison !
    On nous mène en bateau.
    Les Maires ne veulent discuter avec personne alors que leurs propres concitoyens sont pour cette métropole. Ils nous enfument.
    Mobilisons tous les habitants contre ces incapables attachés à leurs petits, petits, petits privilèges !

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  3. Dalton Dalton

    Mr Vinzent, dans le sous-titre : EPCI et non EPIC !

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  4. Moi de Mars Moi de Mars

    Voilà comment un projet vital pour le territoire est en train d’être vidé de toute substance, décousu fil à fil ! Ecœuré par la tournure prise ces dernières semaines.

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  5. Patrick Mennucci Patrick Mennucci

    On peut toujours commenter mais la vérité est que la Métropole est sur de bons rails,le 1 er janvier 2015 elle aura les compétences essentielles a notre développement .Nous venons de loin et en 30 mois le gouvernement aura fait pour nous ce que personne n’a jamais fait.

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  6. Electeur du 8e Electeur du 8e

    On est quand même les plus forts du monde, en France, pour la sédimentation des structures : si l’on écoute les micro-maires et les micro-présidents d’EPCI (y compris celui qui réunit 3 communes !), nous aurons des communes, des EPCI, une métropole, des syndicats intercommunaux à vocations diverses, des départements, une région. Pour passer un coup de balai sur un trottoir, il faudra combien de coups de tampon et combien de signatures ? Pendant qu’on s’enfonce, ces élus font un concours de pusillanimité. Pour sauvegarder leur tout petit “pouvoir” (et les subventions du CG13), sans doute, mais certainement pas pour tenir compte des intérêts de la population, qui crève de cette mesquinerie.

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  7. Donald Donald

    Tout à fait d’accord avec Moi de Mars.
    La montagne accouche d’une souris.
    Les politiques, une fois de plus, nous ont trahis, à moins qu’ils ne soient tout simplement incompétents.

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  8. silvano silvano

    Avec tous ses petits barons locaux, qui ne voit pas plus loin que leur nez et leur mandat…. ce n’est pas la peine de discuter…. !!!
    La métropole un point c’est tout !!

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  9. Placeauxjeunes Placeauxjeunes

    Au moins, qu on l aime ou qu on l aime pas, Mennucci il change pas d avis tous les 15 jours. A bon entendeur, salut.

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  10. Anonyme Anonyme

    Donc Mennucci et Caselli sont sur la même position sur la métropole ?
    Position de repli donc.
    Cette pseudo-métropole sera donc un “machin” inefficace comme disait De Gaulle.
    Ils n’ont pas de c…lles, ces mecs !

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  11. Trésorier Trésorier

    Une telle métropole, vidée de sa substance, sera néfaste pour Marseille et le périmètre en question.

    Autant la supprimer d’avance, avant qu’elle ne cause trop de dommages.

    Marseille n’a rien à attendre de l’Etat français. D’autres horizons doivent au plus tôt se lever.

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  12. Anonyme Anonyme

    Comme la droite a les Hauts-de -Seine, comme le PR a eu le Var, le PS a (plus pour longtemps) les bouches du rhône pour pomper ses finances.
    La république des partis n’a jamais trouvé rien à y redire, et c’est bien à l’Etat de nettoyer la gangrène qu’il y a laissé prendre.
    Pas aux voisins.
    @Dalton : “les habitants sont pour”. Ha OUAIS ? on en reparle en 2014, si vous voulez bien…

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  13. Jdeharme Jdeharme

    Dans ses 60 engagements François Hollande avait promis l abandon du cumul des mandats pour 2014 pas pour 2017 comme semble l indiquer Bartolone. qu en est il car si le cumul n est pas stoppé pour 2014 les mêmes causes produiront les mêmes dérives. Le cumul c est fini ?

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  14. inKoriptule inKoriptule

    Partie comme ça, la métropole va rapidement montrer ses limites.
    Les maires, qui se foutent de l’intéret général, auront les moyens de tout bloquer, ou plutot, de tirer en permanence la couverture à eux.
    Le troc, la compromission, seront permanents, comme actuellement à MPM ou à la CPA.
    Il faut (et rapidement) la métropole, mais pas celle de Mme Lebranchu.
    Exigeons la démocratie (suffrage direct), la clarté (une véritable collectivité locale), la dissociations communes-métropole (non cumul) et un engagement financier de l’Etat.
    Ce dont le gouvernement a accouché après moultes effets d’annonces, c’est le compromis habituel social-démocrate qui ne résoud rien et qui crée des problèmes futurs.
    Je suis très déçu !

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  15. jdeharme jdeharme

    Une assemblée nationale avec 100 députés (un par département serait suffisant ) et un sénat avec 100 sénateurs (un par département aussi) soit 200 parlementaires pour la france serait suffisant Donc je me résume 577 députés+ 450 sénateurs soit 1027 parlementaires donc si reste 200 cela veut dire 827 salaires de parlementaires économisés. Pourquoi remettre au lendemain ce que vous pouvez faire le jour même?

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  16. Anonyme Anonyme

    et oui nous tenons à des structures elues et dont les competences doivent etre definies avant de mettre ou non en place une metropole; pourquoi garder les departements instituion d enotables de l’ancien regime ? est ce que la regle du non cumul des mandats va etre appliquee enfin et pas seulement à l’assemblee nationale ? pas un mot sur la region paca or tous les pays europeens sont structurees en regions tres vastes et fortes; il est clair que le gouvernement ne tient pas à avoir des contre pouvoirs regionaux ; par ailleurs sur un tel changement la concertation et le dialogue avec les communes, les conseils regionaux, sont surement plus efficaces que le passage en force de lois toutes plus antidemocratiques les unes que les autres dans la maniere de les aplliquer; quant aux citoyens rien n’est prevu par mme lebranchu pour avoir leurs positions : aucune concertation avec les associations où ils se regroupent… c’est inadmissible comme methode et laisse mal augurer de la future metropole si metropole il y a; a ce jour à par m caselli et le medef local, ou l’ump on voit mal sur quoi pourrait s’appuyer une telle initiative …

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