Vers une prolongation de la décharge de Septèmes contre l’avis de la Ville de Marseille

Info Marsactu
le 13 Oct 2022
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Tous les feux sont au vert pour prolonger l'activité de la décharge de Septèmes-les-Vallons au moins dix années supplémentaires, malgré les nuisances subies par les habitants de Notre-Dame-Limite, au Nord de Marseille. Une nouvelle, insupportable pour Samia Ghali et la mairie de Marseille, qui œuvraient pour sa fermeture depuis de longues années.

Les camions défilent toujours en bas du quartier de la Solidarité, dans le 15e arrondissement. (Photo Tom Bertin)
Les camions défilent toujours en bas du quartier de la Solidarité, dans le 15e arrondissement. (Photo Tom Bertin)

Les camions défilent toujours en bas du quartier de la Solidarité, dans le 15e arrondissement. (Photo Tom Bertin)

2022 devait sonner le glas de la décharge de Septèmes-les-Vallons. Initialement prévue en mars, la fin de l’exploitation du site exploité par Valsud, filiale de la multinationale Veolia, avait été repoussée à décembre, faute d’autres solutions. Finalement, à deux mois de l’échéance, cette idée semble enfouie avec les déchets. La tendance est aujourd’hui à une prolongation d’au moins dix années supplémentaires, synonyme d’échec pour la municipalité marseillaise, qui luttait par la voix de l’adjointe Samia Ghali, pour la fermeture de la décharge. En cause, la traversée du quartier résidentiel de Notre-Dame-Limite (15e) par un ballet quotidien de poids-lourds chargés de déchets.

Un avis favorable pour la prolongation a été rendu à l’issue de l’enquête publique, qui s’est tenue du 11 janvier au 11 février 2022. De même le Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) s’est prononcé favorablement à “l’unanimité” lors de sa réunion du 5 octobre. Il ne manque plus que l’arrêté du préfet pour la rendre effective.

Ségolène Royal réclamait sa fermeture en 2022

Pour convaincre son monde, Veolia a dû faire des concessions. Par exemple, en prévoyant une baisse progressive du tonnage, de 150 000 à 100 000 tonnes d’ici 2025. Une diminution conséquente pour le site, qui stocke et traite des déchets venus des Bouches-du-Rhône, des Alpes-Maritimes et d’ailleurs. En parallèle, l’entreprise a aussi dû faire évoluer ses pratiques quotidiennes. “On a fait pas mal de travaux sur la route. Par sécurité, on a aussi mis en place un véhicule balai, qui devance nos poids lourds à chaque fois qu’ils sortent afin de s’assurer de sa vitesse et gérer tout problème éventuel”, assure l’exploitant.

Pas suffisant pour apaiser la colère des riverains et élus marseillais, qui luttent pour la fermeture de cette décharge depuis presque vingt ans. “On a affaire à une multinationale avec une grosse influence qui use de tous les moyens, je dis bien tous, pour ne pas arrêter l’exploitation”, accuse Samia Ghali, qui a fait de cette cause un de ses chevaux de bataille.

Elle pensait d’ailleurs avoir réussi son coup en 2015, lorsque Ségolène Royal, à l’époque Ministre de l’environnement, a écrit au préfet pour lui demander de fermer la décharge de Septèmes-les-Vallons “au plus tôt et en tout état de cause de ne pas autoriser sa prolongation après 2022”.

Les quartiers Nord, théâtre de nuisances constantes

Les deux femmes politiques dénoncent depuis toutes ces années les nuisances olfactives, sonores et sanitaires que subissent les habitants de plusieurs quartiers du Nord de Marseille. Là où les camions de Valsud défilent quotidiennement pour se rendre à la décharge. Habitante du quartier de la Solidarité depuis seize ans, Habiba ne le supporte plus. “Ça ne s’arrête jamais. J’habite en haut de l’immeuble et j’entends tout, comme si j’habitais au rez-de-chaussée. C’est pire que les rodéos urbains !”, témoigne-t-elle. Ayant longtemps pensé que la délivrance arriverait cette année, Patricia Frèche-Gristi, présidente du comité de quartier des Trois-Vallons, vivrait mal une prolongation. “On nous prend une fois de plus pour des imbéciles. On se bat des années pour quelque chose, on nous dit que c’est légitime, que c’est réglé. Là, c’est fini, on n’y croit plus”, se résigne-t-elle.

D’après la préfecture, la gêne occasionnée a été prise en compte par Veolia pour la poursuite de l’exploitation : “le dossier proposé prévoit également une baisse très importante des rotations de camions. Le trafic pouvant s’élever jusqu’à 150 par jour début 2022 diminue à 50 entre mars 2022 et fin 2024, puis à 30 à partir de 2025”. Si prolongation il y a, les camions continueront tout de même à suivre l’itinéraire actuel. “Les autres possibilités ne sont pas favorables aux véhicules. Elles sont trop étroites et trop dangereuses”, soutient la filiale de Veolia.

Septèmes-les-Vallons encaisse la taxe, mais refuse que les camions passent chez eux !

Samia Ghali

Sur cette question, les points de vue divergent. Pour Samia Ghali, d’autres solutions sont possibles, notamment en passant par Septèmes-les-Vallons. Elle regrette d’ailleurs l’attitude de cette commune. “Elle encaisse la taxe, mais refuse que les camions passent chez eux !”, argumente-t-elle. Pour sa défense, André Molino, maire (PCF) de Septèmes-les-Vallons, explique qu’“allonger les parcours et passer par le massif de l’Étoile pose un problème environnemental. On ne peut pas”.

Pour trancher entre ces versions opposées, la Métropole a commandé au Cerema, établissement public qui conseille les collectivités, une étude visant à étudier les différentes possibilités d’accès routiers au site. “Elle a été présentée aux parties concernées le 12 septembre. Des réflexions sont en cours pour étudier la mise en œuvre de ces orientations”, annonce la préfecture. D’après Valsud, le Cerema a validé leur itinéraire initial : “ses conclusions nous sont favorables”.

Pour la mairie de Marseille, le combat n’est pas fini

Afin d’enrayer cette problématique insoluble, la municipalité de Marseille a tenté à maintes reprises de faire modifier la route choisie par l’entreprise. Par le dialogue, puis par la force. En février, la mairie a senti le vent tourner avec la prolongation de l’exploitation jusqu’à décembre, décidée par le préfet par voie d’arrêté. Pour la contrer, la Ville a pris à son tour un arrêté interdisant aux poids lourds de plus de 3,5 tonnes l’accès aux chemins de la Bigotte et des Bourrely, coupant ainsi l’accès à la décharge.

Dès sa publication, Valsud a saisi le tribunal administratif en urgence pour le contester. “Il porte une atteinte grave et immédiate à la poursuite de [notre] activité sur le site de l’écopôle de l’Étoile”, affirme l’entreprise auprès du tribunal. L’exploitant soutient également avoir un “doute sérieux quant à la légalité de l’arrêté, entaché de détournement de pouvoir” car “l’auteur de l’acte était incompétent pour le prendre”. Au final, l’arrêté litigieux a été tué dans l’œuf par le tribunal, qui a donné raison à Valsud. “C’est ce qu’on craignait, concède-t-on du côté de la mairie des 15e et 16e arrondissements. Tout le monde savait que c’était un risque pris par la Ville. Si ça passait, ça réglait une partie du problème, et si non, ça mettait au moins le sujet sur la table”.

La mairie de Marseille a perdu une bataille, mais pas la guerre. “Tant qu’il y aura une once de nuisance pour les habitants de La Solidarité et tous les autres, on continuera d’œuvrer pour les réduire”, assure-t-on dans les couloirs de la mairie des 15/16. D’ici fin décembre, la décision officielle du préfet sera connue. En cas de prolongation, Samia Ghali n’hésitera pas à se mettre en opposition frontale. Et d’envisager des actions plus concrètes, au côté des habitants. “On ne se laissera pas faire, on ira au bout. Je vous garantis que si ça devient effectif, les habitants bloqueront la route”.

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Commentaires

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  1. barbapapa barbapapa

    Nommer “écopôle” une décharge de détritus à ciel ouvert toute proche de dizaines de milliers d’habitants, il faut oser ! C’est même insultant pour les victimes.
    Le vrai problème, c’est que personne ne veut d’une décharge près de chez lui. Quel est le site du département, ou de la région où on pourrait créer une nouvelle décharge sans déclencher la guerre dans les communes riveraines ? Ici, la solution, c’est qu’effectivement la population barre physiquement la route, il n’y a aucune raison qui justifie que les riches communes des Alpes Maritimes viennent déposer leurs chiures chez les populations pauvres du 15ème arrondissement de Marseille. Sans compter l’impact environnemental du transport quotidien de ces tonnes de déchets malodorants.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Tout à fait. C’est insupportable. Indefendable.
      Ce serait d’ailleurs intéressant de savoir quelle est la part de déchets qui viennent d’ailleurs.

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  2. EcoloVert EcoloVert

    Ce site est nécessaire et n’est pas qu’une décharge, preuve que vous n’y êtes jamais allé !
    Il y a une déchèterie, ça fabrique du compost, et la société entretient cette route dégueulasse dont tout le monde se fout !
    Évidemment que personne ne veut une décharge à côté de chez soi, mais elle est nécessaire et emploi au passage près d’une quarantaine de personne et aide les industries de la région qui, sans elle, seraient bien dans la merde.
    Commencez par produire moins de déchets avant de barrer les routes, ce sera un peu plus intelligent je pense !

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    • MarsKaa MarsKaa

      Oh le joli troll peint en vert double-couche !

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    • EcoloVert EcoloVert

      Ha le joli commentaire d’imbecile !

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  3. Alceste. Alceste.

    Madame Ghali,concernant l’entreprise en question avec votre ” elle emploie tous les moyens ,je dis bien tous”, ou bien vous en dites trop ou pas assez.
    Alors,de quoi parlez vous ?

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    • EcoloVert EcoloVert

      Brasaille ? Vous espérez quoi ? Qu’elle vous dise qu’elle est sous escorte lol ! Pfffff des pressions !? Sûrement pas !
      Dans ses rêves peut être ….

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  4. Pascal L Pascal L

    “Elle encaisse la taxe, mais refuse que les camions passent chez eux !”.
    La taxe ne devrait pas être perçue par la métropole plutôt que par la commune de Septème ? A quoi ça sert la métropole ?

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  5. Alceste. Alceste.

    Ecolovert, je n’espère rien , simplement que lorsque l’on affirme quelque chose, il faut étayer. Ou bien alors ,on se tait.
    Mais les “bouches” politiques marseillaises sont coutumières du fait . Bouches fémininines ou masculines , sans aucune distinction.

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  6. LOU GABIAN LOU GABIAN

    LES CAMIONS PASSENT PAR LA SOLIDARITE ALORS QU IL ESXISTE UNE ROUTE PLUS SIMPLE ET SANS DANGER NI MIC MAC CAR LA ROUTE DE LA SOLIDARITE EST TRES DANGEUREUSE

    Bon le problème est qu’ il a des élus sur cette route plus simple a SEptemes

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  7. samatak samatak

    Combien d’argument peux t’on opposer à une décharge situé ici:

    1)Combien de feux sont parti de cette décharge , près du massif de l’etoile ou il y a encore des arbres?
    (ho mais c’etait un autre exploitant mais on s’en fout)
    https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/4553168/il-y-a-vingt-ans-le-massif-de-letoile-etait-ravage.html
    en 2020 aussi

    2)A un moment donné,déja ca devrait être interdit de mettre une decharge dans un site karstique on l’on sait que tout s’infiltre et on sait tres bien maintenant que le plastique n’est pas inerte
    3) Une decharge en hauteur ce n’est pas intelligent à cause du point 1 et 2
    4)Les décharge sont interdite pour entreposer pourquoi donc l’agrandir
    Loi n° 92-646 du 13 juillet 1992 relative à l’élimination des déchets ainsi qu’aux installations classées pour la protection de l’environnement (modification des lois de 1975 et 1976) (JO 14 juillet 1992) Cette loi prévoit de réserver la mise en décharge aux seuls déchets ultimes, à compter du 1er juillet 2002.
    Donc voila on ne veux plus de décharge à Marseille ni ailleurs il semble que c’est ILLEGAL.
    Je cite le site du senat https://www.senat.fr/rap/o98-415/o98-4154.html
    je sais pas comment ils nous arnaquent (un vide sidéral juridique )…

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