La clinique Beauregard ne voit toujours rien venir

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le 28 Fév 2013
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La clinique Beauregard ne voit toujours rien venir
La clinique Beauregard ne voit toujours rien venir

La clinique Beauregard ne voit toujours rien venir

"On attend encore la fumée blanche". Ce qui préoccupe les 500 salariés de l'hôpital privé Beauregard (12e), ce n'est pas l'élection du nouveau pape, mais l'avenir de l'établissement, sur lequel plane la menace d'une fermeture depuis plusieurs mois. Le comité d'entreprise (CE) réuni ce jeudi ne leur a pas permis d'avoir davantage d'informations sur les négociations engagées par son propriétaire, le groupe Générale de santé, avec le nouvel hôpital d'Euroméditerranée (3e) pour un transfert d'activités. Après plus d'une heure de réunion, la CGT a fait monter les personnels rassemblés devant le site, provoquant le départ du directeur. "Aujourd'hui nous n'avons pas encore de réponse", a finalement lâché une émissaire entre deux portes.

Début février, l'un des directeurs de l'hôpital Euroméditerranée, fruit de la fusion d'Ambroise-Paré et Desbief, dévoilait pourtant dans La Provence le contenu d'un accord : "L'hôpital Européen héritera de la cancérologie et de la chirurgie (urologique, digestive, orthopédique, cardio-vasculaire) et du personnel qui va avec, soit environ 250 personnes. Les activités restantes et l'autre moitié des salariés seront dispatchés sur les autres établissements de la Générale de Santé, à Marseille (Monticelli, Résidence du Parc, Clairval) et dans les petites structures de soins de suite et de psychiatrie que possède le groupe en périphérie de la ville".

L'État n'a pas de projet

Une communication qui avait fait bondir les salariés, notamment la commission médicale d'établissement (CME) représentant les praticiens. "La direction n’a rien annoncé en CE donc à notre connaissance rien n’a été décidé", expliquait à La Marseillaise son président Laurent Bouchet. On en est toujours là deux semaines plus tard. Y compris du côté de l'Agence régionale de santé, autorité de l'État en la matière : "Nous ne disposons d'aucun dossier de demande de transfert d'activité. Avant de délivrer d'éventuelles autorisations, nous serons en tout cas très vigilants vis-à-vis de la pertinence territoriale de l'offre de soins".

Pour de nombreux élus qui sont montés au créneau sur ce dossier, jusqu'aux "patrons" de l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille Jean-Claude Gaudin et Bruno Gilles, c'est la pertinence de Beauregard qui ne fait pas de doute. "Son bassin de population – le 5e, le 12e, une partie du 13e et du 11e, Allauch et Plan-de-Cuques – représente 250 000 habitants, souligne le maire du 11/12 Robert Assante (UDI). Qui va prendre en charge les urgences, les accouchements ? Je demande à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, un moratoire de 5 ans, le temps de prendre du recul".

2500 accouchements par an en question

"La ministre ne peut pas dire qu'il s'agit d'un sujet privé", abonde le conseiller municipal communiste Jean-Marc Coppola. La députée de la circonscription, l'UMP Valérie Boyer regrette "que l'on ait pas avancé" depuis sa question en novembre à Marisol Touraine. Laquelle s'était bornée à lui répondre que "le gouvernement est très attentif à ce qu’une offre de santé de qualité soit maintenue à Marseille".

Ses inquiétudes et celles de Robert Assante se focalisent sur le pôle mère-enfant, qui englobe maternité, pédiatrie, oncologie de la femme, en lien avec la radiologie et la cardiologie. "Aujourd'hui, personne n'est capable d'accueillir les 2500 accouchements par an de Beauregard", affirme Valérie Boyer. Or, selon Médéric Hoffet, de la commission médicale d'établissement, il sera difficile à l'ARS de s'opposer au transfert de certaines activités, "les plus rentables, car elles ne sont pas de proximité. Mais la maternité ne peut pas tenir toute seule. C'est pour ça que le problème est politique".

Après l'intervention sur ce dossier de la ministre marseillaise Marie-Arlette Carlotti, suivie des déclarations d'autres socialistes (Christophe Masse et Patrick Mennucci notamment), c'est la ministre de la Santé elle-même que Robert Assante attend de voir à Marseille.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Tu as de beaux yeux toi, tu sais.

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  2. Cani Cani

    Madame CARLOTTI sortez un peu de votre silence
    déjà la Métropole et maintenant Beauregard
    existez vous ?

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  3. si...mais ! si...mais !

    Depuis la question de novembre de Valerie Boyer à Marisol TOURAINE, il y a eu la lettre de Patrick Mennucci que je vous invite à lire dont voici un copié collé et qui a pourtant été relayé dans la presse.

    Marisol TOURAINE
    Ministre des Affaires Sociales et de la Santé
    10 rue de Grenelle
    75007 Paris

    Marseille, le 25 février 2013

    Nos réfs :PM/VB/DEL/2013/0024
    Objet : Clinique Beauregard

    Madame la Ministre,

    Je vous ai fait part à plusieurs reprises à l’Assemblée Nationale de mes inquiétudes sur le devenir de la Clinique Beauregard de Marseille.

    Je vous écris comme Député de cette ville pour vous demander de prendre le dossier en main car j’ai acquis la conviction après ma rencontre avec l’intersyndicale, avec des medecins y exerçant et le recueil d’un certain nombre d’informations particulièrement inquiétantes que la puissance publique
    doit s’impliquer dans une solution préservant la couverture santé de cette partie de Marseille, notamment en obstétrique et les emplois des salariés et médecins de la clinique.

    Je souhaite vous donner les arguments pour vous convaincre que votre intervention est non seulement indispensable, mais légitime.

    Légitime car des fonds publics ont été investi dans l’Hôpital Européen de la Joliette (Plan Hôpital 2012) ce qui contribue aujourd’hui à la fragilisation de Beauregard. Par ailleurs, les emprunts ont été garanti par la Ville de Marseille et le Conseil Général des Bouches du Rhône (130 millions d’euros).

    Depuis novembre 2012, nous savons que la Générale de Santé par la voix de son dirigeant monsieur Montéléone souhaite vendre la clinique Beauregard et transférer les activités aux cliniques Clairval, du Parc et Monticelli et surtout dans le nouvel hôpital privé européen qui n’est pas sa propriété.

    En même temps, le discours officiel de la Générale de Santé est de conserver l’obstétrique à Beauregard mais exploitée par d’autres. C’est ainsi que la Générale de Santé aimerait se débarrasser de l’obstétrique qui a pratiqué 2 200 accouchements en 2012.

    Vous n’aurez pas de mal, Madame la Ministre a vérifier que l’APHM a été sondé pour savoir si elle accepterait de reprendre la maternité Beauregard.

    On voit ici que la Générale de Santé agit comme un opérateur financier avec l’intention de passer au public sa maternité en utilisant un chantage sur le fait qu’avec 2 200 accouchements, Beauregard est devenu indispensable au réseau marseillais des maternités.

    Cette volonté de la Générale de Santé est tout simplement stupéfiante mais éclairante sur sa conception de la santé qui est pour elle un simple produit.

    Il faut s’interroger sur l’Hôpital Européen. Cet Hôpital, regroupement de 2 hôpitaux privés a une autorisation actuelle de 400 lits mais il est construit pour 600 lits. J’ai le sentiment que des négociations sont ouvertes entre l’Hôpital Européen et la Générale de Santé pour transférer à la Joliette la radiothérapie et la cancérologie.

    Ce qui est très surprenant et que j’avais relevé à l’époque, c’est que l’Hôpital Européen a bénéficié d’une subvention de 130 millions d’euros de fonds public pour construire un bâtiment en surcapacité.

    Comment l’Etat a l’époque a-t-il pu accepter de payer une telle somme pour construire un hôpital privé en surcapacité d’1/3 alors que l’APHM possède l’endettement que l’on connait ?

    Il y a une décision du Ministère de la Santé d’alors particulièrement étrange et qui nous conduit aujourd’hui à mieux comprendre le démantèlement de Beauregard afin de combler les 200 lits non utilisé de l’Hôpital Européen.

    L’Etat investi dans un hôpital privé qui va contribuer à démanteler la clinique Beauregard et a laissé sur le carreau l’obstétrique, les 2 200 accouchements que les opérateurs privés imaginent faire supporter par l’APHM. C’est une situation intenable et je préfère vous donner mon sentiment avant la catastrophe qui s’annonce d’autant que l’ARS aura beaucoup de mal à s’opposer à des transferts qui ne sont pas des créations.

    A ce moment, rien ne semble conclu de ce montage mais rien ne semble exclu.

    J’entends tous ceux qui expliquent que c’est une affaire privée, que l’Etat ne peut rien, que la puissance publique serait incapable d’intervenir alors que si les choses avancent telles qu’elles sont imaginées par les groupes financiers de la santé, vous serez placée devant l’obligation d’assurer 2 200 accouchements par an sans aucun outil public capable de le pratiquer. Alors qu’il est impératif que l’APHM reconstruise l’obstétrique de la Conception, vous devrez en construire deux.

    C’est pourquoi j’attire votre attention sur la nécessité de l’Etat de prendre en main cette affaire, de ne pas laisser les groupes financiers gérer ce qui est rentable dans la santé des marseillais et repousser au public ce qui ne l’ai pas.

    Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, mes respectueuses salutations.

    Patrick MENNUCCI

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  4. nibonnes nibonnes

    Le collectif de soignants “nibonnesninonnesnipigeonnes” soutient tout le personnel de Beauregard, et lutte pour l’amélioration des conditions de travail et le retour a des soins humanistes. La qualité et sécurite des soins est gravement menacée et les différents gouvernement ne font qu’entériner les décisions de leurs prédécesseurs… La situation a Marseille en matière de maternité et obstétrique est préoccupante, ainsi que tout le système de soins, coincé entre une APHM exsangue et un groupe privé avide de profits. Les humains ne sont pas des sacs de patates, respectons les patients et leurs soignants.Tous ensemble, et le 23 mars sera une journée de regroupement des soignants…NBNNNP .

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  5. Anonyme Anonyme

    la continuité … la suppression des services obstrétiques a été généralisée dans tout le territoire par le précédent gouvernement, mais hélas celui_ci est dans la même ligne : rentabilité avant tout , peu importe la santé publique , il faudra accoucher à domicile ( cela se fait déjà )et en mourir si problème !
    Le scandale d’un décès dans un taxi lotois parce que la maternité de Figeac a été sacrifiée sur l’autel de la rentabilité n’a pas attiré l’attention de nos décideurs semble t-il … le fric sèche bien des larmes et étouffe bien des scrupules.

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  6. Infirmiére en colére Infirmiére en colére

    .C’est trop facile de répondre c’est une affaire privée comme l a fait Mr Caselli et Jean Masse l’autre jour a Beauregard alors queGaudin et Guerini ont garanti l’emprunt de l’Hôpital de la Joliette et que l’Etat y a mis plusieurs dizaine de millions d’euros alors que l’APHM est en faillite.L’ARS a certains pouvoirs non MMe la Ministre?

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