La carrière de la Corderie est classée monument historique mais son avenir reste flou

Actualité
le 15 Sep 2018
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La carrière antique de la Corderie est classée monument historique depuis jeudi. Mais on ignore encore les méthodes choisies pour sa préservation, assurée par l’État, et sa valorisation, dont la charge revient à la Ville.

La carrière de la Corderie est classée monument historique mais son avenir reste flou
La carrière de la Corderie est classée monument historique mais son avenir reste flou

La carrière de la Corderie est classée monument historique mais son avenir reste flou

Ce vendredi, le panneau a été posé en vitesse sur un poteau et au ras du chantier mené par Vinci pour construire un immeuble. Tout aussi prestement, les ouvriers ont repeint les palissades qui entourent le chantier et même pénétré exceptionnellement sur le site classé pour y retirer quelques herbes folles. Depuis jeudi, 635 mètres carrés de la carrière antique de la Corderie datant du Ve siècle avant Jésus-Christ sont officiellement classés au titre des monuments historiques.

La date tombe opportunément alors que se déroulent ce week-end les journées européennes du patrimoine. Dans un communiqué, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a précisé avoir elle-même souhaité que la plaque soit apposée pour l’occasion quand bien même aucune visite de la carrière n’est prévue ce week-end pour le grand public. Cette protection est le fruit d’une longue lutte menée par des riverains pour faire reconnaître le caractère exceptionnel de ces vestiges.

La Ville envisage “un parcours culturel autour de la pierre”

Depuis ce combat il y a un an, outre l’avancée du dossier concernant le classement, on ne sait que peu de choses du projet. Dans la foulée de la mobilisation, la mairie de Marseille avait esquissé un projet d’ouverture riquiqui de neuf jours par an avec de multiples conditions, avant que Jean-Claude Gaudin ne promette de “faire un effort”. Depuis, le dossier n’a pas fait l’objet d’annonces majeures et la ministre de la Culture a rappelé dans son communiqué jeudi ce qu’elle souhaite :

La conservation du site devra s’accompagner de sa mise en valeur grâce à des aménagements spécifiques permettant sa visibilité et un travail de médiation mené localement en direction de tous les publics.

Contrairement à la préservation des vestiges qui dépend de l’État, cette valorisation relèverait de la mairie. “Nous présenterons en octobre au conseil municipal une délibération portant sur une enveloppe d’un million d’euros pour étudier l’aménagement du site, avance la maire de secteur LR Sabine Bernasconi. Nous avons plusieurs pistes avec de la médiation culturelle notamment celle d’un parcours culturel autour de la pierre avec Saint-Victor et les remparts. Même si ce ne sont pas les mêmes époques, ça permettra d’expliquer des choses aux enfants”. De la même manière, “un jardin pour enfants inspiré du site” devrait voir le jour.

Interrogée au débotté, l’élue refusera d’en dire davantage, y compris sur une éventuelle ouverture élargie au public. Selon nos informations, la piste d’un ascenseur avec belvédère s’est largement rafraîchie en un an. Quoiqu’il en soit, ce dossier fera l’objet d’une “concertation avec le promoteur” qui reste propriétaire de la parcelle, explique Xavier Delestre, le conservateur régional de l’archéologie.

Un site fragile à protéger

Pour l’instant, c’est un “géotextile recouvert de sable” qui protège le lieu, rappelle Xavier Delestre. Mais l’État commence à être mis sous pression dans ce domaine. Sabine Bernasconi elle-même réclame que “la préservation du site qui relève de l’État soit assurée”. Dans une nouvelle pétition, Sandrine Rolengo, déléguée locale de l’association Sites et monuments, réclame que les vestiges soient couverts de manière pérenne. “Sinon il y a un risque de dégradation”, assure-t-elle.

Ce risque, Michel Villeneuve, le géologue qui a coordonné des études sur le site [voir cet article de La Provence] le confirme. “Si les Grecs travaillaient là, c’est parce que la pierre était facile à travailler, autrement dit qu’elle était friable, explique-t-il. Qui plus est, ce calcaire, c’est une éponge. Elle peut se désagréger très vite et il faut donc le recouvrir, si possible d’un verre voire d’un plastique puisqu’il faut aussi pouvoir voir ces vestiges. Il devra aussi permettre l’accès aux vestiges pour leur entretien. Il faudrait intervenir dans l’année qui vient car, avec les premières pluies qui vont venir, on va voir apparaître les premières rigoles.”

Mais l’urgence n’est pas là du côté de l’État. “La conservation sera traitée le moment venu dans le cadre des réflexions pour la mise en valeur. Des solutions adaptées devront sans doute être mises en œuvre”, se contente de commenter Xavier Delestre. Le classement aux monuments historiques ne marque en réalité du côté de l’État que le démarrage d’un nouveau processus, justifie-t-il : “Le projet de conservation ne pouvait être engagé par le service en responsabilité, les monuments historiques, qu’après la décision de classement.”

Une perspective qui ne suffit pas à réjouir le géologue Michel Villeneuve : “Ce qui était intéressant sur ce site, c’était la perspective globale, on voyait même les impacts de leurs pioches. Bien sûr, on pourra toujours mettre des panneaux pour dire ce qu’on aurait vu si on avait sauvé tout le site. Mais avec ces quatre cubes, on ne comprend plus rien de ce que les gens avaient laissé derrière eux.”

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