Kallisté, de l'autre côté de la route

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le 28 Fév 2014
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Kallisté, de l'autre côté de la route
Kallisté, de l'autre côté de la route

Kallisté, de l'autre côté de la route

Vue du ciel, la fracture est flagrante. Seule une route, frontière éphémère, sépare les barres d'immeubles décrépies du parc Kallisté et les lotissements pourvus pour certains de clôtures et de murs cachant de belles demeures, piscines et pinèdes. Ces îlots résidentiels, dont certains sont encore en construction, grignotent les versants de la colline tout autour de la cité. A première vue, l'on pourrait croire que deux mondes se font face, dans l'ignorance de l'autre. En traversant la route avec Salha depuis le parc Kallisté pour aller à la rencontre des habitants de ces lotissements, l'éloignement supposé révèle une vraie proximité.

En dehors de quelques villas plus impressionnantes, nombreux sont ceux qui ont bénéficié de taux immobiliers très attractifs et ont pu acquérir un pavillon comme en trouve à la périphérie de toutes les villes. En traversant le chemin de la Bigotte, un premier lotissement apparaît, protégé par une barrière équipée d'un digicode. D'autres maisons semblent plus accessibles, même si c'est sans doute temporaire puisque les habitants disent vouloir installer la même barrière un jour. [Le son ci-dessous propose d'écouter le tour du quartier réalisé avec Salha] :

 

Dans ce lotissement relativement récent, la plupart des personnes rencontrées racontent avoir toujours vécu dans le quartier. Le premier habitant que nous croisons a la cinquantaine. Prénommé Patrick, il invite à boire le café et fait l'inventaire : "80% des gens ici viennent du quartier. Seuls trois ou quatre sont venus de plus loin parce que ce n'était pas cher. Ma femme était du Parc Kallisté, on a habité huit ans dans le bâtiment I avant de venir ici". Désormais il se rend à la cité, "de temps en temps", pour aller chez le coiffeur ou à la pharmacie.

Sa voisine travaille à la Valentine, autant dire au bout du monde. Elle a pourtant fait le choix de rester ici, dans ce quartier qu'elle ne quitterait "pour rien au monde", après avoir habité des années dans le bâtiment B du parc Kallisté. Avec les habitants de la cité, "ils se fréquentent sans trop se fréquenter", partageant les mêmes transports – pour ceux qui n'utilisent pas leurs voitures – ou envoyant leurs enfants dans les mêmes écoles.

Tous disent leur attachement au quartier même si certains manifestent aussi un vrai rejet. Du fond de son jardin, un homme, la soixantaine qui vit dans sa maison depuis trente-cinq ans se rapproche pour discuter du quartier. Il explique garder ses fusils à domicile "au cas où", depuis qu'un cambrioleur s'est introduit chez lui. Après une agression, il admet ne plus mettre les pieds dans le parc Kallisté qu'il a vu se construire. Un autre homme âgé de 85 ans dont la maison côtoie une association bouddhiste coloré raconte ses balades de minot dans les collines, au temps où Kallisté appartenait encore à la campagne marseillaise. "Avant j'y allais tous les jours, mais les commerces ont fermé, il n'y a plus de boucher, il n'y a plus personne, tout le monde est parti".

"La première fois tu as peur"

Quelques-uns ont échoué là par défaut, avec des préjugés plein les cartons sur les quartiers Nord. "La première fois que tu entends "quartier Nord", tu tombes d'une crise cardiaque, tu as peur. Et quand tu croises les gens, là c'est magnifique, ils sont solidaires. Même les voyous le sont, ils ne volent presque jamais dans le quartier", raconte une femme d'origine maghrébine, la quarantaine, qui vient ouvrir son portail pour discuter. Elle dit avoir longtemps vécu place Castellane, dans le 6e.

Plus loin, de l'autre côté du chemin des Bourrely, quelques villas se cachent derrière de hauts murs équipés de barbelés ou de tessons de verre, mise en garde explicite contre les éventuels intrus. Certains ne répondent pas malgré l'insistance de la sonnette et une présence trahie par la fumée qui s'échappe d'une cheminée. Mais la plupart des propriétés restent accessibles. Malgré une barrière dissuasive dotée d'un avertissement au chien de garde, une dame âgée se penche à sa fenêtre, décide de venir à la rencontre des visiteurs, un bouledogue asthmatique sur les talons. Elle est intarissable sur ce quartier qu'elle habite depuis quarante-cinq ans et dans lequel elle affirme se sentir plus en sécurité qu'au centre-ville. "J'ai connu tous les petits, maintenant je ne connais plus personne, mais je suis très contente de Kallisté", indique-t-elle, entamant une longue conversation avec Salha qu'elle finit par inviter dans son jardin.

Avant de rentrer chez elle, Salha s'arrête au milieu de la traversée du parc Kallisté. Une demeure ancienne aux volets clos dotée de deux étages se tient debout, au milieu d'un semblant de jardin envahi d'herbes folles. "Parfois raconte Salha, on croise les propriétaires qui ne font que passer, des Italiens je crois, mais je ne les connais pas". Elle est le dernier vestige d'une propriété bourgeoise rattrapée par la ville.

A Kallisté, des lotissements entiers se construisent encore
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Au milieu du Parc Kallisté, une maison est cernée d'immeubles
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Commentaires

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  1. isabelle isabelle

    Franchement l’idée de ces reportages est bonne mais la réalisation laisse carrément à désirer … c’est quoi le sujet de cet épisode ??? Il faudrait approfondir un minimum, mettre en perspective les deux pans du quartier, creuser les échanges qui existent ou pas entre les deux … Dommage. Sans parler de la qualité du son …

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  2. Marseillais indigné Marseillais indigné

    La propriété semble être de la fin du XIXème siècle Il faudrait vérifier s’il s’agit d’une bastide ou d’un logement de fonction des cadres d’une usine qui étaient alors nombreuses à proximité

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  3. missjwel missjwel

    Comme c’est triste!j’ai grandi dans le Batiment B et c’était si beau! on voyait la mer, l’Etoile et toute la campagne autour avec ces magnifiques pinèdes et ce petit château qui me faisait rêver…
    L’école, le centre commercial trop sympa. Mon père était d’autant plus content de venir habiter là que quand il était petit la famille avait un cabanon dans ces campagnes, entre le parc du château et l’hôpital Nord

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