Jean Hetsch-Nicole Joulia : quand les élus de gauche flirtent avec Martine Vassal
Pour les départementales, le maire de Fos-sur-Mer et la première adjointe d'Istres représentent officiellement un binôme divers gauche. Mais, sans candidats LR face à eux, ils font figure de candidats de la majorité sortante conduite par Martine Vassal. Une situation qui a ses détracteurs, à gauche comme à droite.
Jean Hetsch (Photo JML)
Réunion non-mixte devant la sous-préfecture d’Istres. En ce jeudi matin de fin mai, Jean Hetsch navigue parmi la centaine de pêcheurs venus revendiquer leur droit historique à pêcher dans les eaux du Grand port maritime. Il fait le lien entre la représentante du sous-préfet et les manifestants et participe à la délégation que le représentant de l’État accepte finalement de recevoir. Bref, Jean Hetsch “fait le maire”. Dans une campagne électorale semi-confinée, c’est encore la meilleure chose à faire.
L’édile socialiste de Fos-sur-Mer brigue pour la première fois un siège de conseiller départemental. Comme à la mairie, il souhaite prendre la succession de René Raimondi. Si le rassemblement du jour a lieu à Istres, nulle trace de sa binôme du cru, Nicole Joulia, première adjointe et ancienne maire de la ville. Les deux élus sont peu apparus ensemble durant la campagne. Et même le porte-à-porte est programmé chacun chez soi.
Un maire PS et son remplaçant de droite
Beaucoup de maires se sont engagés dans la bataille des départementales, misant sur leur ancrage pour coiffer une nouvelle casquette. La plupart partent en favoris dans leur canton. Pour mettre toutes les chances de son côté sur le sien, baptisé Istres-Sud, Jean Hetsch a choisi comme remplaçant le nouveau maire de Saint-Mitre-les-remparts Vincent Goyet. La présence de cet élu de droite dans l’équipe indique l’ouverture du binôme.
Face à eux, on ne trouve aucun candidat estampillé Les Républicains et pour cause : l’adhérent du PS et sa binôme issue du même parti font figure de soutien de la majorité départementale sortante conduite par Martine Vassal (LR). Dans le camp de la présidente, on ne s’en cache pas : s’ils n’ont pas la bannière “Provence unie” sur leurs affiches, on compte bien sur leur soutien au moment de l’élection à la présidence dans une opération de realpolitik assumée. “Nous nous retrouvons sur des valeurs“, assurait la présidente du département à Marsactu il y a quelques semaines. Lors du vote du dernier budget, Nicole Joulia, qui n’a pas répondu à nos questions, comptait parmi les “pour”. Vincent Goyet assume cette même optique : “En étant remplaçant, j’apporte un soutien et je travaille à faire gagner la majorité de Martine Vassal. Elle a déjà une majorité transverse à laquelle Nicole Joulia appartient. Quant à Jean Hetsch, il peut tout à fait s’inscrire dans les projets portés par Martine Vassal.”
Hetsch défend la “neutralité bienveillante”
Jean Hetsch refuse quant à lui de parler de soutien, mais évoque “une neutralité bienveillante” : “On verra dossier par dossier. Si c’est intéressant, on le votera. Nous gardons notre liberté, y compris au sein de notre binôme. On fera le point après l’élection”, assure l’édile. Dans la foule des pêcheurs, René Raimondi, conseiller départemental sortant, accepte du bout des lèvres de commenter : “Je sais que Jean ne soutiendra pas la majorité Vassal, assure-t-il. Maintenant, en politique, il y a tellement de surprises…” Lui en tout cas “n’aurait jamais voulu s’allier à Vassal. Pendant six ans, elle n’a jamais voulu signer de contrat départemental d’aménagement estimant qu’il y a suffisamment d’argent à Fos. J’étais pas dans l’axe du système.”
Leur alliance est faite pour foutre en l’air la gauche.
Jacky Chevalier, conseiller municipal PCF à Fos
Reste une configuration inédite qui défrise d’un bout à l’autre de l’échiquier politique et du canton. Vendredi 4 juin, la réunion de la majorité municipale fosséenne a été houleuse, rapporte Jacky Chevalier, conseiller municipal et secrétaire de la section PCF locale. “On a dit à la majorité qu’il n’y aurait pas de soutien autre que les candidats qui portent l’accord départemental d’union de la gauche et des écologistes. Leur alliance est faite pour foutre en l’air la gauche.” Cet accord est incarné dans le canton par Nathalie Sirben et Alain Arezki, deux écologistes vitrollais qui, barrés dans leur ville, ont été envoyés en terre de mission. “Nous sommes là pour que les électeurs de gauche et de centre-gauche puissent se sentir représentés et voter pour un changement de gouvernance”, assure ce dernier. Nathalie Sirben et Alain Arezki sont officiellement soutenus par le PS où Jean Hetsch paie toujours ses cotisations de militant.
“Un gloubi-boulga politique”
Dans La Provence, le socialiste fosséen Philippe Troussier, troisième adjoint à la mairie, s’est inscrit dans le droit fil de l’accord départemental. À Istres, l’ancien conseiller municipal et membre du conseil fédéral du parti Lionel Jarema dénonce “le gloubi-boulga politique organisé par le maire d’Istres. De la gauche du PS à Vassal, Jean Hetsch préfère le poste à ses valeurs politiques”. Ancien maire et aujourd’hui conseiller municipal EELV dans la ville, Michel Caillat se borne quant à lui à constater “la trahison de Jean Hetsch et la trajectoire politique de Nicole Joulia qui comme François Bernardini s’est rangée derrière Martine Vassal depuis des années.”
Martine Vassal ne m’a jamais demandé ce que je pensais du choix de ne pas mettre de candidat et de soutenir Nicole Joulia et Jean Hetsch à demi-mots.
Robin Prétot, candidat LR à Istres lors des municipales de 2020
À droite aussi, la situation exaspère. Jamais les militants locaux n’ont reçu d’information claire sur leur canton. En première ligne, les opposants municipaux sont démunis face au casting qui leur est proposé. “J’ai décidé de ne pas du tout me mêler les élections départementales. Martine Vassal ne m’a jamais demandé ce que je pensais du choix de ne pas mettre de candidat et de soutenir Nicole Joulia et Jean Hetsch à demi-mots”, raconte l’Istréen Robin Prétot, candidat LR aux dernières municipales. Philippe Maurizot, battu aux dernières municipales de Fos, est encore plus direct et virulent. Conseiller régional sortant et non reconduit, il jette un regard amer sur les décisions de son parti : “À force d’envoyer des signaux contradictoires d’une élection sur l’autre, ça laisse le message qu’un coup vous défendez vos convictions, un coup vous mettez un mouchoir dessus et qu’au final la seule chose à laquelle vous pensez, c’est votre poste.”
“On a des militants LR qui vont voter RN”
Depuis sa mairie de Saint-Mitre, Vincent Goyet n’adhère pas du tout à ce jugement tranché : “On n’est pas sur une échéance présidentielle, mais sur une échéance de territoire. Moi, dans ma majorité municipale, il y a des gens de droite, des gens de gauche et des gens dont je serais bien incapable de dire pour qui ils votent. Il ne faut pas les laisser les partis faire leur loi”, argumente-t-il.
“Les gens nous demandent de dépasser les clivages”, poursuit-il. Ses opposants de tous bords du moment craignent plutôt un effet boomerang. “Avec la dynamique Mariani, l’accord pour les régionales et la stratégie départementale à géométrie variable, la digue est déjà faible. Si vous ne mettez pas de candidats en face, vous ne savez pas comment ça finit. On a des militants LR qui vont voter RN”, assure Philippe Maurizot. En 2015, le binôme Raimondi-Joulia et son concurrent étiqueté FN étaient arrivés à quasi égalité au premier tour, aux alentours de 39 %. Entre la nouvelle configuration et l’abstention annoncée record, difficile de dire ce qu’il en sera le 20 juin.
Commentaires
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Cette stratégie de l’équipe Vassal de ne pas mettre de candidats dans certains cantons ne peut qu’être favorable à l’abstention… et au Front National.
On comprend bien le jeu pour avoir des soutiens à l’élection de la présidence du département, mais ces candidats socialistes sont ils sûr d’être réélus au cantonales ?
Et n’y a-t-il pas aussi finalement un deal de l’équipe Vassal avec le RN ?
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Joulia est de gauche jusqu’à la minute qui précède le dépouillement à l’image de son mentor le mis en examen Bernardini. Conseil municipal d’avril: privatisation de deux crèches et rachat d’un bowling ( à un membre du conseil municipal) ça ressemble pas à des décisions de gauche ????
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A l’image du ps national, un parti à la dérive dont les élus ne souhaitent pas pointer à pôle emploi.
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On savourera les références de ces gens aux VALEURS. C’est le mot-clé pour ne rien dire des programmes, et encore moins des marchandages obscurs. Or la seule certitude en ce mois de juin, c’est qu’ à une semaine du scrutin les “grandes listes” ont constitué un front uni de l’opacité.
Et le lundi on incriminera les abstentionnistes.
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“Nous nous retrouvons sur des valeurs”…pécuniaires, de pouvoir, démagogiques, boutiquières, clientélistes, anti-démocratiques, retournechemise, j’en passe et des pires. Car pour tout dire écoeurantes.
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De gauche de droite ne veut plus rien dire, il faudrait à chaque fois annoncer le parti. Le ps est l’antichambre de lrem qui lui même recycle les lr qui ne sont pas encore rn, ainsi qu’une partie des écolo qui en a marre de se prendre des baffes et aimerait bien être parfois élus. Le pc va bientôt disparaitre, les électeurs iront vers lfi, les cadres iront au ps, chez lrem. bref, un beau merdier avec le rn qui ramassera la mise au moins pour une mandature.
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Dans la bouche de la multi-présidente du département et de la métropole, la phrase “Nous nous retrouvons sur des valeurs“ mériterait d’être précisée. Ca ne veut rien dire en soi. “Valeurs”, c’est aussi le titre d’un torchon qui n’en a aucune.
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Ou plutôt, comme pour une pub de célèbres rillettes : “Nous n’avons pas les mêmes valeurs !”
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Cher tous ,je suis désolé mais vous sur estimez grandement notre personnel politique qui sont concernés par cet article.Vous accordez des valeurs morales à ces individus qui en sont totalement dépourvus. Vos échanges sur la notion de valeur dans le cas présent est caduque .La seule notion de valeur qu’ils ont en commun est celle donnée par Levasseur :
“La valeur doit être définie comme le rapport qui s’établit par l’échange entre individus concernant divers produits ou services”
Ce n’est pas de la politique c’est de la gestion de carrières et de revenus
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