Inscriptions scolaires : les parents attendent, la mairie regarde ailleurs

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le 20 Juin 2013
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Inscriptions scolaires : les parents attendent, la mairie regarde ailleurs
Inscriptions scolaires : les parents attendent, la mairie regarde ailleurs

Inscriptions scolaires : les parents attendent, la mairie regarde ailleurs

Le matin, la rue Fauchier est quasiment vide sauf au numéro 38 où une quarantaine de personnes attendent déjà devant la direction des affaires scolaires de la mairie de Marseille. Ces parents sont venus de tout Marseille pour inscrire leurs enfants à l'école, à la cantine ou demander une dérogation. Les vacances approchant, il y a urgence à programmer la rentrée. La file d'attente se forme, presque décourageante alors que les portes n'ouvrent que dans quinze minutes. Les parents se placent en rang en attendant d'entrer. Pour un peu, on se croirait à l'école. Certains commencent à discuter entre eux et quelques remarques fusent : "Je ne comprends pas la logique de faire venir tout le monde au même endroit. Il faut créer plusieurs bureaux", s'agace une mère de famille. Depuis cette année en effet, l'ensemble des élèves a rendez-vous rue Fauchier alors qu'auparavant, seuls les enfants des 1er, 2e et 3e arrondissements y étaient rattachés.

A l'heure tant attendue de l'ouverture des bureaux, un femme se présente devant la porte d'entrée et brandit un trousseau de clefs. Elle fait de grands gestes et parle malgré la vitre épaisse qui la sépare de la foule : "reculez sinon je ne pourrai jamais ouvrir"Le bâtiment n'est pas encore totalement ouvert que la dame reçoit déjà une doléance. La précipitation de l'usagère rend incompréhensible sa demande.

Une deuxième fonctionnaire rejoint sa collègue pour gérer le flot de personnes qui tentent de se précipiter à l'intérieur. Une fois la petite salle d'attente bondée, les parents sont obligés de patienter dehors, le long du trottoir. L'attente a l'avantage de dénouer les langues : "c'est la première fois que je viens ici donc je ne connais pas le fonctionnement. Mais il me semble que nous sommes beaucoup trop nombreux", constate Luc. Plus loin dans la file d'attente, une maman qui est venue du 13e arrondissement s'exaspère : "je suis allée dans ma mairie de proximité pour inscrire mon enfant. j'ai ramené les papiers nécessaires mais aujourd'hui je suis obligée de traverser la ville pour venir prendre un certificat. Je n'ai vraiment pas que ça à faire".

A défaut d'être équipé d'un distributeur mécanique, une employée tient le rouleau à tickets entre ses doigts. Elle les distribue aux chanceux qui ont passé le barrage qu'elle forme avec sa collègue sur le pas de la porte. Le bâtiment prend des airs de boîte de nuit où la direction se réserve le droit d'entrée. Au final, son rôle reste de gérer la pénurie : "on n'a pas reçu d'effectif supplémentaire", lâche-t-elle.

"Le personnel est en sous effectif"

Le syndicat Force ouvrière (FO) confirme ce constat : "le personnel est clairement en sous effectif. Tous les agents se consacrent uniquement aux  inscriptions", rapporte Evelyne Michel, secrétaire adjointe des Territoriaux FO. Selon elle, "il aurait été préférable de faire deux groupes. Un premier qui rassemblerait les huit premiers arrondissements de Marseille et un deuxième qui regrouperait les huit autres". Surtout, estime-t-elle, il s'agit d'une défaillance globale de la chaîne : "Les mairies de proximité qui devaient prendre les inscriptions cette année n'ont pas la formation pour accompagner et écouter les parents et les enfants dans le choix de l'école. En ce qui concerne le site internet, il est parfois défaillant et il ne dispense pas toujours du déplacement des parents vers un bureau de mairie ou vers la Direction des affaires scolaires".

La situation a été évoquée durant le conseil municipal du 17 juin par Danièle Casanova, adjointe au maire à l'éducation. Pour elle, elle n'est pour rien dans cette colossale désorganisation. Elle cible d'abord les directeurs d'école : "La tradition voulait qu'à Marseille, ce soient eux qui assument les inscriptions des enfants. Les maîtres d'écoles avaient entamé une grève pour qu'ils n'aient plus la charge des inscriptions". Vient ensuite l'heure des parents qui "pouvaient recenser leurs enfants sur internet jusqu'à fin mars et dans les mairies de proximité". Danièle Casanova termine sa plaidoirie en évoquant les soucis informatiques rencontrés par le personnel : "tous ceux qui pratiquent l'informatique savent qu'un logiciel doit être sans arrêt amélioré surtout si c'est la première année d'utilisation".

Rien n'a en tout cas été fait pour éviter les bouchons de la rue Fauchier. En milieu de matinée, comme tous les jours, certains parents attendent toujours dehors. Le soleil commence à chauffer sérieusement. Une maman, son bébé dans les bras est plutôt pessimiste : "je suis là depuis 8 h 15 et je pense que je ne serais pas passée avant la fermeture à 11 h 30". Le parcours du combattant continue.

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Commentaires

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  1. anonyme13 anonyme13

    Mis à part ça et quelques autres petits problèmes sans importance dans tous les quartiers, la ville est parfaitement gérée…

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  2. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Les explications données par l’adjointe au maire doivent-elles susciter l’hilarité ou la consternation ? Invoquer d’abord la “tradition” marseillaise et omettre que la règle générale – il suffit de regarder le site internet du ministère de l’éducation nationale – est l’inscription en mairie. Mettre ensuite en cause successivement les enseignants, puis les parents… Bientôt, elle va nous expliquer que les enfants sont, après tout, les premiers responsables de ce foutoir : s’ils n’existaient pas, ce serait plus simple…

    C’est du niveau d’un Richard Miron qui expliquait, il y a quelques semaines dans La Provence, que si de nombreux enfants marseillais n’apprennent pas à nager à l’école primaire, où c’est pourtant obligatoire, c’est à cause de l’incompétence des enseignants… et pas du tout à cause de l’insuffisance du nombre de piscines, largement à la hauteur des besoins selon lui…

    Quelle fine équipe !

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  3. Jean Valjean Jean Valjean

    Personne ne se rend compte que ce système bricolé à la petite semaine remet en cause l’égalité d’accès au service public, et qu’à ce titre, il transforme nos élus municipaux en délinquants ? En effet, dans ce maelstrom, seuls les plus malins (mieux informés, mieux “introduits” …) surnagent.
    Jean-Claude Gaudin, chantre de l’école privée, fabrique par son mépris de l’école publique une ville de plus en plus inégalitaire.

    Les amis, à la prochaine leçon, nous vous montrerons comment Jean-Claude Gaudin renforce la ségrégation socio-spatiale par sa politique immobilière débridée et son refus des logements sociaux dans les quartiers sud.

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  4. Parents désoeuvrés Parents désoeuvrés

    Merci pour cet article, on se sent un peu moins seul…
    Pas sur cependant que cela fasse bouger les choses compte-tenu des propos de notre adjointe à l’éducation qui prend vraiment les parents et les directeurs d’école pour des imbéciles!!!

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  5. pour un service public performant pour un service public performant

    Autour de Marseille, des petites communes à faibles ressources arrivent à rendre un service public d’éducation de grande qualité malgré la faiblesse des moyens. Mais pour cela, il faut des élus ambitieux pour le devenir de l’enfant, volontaristes sur la qualité du service public rendu aux citoyens, aux contribuables et aux administrés ; il faut aussi des agents publics reconnus, respectés et encouragés… bref, il ne faut pas forcément grand chose pour que ça marche et que les gens soient satisfaits : juste de l’ambition, de la volonté et un sens affirmé de l’intérêt général ; autant de vertus qui semblent cruellement manquer à M. Gaudin et condisciples.
    Heureusement, mars 2014 n’est pas loin, et les marseillais pourront à nouveau choisir entre les moyens donnés à l’école et les financements “occultes” des concerts de David Guetta. M’enfin, paraît qu’on a le Maire qu’on mérite, alors…

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  6. Patrick Mennucci Patrick Mennucci

    Et lundi au conseil municipal Gaudin a fait voter un téléphérique,une Arena et un Casino pendant ce temps dans le 3 eme 250 enfants sont sans affectation.

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  7. Franck Franck

    Vous vous demandez pourquoi les autres communes du département ne veulent pas intégrer une métropole conduite par le système marseillais….

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  8. piere piere

    et dire que partout ailleurs en France, dans des communes de toutes tailles, ça marche depuis des années !

    je maintiens : il faut mettre cette ville sous tutelle administrative, et vite !

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  9. Anonyme Anonyme

    Au vu de l’intérêt porté à l’éducation de nos minots par la Mairie, je suis trés inquiet pour la réforme des rythmes scolaires et sur la qualité des activités proposées…cela risque fort de ressembler à de la “garderie”!!!

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  10. Kim13010 Kim13010

    Je trouve que attendre 3h00 voir 4 hoo pour ne pas obtenir un papier , c’est lamentable. La mairie a fait n’importe quoi cette annee aux affectations. Moi j’ai fait au mois de fevrier une demande de derogations et toujours pas de reponses, on ne peut joindre personne au telephone occupe ou cela ne reponds pas . Bravo la mairie

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