"Il y a une méconnaissance absolue de l'urbanité des quartiers nord"
"Il y a une méconnaissance absolue de l'urbanité des quartiers nord"
Christine Breton est une arpenteuse de mémoires. Depuis 1995, elle chemine au nord de la ville et récolte avec patience les éléments de la mémoire, du patrimoine et de l'histoire des quartiers populaires. "C'est effectivement les trois pieds d'un seul triptyque. A cause de nos habitudes académiques, le plus souvent l'histoire fait oublier la mémoire, la mémoire fait oublier le patrimoine et ce dernier est réservé au tourisme", résume la marcheuse. Au milieu de la décennie 1990, celle qui est alors conservatrice du patrimoine à la Ville de Marseille est chargée d'une mission officielle plutôt inédite. "Dans le cadre de la convention Ville-Etat qui mettait en place la partie culturelle de la politique de la ville, on m'a chargée d'accompagner la mutation urbaine".
Christine Breton est nommée à ce poste inédit. Au départ, sa mission s'enroche au Grand projet urbain dont le coeur est la vallée de Séon, dans les 15 et 16e arrondissements. Dans la foulée, le maire de secteur de l'époque, Guy Hermier étend ses prérogatives à l'ensemble de ces arrondissements. A l'époque, la mutation urbaine est "d'une violence folle". Les usines tombent l'une après l'autre sous les dents des caterpilars. Christine Breton court d'un site à l'autre pour sauver ce qu'elle peut de la mémoire industrielle de ces quartiers.
Sans méthode préconçue, sans préalable réelle en France, elle met en train un chantier sans fin. "Au début, je me suis assise sur une chaise et j'ai pleuré". La distance est énorme entre l'académisme de sa formation et la réalité de la mission."Quand vous arrivez sur le terrain de ces quartiers qui ont été abandonnés pendant tant d'année, où règne une telle injustice vous vous le prenez en pleine figure". Peu à peu, elle se construit une méthode notamment inspirée des textes du conseil de l'Europe qui parle d' "approche intégrée du patrimoine". Au-delà des objets architecturaux, elle s'intéresse alors à ce qui les entoure : "Cela permet de faire le petit pas de côté est de ne pas regarder seulement l'objet, le savoir-faire, le savoir-vivre mais de le regarder et le conserver dans son contexte". Or, au final la matière urbaine composite des quartiers nord reste pour beaucoup à découvrir.
Pour cela, elle va à la rencontre des gens, marche avec eux et bâtit son projet dans une attention collective. "C'est parole donnée, quand une confiance est accordée, c'est parti". Une démarche forcément féconde puisqu'elle débouche aujourd'hui sur des initiatives filles ou soeurs de cette aventure pionnière : le GR2013 dans la façon dont il traverse les quartiers nord, la dynamique coopérative d'Hôtel du nord ou une série de récits d'hospitalité, huit petits livres écrits par Christine Breton et un artiste invité avant que Martine Derain les mette en forme pour les éditions commune.
Commentaires
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madame breton peut sans doute nous dire le cout du sentier de randonnee mais surtout sa repartition
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Madame Breton est un chercheur inépuisable qui a mit sa vie au service des plus précaires, elle n’a pas hésite a remettre en jeu un possible confort de vie au service des territoires délaissés, non pas pour en faire un portrait idéal juste pour leur rendre leur mémoire et mettre cette mémoire au service du présent…
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