Hors Marseille, la droite a le vent en poupe

Actualité
le 29 Juin 2020
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Dans les Bouches-du-Rhône, le second tour de ce dimanche 28 juin a réservé quelques surprises. La droite se maintient à Aix et conquiert les fiefs communistes d'Arles et de Gardanne, mais perd des maires qui étaient bien enracinés dans de plus petites communes.

Maryse Joissains le soir de sa réélection en 2020, entourée de sa fille Sophie à gauche et de son premier adjoint Gérard Bramoullé à droite. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)
Maryse Joissains le soir de sa réélection en 2020, entourée de sa fille Sophie à gauche et de son premier adjoint Gérard Bramoullé à droite. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)

Maryse Joissains le soir de sa réélection en 2020, entourée de sa fille Sophie à gauche et de son premier adjoint Gérard Bramoullé à droite. (Photo : Pierre Isnard-Dupuy)

À Aix, Maryse Joissains triomphe sans panache

“Ça a été un combat de titans”. Tout sourire, Maryse Joissains n’a pas eu peur du coronavirus cette fois-ci. Au premier tour le 15 mars, elle s’était réfugiée dans son bureau de maire sans apparaître en public à l’annonce des résultats (Lire notre reportage à l’occasion du premier tour à Aix). Ce 28 juin, masque chirurgical à la main plutôt que sur le visage, elle s’est offert un bain de foule avec ses supporters pour fêter son élection pour un quatrième mandat.

Les espoirs de changement des anti-Joissains, n’auront pas été concrétisés. La maire sortante LR est réélue avec 43,53 % des suffrages exprimés. La liste LREM menée par la député Anne-Laurence Petel récolte 32,12 % et l’union de la gauche de Marc Pena 24,35%.

Devant la presse, Maryse Joissains ne donne pas non plus dans le triomphalisme. Après une longue séquence judiciaire, puis électorale et de gestion de crise sanitaire, elle se dit “un peu étourdie”. La participation est faible. Seuls 33,85 % des Aixois se sont déplacés aux urnes. Par rapport à 2014, dont le deuxième tour était aussi une triangulaire, le score de Maryse Joissains est en recul de neuf points.

Maryse Joissains, sa fille Sophie Joissains et leurs supporters célèbrent leur victoire au soir du second tour ce 28 juin. Photo : Pierre Isnard-Dupuy.

Pour sa principale challengeuse, Anne-Laurence Petel, la victoire de Maryse Joissains est faible. “Elle a été élue par 12 000 électeurs alors qu’il y a 90 000 électeurs à Aix, comptabilise-t-elle. Si on ajoute les voix de Marc Pena et les nôtres, cela signifie qu’une majorité d’Aixois ne veulent plus de Joissains.” Les traits tirés, devant son local de campagne de la rue des Tanneurs, elle ne cache pas sa déception.

Pour sa part, Marc Pena se montre un temps introspectif, avant d’afficher une mine réjouie. “Nous sommes très satisfait. On partait de pas grand-chose. On partait de la gauche divisée”, dit-il. Alors que Maryse Joissains affirme vouloir “sortir de la métropole”, Marc Pena se rêve dans une majorité de gauche à la métropole avec le Printemps marseillais : “on sera des élus très utiles pour le territoire aixois, c’est là que ça se passe.” Reste à savoir si cette majorité pourra se construire.

Reconnue coupable de détournement de fonds public et prise illégale d’intérêts, Maryse Joissains passera à nouveau devant la justice pour que soit établie ses peines, annulées en février par la cour de cassation. Pour l’heure, en cas d’inéligibilité, elle élude le sujet de qui pourrait lui succéder.

Marc Pena, candidat du rassemblement de gauche Aix en partage à l’extérieur du bureau centralisateur, installé exceptionnellement à la Cité du livre pour cause de Covid. Photo : Pierre Isnard-Dupuy.

Gardanne et Arles, des bastions communistes qui basculent

Grosse surprise à Gardanne. Après 43 ans de règne sans partage du communiste Roger Meï, la ville passe à droite. “La majorité d’entre vous souhaite un nouveau souffle pour Gardanne et pour Biver”, s’est félicité le candidat (LR) Hervé Granier sous la liesse de ses partisans, comme nous avons pu le visionner sur sa page Facebook. Marsactu a souhaité joindre le futur maire de Gardanne, qui n’a pas donné suite.

L’ancien chef de la police municipale de Rousset se présentait pour la première fois à une élection et aucun de ses colistiers ne sont des sortants du conseil municipal. Il tient néanmoins à témoigner de son “profond respect pour monsieur Meï, avec qui nous avons tous grandi. Ce soir une page se tourne mais nous n’oublierons jamais ce qu’il a fait pour notre commune et ses habitants.”

Jean-Marc La Piana, héritier désigné de Roger Meï et troisième de cette élection, se dit “très triste et surpris”. “Au delà de ça, je pense que les gens ont voulu un changement radical. J’assume l’échec et je reste complètement actif à la place que l’on m’a donné”, dit le médecin qui était à la tête de la seule liste d’alliance. “C’est surprenant si l’on veut. Moi je trouve ça désolant. On avait de quoi continuer à gauche, commente le candidat PCF et conseiller départemental Claude Jorda d’une voix las. Hervé Granier profite surtout du RN qui s’effondre”, analyse l’ancien instituteur. Aucun des deux hommes de gauche n’exprime de regrets quant aux divisions de la majorité sortante qui ont participé à ce résultat.

À Arles, Hervé Schiavetti, élu PCF depuis 2001, n’a pas de successeur de son parti. Dans le duel de second tour, l’ancien président de France Télévisions, Patrick de Carolis, l’emporte. Étiqueté Divers centre par la préfecture, il a reçu le soutien des Républicains. Cyril Juglaret le candidat du parti de droite s’était retiré. Nicolas Koukas, le candidat PCF était soutenu par le PS et allié dans l’entre deux tours avec la liste écolo-citoyenne Changeons d’avenir.

Gagnée par la droite en 2014, Aubagne ne rebascule pas à gauche, en dépit des espoirs de l’alliance entre communistes et verts. Gérard Gazay (LR) est reconduit devant l’union de la gauche menée par Magali Giovannangeli.

Des maires de droite sortis

Ils se comptent sur les doigts d’une main. Ce dimanche, cinq maires ont été invités à passer la main. Après un premier tour marqué par une “super prime” aux sortants, ces quelques alternances forcées se concentrent dans les petites communes de droite, sans fracas. Pour Béatrice Aliphat, à Saint-Mître, et Jean-Claude Féraud, à Trets, c’est une autre majorité de droite qui s’installera à l’hôtel de ville. À Roquefort-la-Bédoule, une gestion centriste succède aux deux mandats de Jérôme Orgeas. Cabriès et Sausset-les-Pins ont quant à elles été tentées par des candidatures écologistes pour remplacer Hervé Fabre-Aubrespy et Bruno Chaix.

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Commentaires

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  1. petitvelo petitvelo

    L’insigne religieux bien visible en dit beaucoup du rapport aux valeurs républicaines …

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  2. Tarama Tarama

    Beaurecueil, dans la campagne aixoise, a vu son maire depuis 31 ans déboulonné par une liste écologiste (la commune étant petite, c’est peut-être le système du panachage, mais le sortant est sorti en tout cas, et c’est une proposition eco-citoyenne qui l’a emportée).

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