Hersant qui pleure à Nice mais qui rit en Suisse ?
Hersant qui pleure à Nice mais qui rit en Suisse ?
Les banquiers de GHM ( Groupe Hersant Média), l’actionnaire de La Provence et de Nice Matin, ne se faisaient pas beaucoup d’illusions. Ils savaient bien que Philippe Hersant, le patron et actionnaire majoritaire de GHM, ne pouvait faire autre chose que gagner du temps en se rendant au conseil d’administration de Nice Matin, mardi dernier. C’est donc sans surprise que Hersant a annoncé à ce conseil, et notamment aux représentants de la coopérative actionnaire qui regroupe les salariés du journal , qu’il suspendait le processus de vente du siège social de la route de Grenoble, le temps de trouver un accord.
C’est vrai qu’en quelques jours il a fait très fort le Philippe. Il a réussit tout d’abord à se mettre à dos ses deux plus gros clients. Christian Estrosi le Ministre Maire de Nice, mais qui tient également le Conseil Général 06 via son ami Ciotti, et Michel Vauzelle le Président du Conseil Régional Paca. Estro et Vauzelle ayant la signature sur plusieurs millions d’Euros de budget pubs et autres annonces légales, ce n’est pas bien malin. Evidemment Hersant s’est fâché avec les salariés du journal, oubliant un peu vite qu’ils sont également actionnaires via la coopérative. C’est certain que des associés en bleu de travail, on ne les regarde pas de la même façon que quant ils sont en costume cravate. Et puis il a même finit par se brouiller avec Eric Debry le PDG de Nice Matin qui lui a courageusement ( sans ironie) filé sa démission quant Hersant lui a courageusement ( avec ironie) demandé de porter plainte contre les délégués syndicaux, accusés de mener une grève et des actions illégales. On est en France, pas en Suisse, ce beau pays où réside Philippe Hersant, et il y a chez nous des choses qui ne se font pas. Même si c’est pas tous les jours marrant, en France on est obligé de faire attention aux syndicats, on paye des impôts, il n’y a pas de secrets bancaires et les politiques sont tout puissants. Et oui, c’est pas la Suisse. Mais à côté de ça on a du bon vin, on mange bien, on a la mer, et on peut encore dire merde à qui on veut.
Généralement quant on est banquier, la Suisse on aime bien. Mais là, les principaux banquiers de GHM , la BNP et Natixis en tête commencent à se demander sérieusement si Philippe Hersant n’est pas en train de les rouler dans le rostîgraben. Car pendant qu’il passe son temps à pleurnicher et à renégocier le remboursement de sa dette d’environ 200 millions d’Euros dans leurs beaux bureaux parisiens, il reste très discret sur ses petites activités suisses, qui elles semblent plus à l’abri de la crise. Des activités que Philippe Hersant possède directement, donc elles n’ont rien à voir avec GHM, et qui sont logées dans « Editions Suisse Holdings », une société basée à Fribourg, dont il est aussi facile d’avoir des infos et des chiffres que de vouloir obtenir le numéro de mobile de Zahia, la copine des Bleus.
En quelques années, Hersant s’est tranquillement constitué un petit groupe de presse autour du Lac Léman. Il a démarré ses emplettes en 2001 en achetant le quotidien la Côte à Nyon. Puis il est passé à la vitesse supérieure en 2002 en rachetant la Société Neuchâteloise de Presse, qui édite plusieurs journaux comme l’Express à Neuchâtel, et il a continué très discrètement en devenant propriétaire d’autres journaux et imprimeries en Suisse Romande , se diversifiant dans la télévision locale à Genêve en rachetant Léman Bleu et dans l’internet avec le portail arcinfo.ch. Un beau petit groupe de presse qui doit peser aujourd’hui dans les 50 millions de Francs suisse ( a peu près 30 millions d’Euros) de Chiffre d’affaires et employer pas loin de 500 personnes. Certes, beaucoup plus petit que GHM qui pése autour de 900 millons de Chiffre d’affaires , mais en bien meilleur santé, sur un petit marché très épargné par la crise et avec très peu de concurrents.
Editions Suisse Holdings vaut donc pas mal d’argent aujourd’hui et les banquiers français l’ont bien compris. Ils commencent donc à lorgner de plus en plus de l’autre côté du lac, en se demandant si Philippe Hersant ne les prend pas pour de la viande de grisons quand il vient à Paris faire les cosettes, alors qu’il est à la tête d’une petite fortune au pays des bons chocolats. Ce qui les agace encore plus, c’est que malgré des démentis qui vont rire tout le monde en Suisse ( et c’est pas souvent), Philippe Hersant serait sur un très beau coup là-bas, et prêt à s’emparer du Nouvelliste, un très beau quotidien édité à Sion dans le Valais. Avec ses 45000 exemplaires, ce quotidien est un des plus importants de Suisse Romande. Une belle opération pour Philippe Hersant. On comprend mieux l’agacement des banquiers de GHM à qui Hersant réclame de l’aide sans vouloir remettre un euro perso au pot, alors qu’il continue à casser sa tirelire pour investir ses francs suisses dans des journaux petits mais rentables, et qui font de beaux bénéfices dont ni les banquiers français, ni l’Etat français ne verront jamais la couleur.
Des services de l’Etat, et notamment du côté de Bercy, à qui on aurait gentiment demandé récemment de bien vouloir se pencher sur la situation fiscale de Philippe Hersant. Car Nice Matin, comme tous les journaux français bénéficie en partie du milliard d’Euros annuels que constitue les aides à presse en France. L’Etat, donc les contribuables français , contribuent par cet important effort à soutenir la presse en France. Des aides directes, mais aussi indirectes comme une TVA réduite, des aides données à La Poste pour baisser le coût des abonnements, des aides au financement des plans sociaux et de départs anticipés à la retraite des salariés… Le Groupe Hersant Média, comme les autres groupes de média en France bénéficie donc de toutes ces aides. Et c’est normal. Ce qui l’est peut-être un peu moins, c’est que celui qui en bénéficie le plus, c‘est à dire l’actionnaire majoritaire, ne paye pas d’impôt en France. La société GHM, paye des impôts car elle est en France, mais pas Philippe Hersant puisqu’il vit en Suisse. Et il commence à y avoir quelques banquiers et quelques hommes politiques du Sud de La France, et pas forcément de grands copains de Eva Joly ou de Mélanchon, qui ne trouvent pas bien normal que le propriétaire de Nice Matin et de La Provence préfère mettre en vente le patrimoine immobilier de ces deux journaux, que de remettre un peu de sa fortune personnelle, pour rembourser ses dettes. Une cassette personnelle qu’il continue malgré tout à bien faire fructifier dans la presse du côté du Lac Léman.
Philippe Hersant remet à plat le projet de vente du siége de Nice Matin sur lemonde.fr
Ou le Français Philippe Hersant s’arrêtera t-il ? sur Bilan.ch
Bataille des médias en Suisse, la seule interview de Philippe Hersant
Arcinfo.ch le portail des journaux Hersant en Suisse
en savoir plus sur SOS Nice Matin le blog des salariés
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