Grand ménage au service de la prévention des risques de la Ville de Marseille
Un immeuble en péril, rue Pythéas dans le centre de Marseille. (Photo BG)
Elle ne part pas, mais elle n’est déjà plus là. Il y a quelques jours, dans le cadre d’une réunion de travail avec des représentants d’associations, Sandrine Dujardin a annoncé qu’elle quitterait la tête de la direction de la prévention et de la gestion des risques (DPGR) de la Ville de Marseille ce vendredi. Une annonce qui a eu l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel déjà plombé par l’absence d’avancées concrètes des autorités publiques sur ce sujet sensible.
Depuis les effondrements de la rue d’Aubagne, l’activité de cette direction notamment chargée de la sécurité des bâtiments est scrutée avec attention. Chacun a en mémoire la vague d’arrêtés de péril et d’évacuations qui a traversé la Ville avec des effets comparables à une catastrophe naturelle. Le fonctionnement du service avait été passé au crible et, notamment, le sous-effectif chronique dont celui-ci souffrait. L’avalanche de signalements de l’hiver 2018 avait achevé d’assécher un service déjà exsangue.
L’arrivée de Sandrine Dujardin à la tête de cette direction à l’été 2019 était donc perçue comme le symbole d’une remise en ordre. Cette architecte de métier arrivait tout droit de la préfecture où elle épaulait la préfète déléguée pour l’égalité des chances, très en pointe sur ces questions d’habitat dégradé. Avant elle puis avec elle, le service se renforce, devient une vraie direction, qui multiplie le nombre de ses agents par six. “Nous étions 20 en 2018 contre 140 aujourd’hui, c’est un service qui s’est beaucoup développé, explique un agent, sous couvert d’anonymat. Malheureusement, ce n’est pas toujours suffisant et Sandrine Dujardin est souvent montée au créneau pour demander plus de moyens humains. En vain“.
Douche froide pour les associations
Son départ soudain a suscité l’incompréhension parmi les associations qui suivent les avancées de la lutte contre l’habitat indigne. Pour certains, ce départ pourrait être le signe d’un changement d’orientation de la Ville sur cette question stratégique, au cœur du programme du Printemps marseillais mais dont la compétence dépend principalement de la métropole et des outils partagés mis en place dans le cadre du projet partenarial d’aménagement du centre-ville. Des représentants d’associations ont été reçus par le maire, ce mardi, pour être rassurés sur ce point.
Toutefois, dans un communiqué envoyé suite à la rencontre, l’association Un centre-ville pour tous se montre toujours méfiante. “Il semblerait que la direction municipale en charge du traitement des immeubles en périls et insalubres (DPGR) risque d’être détachée de la délégation à l’habitat pour être replacée sous tutelle de la Sécurité civile. Ce possible retour en arrière nous inquiète fortement et [impliquerait] une diminution forte de moyens humains qui ne seront plus mobilisés pour les Marseillais les plus fragilisés”, écrit-elle, estimant qu’en “réduisant l’habitat à une question de sécurité, la mairie renoncerait à un pilotage stratégique de la politique de l’habitat”.
Tout ceci se passe en bonne intelligence dans le cadre de la réorganisation des services qui est en cours.
Jean-Pierre Cochet, adjoint chargé de la sécurité civile
Jean-Pierre Cochet, adjoint chargé de la sécurité civile et de la gestion des risques, et qui chapeaute désormais la DPGR, dément tout changement d’orientation. Il met d’ailleurs en avant le fait que c’est désormais un capitaine de frégate, Jean-Michel Wagner qui sera à la barre. “Il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier entre Patrick Amico, en charge de l’habitat, Aïcha Guedjali qui suit les questions d’insalubrité et moi-même, déclare Jean-Pierre Cochet. Tout ceci se passe en bonne intelligence dans le cadre de la réorganisation des services qui est en cours“.
Autre élément tendant à calmer les inquiétudes des associations : Sandrine Dujardin reste au sein de la Ville. Elle y gagne même une position stratégique, sous la double responsabilité du directeur général des services et de Mathilde Chaboche, l’adjointe à l’urbanisme. “Elle aura pour mission de programmer les équipements à l’échelle du mandat, explique Jean-Pierre Cochet. C’est un poste éminemment stratégique“.
Un marin-pompier à la tête du péril
Quant à la DPGR, elle se trouverait donc rattachée à la direction des marins-pompiers, pilotée par Yannick Ohanessian. La partie sécurité serait du ressort de Jean-Pierre Cochet et la partie sécurité bâtimentaire resterait sous la responsabilité de Patrick Amico. “Cela vise d’abord à éviter les doublons, les logiques de silo et permettre plus d’agilité et de transversalité dans les prises de décision”, se défend l’élu à la sécurité civile, déjà à la manœuvre il y a quelques jours pour trouver un toit provisoire à des mineurs isolés.
En revanche, ce que l’adjoint ne dit pas, c’est qu’il a fallu que les cadres du Printemps marseillais montent au créneau pour que Sandrine Dujardin reste à la Ville. Selon nos informations, le directeur général des services, Benoît Quignon, avait bien l’intention de se passer de ses services. Il avait sur son bureau un rapport plutôt à charge sur la gestion de cette direction.
Crises à répétition
En effet, la DPGR n’en est pas à son premier soubresaut. Déjà, en avril 2020, Le Ravi avait révélé l’existence d’un courrier signé par les architectes et ingénieurs du service de la sécurité des immeubles qui dénonçait des “dysfonctionnements” graves :
À ce titre et à ce jour, il existe 2600 signalements environ non traités, et nous ne pouvons subvenir qu’aux immeubles les « plus dangereux » compte tenu du nombre limité d’agents dédié à notre service.
Au printemps, la révélation de ce courrier entraîne l’envoi express d’un agent de l’inspection générale des services (IGS) avec pour tâche première de rechercher l’origine de la fuite. Cette enquête se solde par des auditions de plusieurs heures au sein même du service dans le but de trouver les auteurs du courrier et surtout ceux qui l’ont transmis à nos confrères. La chasse aux sorcières, initiée à la fin du mandat de Jean-Claude Gaudin, se conclut à l’automne par une sanction de trois jours d’exclusion à l’encontre du chef du service sécurité des immeubles, visiblement au courant de la fronde de ses agents.
Rapport “à charge” de l’inspection générale des services
Après le courrier d’alerte des architectes, une chasse aux sorcières a été menée et le bilan de Sandrine Dujardin a été pointé du doigt par l’IGS.
Mais l’action de l’inspection générale des services ne s’arrête pas là. L’enquête administrative se transforme en véritable audit de la direction avec un agent de l’IGS qui s’installe de longs mois à demeure. Or, selon nos informations, le rapport final remis au directeur général des services est une descente en règle du bilan de Sandrine Dujardin. Certains en interne, y voient même une manœuvre de l’inspection générale des services pour se maintenir à flot alors que le recrutement de nouveaux directeurs généraux adjoints sont en cours de recrutement.
La question des recrutements est justement au cœur des revendications de l’ex directrice des services, qui demandait en décembre dernier encore l’embauche urgente de cadres. “Nous sommes sur un secteur très spécifique où les personnes qu’on recrute ont des profils qui intéressent aussi le privé, raconte un agent sous couvert d’anonymat. Il faut donc parvenir à les conserver alors qu’il y a un risque pénal fort et une certaine lourdeur du fait des procédures administratives. Cela a un effet direct, notamment sur la mise en œuvre de travaux d’office en lieu et place des propriétaires“.
Dans leur courrier de signalement en avril 2020, les architectes du service formulait déjà cette demande. “On a du mal à recruter, c’est un fait, reconnaît Jean-Pierre Cochet. Il faut passer par une gestion prévisionnelle des emplois et compétences. C’est aussi pour cela que nous réorganisons les services et notamment ceux des ressources humaines“.
“Risque direct pour la sécurité des habitants”
En interne, ces trous dans l’organigramme sont vécus comme un vrai risque pour les agents. Un ingénieur d’État recruté en même temps que Sandrine Dujardin pour servir de relais avec les services métropolitains chargés de l’habitat indigne s’est retrouvé à assumer les fonctions de cadres partis ou manquant à la tête du service. Selon nos informations, il ferait également les frais du limogeage de la directrice. Il en a alerté le maire par un courrier franc, resté sans réponse :
La déstabilisation du service de sécurité des immeubles est une entreprise dangereuse et qui fait courir un risque direct pour la sécurité des habitants de Marseille, et en conséquence pour le maire et ses adjoints.
Joints par Marsactu, ni cet agent, ni la directrice de la DPGR n’ont souhaité commenter leur départ. Après cet épisode tumultueux, la majorité municipale va devoir rassurer ses équipes si elle veut prouver que la question de l’habitat indigne est toujours prioritaire.
Commentaires
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Je vois que les élus changent mais les pratiques douteuse restent, j’ai quitté Marseille il y a fort longtemps, entre autres pour ses raisons, et 40 ans plus tard c’est toujours la même chose, querelles de personnes, valses des gens compétents aux bénéfices des copains, ça fait un siècle que la mairie de Marseille est le siège de combines au détriments des marseillais et rien ne change !
Marseille et les marseillais valent bien mie que ça !
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Sauf que jusque là, les histoires de personnes étaient surtout des histoiresde réseaux occultes non dits. Et de petits intérêts entre “amis”. on peut espérer de la nouvelle municipalité qu’elle sorte de cela, car c’est cette logique qui a conduit à la décrépitude de la ville. Jugeons sur les actes.
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Nouvelle qui n’en ait pas une dans le microcosme de la LHI. En revanche l’absence de réponse aux signalements de péril-mise en sécurité des partenaires seront ils mieux appréhendés ? Le duo Schs-spgr fonctionnera-t-il mieux sous la responsabilité d’élus différents ? Et le Schs reste le parent pauvre car si la division péril à vu ses effectifs augmenter considérablement, ce n’est absolument pas le cas de ce service alors que le nombre de signalements de logements émanant du Pdlhi (ddtm) continue de croître de manière importante (un effet de la nouvelle fiche de signalement ?) et ce qui est malheureusement cohérent par rapport à l’estimation du parc privé potentiellement indigne…. Donc dans l’attente de la nouvelle organisation dans les mêmes locaux des 2 services sous la houlette de 3 élus…
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jusque là, l’organisation mise en place par les nuls de gaudin s’est avérée insuffisante et incompétente.
alors, certes, ce n’est pas évident de lutter contre l’habitat indigne de manière efficace et productive. surtout avec près de 900 000 marseillais qui ont tous une idée sur la question !
la charge de ce dossier dépend aussi de la métropole…bref, pas simple et carrément compliqué.
le programme du printemps marseillais étant clair sur ce sujet on va (bien obligés) attendre un peu pour voir !
P.S. : schs-spgr, pdlhi (ddtm) …. what ??? (thank you so much)
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« Nuls de gaudin » c’est gaudin qui l’a mise en place et tout le monde est d’accord pour dire qu’elle n’est pas si « nulle ».
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il me semble avoir lu que la lutte contre les incendies donc le BMP relevait des compétences de la Métropole le Préfet a refusé le transfert de compétence
la prévention et la gestion des risques relèvent des pouvoirs de police du maire
dans ce cas comment cette gestion peut elle être rattachée aux Marins Pompiers ?
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« …les personnes qu’on recrute ont des profils qui intéressent aussi le privé »
C’est le genre de domaine où on a surtout besoin de gens au courant des procédures administratives pour faire intervenir des experts et des entreprises. Peu de chance qu’ils intéressent le privé. Les agents municipaux ne sont pas là pour tenir les murs.
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” Il a fallu que les cadres du Printemps marseillais montent au créneau ” : quels cadres? et pour quels motifs?…
Cette équipe a recruté un super DGS , le service IGS a fait son boulot et les élus montent au créneau ?
Grande déception pour moi, les élus du Printemps marseillais ont adopté le fonctionnement de l’équipe Gaudin, chapeau !!
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Et vous n’avez pas fini…d’être décue..
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C’est pas des appartements de cet immeuble en photo qui ont été vendus pour une bouchée de pain ?
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dans cette ville, Marseille, ma ville, qui de la Ville ou de la Métropole, est responsable de quoi ? Pour faire l’inventaire de l’habitat indigne, il y a la Ville, mais pour éradiquer l’habitat indigne ( démolition, reconstruction, réfection…., ) on ne sait plus….
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Ma che casino !
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Il va falloir promettre des “parachutes dorés” aux prochains dirigeants …
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Mais ils les ont, ces parchutes, pas de souci pour eux. Certains sont déjà à la manœuvre pour se recaser à la Metropole ou dans d’autres collectivités. Et pas dans n’importe quel poste, vous l’imaginez.
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Cet article manifeste me semble-t il une certaine complaisance vis à vis des responsables de la gestion et de la prévention des risques que la municipalité a décidé de démettre de leur poste. Enfin, la sanction n’est pas si sévère car la directrice semble bien retomber sur ses pieds avec le soutien de certains cadres du PM (?!)
Je trouve aussi choquant que cet article donne corps, en les reprenant, aux rumeurs qui sous-entendraient que l’inspection générale des services aurait établi un dossier critique envers cette direction pour prendre date dans les mouvements de hauts responsables.
Et si l’IGS n’avait fait après tout que son travail en dénonçant les insuffisances d’une direction qui n’a jamais été à la hauteur du problème?
Tout ceci me conduit à me demander qui est vraiment l’auteur de cet article?
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“Girouette” (définitions Petit Larousse agrémenté par mes soins) :
nom féminin (ancien scandinave vedrviti, avec influence de l’ancien français girer, tourner)
– Instrument muni d’une flèche, mobile sur un pivot, placé au sommet d’un édifice pour indiquer la direction du vent.
Familier.
– Personne changeante, inconstante, versatile dans ses opinions ou ses avis : Une girouette politique, un journaliste ne vérifiant pas ses sources au risque de se contredire une année sur l’autre et finir par se faire manipuler…
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Le carburant des assos — avec tout le respect qu’on leur doit — c’est d’être “inquiètes”. Une fois qu’on a dit ça, peut-être ce “ménage” (relatif) est-il salutaire, peut-être pas. Il y a un sous entendu de scoop mais j’ai du mal à suivre (et pourtant j’ai relu deux fois :p )
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Message courtois à l’attention de Pierre 12, nous devons effectivement,nous incliner face au travail remarquable effectué depuis 25 ans par le vénéré et vénérable maire de Marseille dont la vision éducative et éclairée a permis à Marseille de rayonner tant au niveau organisationnel et des équipements dans le monde éducatif. Son choix judicieux des collaborateurs et des élus a permis en collaboration avec un syndicat dévoué haut plus au point et ayant un sens inné du service public d’être cité en exemple par Le Figaro et le Monde.
Alors je me demande pourquoi, avec l’intelligence supérieure qui vous caractérise et qui chez moi me subjugue littéralement,vous réclamez le milliard en PPP.
Alors effectivement,il manque à ces magnifiques écoles quelques géraniums en pots,cela devrait le faire.
Mais,en sus de votre superbe intelligence vous maniez l’humour avec finesse et légèreté,vous badiniez en quelque sorte,vous parliez bien de Marseille ,mais de Marseille dans l’Illinois,USA.
Sacré Farceur
Courtoisement votre.
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La photo n’est plus d’actualité . Passant dans le quartier très souvent, l’immeuble est en cours de ”rénovation”. Compte tenu des fissures je pense qu’il tiendra avec ces travaux de ”rénovation”…!
Par ailleurs à propos de la ”rénovation” du service de la prévention des risques de la Ville, il m’apparait normal (encore que…) une nouvelle municipalité puisse changer ses directeurs…et que savons nous des antagonismes inter-cadres??
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Par antagonisme vous voulez parler des cadres et autres catégories qui bossent de façon consciencieuse pour tenter au mieux de rattraper les erreurs et atermoiements d’une direction Souvent «aux abonnés absents pour ne pas dire incompétente « , et pourtant encore en partie en place?
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Cher Vincent, nous avons pu apprendre au cours de notre vie professionnelle et parfois à nos depends, que certains se sont entraînés pendant des années à manipuler les autres tandis que ces derniers, bêtement…bossaient. Forts de cette longue expérience ils en arrivent même à manipuler des journalistes, pourtant a priori avertis. Tout autant que ça ne concerne qu’un article de presse, cela n’a aucune forme de gravité. Quand ça touche un domaine aussi sensible que l’ habitat, ça devient carrément dangereux.
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