La rénovation de la ligne de la Côte bleue arrêtée en gare pour une durée indéterminée
Des travaux pour remettre en meilleur état les équipements de la ligne de train entre l'Estaque et Miramas devaient démarrer fin 2019. Mais plusieurs acteurs du dossier s'inquiètent de ne toujours pas voir arriver la participation financière de l'État.
Le train de la côte bleue. (Image Creative Commons Marcovdz)
Âgée de plus d’un siècle, la ligne de train de la Côte bleue, bien que parée d’un paysage exceptionnel, a besoin de quelques travaux. Le principe en est acté depuis une première étude de 2014 : sans rénovation, les trains ne pourront plus y rouler au-dessus de 40 km/h pour des raisons de sécurité, sans parler des ralentissements déjà existants qui pourraient s’aggraver. En 2015, le contrat de plan signé entre la région et l’État (CPER) acte le principe d’une enveloppe de 37 millions, élargie par la suite à 46 millions d’euros, pour un premier tronçon allant de l’Estaque à Carry-le-Rouet. Des travaux sont alors annoncés pour la fin 2019, avec une fermeture des voies d’une durée de 6 mois. Cette première phase devrait permettre de gagner quelques minutes de temps de trajet, mais surtout de sécuriser un service aujourd’hui dégradé.
Mais depuis le changement de majorité présidentielle, des doutes se font entendre quant au souhait de l’État de tenir ses engagements dans les temps. Sur l’enveloppe totale, celui-ci s’est engagé à hauteur de 9 millions d’euros – la région mettant 19 millions – au terme d’un troisième avenant au contrat. Fin décembre, il y a quelques jours, l’association d’usagers Noster PACA lance “l’alerte”. “L’État veut faire des économies, et on a un peu peur d’un recul, résume son président, Gilles Marcel. Cela ne nous a pas été clairement dit par la région, mais on sait que les financements de l’État sont toujours en attente.”
Et d’alerter sur les dangers d’un éventuel report des travaux, alors que le diagnostic les préconisant date d’il y a déjà plusieurs années. “Si l’entretien n’est pas fait, les choses vont se dégrader au fil du temps, et après il sera trop tard, prévient Gilles Marcel. Pour du ferroviaire, on n’est pas du tout sur des sommes folles. Et plus on attend, plus ça coûte”.
À la région, on confirme le retard pris par l’État pour verser sa part du budget. La collectivité a déjà voté sa propre participation en juillet dernier et Renaud Muselier compte interpeller le préfet à ce propos “très prochainement”, pour lui dire, en somme : “On n’attend plus que vous”. À l’été 2016, Christian Estrosi avait déjà insisté auprès du gouvernement sur le sujet, indique un porte-parole du conseil régional. SNCF Réseau, qui doit mener le chantier, n’a pas répondu à nos sollicitations dans les délais impartis pour la publication de cet article.
Un lancement des études retardé
Sur la Côte bleue, l’annonce de travaux est presque passée inaperçue, et semble quasiment oubliée. Le nouveau maire (LR) de Sausset-les-Pins, Bruno Chaix confirme “ne pas en avoir entendu parlé récemment”, de même que son adjointe aux transports. Maire de Carry-le-Rouet, la commune voisine, mais aussi président du conseil de territoire Marseille Provence, Jean Montagnac (LR), assure aussi n’avoir “pas du tout” été tenu au courant. Prenant sa deuxième casquette, il glisse avec une pointe d’amertume : “L’État n’est pas prêt à nous aider quel que soit le projet que nous avons pour la mobilité… Si demain ils doivent nous aider sur la mobilité, ils auront certainement autre chose à faire que la ligne de la Côte bleue, même si cela représente un moyen de transport pour beaucoup de gens”. À titre d’exemple, selon les données publiées par la SNCF, près de 69 000 voyageurs passent chaque année en gare de Carry-le-Rouet. La fréquentation de la ligne est globalement considérée comme insuffisante, mais la plupart des acteurs s’accordent à dire que le nombreux ralentissements pour raison de sécurité y sont pour beaucoup.
Le député LREM Jean-Marc Zulesi, qui a récemment rendu un rapport sur l’innovation dans les transports à la ministre Élisabeth Borne, se veut plus optimiste sur le débouché du projet de rénovation. S’il admet avoir eu vent des “inquiétudes” autour d’un possible retard des travaux il assure que cette ligne “est complètement dans les objectifs du gouvernement” dont la volonté est de “mettre le paquet sur les lignes du quotidien”. “C’est une ligne importante qui met en valeur la richesse et la beauté du territoire”, ajoute-t-il, annonçant qu’il compte travailler sur le sujet avec d’autres élus, et le porter auprès de la ministre si nécessaire.
Des études de projet, visant à réduire les coûts finaux des travaux devaient démarrer à l’automne 2017. La métropole, comme la région et le département, en ont voté le financement l’été dernier. Mais faute de participation de l’État – qui doit verser 700 000 euros pour la phase d’études – celles-ci n’ont pas pu démarrer, précise la région. À la préfecture, l’impatience de la région surprend presque. “La loi de finances vient d’être promulguée, les financements doivent être débloqués”, y assure-t-on sans pouvoir encore donner de délais, mais “les engagements sont pris, et inscrits au CPER”. Ils seront donc tenus, assure-t-on. Reste que tant que les études n’auront pas démarré, la date du démarrage des travaux demeure hypothétique.
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