Gérard Prévot : "Les notaires ne défendent pas un pré carré"

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le 19 Sep 2014
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Gérard Prévot : "Les notaires ne défendent pas un pré carré"
Gérard Prévot : "Les notaires ne défendent pas un pré carré"

Gérard Prévot : "Les notaires ne défendent pas un pré carré"

Ce mercredi, Gérard Prévot était dans la rue. Pour la première fois, le président de la chambre des notaires pour le département des Bouches-du-Rhône était juché sur la plate-forme d'un camion pour haranguer une foule rassemblée devant la préfecture. "Nous étions là avec nos salariés, nos collaborateurs mais aussi mes confrères pour expliquer le malaise de notre profession", explique ce notaire marseillais installé rue de la République

Les notaires organisaient des mouvements de protestation dans toute la France pour réagir aux préconisations d'un rapport de l'inspection générale des finances, divulgué en début d'été, et qui pourrait servir de feuille de route à une réforme de ces professions en rognant sur leur rémunération ou en mettant fin à une situation de monopole. "Ce rapport a été fait sans que nous soyons concertés et donc sans respecter le principe du contradictoire", expose en premier lieu le président Prévot. Car les notaires contestent les idées reçues associées à leur profession. Ils refusent à ce qu'on les résume à une situation de monopole qui profite de l'augmentation continue des marchés de l'immobilier pour engranger des revenus toujours plus confortables.

"Cela appelle de notre part une réponse multiple, argumente Gérard Prévot. Tout d'abord ce n'est pas nous qui fixons les tarifs de notre rémunération. Ensuite, il est faux de dire que les prix de l'immobilier augmentent. A Marseille, ils stagnent depuis 2011 et baissent même à Paris. Enfin il est faux de dire que notre rémunération augmente alors que le travail est toujours le même. Nous avons vécu une avalanche de textes législatifs concernant la protection du consommateur sur le mesurage, le diagnostic termites, le plomb, l'efficacité énergétique…" Et ce sans compter les modifications liées à l'entrée en vigueur de la loi Alur, qui au dire de l'intéressé alourdissent encore la charge de travail : "J'ai fait une vente dernièrement sur Marseille, il y avait 31 modificatifs de copropriété en quatre cartons." 

"Pas d'égal accès aux droits"

Forts de ces éléments, les notaires refusent pour l'heure de voir modifier la méthode de calcul de leurs honoraires, d'un système de pourcentage du prix de vente "de 0,825% hors taxes partagé par les notaires s'ils sont deux à intervenir" à un système forfaitaire. "Ce système ne permet pas à tous un égal accès au droit", argue Gérard Prévot qui évoque notamment les nombreux autres "petits actes" qui passent par son étude : donation entre époux, testaments et autres procurations. Or, pour ce professionnel, ces actes sont peu rentables et risquent de coûter plus cher aux consommateurs si les notaires passent sur un mode de rémunération au forfait.

Concernant la fin de la situation de monopole qu'avait esquissé l'ancien ministre de l'économie, Arnaud Montebourg, avant de quitter le gouvernement, le président Prévot est tout aussi catégorique : elle n'aura pas d'effets bénéfiques sur le pouvoir d'achat des consommateurs ou sur la création d'emplois. "Il y aura un transfert d'emplois. Si, dans mon étude, je fais moins d'actes, je serai obligé de me séparer de certains collaborateurs." Un chantage à l'emploi de la part d'une profession qui ne veut pas de se réformer ?

"Pas du tout, contre Prévot. Ce que nous refusons c'est le système juridique qui se profile avec l'obligation d'ouvrir nos entreprises à des actionnaires. Nous savons que les cliniques aujourd'hui sont détenues par quatre groupes financiers. Nous ne voulons pas de cela. Ce serait une perte de notre rôle d'officier ministériel au service des justiciables. Nous ne voulons pas d'un système à l'américaine".  

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Commentaires

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  1. Marco Marco

    Non mais il nous prend pour des imbéciles!
    Les notaires ont en a besoin mais tout le monde connaît le niveau de rentabilité d une étude.
    Il faut quand même réformer un peu ce type de situation!

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  2. Richard Richard

    Les réformer pour qu’ils gagnent moins d’argent c’est votre seul argument ? Cdt

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  3. Richard Richard

    Les notaires protègent la paix des familles pas les avocats.

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  4. Anonyme Anonyme

    200.000 € par an en moyenne ca veut dire que 50 % gagne moins et 50% gagne plus ! vous avez eu raison de parler de chantage a l’emploi mais tout le monde sait que ce sont les salariés qui feront les frais de cette reforme et pas eux.

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  5. cler2lune cler2lune

    …Une observation : en théorie, le notaire, officier public nommé par décret ministériel, est censé représenter l’autorité publique et garantir la PARFAITE application de la Loi, en toute honnêteté, et en protégeant les deux parties.
    Dans la pratique, on le sait bien, les connivences pouvant exister entre une des parties et le notaire, dans de plus en plus de cas chaque partie fait appel à son notaire : les notaires se retrouvent donc dans la situation dite de “double minute”, dans laquelle ils doivent…partager les honoraires, ceux-ci étant les mêmes qu’il y ait un ou deux notaires…et c’est ainsi qu’effectivement leur revenu s’effondre, et qu’on arrive effectivement à des travaux accomplis à perte.
    Ce déficit, avant d’être financier, est surtout du à UNE PERTE GRANDISSANTE DE CONFIANCE des usagers vis-à-vis de cette institution. Les notaires seraient bien inspirées de commencer par se remettre en cause, et les petits devraient arrêter de faire les chiens de garde des gros.
    Entre autres choses…
    (au fait, on en est où de la procédure APPOLONIA ?…)

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  6. hommedesbois hommedesbois

    Trop drôle de voir les notaires dans la rue pour manifester comme de simples salariés qui revendiquent quelques euro d’augmentation. Mais que fait la police ?
    Là avec les notaires, on ne joue plus dans la même cour car le salaire médian des notaires est d’environ 200 000 euro par an. Certes, il y a des différences importantes dans leurs revenus, mais comme dans beaucoup d’autres professions beaucoup moins bien loties.
    Ces mêmes notaires, ardents défenseurs de la libre concurrence de tous les services souhaitent conserver leur juteux monopole et ont quelques aigreurs d’estomac quand on leur parle de partager ce gros fromage sur lequel ils règnent en maîtres absolus. Ils ne veulent pas mettre en avant la baisse de leurs revenus mais, en guise d’arguments pour justifier leur attitude, bons princes ils préfèrent parler des pertes d’emplois que cette réforme entrainerait et ils prendraient presque la défense du pouvoir d’achat des consommateurs.
    Les notaires défendent surtout leurs privilèges et il faudra qu’ils présentent des arguments plus sérieux et plus convaincants pour être un peu crédibles.

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  7. julijo julijo

    INDECENT ! c’est tout.
    Désopilants, les reportages sur la manif des notaires !!
    Passons sur leurs revendications “salariales” qui nous font rire et pourtant, on ne devrait pas….Comme disait une pub, “nous n’avons pas les mêmes valeurs” et certainement pas les mêmes soucis à la fin du mois.
    Pour la grève à Air France, j’ai ri jaune tout pareil….vu le salaire mensuel de ces gens là, et même si les responsabilités sont importantes il y a là une forme d’indécence.
    Les notaires et les pilotes n’ont certes pas les mêmes problèmes que nous “France d’en bas” et peuvent se permettre les retenues sur salaires pour faits de grève…ceci explique peut être cela….ils n’ont pas les banquiers au c.. pour les remboursements de prêts de logement ou de bagnole…connaissent-ils le prix d’un caddy hebdomadaire moyen pour une famille de 4 personnes….etc.

    Alors oui, un système juridique “à l’américaine” c’est pas une perspective réjouissante, l’ouverture au privé, non plus…etc. Mais on a bien privatisé la poste, edf, les autoroutes….et les notaires ils ont dit quoi ?? Alors ils ont sûrement raison, mais je m’en fous, c’est pas une priorité !!

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  8. Mathieu Mathieu

    Il serait temps que le gouvernement comprenne que ce n’est pas en modifiant un des piliers du système juridique français qu’il va faire progresser le pays. Le notariat est aujourd’hui une profession moderne qui est un exemple à travers le monde. Au-delà des époques, par-delà les alternances, l’Empire, la royauté, cinq Républiques, ils ont toujours été approuvés.
    Le gouvernement de Monsieur Valls ne réalise pas qu’il s’apprête à détruire une institution millénaire qui apporte une sécurité juridique et financière absolue aux français.

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  9. clerc2lune clerc2lune

    @Mathieu ” Au-delà des époques, par-delà les alternances, l’Empire, la royauté, cinq Républiques, ils ont toujours été approuvés.”
    …c’est dire leur faculté d’adaptation et/ou leur pouvoir de nuisance…
    “Je suis de tous les partis
    Je suis de toutes les partys
    Je suis de toutes les coteries
    Je suis le roi des convertis…

    Je me répète, mais les usagers n’ont plus aucune confiance dans l’institution, et on ne saurait leur reprocher…Quiconque a été confronté à une erreur professionnelle d’un étude (ça arrive à tout le monde de faire des erreurs) et a essayé d’obtenir réparation sait le bloc de corporatisme stupéfiant face auquel on se retrouve.
    Je répète : où en sommes-nous du traitement de l’affaire APOLLONIA ? Le CORPS notarial fait bloc et affirme comme ligne de défense qu’il faut dans cette histoire dissocier le volet pénal de celui de l’éthique professionnelle, sous-entendu : il n’y a pas eu de faute pénale, juste des erreurs pro. Soit, mais avec 1 milliard de préjudice, comment admettre que des présumés incompétents exercent encore ?
    INTOUCHABLES, voilà le message.

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