Gaudin répond en différé aux critiques du gouvernement

Gaudin répond en différé aux critiques du gouvernement

A peine s'est-il extirpé de la cohue qui entoure Jean-François Copé pour son meeting de rentrée à Chateaurenard que Jean-Claude Gaudin monte sur scène et s'en va chaudement saluer le vice-président Roger Karoutchi. "Je n'avais pas encore eu le temps de te remercier pour toutes les choses gentilles que tu as dites sur moi", lui lance le sénateur-maire de Marseille, la main sur son épaule..

L'édile en effet a dû s'en remettre à d'autres pour répondre directement aux nombreuses attaques venues du gouvernement et du parti socialiste la semaine dernière. En vacances en Bretagne, "six jours", pile au moment où les ministres arrivent. Un communiqué pourtant vindicatif n'a pas suffi à combler le vide. Les réponses médiatiques des membres de sa majorité, Bruno Gilles et Martine Vassal en tête, non plus. Alors, les ténors de l'UMP y sont allés de leurs textes de soutien, à commencer par François Fillon et Jean-François Copé.

Mais il fallait bien que le principal intéressé s'y colle à son tour. On ne peut se faire charger par Manuel Valls ou être accusé de "non assistance à Marseillais en danger" par Harlem Désir sans réagir. La traditionnelle réunion de Chateaurenard des amis de Jean-François Copé lui a offert une occasion en or de lancer la riposte. Element de langage principal : "Manuel Valls allait comparaître devant ses amis socialistes à La Rochelle. Il avait besoin de se payer le maire de Marseille, un maire UMP."

"Grotesque cavalcade de ministres"

Le secrétaire départemental Bruno Gilles avait donné quelques minutes plus tôt le ton : "Ces attaques sont purement scandaleuses. Il avait dit que Marseille serait le laboratoire de sa politique. Eh bien, c'est un bien mauvais laborantin", avait tonné le sénateur et maire des 4e et 5e arrondissements de Marseille.

Devant le public de militants (3000 annoncés) et face à toute la presse nationale, Jean-Claude Gaudin n'avait plus qu'à dérouler. Comme dans le JDD ce matin, il s'en est pris à "la grotesque cavalcade de ministres. Ils sont venus à six sans prévenir", s'agace Gaudin en y voyant un mépris de  "la courtoisie républicaine". "Cela n'est pas correct de dire cela alors que nous travaillons ensemble sur un certain nombre de sujets", a-t-il poursuivi.

Bien sûr, le résultat de cette imposante visite ne l'a pas non plus conquis : "Ils disent que c'est à la police municipale d'assurer la sécurité mais c'est une compétence de l'Etat !".  Puis il s'est adressé en termes choisis à Jean-Marc Ayrault, fustigeant notamment le faible nombre de policiers supplémentaires déployés :

Oh gari !Tu ne te trompes pas ?! Que vingt-quatre ?! Filez-nous au moins autant de policiers qu'il y en a à Nantes ou à Lyon, dans des villes socialistes !

Copé a mis la touche finale à cette riposte dans son discours. "La ficelle est un peu grosse. Pourquoi à Paris, monsieur Delanoë n'est pour rien dans la hausse de la délinquance que l'on constate alors qu'à Marseille, tout est de la faute de Jean-Claude Gaudin, a-t-il feint de s'interroger. […] Je ne laisserai pas le ministre de l'Intérieur faire la campagne des municipales à Marseille avec des mensonges d'état."

Tous ses propos ont enflammé des militants locaux pressés d'en découdre pour tenter de conduire un Gaudin toujours plus candidat vers un quatrième mandat. Bruno Gilles résume l'atmosphère générale : "On est pressés qu'il se déclare pour pouvoir metttre la chaîne au cou (sic) et leur en mettre plein la tronche. Pour l'instant, on est trop gentils. Le coup d'amener des CRS en plus, de s'en servir de variables d'ajustement. On l'a fait des milliers de fois, on l'a usé jusqu'à la corde. A chaque fois, les socialistes ne se sont pas gênés pour nous le dire. Pourquoi on se gênerait pour leur retourner l'argument ?"

Dans ce domaine pourtant, personne ne peut s'enorgueillir d'avoir réduit le nombre de règlements de compte, baromètre macabre de l'inefficacité d'une politique publique. "Il ne faudra pas tomber dans la surenchère sécuritaire car, à ce jeu-là, c'est toujours le Front national qui gagne", convient Bruno Gilles. Cela semble plutôt mal parti.