Gaudin et Vassal restent “les partenaires de qualité” du syndicat Force ouvrière

Actualité
le 24 Jan 2019
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Après bien des incertitudes, le maire de Marseille était présent à la cérémonie de vœux de Force ouvrière. Pour la première fois, il partageait la scène avec la présidente de la métropole. Entre année post-électorale pour le syndicat et pré-électorale pour les politiques, les tensions s'adoucissent.

Jean-Claude Gaudin aux voeux de Force ouvrière le 23 janvier. (Image BG)
Jean-Claude Gaudin aux voeux de Force ouvrière le 23 janvier. (Image BG)

Jean-Claude Gaudin aux voeux de Force ouvrière le 23 janvier. (Image BG)

“Ils sont à combien nos tickets resto ?” Jean-Claude Gaudin se penche vers son directeur général des services, Jean-Claude Gondard. Avec Domnin Rauscher, son successeur à la métropole, et la présidente Vassal, ils écoutent le secrétaire général de Force ouvrière, Patrick Rué, lors de la traditionnelle cérémonie de vœux réciproques au théâtre de l’Odéon. Le syndicaliste, qui cumule les casquettes de chef pour la Ville, le département et la métropole les reçoit et leur présente ses vœux tour à tour. Jusqu’à présent, Jean-Claude Gaudin en était le principal destinataire en tant que président et maire. Désormais avec Martine Vassal à la métropole, ils partagent la scène.

À la tribune, Patrick Rué vient d’annoncer une nouvelle largesse de la présidente : elle a accepté de passer le ticket resto à 9 euros. “On aurait préféré 9,20 euros mais il faut savoir renoncer”, sourit-il. C’est à ce moment-là qu’en un clin d’œil, le maire décide donc d’augmenter de 20 centimes les titres de restauration des quelque 12 000 agents municipaux. “Ah, vous savez, ce n’est pas grand chose, modère Patrick Rué, en coulisses. L’employeur n’en paie qu’une partie l’autre est à la charge du salarié”. Il n’empêche, Jean-CLaude Gaudin vient de dépenser en une seconde plus de 1000 euros par jour travaillé.

Le chaud, le froid

L’anecdote est symbolique de cette cérémonie où les coups de griffe alternent avec les câlins contrits. Le discours du secrétaire général a la qualité thermique d’un couloir mal chauffé pour Jean-Claude Gaudin. Les courants chauds et froids se lisent sur le visage marqué de l’édile. Là où Martine Vassal ne reçoit que des éloges, le maire serre les dents quand Patrick Rué lui rappelle les différends qui restent pendants. L’année 2018 a été rude pour tout le monde. “Les centaines d’agents entendus par le parquet national financier”. Grimace du maire. L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne “où tout le monde a semblé découvrir que la misère était répandue à Marseille comme en France”. Le maire prend un air sombre. Puis vient la réforme du temps de travail.

Les chauds et les froids se succèdent alors à la vitesse de portes qui claquent. Patrick Rué souligne avec gourmandise les facilités de négociation sur ce même sujet avec la direction de la métropole “alors qu’elle partageait des mois durant le même directeur général des services”. Sans le nommer, Patrick Rué vise alors Jean-Pierre Chanal, directeur général adjoint à la Ville qui a piloté le plus souvent les négociations, quand Jean-Claude Gondard s’occupait de celles de la métropole.

“Pas lui mettre une cible mais…”

Si les relations n’ont jamais été cordiales avec Jean-Claude Gondard qui cumulait les directions dans les deux institutions, elles se sont vite avérées détestables avec le second. Ce dernier est présent dans la salle mais ne s’affiche pas avec les élus et cadres du syndicat. “Je n’ai pas voulu le nommer pour ne pas lui mettre une cible mais…”, laisse traîner Rué après les vœux. En cédant son siège à la métropole, Jean-Claude Gondard a repris les manettes de la négo à la Ville, et Rué veut faire sentir la différence.

Les premières semaines de janvier ont été consacrées à de nouvelles discussions notamment sur le front des écoles et des crèches en grève, fin décembre. Elle permettent d’arriver aux vœux avec de bonnes nouvelles de toutes parts. Jean-Claude Gaudin prend un plaisir certain à les énumérer même s’il bute un peu sur les acronymes et les détails techniques.

“De 31 à 47 millions”

La prime de fin des TAP pour les tatas  ? “400 euros versés en une seule fois.” Les 350 postes proposés à l’avancement à la prochaine commission administrative paritaire, les ajustements du régime indemnitaire (les primes qui contrairement au salaire sont ajustées par le maire) ? “En dix ans le régime indemnitaire est passé de 31 à 47 millions d’euros [dans le budget municipal]“, souligne-t-il. Le maire n’oublie pas les inspecteurs des emplacements qui auront eux aussi leur coup de pouce. “Ah ce qu’on a pu dire sur ma cogestion avec FO”, module le maire qui salue en fin de discours “le partenaire de qualité” sous un tonnerre d’applaudissements.

“Pour la première fois, j’ai fait relire mon discours, constate Patrick Rué, après les vœux. D’habitude, il n’y a que la secrétaire qui le tape qui le lit et me fait des retours, très utiles d’ailleurs. Là, c’était sensible et mes cadres l’on relu”. Il le reconnaît, la cérémonie a failli ne pas avoir lieu. “S’ils avaient eu lieu en décembre, c’est sûr que non”, assène-t-il. Depuis de l’eau – tiédie – a coulé sous les ponts.

Les vœux tombent dans une zone de confluence entre élections professionnelles et municipales. FO est dans une année post-électorale et tire un bilan contrasté de la perte de sa majorité en voix. “Nous sommes toujours majoritaires en sièges et nos concurrents sont 30 points derrière, recompte Rué. D’habitude on gagnait 5 à 0, là c’est 4 à 1, seul contre tous. L’OM s’en contenterait bien, n’est-ce pas maître Grimaldi ?“. L’avocat du syndicat qui est aussi celui de la Ville et du club de foot s’esclaffe.

“Surtout, nous sommes en année pré-électorale, poursuit Patrick Rué. La position d’observateur est plus confortable. Nous suivrons tout cela de très près sans prendre parti sauf si un candidat s’attaque directement aux agents”. L’allusion est directe : elle concerne Patrick Mennucci, candidat socialiste en 2014 que le syndicat avait clairement appelé à battre, marquant son soutien à Gaudin par une carte de membre d’honneur.

“Défendre la ville-centre face aux extrémistes”

Pour la première fois, en 24 ans, le maire sortant ne sera pas de la partie. Martine Vassal, elle, n’écarte rien et se pose en protectrice du “territoire et de la ville-centre face aux extrémistes qui sont en train de se réveiller”. En seule évocation d’une possible candidature, la double présidente se contente de rappeler ce qu’elle sait du calendrier : “c’est une année pré-électorale et nous savons qu’en mars 2020, il y aura des élections municipales avec des élus métropolitains qui seront fléchés sur les listes. Pour le reste, c’est l’incertitude. J’ai présenté au préfet, un projet territorial. Nous attendons la réponse du gouvernement“.

Martine Vassal présente aux côtés du maire sur la scène. (Image BG)

Elle ne sera pas seule dans le jeu. Patrick Rué prend bien soin de citer à deux reprises Bruno Gilles, parmi “les parlementaires excusés parce qu’ils travaillent le mercredi”. Le sénateur, ami du syndicat, a envoyé un petit mot. Il a donné aussi un coup de main en tant que vice-président du comité d’action sociale (CAS) quand il a fallu trouver de nouveaux locaux alors que l’immeuble où était installé le siège était frappé d’un arrêté de péril. “C’est la première fois qu’il ne vient pas, reconnaît Patrick Rué. Mais il avait vraiment un empêchement”. En revanche, le sénateur était présent avec Renaud Muselier et Martine Vassal lors du congrès des territoriaux cet été, dessinant déjà un tiercé de prétendants.

Pour la première fois en 24 ans, le maire n’y était pas. “Je pouvais pas y être alors que Force ouvrière était en grève le jour même”, répond-il des mois après. “Mais je serai là l’année prochaine pour les vœux, si dieu me prête vie”, conclut-il en utilisant les mêmes mots que lors de ses vœux à la presse, suscitant des applaudissements nourris. Un avant-goût de la tournée d’adieux.

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Commentaires

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  1. David David

    Ils sont magnifiques… A s’auto congratuler sur le dos des marseillais, a se féliciter de leur mainmise sur la ville, de leur gestion toute collaborative des choses… 23 ans que ça dure, il faut reconnaitre que la médiocrité des propositions du camp d’en face n’a pas aidé a l’alternance…

    Peut on espérer mieux que cette clique d’accapareurs pour 2020? Quand on pense qu’ils invoquent la légitimité republicaine face aux “extremistes “on croirait entendre du macron. Lors du dernier scrutin le pacha n’a été reconduit qu’avec 90 000 voix, dans une ville de presque dix fois plus d’habitants (et un collège électoral d’au moins 400 000). Même pas un quart des votants, dix pour cents des marseillais qui votent systématiquement pour “ça ” depuis des lustres… Leur “démocratie” est bien malade…

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    • leravidemilo leravidemilo

      Heu, 23 ans ? Non comptez plus tôt 70 ans et quelques poussières. Et cette septuagénaire co-gestion se porte encore ma foi fort bien, même si quelques dossiers délicats de 2018, en cours d’être soldés provoquent quelques coups de griffes de l’ingénieur Rué et quelques grimaces de not bon maire. et néanmoins adhérent d’honneur. Ils sont venus ils sont tous là, sauf Muselier, qui prend ces temps ci quelques libertés et quelques distances avec ce monde démonétisé. Et pour le congrès, en aout 18, si y avait pas grève le même jour, ils avaient les trois : Président du C.R, Présidente du C.D, et maire et président de la métropole. Pour un congrès syndical, pas mal quand même tous ces employeurs, tous ensemble ouais! Tiens faudrait chercher un exemple équivalent dans une des métropoles de France et Navarre, pour se rassurer. (le 1er qui trouve a gagné!)
      La cogestion constitue bien un des pilier du defferrisme, avec bien sur le clientélisme et le localisme (on cherche pas à contrôler l’arrière pays, c’est trop risqué et compliqué…) Le localisme c’est foutu avec la groooossssee métropole et tous les risques et dangers afférents, surtout pour les voisins mais va savoir… le clientélisme marche beaucoup moins, il faut pour ce faire des emplois et des logements..qui ne s’écroulent pas. Mais la cogestion tient bon, sauf que, on le sait, Gaudin n’a pas le même savoir faire que Defferre pour la bien gérer.
      Bon, en plus c’est facile de s’en rappeler, tout ça a le même âge : le defferrisme, la Force Obscure… le plan Marshall, les aides de l’afl/cio et de la cia pour aider à la création de syndicats pas trop “,communistes”, en Europe, principalement en France et Italie….
      Tout le reste a changé bien sur, et surtout le port, ses croisières, ses prochains yacht club et boutiques et ses nouveaux docks, en lieu et place d’un vrai port, avec de vrais cargos qui chargeaient des armes pour l’Indochine où la bas aussi y avait quelques problèmes … mais la cogestion, non, siouplat, pas 23 ans, Non !

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  2. jerome m jerome m

    Il n’y a pas d’extrémistes, il n’y a que des gens mécontents de l’incapacité des élus locaux au pouvoir et quelques autres qui signent les propositions de ces élus à n’avoir pas anticipé la crise du logement à Marseille et souhaiter se débarrasser des pauvres du centre-ville ! Nous, citoyens, on sait comment faire pour se rassembler et prendre des décisions justes pour bien vivre ensemble, il faut juste accéder à l’administration de Marseille et de cette métropole !

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  3. Alceste. Alceste.

    Cette confirmation de la future politique de Vassal (Jean Claude sors de ce corps) laisse suposser à l Ingenieur Rue le titre d ‘ingénieur hors classe, car il le vaut bien.

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  4. LaPlaine _ LaPlaine _

    Vassal lors de son “intronisation” avait déclaré vouloir faire de Marseille un exemple de propreté à court terme et sous sa férule. Elle avait omis d’intégrer dans sa réflexion FO… On voit bien les résultats tangibles à ce jour…

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  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Elle commence bien, la campagne des élections municipales. Toujours ni vision, ni projet, mais déjà des ambitions personnelles bien affirmées. Et des discours de qualité : ainsi, Mme Vassal serait notre “protectrice face aux extrémistes”. Voilà un argument qui rappelle celui que la droite (la plus bête du monde) utilisait il y a quelques décennies : “votez pour nous, sinon il y aura les chars soviétiques sur la place de la Concorde”…

    Mais au fond, on peut se demander si les “extrémistes” ne sont pas, en réalité, ceux qui ont permis que tombent en ruine les écoles, le centre-ville, les piscines et tant de services municipaux. 8 morts…

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  6. Danièle Jeammet Danièle Jeammet

    Eh! Bien ce n’est pas demain que nous aurons une ville propre…

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  7. corsaire vert corsaire vert

    au moins on sait maintenant pour qui on ne va pas voter !

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  8. pm2l pm2l

    A défaut d’être les “partenaires de qualité” des Marseillais, ce sont ceux de FO et des magouilleurs de tout type avec le résultat que l’on sait sur les immeubles du centre-ville, les écoles, les services municipaux pléthoriques et incompétents. Notre ville a besoin d’un coup de balai magistral.

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