Futur réseau de bus à Marseille : une concertation, 5200 participants et des avis mitigés

Actualité
le 12 Oct 2023
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La métropole présente ce jeudi le bilan de la concertation menée au sujet de la refonte du réseau de bus, prévue pour 2025. Du littoral aux quartiers Nord en passant par les villes limitrophes, les avis divergent.

La présidente de la métropole Martine Vassal, à l
La présidente de la métropole Martine Vassal, à l'inauguration de la navette de l'hôpital Nord. (Photo : CMB)

La présidente de la métropole Martine Vassal, à l'inauguration de la navette de l'hôpital Nord. (Photo : CMB)

Dans un peu plus d’un an, le réseau de bus marseillais ne ressemblera plus à celui que vous connaissez. Le 1ᵉʳ janvier 2025, il subira une refonte totale. Mais d’abord, la RTM doit s’arrêter sur un plan définitif. Et la première étape de ce vaste chantier arrive aujourd’hui en conseil métropolitain. Les élus doivent en effet acter le bilan de la concertation publique, qui a recueilli 5200 contributions des usagers. Entre les 16 arrondissements de Marseille, Allauch, Plan-de-Cuques et Septèmes-les-Vallons, sans surprise, tout le monde n’est pas d’accord.

Le bilan de la concertation publique s’étend sur près de 120 pages. Ses rédacteurs notent dès le préambule que le nombre de questionnaires remplis est “extrêmement conséquent”, comparé à d’autres concertations similaires. Mais préviennent que les réponses apportées par les usagers qui y ont participé “ne constituent pas un sondage représentatif de la population”. Cela étant dit, le bilan permet tout de même de mettre en lumière d’importants enjeux. Et révèle que certaines lignes de bus envisagées attirent craintes et mécontentements.

La concertation publique s’est appuyée sur un plan provisoire travaillé par la métropole et révélé dans les grands axes par Marsactu l’année dernière. Entre-temps, il a été mis en ligne en détail sur le site de la collectivité. Concrètement, l’objectif est de créer un service à deux niveaux. Quelque 22 lignes principales seront en service tous les jours de 4 h 30 à 1h à une fréquence atteignant les 6 minutes en heure de pointe et via des bus articulés. Le maillage sera complété par 47 lignes standards, dont la cadence ressemble à celle que l’on connait déjà, mais dont les itinéraires sont souvent repensés.

Le plan provisoire soumis à concertation. (Cliquer pour agrandir)

Maintenant, la métropole doit digérer la somme de ces suggestions. “C’est la première fois que je vois une concertation autant prise au sérieux”, se réjouit Denis Costopoulo, directeur général adjoint d’exploitation de la RTM. “Nous allons faire des ajustements, mais je ne veux pas en parler avant le conseil métropolitain”, commente pour sa part Martine Vassal, interrogée ce mercredi matin. La présidente (DVD) de la métropole était justement en déplacement à l’hôpital Nord pour inaugurer une nouvelle navette, la 97 JET, qui relie le site au Centre bourse. Pour l’heure, cette dernière ne fonctionne que l’après-midi. Et ne figure absolument pas sur le plan provisoire de refonte des bus. Inaugurer une nouvelle ligne à un an de la refonte, pour quoi faire ? “Nous voulions répondre à un besoin urgent des étudiants et du personnel hospitalier. Bien sûr, la navette va être ajoutée au futur plan”, assure Martine Vassal. Comme quoi, il y a encore de la marge.

Craintes sur le littoral

Voilà donc une première promesse, mais qu’en est-il du reste ? Le bilan de la concertation publique est plutôt mitigé sur le détail de cette révolution. Certaines grandes lignes semblent très attendues, d’autres sont déjà redoutées. Parmi les bus les plus plébiscités par les usagers ayant participé au questionnaire, on retrouve le B17, évolution de l’actuelle 45 qui ambitionne de relier la gare Saint-Charles à Marseilleveyre, en passant par le Prado. Mais aussi le B6, qui s’étendra de Castellane à la Valentine, en passant par la Capelette. Les rédacteurs de la synthèse citent aussi la création d’une nouvelle ligne, la B10, qui permettra de mieux relier les Aygalades au centre-ville.

D’autres grandes lignes suscitent en revanche de grands mécontentements. À commencer par la future ligne B16, qui doit remplacer le bus actuel 19… À deux (grosses) exceptions près. Au lieu de relier Castellane à la Madrague de Montredon comme c’est le cas aujourd’hui, la ligne débuterait à la Blancarde et bifurquerait à la Timone pour rejoindre le Prado via Rabatau. Exit la desserte directe depuis la place Castellane, donc. Enfin, le terminus serait rapproché au port de la Pointe-Rouge. Pour continuer sur le littoral en direction des Goudes, il faudra attendre un bus standard. Qui passera moins souvent et s’arrêtera à 21h.

Les participants expriment La crainte de devoir effectuer plus de changements qu’avant, au risque de prolonger la durée des trajets de beaucoup.

La modification de ces deux terminus a recueilli de très nombreuses plaintes, autant à Castellane qu’à Bonneveine. Et si cette future ligne 19 cristallise les critiques, celles-ci mettent en lumière un risque qui concerne, lui, tout le futur réseau : en créant des changements sur des itinéraires autrefois directs, les usagers ne vont-ils pas perdre du temps ? Les correspondances et changements induits par le nouveau maillage de lignes standard laissent certains participants, habitués à bénéficier de la desserte directe de certains équipements majeurs du territoire, inquiets, peut-on lire dans le bilan.

L’autre grande ligne qui inquiète les participants concerne aussi le littoral. Il s’agit de la future B13, qui fera fusionner les lignes 82 et 83 actuelles et s’élancera d’Arenc au rond-point du Prado en passant par la Corniche. “La longueur de la ligne inquiète les participants quant à sa régularité dans la mesure où cette ligne sera nécessairement très fréquentée, surtout pendant la saison estivale”, notent les rédacteurs du bilan. C’est l’autre grande question induite par la création des futures lignes principales : en rallongeant les itinéraires, comment tenir une cadence de 6 minutes en heure de pointe ?

Gagnants et perdants

Et au milieu de tout cela, il y a le 7e arrondissement, dont les usagers se sont fortement mobilisés dans le cadre de la concertation publique. À la phrase : “avec le nouveau réseau, mes conditions de déplacements seront améliorées”, ils sont ainsi 48 % à se dire “pas du tour d’accord”. En cause, notamment, la future ligne 55, qui sera baptisée 155, et qui ne desservirait plus le Roucas blanc. Autre perte : la disparition des lignes 54 et 73, qui permettaient de relier rapidement le secteur à l’hôpital de la Timone. Ce type de recul dans l’offre de transports était malheureusement prévisible. Car depuis le début, la métropole a assumé de mener la refonte du réseau “à coût constant”, sans allouer de moyens supplémentaires. Surtout dans un contexte de projet de tramway dans le secteur.

Qui en seront les grands gagnants ? Dans le 3ᵉ arrondissement, les participants s’estiment, eux, plutôt satisfaits par le futur réseau. Bien qu’il reste difficile d’en tirer de grandes conclusions, puisque les habitants de cet arrondissement se sont peu exprimés, tout comme leurs voisins des 1ᵉʳ et 2ᵉ. Mais il est indéniable que l’arrivée envisagé d’une ligne principale Catalans-Vieux Port-Sainte Marthe (B9), opérationnelle jusqu’à 1h du matin, au cœur de la Belle-de-Mai, sera une petite révolution dans le quartier.

En revanche, les habitants du quartier de Bon Secours, puis du Canet (14e), figurent parmi les usagers les plus inquiets. Car si le boulevard de Plombières et la place Burel sont bien desservis par le réseau envisagé, le maillage se détend nettement plus au nord. Lors de notre reportage au point de concertation organisé au centre commercial du Merlan, des habitants s’inquiétaient de voir la cité Jean-Jaurès perdre sa seule desserte en bus. Et ici aussi, aucun métro ne dessert le 14e arrondissement.

Allauch et Septèmes mobilisés

Les participants des 15ᵉ et 16ᵉ arrondissements, tout comme ceux des quartiers Est, se montrent globalement plus satisfaits que la moyenne par le réseau de bus proposé. Du côté d’Allauch, les habitants se sont fortement mobilisés pour saluer le futur plan, qui propose notamment de relier la commune au centre commercial de la Valentine.

En revanche, la fronde est claire à Septèmes-les-Vallons et à l’Estaque. Dans le nord du 16ᵉ arrondissement, les participants regrettent notamment la disparition du bus de nuit actuel. Car tel qu’envisagé, le plan ne prévoit plus aucun bus passé 21h à l’Estaque. Autre “déception” : la desserte de la plage de Corbières, qui n’est prévue qu’en saison estivale.

Enfin, à l’Estaque comme à Septèmes, les habitants redoutent la création d’une nouveauté pourtant vantée par la métropole : la mise en place de lignes de bus à la demande, dont ils doutent de la “faisabilité”. Reste à voir comment la métropole parviendra à rééquilibrer le tout. Autrement dit, à dresser un bilan du bilan. La main reviendra ensuite à la RTM, qui déterminera le tracé final.

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Commentaires

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  1. PatSEMP PatSEMP

    La desserte actuelle est le fruit de tâtonnements qui ont permis à la RTM de répondre à la demande des marseillais depuis de nombreuses années.
    La nouvelle desserte repart de 0 et fera beaucoup de mécontents.
    Il aurait été plus simple de repartir de l existant et de continuer à améliorer la desserte des quartiers dépourvus de bus.

    Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué…

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    • RML RML

      Du bon sens

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Cette refonte qui a trop tardé va bouleverser des habitudes mais était indispensable, tant le réseau actuel est calqué sur celui des années 1950-1960, avec des replâtrages successifs qui ont nui à sa lisibilité sans permettre une desserte correcte des quartiers périphériques. La ville d’aujourd’hui n’est plus celle d’hier.

    On peut cependant s’interroger sur certains choix qui conduisent à des lignes très longues dont la régularité sera fragile. Je ne fais pas partie de ceux qui “plébiscitent” l’évolution de la ligne 45 : si, entre la gare St-Charles et le Prado, elle circule sur des axes saturés sans couloir de bus, comment respectera-t-elle ses horaires ? Quel est l’intérêt d’ajouter un bout de ligne en centre-ville sur un trajet déjà desservi par le métro ?

    A l’inverse, s’il s’agit de faciliter les liaisons transversales, pourquoi arrêter la future ligne B7 à Dromel ? Ses usagers qui voudraient aller sur le littoral devront prendre le métro pour une seule station jusqu’au Rond-point du Prado, puis changer à nouveau pour un autre bus : il aurait été plus rationnel d’étendre la ligne B7 jusqu’à l’Escale Borely ou au David.

    Enfin, vu l’étendue de la ville, des lignes “Jet” pourraient être utiles pour desservir efficacement l’extrême périphérie. Apparemment, on vient d’en inventer une pour l’hôpital nord. Mais une autre a totalement disparu : le fameux “bus secret” que Marsactu a découvert il y a quelques années, qui était en réalité un “19Jet” permettant de renforcer le 19 saturé par la desserte des plages…

    Nous verrons le plan définitif. Ce qui est à craindre si cette évolution se fait “à coût constant”, c’est qu’il ne s’agisse que de répartir la pénurie différemment d’aujourd’hui, où l’offre est notablement insuffisante.

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    • Pascal L Pascal L

      “A l’inverse, s’il s’agit de faciliter les liaisons transversales, pourquoi arrêter la future ligne B7 à Dromel ? S(…) il aurait été plus rationnel d’étendre la ligne B7 jusqu’à l’Escale Borely ou au David.”

      Même constat au nord : beaucoup de lignes n’atteignent pas le littoral et s’arrêtent par exemple à Gèze empêchant une liaison avec le 35 ce qui implique soit une correspondance supplémentaire soit 10 minutes de marche

      La solution retenue : faire zigzaguer les bus et le tramway pour desservir les divers quartiers avec les pertes de temps et les doublons que cela entraine et une complexité qui fait peur aux non marseillais.

      Un réseau mieux maillé, construit sous la forme d’un quadrillage de lignes quasi droites (on est à Marseille avec son relief alors ce ne sera pas vraiment droit) aurait évité cela en permettant d’aller d’un point à un autre avec un seule correspondance.

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  3. Pierre Gallouin Pierre Gallouin

    C’est bien que vous ayez fait un article sur ce thème, le silence aurait renforcé la grosse amertume à Septèmes devant ce projet qui supprime la ligne 51; avec ses presque 10 arrêts à Septèmes, elle nous transporte sans rupture de charge de chez nous au centre d’Aix en Provence ou à la Gare Saint Charles. Vous parlez de fronde à Septèmes, c’est vrai qu’on en est pas loin, et le plus impressionnant, c’est que cela provient de personnes que d’ordinaire on n’entend pas: retraités sans argent, étudiants ou lycéens sans histoire, salariés sans voiture, …. qui ont besoin de la 51 pour aller à la fac, à l’hôpital, au boulot, ou prendre un train. C’est ce que l’on a entendu lors de la réunion publique. C’est ce que l’on entend au marché, devant les écoles, dans les quartiers, chez les commerçants. Et quand au début de cet article, vous citez des responsables disant que la consultation ne reflète pas la majorité, on commence à désespérer: pourquoi ont ils fait cette consultation ? Ne désespérons pas Septèmes. Pierre, association AESE (Action Environnement sur Septèmes et Environs) et Chutt.org

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    • Alceste. Alceste.

      Votre remarque est tout à fait pertinente concernant les ” consultations citoyennes” qui ne sont que des réunions de partisans avec une annonce des dites réunions bien sélectionnée. C’est du vécu sur Marseille.

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  4. Syol Syol

    Vouloir faire une réforme “à coût constant” alors qu’il est plus nécessaire que jamais d’augmenter la part modale du transport public est une hérésie, surtout dans une ville comme Marseille où les modes lourds (métro/trams) sont ridiculement peu développés.
    J’attends de voir quels aménagements routiers seront mis en œuvre pour que la circulation des bus soit, a minima, favorisée par rapport aux modes individuels. Mais, au vu de la manière dont Marseille est “gérée” depuis des décennies, je ne suis gère optimiste.

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  5. Patafanari Patafanari

    Pourquoi faire pire quand c’est déjà mauvais?

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  6. Franck Franck

    Il faut être un vrai cassos pour prendre un bus à Marseille. Ou un ado sans le sous. Il faut davantage de lignes de métro.

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    • Agnès R Agnès R

      Pourquoi être insultant et méprisant ?
      En quoi cela fait avancer les choses et vous donne de la crédibilité ?
      Message nul et sans intérêt et.loin de la réalité.

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  7. Thauvinus Thauvinus

    Article très intéressant ! En revanche, nous pouvons nous étonner de voir que certains noyaux villageois comme l’Estaque ou Château-Gombert ne seront plus desservis après 21h alors que des zones commerciales fermant pour la plupart à 22h comme la Valentine seront desservis jusqu’à 1h du matin…

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