Fluctuat nec mergitur à l'UMP

Fluctuat nec mergitur à l'UMP

"On va y arriver". Dans les couloirs de la fédération UMP des Bouches-du-Rhône, le mot passe. Son secrétaire général Renaud Muselier saisit l'occasion au vol : "Bien sûr qu'on va y arriver !" Ce n'est pourtant pas ce qu'on lisait cinq jours avant le scrutin dans le Canard Enchaîné, qui égrenait  les déclarations "en privé" de figures de l'UMP (Jean-François Copé, François Fillon, Bruno Le Maire etc.) enterrant les possibilités d'une réélection de Nicolas Sarkozy. Un pronostic auquel se sont aussi livrés à Marseille des élus avec qui Marsactu avait eu l'occasion de s'entretenir…

Muselier positive

Avec 26,86% au niveau national (27,34% à Marseille, voir les résultats complets en fin d'article), un peu plus de deux points derrière François Hollande (27,97% et 27,2%), c'est de plus une première sous la Ve : le président sortant n'est pas en tête au premier tour. C'est donc ailleurs qu'élus et militants vont chercher les raisons d'espérer. A 20 heures, deux scores fournis par TF1 – of course – retiennent d'emblée l'attention : un peu plus de 10% pour Jean-Luc Mélenchon, qu'on attendait plutôt autour de 15, et 19% pour Marine Le Pen, que l'on créditait de trois points de moins.

Renaud Muselier a donc la tâche un peu plus facile que prévue pour son discours à chaud : quelques reprises d'éléments de langage nationaux ("jusqu'à présent on a joué à 9 contre 1", sous-entendu Nicolas Sarkozy avait tout le monde contre lui maintenant c'est face à face, et "on nous a expliqué que cette campagne n'intéressait pas les Français, on a eu tort", allusion aux bons chiffres de participation, 80%), et une bonne dose d'optimisme en mode "on a passé le plus gros de la tempête". Et tant pis si à Marseille les voix siphonnées par Sarko chez Le Pen père semblent être retournées pour une bonne part chez la fille…

La taille du réservoir

Rue Sainte-Cécile, dans le sillage de Renaud Muselier parti vers le plateau de LCM, les rangs se dépeuplent rapidement. Après 20 h 45, ne restent principalement que des jeunes UMP réunis autour de la benjamine des conseils municipal et général Marine Pustorino, smartphone en main. L'heure est à l'estimation des reports de voix. Un réservoir au second tour qui manquait cruellement à Nicolas Sarkozy face à son adversaire, laissaient jusqu'à présent entendre les sondages. Mélenchon plus faible et Le Pen plus fort, c'est autant de bulletins potentiellement plutôt sarkozystes le 6 mai.

Même si le vote FN est loin de passer automatiquement de l'extrême droite à la droite, Nicolas Sarkozy pourra au moins compter sur quatre voix de militants UMP croisés devant le siège qui ont mis un bulletin Le Pen ce dimanche pour envoyer un message à leur président… Autre électorat courtisé : celui de François Bayrou (9%, mais 5,61% dans la ville). "Je pense qu'il y a plus de gens de droite au Modem quand même", lance un militant. "Je sais pas", avoue son camarade. Devant le siège, des jeunes UMP sortent eux les chiffres : "Bayrou on prend 40%, 50 même".

Cette cuisine, concoctée sur fond de tableau vierge des bureaux de vote de la circonscription de Renaud Muselier, n'enflamme pas tout le monde. "On n'entend rien ici, je préfère écouter le débat chez moi", lance une quinqua sur le départ. "C'est la finale qui compte, après on s'en fiche de savoir qui fait combien. C'est pour ça qu'ils sont tous partis, glisse le préposé aux amuse-gueule en habitué des soirées électorales. Mais le champagne est au frais pour dans 15 jours". Et en cas de défaite, il sera quand même débouché, assure-t-il. Vu les sondages – encore eux – pour le second tour (56/44 pour Hollande), il vaut peut-être mieux…