Face aux attaques, le vice-président du CG13 Hervé Chérubini met ses comptes en ligne

C’est une obligation légale pour tout vice-président de conseil général : comme d’autres élus locaux et dirigeants d’entreprises publiques, Hervé Chérubini, réélu en mars dans le canton de Saint-Rémy-de-Provence, a dû chausser ses lunettes pour passer au crible ses comptes, afin d’envoyer une déclaration de patrimoine à la commission pour la transparence financière de la vie politique.

Une transparence qui ne s’adresse en général qu’au cercle des restreint des membres de la commission, dont la seule publication, un rapport bisannuel, se borne à des observations et recommandations d’ordre général. Mais le maire socialiste de Saint-Rémy et président de la communauté de communes de la Vallée des Baux, qui au CG13 s’est vu à nouveau confier le rôle de rapporteur général du budget est allé plus loin, en publiant la déclaration sur son blog, assortie de sa déclaration de revenus et de ses fiches de paie.

Attaques de l’UMP marseillais

« Pendant la campagne des cantonales, comme il ne restait plus beaucoup de duels UMP-PS au second tour dans le département, j’ai eu droit à une avalanche de responsables UMP marseillais qui sont venus expliquer que j’étais un voyou, un bandit, un mafieux… Le lendemain, j’ai annoncé dans une réunion publique que je n’avais rien à cacher et que je publierais ma déclaration », raconte-t-il.

Avant d’ajouter : « Et vous verrez que j’ai le patrimoine moyen de quelqu’un de mon âge ». En fait pas exactement : entre un local industriel à Maillanes, un appartement à Pertuis, divers comptes et livret et les cotisations retraite de ses différents mandats, ce tout juste quinqua cumule environ 600 000 euros de patrimoine. Quand en 2004 la moitié des Français de 50 à 59 ans émargeaient à moins de 185 000 euros, nous apprend l’Insee. « La partie la plus importante provient du temps où j’avais une petite entreprise de fabrication de vêtements de travail », explique-t-il.

Mais comme la pression politique et médiatique sur les affaires « s’est fortement calmée depuis les élections, tout ça n’a pas passionné les foules » et les seules remarques qu’il a eues concernaient ses deux vélos (un de course et un VTT), s’amuse-t-il. Et, « face à la diffamation, il n’y a que deux solutions : dire que ce n’est pas vrai, mais il en reste toujours quelque chose, ou bien utiliser d’autres moyens qui sont a notre disposition. Et comme je venais quelques jours plus tôt de passer une demi-journée à faire ce travail fastidieux de remplissage, j’étais content qu’au moins il serve a quelque chose. »

Sarkozy, Royal, Chérubini, à qui le tour ?

De quoi inspirer ses homologues du CG13, voire d’autres institutions ? Lui « ne demande rien à qui que ce soit, dans la mesure où ce n’est pas obligatoire. J’espère juste que cela calmera les ardeurs, et la seule chose que j’aimerais que les gens s’imposent, c’est un peu de retenue », répond-il. « A notre connaissance, il n’y a pas d’autres élu qui l’ont fait », indique-t-on du côté du CG13, dont les services n’étaient pas au courant de la démarche d’Hervé Chérubini.

A part la déclaration d’intérêt tout récemment publiée par les membres du gouvernement, et la parution au Journal officiel du patrimoine du président de la République dès son élection, d’autres politiques ont pour des raisons diverses décidé de jouer comptes sur table, pas toujours sous la forme très carrée du formulaire qu’a eu à remplir Hervé Chérubini : pendant la campagne des présidentielles 2007, Ségolène Royal et François Hollande avaient ainsi tenté de désamorcer la polémique sur leur assujettissement à l’ISF, auteur d’une proposition de loi pour étendre le champ de la déclaration du président, le député divers gauche de l’Aisne René Dosière, dont le fric en politique est le cheval de bataille, s’y est aussi soumis volontairement en 2007. Idem en 2008 pour le maire d’Asnières et conseiller régional d’Île-de-France Sébastien Pietrasanta (PS). Liste certainement non exhaustive. Et amenée à évoluer du côté de Marseille ?

La déclaration d’Hervé Chérubini

Pas de prison pour les députés qui mentent sur leur patrimoine, sur le site de Metro