En rupture d’alliance avec la droite, Sylvia Barthélémy espère marcher sur Aubagne

Actualité
le 8 Oct 2019
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Avec trois déclarations de candidature et trois listes de plus en préparation, la campagne des municipales s'accélère à Aubagne. Droite et gauche partent divisées et le Rassemblement national espère attirer les déçus du maire (LR) actuel, Gérard Gazay.

Photo : Margaïd Quioc
Photo : Margaïd Quioc

Photo : Margaïd Quioc

Écharpe jaune autour du coup, Sylvia Barthélémy (UDI) pose entourée de ses premiers soutiens, le Massif du Garlaban en arrière-plan. L’officialisation de la candidature de la présidente du conseil de territoire, membre de la majorité du maire sortant Gérard Gazay (LR) n’est une surprise pour personne.

“Je n’ai pas de carrière politique à mener, pas d’ambition à satisfaire, pas de revanche à prendre, déclare Sylvia Barthélémy devant la cinquantaine de personnes rassemblées au dernier étage d’un hôtel du centre-ville. Je peux être utile”. Avant de dévoiler le nom de sa liste : “Pour Aubagne”.

Les tensions entre la candidate UDI et le maire, dont on attend encore l’officialisation de la candidature, sont de notoriété publique. Il y aura donc probablement deux listes de droite au premier tour des élections municipales, comme en 2014. Arrivé en quatrième position derrière la liste d’union de la gauche, les Républicains et le Front national, l’UDI menée par Sylvia Barthélémy avait alors fusionné avec la liste de Gérard Gazay pour arracher la mairie à la gauche. Une première en 49 ans.

Mais l’union a vite fait place aux dissensions au cours du mandat. “Au conseil municipal, j’ai voté en toute loyauté avec la majorité dont je faisais partie, même quand je n’étais pas d’accord”, défend celle qui est à la tête du conseil de territoire, la nouvelle strate métropolitaine venue remplacée l’ancienne communauté d’agglomération. Citant en exemple la privatisation de la restauration collective dans les écoles, ou le refus du maire de l’appuyer dans le dossier Val’Tram.

Des désaccords qui justifient pour elle de se lancer dans la bataille “Je ne peux pas repartir pour un mandat dans ces conditions, déclare-t-elle à Marsactu. Ce n’est pas une déclaration de guerre. Ce sera aux Aubagnais de choisir”. Elle compte sur son positionnement au centre de l’échiquier politique pour proposer un “rassemblement”, “une nouvelle alternance”, entre la droite et la gauche.

LREM en potentiel soutien

Un appel entendu par le chef de file local de La République en Marche (LREM), Patrice Galvan, au premier rang pour écouter le discours de la candidate. “Notre stratégie à LREM est de repérer les personnalités qui pourront rassembler. Personnellement je ne vois pas de personne mieux placée que Sylvia Barthélémy”. La décision est cependant remise à plus tard, “tout est encore ouvert”.

Pour l’instant la présidente du conseil de territoire ne propose ni liste, ni de programme “encore en construction”. “L’important, c’est que nous nous présentons en collectif, bien plus intéressant qu’un simple agrégat de partis politiques !”, Sylvia Barthélémy qui répond ainsi au mouvement général de défiance envers les partis.

Parmi les pistes de travail elle cite la “valorisation du service public”, la transition écologique et la végétalisation de la ville ou encore la lutte contre la fermeture des commerces en centre-ville. “Je ne doute pas que la dynamique que nous proposons puisse convaincre quelques membres des Républicains de nous rejoindre”, espère Sylvia Barthélémy.

Contacté par Marsactu, Gérard Gazay n’a pas donné suite à nos appels. Cette division à droite pourrait pu faire le jeu de la gauche, partie unie aux dernières municipales, sous la bannière de “La ville arc-en-ciel”, rassemblement du Modem au Parti communiste. Mais cette fois, pas moins de trois listes sont en préparation. Et toutes font valoir le label “citoyen”.

Trois listes à gauche

Elles mettent également en avant les mêmes grands thèmes de programme : défense du service public, transition écologique et renouvellement des pratiques démocratiques. C’est plutôt sur le terrain de la méthode et des pratiques pour associer les citoyens que les trois concurrents de gauche tentent de se démarquer.

L’une de ses listes est conduite par Magali Giovannangeli (PCF), qui fut présidente de la communauté d’agglomération, et adjointe de Daniel Fontaine, le dernier maire de l’ère communiste. Elle s’est illustrée pour son engagement contre l’intégration d’Aubagne à la métropole Aix-Marseille. Le travail pour la création de cette liste “Aubagne la Commune” (ALC) a été lancée en 2017. Le projet sera rendu public fin novembre.

Pensée pour rassembler les diverses tendances de gauche et les désormais incontournables “citoyens” et reprendre la mairie à la droite, la belle unité a pourtant volé en éclat peu avant l’été, quand un des initiateurs d’ALC, Denis Grandjean, conseiller municipal d’opposition (EELV) a claqué la porte du mouvement. “Je pense que c’était contre moi, car il est parti au lendemain de ma nomination comme tête de liste”, analyse Magali Giovannangeli.

“Le mouvement se construisait en mettant en avant des personnalités de l’ancienne majorité, explique Denis Grandjean. Ce n’est pas possible. Si on veut convaincre les Aubagnais, il faut renouveler le personnel politique”. La fin de la gouvernance communiste a en effet été marquée par la mise en examen en 2011 du président de la communauté d’agglomération, Alain Belviso, en marge de l’affaire Guérini. Magali Giovannagelli, alors vice président de l’agglo lui a alors succédé.

Sociocratie et assemblées citoyennes

Après avoir quitté le mouvement avec des militants de la France Insoumise, d’EELV et des “citoyens”, Denis Grandjean a lancé en septembre son propre mouvement, Aubagne en commun. La personne qui mènera la liste n’est pas encore connue. Pas question chez eux de déclaration d’intention de candidature ou de nominations. La tête de liste et les potentiels “éligibles” émergeront au cours de réunions et devront faire consensus selon le principe de la “sociocratie”, mode alternatif de prise de décision collective. Sans pour autant fermer la porte à une alliance avec Aubagne La Commune. “Mais pas pour être un simple soutien”.

La méthode sociocratique ne convainc pas Magali Giovannangeli. “Les gens ont besoin de visages, de personnes pour incarner le projet”. Elle admet cependant que la nécessité de faire évoluer les méthodes notamment dans l’animation des réunions et les prises de décisions.

Un dissident communiste en embuscade

Raymond Lloret lui met en avant une méthode “encore plus innovante.” Ancien militant du PS, il a fondé “C’est à nous”, un mouvement qui a l’ambition de rassembler les déçus de la politique aubagnaise. Après s’être présenté aux législatives avec un score de 3%, le trentenaire récidive avec une candidature pour les municipales déclarée le 18 septembre dernier et soutenue par la section locale du parti communiste – en dissidence de Magali Giovannangeli.

Pour élaborer son programme, il compte organiser des “assemblées communales”. Cent personnes seront tirées au sort sur les listes électorales ainsi que parmi les résidents de nationalité étrangère et les jeunes de 16 à 18 ans. Ils seront invités à débattre le 9 novembre prochain pour poser les premières bases d’un programme. “On sait que l’on prend des risques, c’est énormément de travail”. En effet, comment convaincre des habitants pris au hasard de s’investir pour le programme d’un candidat pour lequel ils n’ont peut-être pas l’intention de voter ? “Nous enverrons des courriers, puis on utilisera le bottin pour relancer les gens”.

Les seuls à ne pas parler de co-construction et de citoyens, c’est le Rassemblement national. Forts de leur score de 30% aux élections européennes, ils renvoient les listes de droite comme de gauche à leurs bilans et leurs divisions. “Je note la dispersion de liste de personnalités qui ont été incapables d’offrir un destin structuré à la ville d’Aubagne”, commente Joëlle Mélin. Tête de liste en 2014, elle avait réuni 11% des suffrages au second tour. Le RN espère cette fois-ci tirer partie de cette division de part et d’autre.

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